Antoine Compagnon : « Si tu n’innoves pas, tu meurs »

Published: Oct 18, 2023 Duration: 01:35:58 Category: Science & Technology

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[Musique] et donc aujourd'hui vous allez nous parler de ce vous allez nous fournir une réflexion sur ce cette citation de Valérie le nouveau qui est cependant le périssable par excellence et pour nous une qualité si éminente que son absence nous corrompt toutes les autres et que sa présence les remplace donc je vous passe la parole peut-être après j'invite le public à poser des questions pour que ça soit pas juste à moi je voudrais donc parler des rapports de la littérature et de l'innovation cette sorte d'obligation de nouveautés que vous citiez avec Valérie littérature et innovation sont se des termes qui se conviennent mutuellement qui vont bien ensemble ou qui sont incompatibles est-ce que c'est scandaleux de les associer littérature et innovations et est-ce que cela vous trouble je ne sais pas si la catégorie de l'innovation est pertinente pour parler de la littérature au Collège de France j'ai un collègue économiste dont la chair est intitulée croissance et innovation c'est Philippe à Guillon et [Musique] comme on le sait en économie l'innovation c'est un riz cuisine de la croissance il n'y a pas de croissance sans innovation sans innovation et cela explique que sans doute qu'aujourd'hui l'innovation est une telle importance dans notre monde dans nos discours et que on soit à peu près contraint de réfléchir à ces rapports avec des domaines comme l'art la culture et la littérature l'innovation est liée à ce que l'économiste Schumpeter rappelait la destruction créatrice dans les arts nous voudrions bien conserver les créations du passé est-ce que dans les arts et les lettres nous sommes dans le régime de la destruction créatrice ou au contraire celui de d'une certaine conservation du patrimoine de la tradition et je dirais que cette question est d'autant plus elle est pas nouvelle mais elle est d'autant plus urgentes graves dans le monde dans lequel nous sommes entrés le monde numérique depuis que nous sommes à l'âge numérique et à l'âge de la mondialisation depuis que nous sommes depuis cette révolution numérique en gros des années 1980 il est devenu indispensable d'innover pour exister et on connaît d'innombrables Marc qui ont disparu faute d'innover nos premiers téléphones portables s'appelait Nokia on entend plus parler Nokia nous en plus parler de Motorola d'autant plus parler de BlackBerry tout ça a disparu faute d'innover on sait pas très bien si Twitter survivra demain l'état dans lequel il a été mis depuis quelques mois ces derniers temps il est beaucoup question d'intelligence artificielle et jusque aux dernières semaines nous étions tous dépendants de Google pour tous nos travaux il y a quelques semaines nous avons appris que il fallait retourner à Bing puisque Bing avait intégré l'intelligence artificielle et donc j'ai dans mon ordinateur je suis retourné à Bing que je n'avais pas utilisé depuis longtemps en pensant que Bing était mort mais petite peut-être que Bing allait ressusciter et Google disparaître tout à l'heure avant de venir je me suis dit mon sujet c'est littérature et innovation je vais regarder ce que dit tchat GPT sur mon sujet je vous dirai tout à l'heure pour voir je vais d'abord le traiter comme je vous l'ai et puis on comparera avec chat GPT en tout cas cette idée d'innovation elle est devenue essentielle dans le monde où nous sommes et il y a un grand cimetière de tous ceux qui n'ont pas su innover l'idée d'innovation bon elle est liée au progrès techniques mais elle aussi liée à cette notion qui est très importante aujourd'hui qui est celle d'obsolescence d'obsolescence programmée tous les objets que nous avons ils disparaissent en quelques années nous montre nos téléphones tout ça ordinateurs tous les deux ans il faut les changer c'est l'idée que il faut en permanence s'adapter évoluer réformer et à un rythme de plus en plus accéléré et dans les médias il est beaucoup question de du monde ancien et de la disparition du monde ancien c'est une question que je me pose souvent est-ce que j'appartiens au monde entier moi très probablement puisque quand je dis on me demande comment êtes-vous venu à Prague la première fois et que je dis que c'était en 1965 qui d'entre vous dans cette salle était née en 1965 manifestement j'appartiens au monde ancien alors comment est-ce qu'on essaye de ne pas aller au cimetière des des marques dont l'obsolescence est programmée alors bien sûr cette idée d'une innovation elle n'est pas tout à fait nouvelle bon on peut dire qu'elle est liée à la modernité on la trouve déjà chez Baudelaire l'inventeur de cette catégorie de la modernité elle est liée à la à la mode à la révolution industrielle à la révolution politique et elle est devenue une sorte d'impératif catégorique on peut dire sans doute autour de 1848 de la révolution politique et de la consécration de la révolution industrielle l'idée c'était l'idée synonienne que l'ingénieur et l'artiste sont les avant-gardes de la avant et les autres suivent peut-être une génération plus tard et on peut dire que vers ce milieu du 19e siècle la tradition cesse d'être la référence de l'activité humaine et qu'aucun domaine n'échappe à ce mouvement politique beaux-arts et tous les métiers et on pourrait dire il y a rien de nouveau sous le soleil et que le monde numérique dans lequel nous sommes aujourd'hui n'a fait que accélérer cette exigence question que je pose c'est est-ce que la littérature est elle-même soumise à cet impératif catégorique de changement aléatoire en tout cas pendant très longtemps la littérature ne devait pas innover le mot d'ordre de la littérature c'était imiter non pas innover l'imitation ce n'est pas du tout l'innovation l'imitation c'est la variation c'est la variation sur des éléments de toujours l'originalité ce n'est pas l'innovation c'est une combinaison différente d'éléments déjà existant et ce n'est qu'à une date assez tardive que l'originalité n'est plus vraiment la valeur mais qu'il y a une exigence de comme disait le poète Ezra Pound make it new c'est plus seulement la variation c'est la recherche chaque saison du nouveau il y avait un sociologue Gabriel Tarde qui était professeur au Collège de France qui parlait de l'invention comme considéré comme moteur de l'évolution sociale et il considérait lui encore que l'invention c'était une petite chose qui faisait bouger le socle de l'imitation donc c'était encore l'idée d'une invention marginale d'une invention incrémentale aujourd'hui on parle beaucoup de ce terme de nudge en anglais de Notch c'est le petit coup qui qui fait bouger c'est l'incitation c'est le clinamène des anciens et pour lui on peut dire encore au début du 20e siècle le génie c'était une nouvelle combinatoire d'éléments anciens c'était une imitation originale alors vous citiez Valérie qui disait en effet au lendemain de la Première Guerre mondiale donc c'est un texte capital de Paul Valéry la crise de l'esprit il disait le nouveau qui est cependant le périssable par essence et pour nous une qualité si éminente que son absence nous corrompt toutes les autres et que sa présence les remplace le nouveau c'est la valeur s'il y a du nouveau ça vaut quelque chose même s'il y a rien d'autre que le nouveau c'est une valeur suffisante et superstition du nouveau et qui était né vers ce moment là et c'est un bouleversement Valérie poursuivait en disant nous nous contraignons à être toujours plus avancé dans les arts toujours plus avancé cette notion des avant-gardes dans les mœurs dans la politique dans les idées et nous sommes formés à ne plus briser que l'étonnement et l'effet instantané de choc la valeur c'est l'étonnement c'est le choc ça nous rappelle des choses du de Baudelaire l'étonnement Baudelaire empruntait cette notion à Edgar Poe Wonder c'est l'étonnement qui fait la valeur de l'art et le surréalisme qui insistait sur sur le choc le choc nécessaire pour la beauté alors je crois qu'on peut dire que ce terme de nouveau il est très général et qui convient sans doute de distinguer dans ce qui est nouveau au moins deux types de nouveautés les nouveautés éphémères et les nouveautés radicales les nouveautés éphémères c'est ce qu'ils ont ceux qui changent chaque saison c'est la mode justement que j'évoquais c'est lorsque Valérie parlait de cette nouveauté instantanée la valeur de l'instantanément nouveau la mode qui se renouvelle de saison en saison mais il y a aussi des nouveautés beaucoup plus radicales des nouveautés comme on dit en français qui font époque qui font date qui sont des véritables rupture le terme Michel Foucault parler dépister mais pour distinguer ces radicalité nouvelles on entre dans une nouvelle époque l'historien des sciences Thomas Kun parlait de paradigmes des paradigmes qui changent alors ce sont de tout autre nouveauté que les modes qui changent saison après saison et on change pas de dépister mais ou de paradigme tous les printemps peut-être tous les siècles ou même tous les quelques siècles s'il en écoute Foucault et ses inventions elles permettent ensuite des renouvellements progressifs des renouvellements progressifs dans le cadre d'un grand changement dans le cadre qui produit une nouvelle installation on connaît quelques exemples célèbres dans l'histoire des des techniques bon les modèles de voitures changent tout le temps mais dans l'histoire de l'industrie automobile il y a véritablement seulement trois changements importants le moteur à combustion interne le moteur diesel et le moteur électrique mais les modèles de voitures il y en a beaucoup tout ça pour seulement 3 nouveautés il y a un philosophe des techniques qui s'appelle Gilbert Simondon qui parle de il y a une invention puis ensuite il y a tout des potentiels de cette invention et c'est potentiels ce qui est en puissance dans une invention se concrétise peu à peu mais peut prendre des siècles à se concrétiser alors est-ce que c'est comme ça en littérature est-ce qu'en littérature il y a des des ruptures des paradigmes mais puis des renouvellements progressifs et ce qu'il y a une obsolescence en littérature ou dans les arts d'appliquer ces modèles de la technique et des sciences aux heures il y a beaucoup de penseurs qui sont ce sont interrogés sur le fait que les arts ne meurent pas que nous soyons toujours aussi sensible est-ce que tu regrettes ou un tableau de Léonard de Vinci qui a une œuvre de Picasso et il y a cette grande différence entre les objets techniques qui sont frappés par l'obsolescence et des œuvres d'art qui ne le sont pas et il y a une très forte tentation justement dans la modernité a considérer que les oeuvres du passé sont des œuvres mortes dans le roman Proust la recherche du temps perdu ce sont des questions qui ont précuites préoccuper tous les écrivains il y a un personnage qui est la jeune marquise de Cambremer qui est en quelque sorte une snob de l'innovation et elle pense que après Wagner Chopin ne vaut plus rien ou après deux gars poussins ne vaut plus rien que l'oeuvre du présent abolit l’œuvre du passé comme si on était dans la technique et de la recherche du temps perdu lui fait remarquer lui dit ah oui oui après Wagner après Wagner Chopin ne vaut plus rien et lui dit avec un air un peu pervers ah oui mais Debussy aime beaucoup Chopin et alors elle est très troublée par le fait que le Créateur le plus moderne aime un homme du passé et puis il lui dit la même chose à propos de la peinture ah oui mais de gars a beaucoup copié poussin et elle elle est contrainte de reconnaître que c'est peut-être une vue un peu simple mais peut-être que nous ne sommes tout le même pas sortis de cette idée que l'art du présent abolit l'art du passé et je crois que tous ces débats ont été exacerbées depuis ce qu'on appelle parfois la troisième révolution industrielle l'entrée dans le monde numérique certains disent c'était Michel Serres qui disaient c'est c'est pas la troisième révolution industrielle c'est la révolution des industriels puisque elle nous a fait entrer dans un monde qui n'est pas celui qui n'est plus celui de l'industrie et ce monde de la révolution des industriels ou de la révolution numérique il est un peu troublant pour nous tous puisque nous sommes équipés de beaucoup de ce que j'appelle des prothèses numériques que nous avons un peu partout nous ne pouvons pas vivre sans nos prothèses numériques mais que cette révolution qui est la troisième après le moteur et l'électricité elle a une très très grande différence par rapport aux deux autres précédentes c'est qu'elle n'a pas augmenté la productivité c'est un grand mystère pour les économistes vous mes collègues économistes c'est que la troisième révolution n'a pas augmenté n'a pas donner des accroissements de productivité alors c'est un drame puisque finalement tout coûte plus cher sans qu'il y ait de gains de productivité et il y a un économiste américain qui a écrit un livre important qui s'appelle de Rise and Fall of American Grove et qui s'interroge sur le fait et comment se fait-il que la révolution numérique n'a pas augmenté la productivité et qui nous dit que la raison c'est que nous savons retrouver un rythme de croissance qui était celui de tout l'Occident depuis l'Antiquité et le moyen-âge après deux siècles exceptionnels il y a eu une parenthèse de croissance industrielle et nous avons retrouvé le rythme beaucoup plus lent séculaire de la croissance il y a d'autres économistes qui disent il y a pas de productivité parce que on ne sait plus comment la mesurer parce que la mesure de la productivité qu'on avait jusque là ne convient plus à ce monde numérique en tout cas c'est un drame et on peut pas se le cacher l'activité qui est la mienne qui est celle de la littérature de l'enseignement et de la culture c'est un domaine où il n'y a pas et où il n'y a quasi pas de gains de productivité et il faut que nous nous rendions bien compte de cela lorsque nous en parlons une économiste américain qui s'appelle William Baumol décidait il y a quelques années et qui avait appelé ça le phénomène du Coste dise la fatalité des coûts croissants dans le secteur des activités culturelles ça veut dire que dans ces secteurs d'activité il y a pas de gain de productivité donc ça coûte toujours plus cher et il avait fait cette observation lorsqu'il étudier les la culture à New York dans les années 1960 il faisait la remarque qui est fondamentale qui est que produire un opéra ou produire une symphonie de Beethoven dans une salle de concert moderne cela existe autant de temps que lors de la création de l'oeuvre au 18e siècle il y a pas de gains de productivité dans la culture et donc il n'y a pas d'économie à faire dans le secteur de la culture et donc son financement doit répondre à une augmentation continue des coûts parce que dans ce secteur les salaires s'alignent peu à peu sur les salaires dans les domaines où il y a des gains de productivité donc ça coûte de plus en plus cher il y a pas de gain pour monter un opéra pas de gain pour écrire un livre ça prend toujours un peu de temps et de ce point de vue il y a une comparaison que je fais souvent que j'aime bien c'est entre la culture et la coiffure un salon de coiffure ce sont des domaines où si c'est fait plus vite c'est mal fait il y a pas de mystère si c'est fait plus vite c'est mal fait il n'y a pas moyen de gagner du temps en conservant la qualité et dans le secteur de la coiffure il n'y a pas eu de progrès ou quasi pas de progrès depuis ma naissance et elle est ancienne dans les années 50 aujourd'hui il y a quasi pas de progrès en coiffure quand je vais chez le coiffeur ça prend le même temps et si c'est fait plus vite c'est mal fait et pourtant je paye de plus en plus cher puisque le salaire du coiffeur s'aligne sur avec retard mais sa ligne sur les secteurs où il y a des gains de productivité et je dirais c'est la même chose pour les professeurs et c'est la même chose pour toutes les activités culturelles pendant longtemps en France c'était membre du Haut Conseil de l'éducation donc les écoles des classes numériques remplies d'ordinateurs avec des élèves derrière les ordinateurs et en même temps on sait que les résultats des petits français au test PISA de l'OCDE ne font que baisser les classes numériques coûte cher mais les résultats ne suivent pas au fond pour apprendre à lire et à compter il suffit encore d'un tableau noir ou d'un tableau blanc et d'une ardoise et d'un bout de Crès et c'est ça qui est le drame dans ces secteurs dans l'enseignement supérieur depuis qu'on est entré dans le monde numérique on recherche désespérément ou arracher des gains de productivité vous avez sans doute suivi ses affaires il y a quelques années sur ce qu'on appelait les les moocs massive open online causes on pensait qu'avec ces cours massifs en ligne ouvert je sais pas comment on dit en français massif ouvert livre etc on pensait que on avait trouvé la solution miracle qui allait permettre de ne pas construire des universités en dur et on disait en Afrique on va pouvoir sauter l'Université des universités en dur comme on a pu sauter l'étape du téléphone fixe s'est passé directement au portable le MOOC enfin il y avait un gain de productivité il n'avait pas eu depuis les Grecs mais enfin il y en aurait un on connaît le résultat après deux ou trois ans on s'est aperçu que dans les moocs s'il y avait que 5 à 10% d'étudiants qui arrivaient au bout des cours et les étudiants qui arrivaient au bout des cours c'est ceux qui étaient déjà diplômés autrement dit ça ne pouvait pas remplacer une formation initiale de masse et gratuite et sont parvenus c'est dans la formation professionnelle c'est-à-dire dans des entreprises où il y a ils sont plus moustes donc ils sont plus massifs mais encore ils sont encore Open et online mais il servent à acquérir une compétence professionnelle qui est immédiatement valorisée en termes de salaire autrement dit ce n'est plus du tout de l'éducation générale de la même façon je dirais il faut autant de temps aujourd'hui pour écrire un bon roman qu'à l'époque de Flaubert qui travaillait beaucoup avec des plumes doigts il avait un bocal de plumes d'oie il disait que sa fortune c'était ses plumes doigts il y a certains écrivains qui affirment qu'un roman écrit au traitement de texte ce n'est pas de la littérature un roman écrit à l'ordinateur et son corps de la littérature quand l'ordinateur est apparu certains en ont douté mais il faut se méfier de ces raisonnements parce que on les a entendus à chaque étape du progrès technique par exemple l'une à mes yeux l'invention la plus importante le progrès technique le plus capital dans l'histoire de de la littérature c'est l'invention de la plume de fer autour de 1830 qui a remplacé la plume d'oie on insiste pas très souvent sur la plume de fer mais la plume de fer est capitale dans la démocratisation de l'école pas d'école sans plumes de fer pas d'école de Jules Ferry en France mais qui avait commencé avec Guizot en 1830 sans plume de fer les plumes d'oie en France jusqu'en 1830 la France ne produisait pas assez de plumes doit pour satisfaire la demande intérieure on les importer de Pologne n'oublions pas le progrès énorme qui a été la plume de fer en 1830 et c'est donc elle qui a permis l'école or au moment où la plume de fer est apparue envers 1830 tous les écrivains se sont révoltés contre la plume de fer aucun écrivain n'a adopté la plume de fer Chateaubriand n'a écrit qu'à la plume d'oie Baudelaire n'a écrit qu'à la plume loi Flaubert qui est mort bien plus tard n'a jamais écrit qu'à la plume d'oie un seul écrivain français a accepté la plume de faire à son arrivée vous devinez qui non absolument pas Alexandre Dumas l'industriel l'argument c'était que avec la plume de fer on écrira trop vite on n'aura pas le temps de réfléchir il faudra pas de tailler sa plume en écrira on écrira sans réfléchir ça sera médiocre l'argument s'est répété lorsqu'on a invité inventé le stylo à réservoir mais on a même plus à tremper son sa plume de fer dans dans le l'encrier dans les années 50 moi j'ai encore appris à écrire avec une plume le fer qu'on tremper dans nos crier et quand on trempait la plume le faire dans l'encrier on réfléchissait à l'instant avant de se remettre à écrire puis le stylo puis le stylo à réservoir puis le stylo bille puis tout ça c'est la mort de la littérature et puis on a dit la même chose avec la machine à écrire avec la machine à écrire on réfléchit encore moins et on a dit la même chose avec avec le traitement de texte je vous cite un texte de 1836 la plume de fer c'est la honte c'est le déshonneur c'est le fléau des sociétés modernes enfin je vous dis le monde ne mourra ni par la vapeur ni par le gaz hydrogène ni par les ballons ni par les chartes constitutionnels ni par les chemins de fer le monde mourra par la plume de fer donc il faut être très prudent le monde a survécu et la littérature a pensé qu'elle survivra à au traitement de texte à tout ça aujourd'hui je vous parle ce qui est très rare sans utiliser un powerpoint pour voir si j'en suis encore capable puisque peu à peu je me suis mis dans mes cours au Collège de France utilisaient des présentations et parfois je me dis est-ce que je peux encore parler sans image parfois je me dis je sais que le dernier article que j'ai écrit à la main comme ça c'était en 1985 quand je suis parti enseigner aux États-Unis à New York je me souviens très bien de l'article en question je le vois dans ma tête je l'ai gardé longtemps puis un jour j'ai déchiré le manuscrit je serai totalement incapable d'écrire un article aujourd'hui sans si je me retrouvais dans une île déserte sans électricité pourrais-je encore écrire c'est prudent dans ces matières la littérature survécu à la plume de fer la culture survécu au livre de poche n'oublions pas que lorsque le livre de poche est apparu de la même façon tous les intellectuels se sont révoltés contre le livre de poche en France dans les années 50 et 60 tout le monde écrivait contre le livre de poche en disant le livre de poche ça donnera une culture jetable une culture de poche Le livre de Poche on le jettera comme les journaux il n'y aura plus de valeur de la littérature tous se sont trompés en parlant de cette façon alors si vous voyez il y a pas beaucoup de progrès dans l'enseignement pas de gain de productivité dans l'enseignement c'est un drame il faut autant de temps pour apprendre à lire à un enfant aujourd'hui que chez les Grecs il faut autant de temps pour apprendre à un enfant à compter que comme moyen âge pas de gain de productivité c'est un drame en matière de recherche y a-t-il des gains de productivité dans nos domaines bon on peut dire qu'il y en a un peu du fait de mon âge j'ai connu plusieurs mondes enfin j'ai connu deux mondes je vous dis je me rappelle l'achat de mon premier ordinateur en 1985 à l'époque où j'ai acheté un ordinateur je travaillais à l'édition critique de la recherche du temps perdu de Proust donc j'allais tous les jours au Cabinet des manuscrits à la Bibliothèque nationale je copiais les manuscrits de Proust au crayon parce qu'on n'avait pas le droit d'utiliser un autre instrument d'écriture que le crayon donc copier les manuscrits de peau ce crayon je rentrais chez moi le soir je dactylographie à la machine est écrite les pages que j'avais copié le lendemain je retournais à la Bibliothèque nationale et je collectionnais avec le manuscrit ma dactylographie et je corrigeais avec du blanc du Tipp-Ex les fautes de frappe c'était juste avant l'invention de l'ordinateur portable avec un ordinateur portable j'aurais mis 2 à 3 fois moins de temps dans mon travail donc je ne nie pas qu'il y ait des gains de productivité dans la recherche tel que celui là j'ai donc j'ai connu comme chaque chercheur des progrès considérables mais je crois qu'il ne faut pas les exagérer certains affirment que tout a changé depuis qu'il est possible de consulter chez soi le fond de presque toutes les bibliothèques du monde ce qui est exact pendant la pandémie du covid il y a trois ans maintenant j'étais enfermé chez moi à Paris de mars juin 2020 j'ai pu travailler je dirais 80% de mes capacités sans aller dans des bibliothèques physiques et j'ai pu écrire un livre quand la pandémie s'est terminée j'ai été complété ce que je n'avais pas pu faire bon mais on a toujours pu travailler 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à partir des livres que l'on avait et dans une lecture intensive de ces livres donc n'exagérons pas nous avons accès à beaucoup plus de livres mais c'est aussi une occasion de beaucoup se disperser plutôt que de se concentrer et n'oublions pas que en dernière instance le verrou réside dans la lecture dans la lecture et c'est ça qui est le drame il n'y a pas de gain de productivité à espérer et c'est peut-être ce qui fait que la lecture est aujourd'hui une activité fragile fragilisée dans ce monde numérique il n'y a pas de gain de productivité à attendre l'oeuvre de Proust et longue 3000 pages quel est l'avenir de la lecture dans un monde où il faut toujours gagner du temps faire plus vite alors quand il y avait des gens qui disaient que c'était déjà trop long et que on pouvait pas trouver le temps de de tout lire Horace disait déjà le vrai longue et la vie est brève donc c'est pas non plus un problème tout à fait nouveau celui de l'impossibilité de gain de productivité dans la culture quand j'étais enfant il y avait beaucoup de publicités pour la lecture rapide je me souviens qu'il y avait cette revue qui s'appelait de rides qu'on voyait chez le coiffeur justement il y avait le geste il y avait des publicités pour speed ride et que je sais pas quoi lisez plus vite et moi j'étais fasciné par ces publicités on avait l'idée que si on lisait plus vite on allait devenir maître du monde elle est vraiment dominer les choses bon je ne me suis jamais inscrit aucun cours de lecture rapide et je pense que ce sont des attrapes Nico la lecture rapide n'existe pas c'est comme la coupe de cheveux rapide c'est mauvais c'est lire vite c'est mal lire ce que je disais aux élèves du lycée qui m'interrogeaient tout à l'heure lire vite c'est mal lire il faut lire vite c'est mal lire et ça veut dire que c'est une activité vulnérable aujourd'hui et je sais bien que dans ce monde numérique je lis moi-même moins et de manière moins attentive que dans le monde physique que j'ai connu dans le monde numérique on fait toujours plusieurs choses à la fois je consulte mes messages je suis interrompu je fais toujours plusieurs fois à la fois et de seulement lire longtemps sans faire autre chose je crois que la génération à laquelle j'appartiens a eu beaucoup de chance parce que elle a bien connu le monde physique et puis elle a découvert le monde numérique elle a eu le meilleur des deux mondes je crois ne pas me tromper en disant que j'appartiens à une génération qui a eu le meilleur des deux mondes copier les manuscrits de Proust au crayon et puis avoir aujourd'hui tous les manuscrits de Proust disponible sur le site de la Bibliothèque nationale c'est extraordinaire ce changement en 40 ans n'importe qui au monde peut lire les manuscrits de Proust sur l'écran de son ordinateur mais évidemment le constat il pour les générations suivantes ceux qu'on appelle les natifs qui n'ont pas la qui n'ont pas eu l'éducation du livre physique or le livre ne l'oublions pas le livre c'est quelque chose de tout à fait idéal tout à fait fantastique ce parallélépipède de petites dimensions qui comprend autant d'informations là aussi il faut rester très prudent j'ai dit et c'est pourquoi je parlais de la plume de fer et du Livre de Poche beaucoup de gens ont dit la plume de fer et le livre de poche c'est la mort de la littérature et de la culture ils se trompait donc ne nous inquiétons pas trop la le livre survivra à ce qui est en train de se passer et la lecture sur écran n'est certainement pas la mort du livre peut-être que je peux arrêter là au fond simplement pour dire que il y a encore un sujet qui serait évoqué et qui est la littérature elle-même la littérature qui pendant très très longtemps a vécu sur ce mythe avant-gardiste que la littérature du devait aller toujours plus loin et que si on n'avançait pas on mourait c'est le mouvement des des avant-gardes et j'aime bien citer par exemple ce que disait Nathalie Sarraute justement dans les années 60 écrivain du nouveau roman qui concevait le mouvement de la littérature comme un mouvement d'invention technique la littérature doit toujours inventer des nouveaux procédés techniques elle a inventé le bolaire a inventé le poème en prose Rimbaud et Laffort ont inventé le verre libre les surréalistes ont inventé l'écriture automatique voyez l'idée que la poésie doit toujours inventer des nouvelles techniques le roman Flaubert a inventé le style indirect libre Joyce et Wolf ont inventé le flux de conscience le stream of coachuseness la littérature doit toujours innover si elle n'inove pas elle meurt c'était la règle quand j'avais 20 ans et Nathalie Sarraute qui était une grande écrivain du Nouveau Roman disait en 1964 la littérature m'apparaît comme une course de relais chacun prend le témoin des mains du de l'écrivain qu'il a précédé il n'est pas possible de revenir en arrière ni même de rester sur place si tu restes sur place tu meurs si tu restes sur place tu es finie elle ajoutait le mouvement qu'on appelle le nouveau roman est très saint il était nécessaire il prend sa place dans un développement irréversible la littérature pour ses écrivains avancés comme la technique je me souviens d'avoir souvent entendu Alain rougrier qui était un peu le pape du Nouveau Roman dire si le nouveau roman a été mal accueilli par la critique dans les années 50 c'est parce que la critique n'avait pas encore assimilé Proust nous allions plus loin que Proust pour comprendre ce que nous faisions il fallait être au-delà de Proust comme procédé au-delà de Balzac et bien la question que je poserai c'est quel artiste quel écrivain soutiendrait cela encore aujourd'hui dans la littérature c'est un mouvement qui est interrompu et peut-être qu'on peut finir sur ce sur ce paradoxe puisqu'on est dans un monde où j'essaye de le montrer l'innovation est un impératif catégorique de plus en plus exigeant et en même temps dans la littérature qu'on dit vivante et bien c'est un mot d'ordre auquel on a à peu près une animement renoncé je veux dire il peut y avoir des secteurs des arts où on n'y a pas renoncé dans les arts plastiques ou dans l'invention mais mais probablement par littérature oui il y a là un paradoxe qui est probablement lié à cette condition que j'ai essayé d'écrire comme celle de la culture cette condition qui peut-être difficile aujourd'hui puisque encore une fois c'est un domaine où si on fait plus vite on fait mal pas de gain de productivité c'est la loi donc ça nous apprend je dirais être modeste en tant qu'enseignant en tant que chercheur vous voulez que je vous dise que disait chat GPT sur en anglais et en français littérature innovation le texte français et la traduction stricte dans ces arguments passés par Google mais par un autre de un autre une autre logiciel du texte anglais alors la littérature et l'innovation sont étroitement liées de diverses manières la littérature peut inspirer l'innovation en présentant de nouvelles idées concepts et perspectives qui remettent en question les normes établies et repoussent les limites on peut également serrer de plateformes pour explorer et expérimenter de nouvelles techniques littéraires genre et style de plus la littérature a le pouvoir de stimuler la créativité et la pensée critique qui sont essentielles à l'innovation plongeant les lecteurs dans des mondes imaginaires et en leur exposant des expériences et pointues univers littérature peut élargir leurs horizons et les aspirer à penser différemment d'un autre côté l'innovation peut également après avoir montré l'influence dans un sens dans l'autre côté de l'innovation peut également influencer la littérature en fournissant de nouveaux outils et technologies aux auteurs pour créer et diffuser leurs heures par exemple les sorts de l'émission numérique et des plateformes de médias sociaux a permis aux écrivains de toucher des publics plus larges et d'expérimenter de nouvelles formes d'intervention dans l'ensemble la littérature innovation ont une relation symbiotique car elle repose que deux sur la créativité l'expérimentation et la volonté de remettre en question le statut pro on embrassant l'innovation la littérature peut continuer à évoluer et à rester pertinente dans un monde en rapide évolution c'est très rassurant c'est très rassurant qu'elle ne donnerait donc oublie d'être comme professionnel d'innovation je crois que j'aimerais noter ses moyennes importantes comment le plan est un peu qui est un peu simple je ne comprends plus et influence dans un sens influant dans l'eau qui est plus simple je ne comprends pas bien le sens du de plus la littérature va pouvoir dissimuler puisque c'est déjà ce que le paragraphe précédent a dit cette stimulation donc vous pourrez vous pourrez bien corriger bon mais voilà maintenant c'est ça le sujet de la littérature et de l'innovation merci [Musique] j'ai une petite remarque ou un petit aveu parce que quand j'ai commencé à me préparer on m'a dit bon il y aura Antoine Compagnon qui va venir donc je me suis dit il faut que je révise un peu vos leçons au Collège de France je vais tout de suite après je me suis dit justement j'ai pas le temps de visionner à la maison ou relire le tout donc j'avais l'ingéniosité de trafiquer ma voiture de sorte que elle me parle par votre intermédiaire c'est-à-dire quand j'entre dans ma voiture j'ai un système qui me permet de se bitcher entre la radio et une application de podcast et dans le podcast il y a beaucoup au Collège de France donc ça fait trois mois que j'ai développé un instinct de Pavlov je rentre dans ma voiture ça me fait penser à vous je vous vois je me demande si si j'ai fermé la bagnole mais ce que je veux dire par là c'est que je suis déjà quelqu'un qui a lu Proust sur Kindle à l'époque il y avait c'est mort un peu aujourd'hui la liseuse Kindle je pense que ah non pas vraiment et qui écoute vos cours dans la voiture donc je suis couverte de prothèses médiatique quand vous avez dit tout à l'heure mais la question que je me pose parfois c'est quand même est-ce que parce que Valérie quand il évoque cette question là dans la phrase suivante il parle de facilité il dit nouveauté à tout prix accélération obligation de effectivement et quand même tout de suite après il évoque quand même un certain piège en disant on risque quand même de tomber dans la simplification dans la facilité Proust digérer dans un fauteuil comme je pense que Proust est fait pour être lu lentement en l'espace des mois et des années alors que mon Kindle dans le métro c'est peut-être pas tout à fait le bon cadre alors est-ce que vous pensez que il y a ce risque quand même de d'aplatir les choses ce passage au numérique écoutez j'ai un petit peu répondu en disant qu'il faut être très prudent moi j'ai lu Proust quand procédé dans le livre de poche en 1966 j'aurais jamais dû Proust si Proust n'avait pas été publié en livre de poche or tous les actuels je l'ai dit était hostile au livre de poche à ce moment-là pensant que ça désacralisait la culture que le livre de poche est apparu c'est l'un des des produits de la société de consommation il est apparu en même temps que le mouchoir jetable le briquet jetable et le rasoir jetable tous ces objets jetables et tout le monde disait les livres ce sera comme les journaux on les abandonnera dans le train or il s'est avéré que c'était totalement faux moi je conserve tous mes livres de poche d'adolescents comme à peu près tous les adolescents qui ont des livres de poche et on reste attachés disait qu'on restait attachés aux exemplaires dans lesquels on avait lu les livres pour la première fois on reste bon c'est peut-être un peu idiot mais on reste on sacralise les exemplaires dans laquelle on a lu un livre j'ai encore le livre de poche dans lequel j'ai lu le rouge et le noir quand j'avais 14 ans des choses comme ça donc je dis soyons prudents donc et je dis la même chose avec Kindle ou Dieu c'est quoi tous les gens qui lisent moi je lis quand je lis sur tablette j'en fais la vœu ça me gêne pas surtout quand je voyage c'est très pratique hier soir dans l'avion j'ai lu j'ai lu je vous avouer ce que j'ai lu dans l'avion hier soir j'ai lu quelque chose vous allez dire pourquoi il dit ça c'est monstrueux j'ai lu le jardin de Bérénice de Maurice Barrès dans l'avion hier soir bon je l'ai téléchargé juste avant de prendre l'avion de l'aéroport parce que j'ai eu envie de lire mais c'est ça qu'on peut faire aujourd'hui au moment au dernier moment on a envie de dire un livre je télécharge et on lit dans l'avion je refuse donc de porter le moindre jugement sur sur le la lecture qui est faite de manière numérique il est tout à fait possible qu'elle soit beaucoup plus beaucoup plus profonde la difficulté comme je disais c'est plutôt la multi-activité c'est comme quand on lit sur une tablette on fait en même temps 1000 autres choses on est interrompu constamment par une notification d'une nouvelle il y a encore une grève il y a encore eu un discours du président de la République en fait il y a une catastrablement de terre enfin il y a tout qui interrompt votre lecture très légitimement puis des messages donc ceux qui comme je le disais ce qui est en danger c'est cette lecture concentrée prolongée solitaire mais mais mais la tablette en tant que tel je dis non je ne l'attaque pas merci vous me rassurez beaucoup je n'attaque pas alors c'est vrai qu'il y a beaucoup de gens qui sont comment est-ce qu'on dit addictée de mes podcasts qui disent écoute comme ça on va dire toutes circonstances ça m'amuse je suis pas payée pour faire la pub mais je le dis quand même que c'est très bien la plupart des cours au Collège de France que vous téléchargés dans son portable et l'écouter tous les cours du Collège de France sont accessibles sont accessibles en ligne ça fait partie justement des des progrès du monde numérique le Collège de France qui était une institution parisienne puisqu'il fallait être à Paris pour aller assister au cours physique et devenu une institution mondiale puisque quasi tous les cours depuis l'année où je suis arrivé c'est-à-dire depuis 2005 sont accessibles en ligne et sa véritablement fait changer le Collège de France d'échelle donc il faut être très vigilant lorsqu'on dit il y a alors ça peut être un gain de productivité puisque ça a des résultats un peu partout dans le monde puis aussi ça rend la vie d'un professeur plus difficile parce que lorsqu'on arrive pour parler pour faire une conférence quelque part tout le monde a déjà entendu ce qu'on va dire c'est un ce qui devient un problème mais justement on aime beaucoup la répétition on aime beaucoup ce que j'appelais tout à l'heure la variation aussi imitation et variation on aime beaucoup relire les mêmes livres entendre la même musique et écouter les mêmes cours avec des variations c'est un grand plaisir alors je pense qu'il est le temps de passer la parole au public aussi est-ce qu'il y a des questions donc merci Monsieur compagnon pour cette conférence splendide si j'ose dire j'aimais beaucoup le sujet que vous avez choisi pour cette conférence à Prague puisque ça me fait penser à au tout premier verre de la zone d'Apollinaire à la fin tu es là de ce monde ancien et donc c'était finalement votre sujet je voulais peut-être remonter aussi un peu dans le temps puisque tout ce que vous avez dit m'a fait aussi penser à Corneille et qui dit dans un de ces discours alors la citation exacte je n'ai pas dans ma tête mais c'est à peu près il est constant qu'il y a des règles puisqu'il y a art en s'accorde sur les mots mais il faut s'accorder sur les choses c'est-à-dire que cette perspective innovation inventé au imitation c'est très très ancien et donc peut-être la question du mérite qui se pose aujourd'hui mais qu'une des faces finalement de la question millénaire qui revient qui revient souvent donc juste une observation pas vraiment une question oui c'est évidemment une question ancienne que celle de l'imitation que celle de l'originalité que celle de la nouveauté et elle a été exacerbée dans la période récente alors la question c'est de savoir si avec [Musique] un niveau quantitatif différent on change qualitativement si elle se pose différemment aujourd'hui parce que parce que on est parce qu'on a traversé une révolution il y a une quarantaine ou cinquantaine d'années et on peut se demander si la question se pose autrement pour nous aujourd'hui je crois qu'il faut y réfléchir et sont nécessairement donner une réponse une réponse ferme mais je pense qu'il est important d'y réfléchir il est important de réfléchir à l'état de la lecture à l'état du livre à l'état de la littérature que ce ne sont pas que le ration interpersonnelle qui n'avait pas changé pendant toute l'existence de l'ombre quelle était la question peut-être ce ne sont que des personnes [Musique] interpersonnelles qui n'aurait pas changé pendant toute l'existence de l'homo sapiens qu'est-ce qui n'a pas changé depuis le les relations personnelles est-ce que les relations interpersonnelles n'ont pas changé à travers écoutez très large comme question mais je pense qu'il y a quand même quelques grands paradigmes justement qui [Musique] et que le livre est justement l'un de ces moments de ces paradigmes essentiels que pendant un certain nombre de siècles nous avons été formés par les livres et par la lecture et que nous ne savons pas nous avons nous sommes des hommes et des femmes du livre depuis l'imprimerie et j'évoquais la plume de fer la diffusion du livre au 19e siècle c'est l'autre élément de l'éducation la démocratisation d'éducation il y a d'un côté la plume de fer de l'autre côté le papier autre obstacle à la diffusion de la culture au 19e siècle le livre l'imprimerie ça fait partie de ces inventions véritablement instauratrice d'un autre monde j'aime bien rappeler le fait que Montaigne est l'un de mes auteurs de prédilection lorsqu'il est dans sa tour très peu de temps après l'invention de l'imprimerie dès les milieux du 16e siècle dans sa tour il a autour de lui toute la littérature grecque et latine tout est là autour de lui toute la littérature grecque et latine ça tient dans une clé USB c'est pas grand chose toute la littérature grecque et latine comparée au Gigabit qu'on crée aujourd'hui ici rien du tout mais il a tous les livres autour de lui et avec Montaigne avec l'humanisme si on a le droit de parler de de l'humanisme de cette notion avec l'humanisme s'introduit le fait que c'est à travers la lecture que ce construisent les identités des hommes et des femmes pendant quelques siècles alors est-ce que ce sera encore le cas pour les générations suivantes nous le savons pas mais je crois que c'est un changement qui est fondamental et donc ça remonte pas à l'homo sapiens nous sommes nous sommes des enfants du livre imprimé nous tous jusqu'à aujourd'hui je me suis souvenu que récemment j'ai lu ce passage du Saint-Augustin où il voyage quelque part et il retrouve l'un des évêques de l'époque et cet évêque il fait une activité bizarre il parcourt des papiers enfin il y avait pas de papier enfin je sais pas mais il parcourt la page de gauche à droite il murmu enfin il n'aimait pas de son et tout le monde pense est-ce que cet homme là et pour cédé par le diable ou qu'est-ce qui se passe et en fait ce qu'il faisait c'est qu'il disait à avoir basse et à l'époque c'était pas normal on lisait toujours à haute voix et la lecture à voix basse c'était quelque chose de une technique inconnue donc je me suis aussi posé la question la naissance du lecteur dans le sens où vous en parlez c'est pas non plus depuis l'Antiquité c'est le début du Moyen-Âge donc anthropologiquement avant le livre les hommes vivaient aussi mais autrement autrement à partir de Montaigne on est des hommes et des femmes du livre ça ça me semble très important et les enfants d'aujourd'hui sont encore des enfants du livre des livres d'enfants n'ont jamais été aussi beaucoup aujourd'hui les livres imprimés d'enfants n'ont jamais été aussi beaucoup qu'aujourd'hui les enfants sont encore des enfants du livre c'est après que ce fait que ne se fait pas la transition vers la lecture des adolescents est-ce que les adolescents sont encore des adolescents du livre il faut demander au lycée un qui sont là aussi mais mais là oui il y a un changement anthropologique important merci j'aimerais vous dire messieurs compagnon également ma reconnaissance puisqu'il faut que que les choses que vous avez dites résonnent enfin dans l'espèce publique comment on dit aujourd'hui et une autre chose que à laquelle votre réflexion a fait penser c'est que souvent lorsqu'on discute avec les collègues les proches issus des sciences dures ou dites dures il y a un enjeu de ces débats de ces polémiques c'est que s'il y a évolution au progrès dans les arts dans la lettre et les professionnels des sciences dures sont plutôt inclin à défendre le progrès donc avec cette implication de ligne ascendante alors que nous les autres humanistes nous on défend l'idée d'une simple évolution et l'exemple qui d'habitude assez convaincant qui va en faveur de l'évolution en matière d'art de la de littérature c'est le suivant si on pense par exemple pardon au peinture murale de Lascaux ils sont pas inférieures aux peintures de Poussin au tableau de bras ou tableau de Picasso donc on conclut en disant que ce qui va justement dans le sens sur lequel vous avez insisté c'est que l'antériorité ne veut pas dire l'infériorité voilà oui non c'est c'est effectivement un vieux problème et cette tendance à appliquer le le schéma du progrès aux arts et aux lettres mais vous avez entendu tout à l'heure Nathalie Sarraute qui toute une toute une toute une généalogie d'artistes ont adopté ce modèle aujourd'hui aujourd'hui ce modèle est à peu près périmé on peut l'adopter mais mais dans les années 60-70 c'était encore une théorie régnante si je me souviens bien cette épouse de déjà qui disait que l'art n'est pas la littérature n'est pas cumulative que comme qu'on peut pas dire que en mathématiques on est forcément tous plus au fait que Aristote ou quelqu'un d'autre alors que en littérature c'est pas acquis quelque part non enfin recréer retraverser toutes les toutes l'évolution de chaque artiste doit traverser toutes l'évolution de oui procéder des idées assez romantiques et plus romantique de ce point de vue que moderniste par rapport un petit peu à la synthèse qu'a fait chat j'ai pété qui me fait une symbiose assez simpliste vous montrer au contact il y a une série de grippage de contradiction que la modernité est arrêtée régulièrement par une par des questionnements par et y compris je dirais y compris même dans ceux qui pourraient paraître les plus modernes et je pense ici aux avant-garde quand vous parlez de de du choc que des RIP parle du choc l'étonnement du choc ça me rappelle un petit peu ce que disait breton justement sur la beauté convulsive et il parlait de l'image d'explosante fixe c'est à dire qu'il y a toujours quelque chose qui va aller de l'avant et quelque chose qui va rester qui va aller en arrière et peut-être que justement la question pour les jeunes générations qui se posent par rapport à ces nouveaux outils à l'évolution très rapide de la littérature de l'écrit à travers les nouvelles technologies c'est peut-être celle aussi de la résistance c'est-à-dire que peut-être que la façon de continuer à faire de la littérature dans les nouvelles technologies comme pouvait le faire certaines avant-gardes c'est dans une certaine forme de modernité anti ou de résistance à la modernité vous rejoignez ont toujours une lucidité sur la dimension de perte que comprend tout progrès tout progrès à une composante de regrets c'est ce qu'on trouve chez Baudelaire et à mon sens c'est ce qu'on trouve chez tous les authentiques modernes cette cette lucidité ou cette conscience et en effet cette lucidité il est bon que nous l'ayons nous-mêmes dans les dans les adaptations que nous exerçons au monde numérique moi j'y suis particulièrement sensible bon il y avait naguer intitulé un livre qui s'appelait petit spleen numérique pour attacher cette notion vous de l’airienne le monde numérique me passionne peut-être parce que j'étais ingénieur au départ je sais pas en tout cas j'ai je m'y sens bien et j'en suis curieux mais je ne tiens pas à être la dupe de ce monde numérique donc je fais tout pendant notre pas du c'est ça la position que j'ai caractérisé par anti-moderne l'anti-moderne c'est un moderne mais c'est un moderne qui a une pensée de derrière comme disait Pascal toujours une pensée de derrière qui lui permet de avoir un peu de recul sur ce que nous sommes en train de vivre ironie c'est ironie l'ironie de Baudelaire Véronique qui permet de se mettre un peu à l'écart c'est ça que permet la littérature justement c'est ça que permet la littérature et la lecture c'est au fond par rapport à toute expérience de faire un pas de côté et de d'avoir un peu de distance c'était un vrai plaisir de vous écouter il y a un livre qui était très important pour ma formation c'est un critique italien Francesco land qui avait publié que moi je découvert quand j'étais étudiante sur ce n'est pas traduit en français mais en anglais c'est dit obsolète les objets obsolètes ruines antiquité élite [Musique] Francesco oui et oui donc la thèse en bref c'est que pendant la modernité surtout quand la l'utile l'utilité ce qui est pratique ce qui nous sert à quelque chose devient une valeur la littérature se remplit d'objets complètement inutiles des reliques de et que donc la littérature n'a pas juste un sentonner avec le monde mais c'est aussi le refoulé de notre société donc je me disais si tout ce que vous avez dit en fait ne servirait pas à penser en ce terme aussi ce qu'on définit avec un teinte qui nous plaît pas trop mais que voilà le postmodernisme comme cette duplication la répétition revenir sur la tradition avec ironie etc qu'on a toujours ou très souvent en fait interpréter comme une sorte de température qui a un peu trop instantané avec notre monde en fait c'est peut-être le refoulé de notre monde cette plaisir de la duplication qui a un plaisir très enfantin moi je le découvert redécouvert avec mon fils en relisant et son plaisir immense à écouter toujours toujours la même histoire avec des petites variations est un très grand lit italien mais obsolète sur les objets obsolète donc je le recommande il est traduit en français maintenant je me souviens que j'en ai fait une critique alors je me souviens plus sur quel plan je l'ai critiquais mais c'est un livre très intéressant sur ce 19ème siècle dans sa dimension de culte des objets obsolètes et c'est vrai que c'est un rattaché à ce plaisir que vous dites de de la répétition et du et du retour et de la variation qui qu'on peut pas non plus ignorer dans ce dans ce monde de l'innovation alors j'en parlais dans dans le livre que j'ai fait sur le sur le chiffonniers au 19e siècle qui est un peu le contraire de ce qui l'analyse qui puisque c'est la récupération au 19e siècle et le Grand Siècle de la récupération pour en faire autre chose et non pas pour conserver les objets et c'est notamment l'importance du ce personnage qui traverse tout le 19e siècle qui est qui est le chiffonnier chiffonnier c'est le contraire de ce personnage de de du collectionneur et si il est probablement plus emblématique du 19e siècle au 19e siècle on est encore dans une économie ou rien ne se perd tout peut trouver un nouvel emploi une nouvelle fonction là aussi on peut dire c'est on aura eu une parenthèse moderne de de comment dire des ordures dont on ne fait rien mais on est sorti de ce monde on est sorti du monde de des ordures on retrouve une économie circulaire qui était encore celle du 19e siècle et là aussi comme je disais tout à l'heure peut-être qu'il y a eu la croissance ça a été une parenthèse de deux siècles les ordures c'est une parenthèse d'un peu plus d'un siècle on est de nouveau dans un monde où on peut tout utiliser j'y pense en particulier parce qu'en ce moment à Paris il y a une grande grève des ordures des poubelles vous savez peut-être donc Paris n'est qu'un immense dépollore alors arrivé dans une ville où il n'y a pas d'ordures dans des rues c'est ça paraît miraculeux ce matin je me promenant dans les rues je me suis regardé pour Monsieur arrêté pour contempler un camion d'ordure et des poubelles en train de vider en me disant quel beau spectacle soir merci beaucoup moi aussi j'aurais une question vous avez vous avez signalé en l'expérimente tout ce que vous m'entendez oui vous avez signalé on l'expérimente tous un monde une époque dans laquelle l'innovation et la course à l'innovation et la rapidité des choses est devenu une énorme et un impératif et puis dans ce monde là il y a quand même eu ces dernières années et de plus en plus développées des mouvements qui prônent le retour à la lenteur et dans ces mouvements là le livre s'est avéré être pendant les années covid un refuge du temps long et dans ce monde en pleine mutation aussi un une force de permanence d'une certaine manière et comme vous avez signalé à la fin de de votre intervention le fait que la littérature en tant qu'elle est créée avait abandonné cet idéal d'innovation est-ce que vous verriez un lien entre ces deux faits ou pas non vous avez raison le moment de la sorte de des loges de la lenteur qui affecte beaucoup enfin parce que tout le monde est sensible la nécessité de ralentir depuis le Slow Food jusqu'à ça touche tous les domaines ce souci de lenteur et ça touche en particulier la lecture vous avez raison de rapprocher ça de la pandémie que qu'on a vécu en de lecture pour beaucoup de gens je sais pas s'il en était ici mais en France les librairies sont sont bien sortis de ce moment l'année 20 a été une bonne année l'année 21 était une très bonne année 22 c'est moins bon mais enfin c'est le livre s'en est sorti assez bien de de ces épisodes alors est-ce que il faut relier ça au fond l'abandon par les écrivains d'un dogme progressiste je dirais peut-être pas jusque là parce que il faudrait pas non plus présenter la littérature comme comme un refuge de la une certaine justement d'un certain anti-moderniste pour moi les anti-modernes sont des vrais modernes c'est ça donc c'est vouloir être moderne mais avec la conscience je crois que le disait quand on parlait en déjeunant tout à l'heure on parlait de ça du fait que tout le monde les moins au même y compris les écrivains et que le fait que les écrivains lisent moins c'est peut-être l'une des données qui fait que ils n'ont pas à aller plus loin c'est ça qui me qui m'inquiéterait quand je parle de Nathalie Sarraute ou de robe grillée il connaissait parfaitement Balzac et Proust c'est pour ça qu'ils avaient envie de faire autre chose ils étaient des lecteurs intelligents de Balzac et de procédés de Joyce les écrivains contemporains lisent moins comme nous tous et peut-être que c'est ça qui fait que d'une certaine manière ils sont pas pris par ce démon de la théorie ce démon qui fait que il faut tout casser c'est pas nécessairement je peux pas je peux pas être entièrement favorable à l'idée que en littérature infaillent pas aller plus loin je reste moderne dans ce point de vue je reste le même moderne que ce souci de faire autre chose parce qu'on est un très grand lecteur justement continuez peut-être cette discussion là parce qu'elle me semble essentielle même si je dirais même si la modernité consisterait à essayer de faire avancer l'écriture il y a peut-être quand même le écrivain étant quand même un reflet de son époque il y a quand même dans notre époque une prise en compte nouvelle qui est l'idée de d'un progrès infini technologique alors à moins qu'on soit techno optimiste on sait aujourd'hui que nous vivons est limité que les ressources sont limitées donc il y a quand même dans notre vie quotidienne quelque chose qui fait que cette idée qu'on pouvait avoir depuis la révolution industrielle et même avant d'une technologie progresserait sans cesse infini qui serait exponentielle aujourd'hui l'écrivain le prend aussi en compte ça c'est à qui sait très bien que ce monde est un monde fini un monde à partager à moins qu'il demandera d'autres inventions et d'autres innovations donc les innovations elles existeront sans doute en littérature mais elles seront peut-être plus marquée par cette espèce d'idologie d'un projet technologique infini et je pense par exemple à un auteur comme Melville qui a pu écrire Moby Dick mais qui écrit en même temps bartbay ça veut dire aussi une sorte de retrait du monde ou de refus d'un progrès exponentiel infini alors je dirais c'est ce qui est le plus frappant c'est l'idée que le progrès ne peut plus être la solution des méfaits du progrès parce que c'était ça qui était c'était pas l'idée c'est pas des d'un progrès indéfini c'est l'idée que le progrès va régler les méfaits du progrès et et c'est ça ça plus personne ne croit que que la pollution n'est pas grave parce qu'on trouvera à l'étape suivante de quoi de quoi régler le problème c'est ça qui a changé alors c'est ça aussi oui qui peut infecter la position des écrits j'ai eu une question parce que vous avez parlé que vous êtes vous avez vraiment de la chance d'être entre le monde numérique et le monde qui est sans la technologie et comme la personne qui rencontre le genre jeune qui vraiment dire ah ouais c'est n'est pas assez vite j'ai besoin d'une formation nouvelle et quand je veux enseigner un jour est-ce que vous avez quand le conseil pour les gens ou pour moi pour motiver vraiment la lecture je sais par exemple la raison pour laquelle je démonte j'ai eu le livre c'est anglais donc désolé pour le titre en français je pense 450 et on fait fortnite oui je pensais oui c'est vraiment un thème catastrophique c'est les personnes arrêtent de lire donc si je rencontre le genre jeune qui me disent oui c'est pas vraiment assez vite comment je peux le motiver en fait désolé non mais c'est vrai que j'ai conscience d'avoir eu de la chance de ma génération a eu de la chance parce que oui on a eu le meilleur des deux mondes et on n'est pas tellement c'est pas c'est pas tellement long c'est génération qu'est-ce que qu'est-ce qu'on peut faire pour avoir le meilleur des deux mondes mais je pense que il faut lire des livres il y a pas c'est le seul c'est la seule solution être conservé cette faculté de s'isoler dans un livre de tout fermer et de rester dans un livre moi-même je le fais de moins en moins mais quand je le fais je peux dire que c'est un très très grand plaisir s'isoler dans un livre se plonger un jour deux jours trois jours et entrer dans un monde éprouver la mélancolie lorsqu'on en sort aussi c'est ça lire un livre j'ai souvent dit que je comprenais les gens qui avaient peur des livres parce que entrer dans un livre c'est une épreuve c'est entrer dans un monde qu'on ne connaît pas qui d'abord nous est étrangers peu à peu on s'y repère on s'y sent chez soi quoi peu à peu ça devient familier comme un terrain puis à la fin il faut le quitter et on peut on est très triste quand on arrive à la fin d'un livre on ralentit je sais que quand je rive au dernier chapitre d'un livre je le mets de côté comme on garde la le dernier morceau du gâteau bon pour le dernier morceau que contarde à manger parce que c'est le meilleur et puis Proust disait que sortir d'un livre c'est un drame on quitte un monde donc c'est difficile au début d'entrer dans un livre c'est une épreuve au début c'est une épreuve à la fin il faut pas se cacher ça et quand on dit les adolescents ces deux livres surtout les garçons il y a des filles qui continuent à lire des garçons de moins en moins il faut leur dire ça que que c'est qu'il faut il faut bien avoir conscience de l'épreuve de l'entrée et l'épreuve de la sortie du livre un livre c'est un monde inconnu c'est ce que disait chat GPT d'ailleurs il parlait il avait pas tout à fait tort sur ça sur le fait qu'il y avait une mise en cause par la lecture la lecture si le livre est bon à moins d'être totalement médiocre un livre doit vous transformer vous provoquer donc oui la lecture est une épreuve on peut pas le cacher c'est pas un simple c'est pas une pommade c'est pas que du dessert puisque j'ai envoyé cette image il y a un aspect de la conférence qui me paraît comme très important et qu'on a mis un peu de côté qui est je dirais la pression économique on en a parlé un petit peu avec bolmo quand vous avez parlé de l'Opéra et je voudrais simplement peut-être aussi poser une question je prends deux exemples un exemple par exemple ici sur les traductions des livres en français qui peuvent recevoir des aides quand les éditeurs les présente or depuis quelques années les éditeurs sous des pressions diverses et variées mais qui sont des pressions commerciales du marché économique ne vont présenter quasiment pour avoir des aides que le dernier goncours le dernier Renaudot le dernier Médicis le dernier etc etc c'est à dire ou alors le prix Nobel c'est à dire qu'on va avoir des pans entiers de littérature qui ne sont françaises qui ne sont pas traduites et qui ne seront pas traduits parce qu'il y aura pas l'aide économique pour le faire et qu'il y a une pression pour avoir absolument un nombre de lecteurs donnés ça c'est un premier exemple deuxième exemple qui n'est pas de la littérature mais qui est de mon domaine c'est au cinéma avec les nouveaux logiciels on a réduit les temps de tournage et on a réduit les temps de montage parce qu'il y a aujourd'hui des machines qui permettent d'aller plus vite ce qui fait que là où on avait un mois de mois de montage parce qu'il fallait je suis aussi d'anciens monde un peu travaillé sur une table de montage visionnée coupée collée au scotch à la monteuse aujourd'hui on le fait avec un logiciel qui va beaucoup plus vite et cette pression malheureusement fait qu'au final même s'il y a une volonté des gens de lire ou même s'il y a une volonté des gens de faire des objets de qualité il y aura quand même cette pression économique qui va être omniprésente et la question c'est est-ce qu'on peut quand même essayer et comment n'aurait peut-être pas la réponse mais c'est une question que je me pose résister à ça aussi à cette pression purement économique puisque l'objet culturel malheureusement est devenu et on l'a vu d'ailleurs pendant aussi confinement où le livre a dû se battre pour être considéré comme un produit de première nécessité donc il y a aussi cette pression extérieure économique oui vous avez raison vous fait ça rejoint le point que je disais la culture l'enseignement la recherche c'est un domaine où il y a quasi pas de gain de productivité donc ça coûte toujours plus cher c'est ça alors oui c'est ça veut dire que lorsque on fait des montages avec des logiciels ça sera probablement moins bien donc c'est toujours au dessin peut-être qu'au détriment de la qualité ou pour une traduction si elle est faite plus vite elle sera faite moins bien ça c'est sûr et c'est ce que vous appelez la pression économique oui on est obligé d'être d'accord avec vous quelque chose non je voudrais tout simplement remercier le professeur compagnon qui m'a très surprise je m'attendais à un cours beaucoup plus je sais pas conservateur ou littéraire et je trouve que c'était super intéressant ce que vous avez fait une réflexion sur les changements sociaux la rapidité l'économie on a fait un petit tour de tout ça et je trouve que c'est vraiment un très très bon bon exemple pour montrer que la littérature c'est pas quelque chose à part c'est pas un résidu du monde ancien ça c'est quelque chose qui fait partie du monde contemporain numérique et j'espère qu'on va faire avec même dans 50 ans 100 ans et c'est très encourageant ce que vous avez dit je trouve que il y a pas toujours énormément de profs universitaire qui soit pas grincheux en disant bon les jeunes ne lisent pas bon c'est le premier ça c'est en général le premier reproche puis bon la numérisation ça c'est pas une bonne chose donc merci vraiment pour cet esprit encourageant et peut-être surprenant pour certains surprenant d'être optimiste c'est ça oui oui un peu [Applaudissements]

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- i'm joey chestnut, a competitive eater ranked number one in the world. let's answer some questions from the internet. this is "competitive eating support." [upbeat music] at @tannerdeanmccoy wants to know, "what is easier to eat in one sitting, 18 krispy kreme donuts or one large pizza?" 18 krispy... Read more

Aston Villa vs Arsenal: A Historic Rivalry in English Football 1 | #arsenal #astonvilla thumbnail
Aston Villa vs Arsenal: A Historic Rivalry in English Football 1 | #arsenal #astonvilla

Category: Education

[music] aston villa versus arsenal a historic rivalry in english football the clash between aston villa and arsenal is one of the most anticipated fixtures in english football showcasing two clubs with rich histories passionate fan bases and distinct footballing philosophies this fixture steeped in... Read more

Yahoo Fantasy Football App Gets a Major Redesign! #shorts thumbnail
Yahoo Fantasy Football App Gets a Major Redesign! #shorts

Category: Science & Technology

If your fantasy football looks like a mess you're going to love this new yahoo app so yahoo's fantasy football app just got a slick new redesign it's smoother faster and packed with fresh features first up the new home screen it's like your personal sports command center with all your leagues and matchups... Read more

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STUDIO 47 .live | HENDRIK WÜST & HERBERT REUL BESUCHEN INNOVATION LAB DER POLIZEI NRW

Category: News & Politics

Bei demonstrationen herrscht oft hektik und unübersichtlichkeit dies erschwert es der polizei verfassungsfeindliche symbole zu erkennen bislang müssen beamtinnen und beamte dazu in broschüren nachschlagen eine lösung könnte nun eine app bieten entwickelt wurde sie im innovation lab in duisburg sie erkennt... Read more

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From Babson to Fintech Trailblazer: Aron Schwarzkopf's Entrepreneurial Journey

Category: Science & Technology

[music] [applause] [music] hi good morning everybody or good afternoon we're almost at noon so i appreciate everybody being here um welcome to our panel we're very excited to talk to our bapson celebrity aaron schwartz can you schwarz there we go i i did practice it before but it's um probably the nerves... Read more

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Le témoignage de Sonia Heckel, championne de boccia

Category: Entertainment

Sonia vous êtes un peu l'ambassadrice  de la boccia en france. on avait déjà   eu le plaisir de vous croiser en 2013, c'était à  pont-à-mousson avec laurent luyat et cyril féraud. qu'est ce que vous pourriez dire à nos  téléspectateurs qui auraient envie de se lancer ? alors, déjà je dirais que quel... Read more