Marina Foïs lit « La manche » de Max De Paz

Published: Apr 24, 2024 Duration: 00:10:51 Category: People & Blogs

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j'aimerais qu'on se plonge dans votre livre max de pas j'aimerais si vous voulez bien qu'on en lise un extrait absolument saisissant et je vous demande d'accueillir sur ce plateau la comédienne Marina FO qui a accepté de nous lire un extrait de la Manche bonsoir Marina alors j'ai le trac c'est vrai que j'étais comme eux au départ mais la différence c'est que je me suis vite raisonné au bout d'un moment c'est trop pathétique de s'inventer des histoires sur sa propre situation moi je trouve que la lucidité nous rachète un peu de dignité et c'est pour ça qu'ils me rendent fou les clochards tout précieux mais c'est vrai que j'étais comme eux au départ assis dans l'abripuce l'air normal citadin comme un autre qui patiente le bus tiens-toi droit ignore les points douloureux les muscles maltraités les regards prolongés sur les nouveaux nœuds de ta barbe crois-t-il que tu es clochard ne fixe pas le sol ne regarde pas le vide conserve un œil vif tu attends le bus comme tout le monde reste en mouvement le plus longtemps possible reste debout quand tu t'assois fais-le dans les endroits les plus stratégiques là où sassoire est normal ne pense qu'à la norme jette un œil sur le vieux smartphone que tu as gardé de ta vie d'avant il n' plus de batterie fais semblant fais comme s'il est allumé réponds à l'appel fictif ta mère veut te joindre allô maman invente un dialogue ils doivent croire que tu es des l'UR que tu es dans le monde encore un peu il fallait que la comédie cesse alors j'ai fini par poser mon cul sur le sol puis mes jambes mon épaule ma joue au début c'est froid le béton ça fait froid sur la joue et puis c'est plus froid du tout ta joue a réchauffer le sol et là c'est le début des problèmes tu ne peux plus nier ta condition car l'union entre ton corps et le sol s'incarne dans ta joue chaude dans la stupeur de ta rencontre matinale avec les pneus de la voiture d'en face la réalité est là devant toi au réveil tu as dormi par terre un extrait de la Manche de Max de pasaz merci infiniment l'occurrence ce texte c'est vous qui avez choisi cet extrait là Marina oui mais il y en a beaucoup d'autres que j'aime beaucoup et il y a même des toute petite phrases que je pourrais isoler et qui toute seule comme ça me provoque une émotion très forte euh je peux pas je je sais même pas comment il a fabriqué ça je sais même pas comment il a créé ce réel là probablement dans la complexité des personnages parce que vous parliez tout à l'heure des archétypes ce qui est très beau c'est que c'est qu'il arrive malgré sa jeunesse et enens ça moi il m'a fait penser un peu à à dolane avec sa grande maturité émotionnelle il arrive à restituer la la complexité des émotions des personnages qui sont quand même très opaques assez opaques même à eux-mêmes mais surtout et aussi un espèce de mouvement des émotions tout le temps qui les rend très vivant ça bouge sans arrêt et nous on bouge avec eux et moi j'ai été terrassé plein de fois et par plein de personnages différents compris par la dimension très politique dont nous parlait max de juste avant oui bah oui évidemment je veux dire c'est un livre qui réveille et qui met mal à l'aise et c'est un livre qui reste moi il me reste et c'est vrai que euh il m'a fait me questionner pour ça merci parce que c'est agréable en fait c'est politique aussi de les les humaniser comme ça parce que c'est c'est ça qui qui est problématique c'est qu'ils sont jamais humanisés quand on les croise dans la rue on connait pas leur vie on connait pas leurs sentiments contradictoire c'est surtout que moi je me suis rendu compte que moi je peux leur prêter de la douleur je peux leur prêter des émotions je peux comprendre la colère la peine mais ce que je leur prête jamais c'est une pensée c'est un avis une opinion des rêves un désir même un avenir je leur accorde qu'un passé c'est affreux c'est monstrueux ou alors des fantasmes ce qui m'a beaucoup troublé moi dans ce livre max de pass c'est que votre personnage il est pas révolté en fait il est même résigné on se révolte toujours contre le responsable et moi le responsable je le connais pas la révolte c'est pas pour les clochards alors ça c'est le début du texte et puis il y a des rencontres il y a des événements d'une douleur insupportable euh qui vont justement le faire questionner progressivement là où se trouvent les personnages là là où se trouvent les responsables et et des rencontres la rencontre avec Élise la mort de l'oncle de Tamas devant des appartements vides qui a un drame dans la trajectoire des personnag il y a une crise de larme liée à ça une crise de larme qui dure qui dure longtemps donc il y a progressivement une il en vient progressivement à à cibler les responsables et parce que en arrière-plan je pense de mon texte il y a il y a il y a des choix politiques je le répète et donc il commence à s'en rendre compte à s'en rendre compte au fil du récit al d'abazio ouais moi ce qui me frappe c'est c'est c'est le fait que il y a un vrai mouvement politique dans le fait de subjectiver quelque chose qui est considéré comme un objet n les clochards on les voit dans on les voit on voit des objets on les objectives voilà on c'est c'est et même c'est vraiment des meubles quoi il y a un côté meuble parce qu'il bougeent pas parce que et et le fait juste de de rentrer dans la subjectivité de la faire la faire vivre ça change tout ça retourne absolument tout le le moi j'aime beaucoup la la la fin la dernière la dernière page elle est magnifique quoi quand ils vont sur le lit et que ne dit pas ne pas juste on peut juste dire que c'est une très belle histoire d'amour aussi voilà c'est magnifique pas mais parce qu'il va nous dire la fin du livre la fin livre Mar je peux plus me les voir il disent la fin du livre la fin c'est pas une solution ou c'est ça aussi qui qui est terrible pour ça qu'on ressort du livre hanté par le livre parce que il y a bien une fin du livre mais c'est absolument pas la solution du du problème du livre et puis toute une présence et une interrogation qui est liée à la littérature et moi c'est ce qui m'a touché également on a parlé du personnage de Philippe max deaz on aurait pu parler de ce personnage qui s'appelle Élise donc qui se déguise en garçon qui écrit des textes qui écrit des poèmes dans un carnet et votre narrateur il dit que ces poèmes ben c'est la seule chose qui l' paaise h ça ça m'a beaucoup intéressé parce que là se niche quand même une confiance une confiance dans la littérature de votre part oui je pense qu'il faut comprendre le le rapport d'Élise à l'écriture à la fois comme un refuge c'estàd dire une volonté de fuite et de et de s'évader en fait de la rue mais aussi et surtout à travers le personnage d'Élise j'ai voulu questionner en fait l'efficacité performative de mon propre livre c'est-à-dire le le rapport à la lecture comme comme déclenchement d'un d'un sursaut d'un d'un d'une volonté de révolte et c'est ce qui se passe d'une certaine manière chez chez le narrateur après la lecture d'un d'un des deux poèmes d'Élise est-ce que ça s'est passé chez vous aussi est-ce que c'est le lecteur max deaz qui a fait naître l'écrivain aujourd'hui non c'est le passant max de B qui a fait c'est le passant surtout mais oui il y a des lectures bah je parle souvent de je parle souvent de Baudel et d'un poème qui s'appelle les yeux des pauvres qui décrit ça qui décrit la façon dont dans le splin de Paris dont des gens qui sont dans un restaurant regarde les yeux d'une famille de de mendiant devant comme ça avec la vide qui les sépare et cette façon de saisir la de cette esthétique du contraste la façon de saisir toujours la misère par rapport à la richesse c'est aussi ça qui a déclenché mon envie d'écrire ce livre véroniqueovalde peut-être oui non j'ai j'ai été très très touchée par ce texte et le texte de Max de pass parce que ben je suis comme tout le monde en fait je je suis je je je passe dans la rue et je vois tout un tas de gens j'habite dans un quartier très populaire de Paris et donc il y a tout un tas de de de gens en fait qui qui font la manche en l'occurrence et des gens en fait que je retrouve tous les jours que je vois donc à qui je donne de l'argent quand je peux évidemment et et en fait c'est presque une inquiétude parfois de pas les revoir au même endroit je dis mais où sont-ils à quel endroit ils sont et il y a quelque chose qui m'a beaucoup touché et c'est le passage que vous avez lu Marina c'est qu'en fait le moment où en fait on bascule je me suis dit mais à quel moment on bascule à quel moment en fait on est est quelqu'un d'un peu perdu et on n plus tellement d'appartements on sait plus tellement où on en est et puis le moment où en fait on va vraiment vivre dans la rue et ce moment de l'abribus ce moment où en fait on va rester digne on reste droit et on va surtout se faire passer pour quelqu'un qui a encore une vie au milieu des autres et qui sera pas quelqu'un à l'extérieur et il y a une deuxième chose qui m'a beaucoup touché c'est le fait qu'on choisissait pauvres ça c'est quelque chose qui m'a beaucoup marqué au début but du livre c'est que évidemment le bourgeois aime le pauvre qui lit présente bien c'est que c'est qui présente bien et c'est romantique et c'est parfait et donc ça j'ai j'ai vraiment éidement c'est quelque chose dans la briveté même de ce texte et il y a des fulgurances qui qui qui marquent en fait et qui permettent après de de voir de manière d'essiller les choses mer moi je suis bouleversée aussi par ladou vient par comment il raconte comme ça par petit flash quelques je sais pas si c'est trois ou quatre scènes qui sont absolument bouleversantes sur la famille d'avant et moi si jamais je vais faire une demande si jamais le film était adapté au cinéma je voudrais jouer la merère alors il y a une lettre de la mer non mais c'est trop beau par c'est un personnage qui est trop beau très é très ou il sont rien révélé il y a une lettre extraordinaire bouleversant Alain damazio parlait justement de de de moment de larme en fait à la lecture d'un texte c'est rare ouais c'est très euh quand ça arrive donc faut le dire aussi quand ça arrive c'est un texte vraiment bouleversant et je choisis pas le mot au hasard oui il faudrait dire aussi que il y a le sujet il y a le politique il y a l'émotion tout ça il y a une langue aussi c'est bah oui c'est quand même très entre il y a il y a des c'est évidemment d'une grande sophistication c'est très pensé c'est très construit il y a un rythme il a une musique qui sera peut-être la sienne enfin on verra mais il y a y a il y a aussi tout d'un coup comme ça une trivialité qui débarque et le choc entre les deux fait quelque chose de très réel et de très puissant une espèce de poésie peut-être plus proche de Prévert ou de trucs comme ça c'est la raison pour laquelle on voulait justement l'entendre ce texte et la raison pour laquelle on vous a fait venir Marina FO la manche de Max de Paz est publié chez galimar c'est un livre remarquable merci infiniment marina de nous avoir accompagné dans la lecture de ce premier roman il y a toujours une nouvelle voix dans la grande librairie et c'est formidable que ce soit vous ce soir

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