Les géants de la Tech sont-ils les nouveaux empires ? Avec Asma Mhalla

[Musique] Asma Bala bonjour bonjour la civilisation française héritière de la civilisation hellénique a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres c'est-à-dire pleinement responsable de leurs acte la France refuse d'entrer dans le paradis des robots et d'ailleurs ce paradis n'existe pas dans son discours d'inauguration à la conférence de San Francisco le nouveau président des États-Unis Harry Truman a déclaré textuellement avec la brutalité la destruction en rythme croissant la guerre moderne si nous ne réussissons pas à la contenir détruira en dernière instance toute la civilisation or je le demande aux imbéciles n'est-ce pas la condamnation du système et de la civilisation fondée sur le primat des formes les plus grossières de l'action que de telles paroles a pu-être prononcé notamment par ce Truman politicien d'affaires sans race sans passer sans culture et qui devrait avoir dans la civilisation des machines une confiance aveugle hélas nous voyons bien se perfectionner chaque jour les instruments et les méthodes de la destruction mais que trouvons-nous à opposer à la guerre sinon la guerre elle-même oh je sais bien il y a les conférences et les traités mais les imbéciles eux-mêmes comprennent que le perfectionnement de la guerre entraîne logiquement l'affaiblissement et la décadence des méthodes pacifiques de la diplomatie chaque invention nouvelle accroit le prestige de la force et fait décroître celui du droit extrait du livre la France contre les robots George Bernanos 1947 as Mamala rebonjour bonjour Stéphan vous êtes chercheuse au laboratoire d'antropologie politique de lehesss l'École des hautes études de sciences sociales vous êtes spécialiste donc disais-je des enjeux politiques et géopolitiques de la tech et de l'intelligence artificielle vous êtes d'ailleurs l'auteur d'une d'un nouve age récent qui s'appelle technopolitique comment la technologie fait de nous des soldats alors là on vient d'entendre un texte qui date de 1947 donc de George bernados la France contre les robots c'est assez comment dire visionnaire comme ça raisonne énormément avec votre pensée qu'est-ce que ça vous inspire ces quelques mots de Bernanos don que vous citez d'ailleurs aussi dans votre ouvrage mais dans un autre texte un autre ouvrage eu ça m'inspire une seule chose parce qu'il y avait aussi en introduction les propos si j'ai bien compris de de trum euh c'est la répétition infinie euh de l'histoire euh avec cette quand même ce constat alors je sais pas si si on est nombreux à le partager je crois que oui qu'on apprend rien mais strictement rien des erreurs du passé et que en fait les époques se suivent se succèdent mais les questions elles restent assez éternelles et permanentes il y a une permanence dans le chaos et le bouleverse du monde et ce sont toujours les mêmes questions qu'on se pose c'est un peu la même question sur l'intelligence artificielle mais autrefois ça aurait été le golem ou Frankenstein et il y a cette chose de très complexe la plus complexe qui soit d'une certaine façon qui n'est pas tant la guerre ou la paix qui n'est pas tant la machine ou les robots mais nous la singularité humaine et notre liberté justement là-dedans il y a quelque chose qui est patent dans votre tête dans votre texte pardon c'est le c'est cette c'est cette course menée par la tech qui en fait est toujours contradictoire avec avec la démocratie pourquoi technologie et démocratie sembleent ne pas pouvoir être de bons compagnons en fait il faut reformuler ce n'est pas tant l'opposition technologie démocratie qu'il faudrait articuler mais plus exactement la privatisation de la technologie et je m'explique le propos que je que je tien dans dans technopolitique c'est de dire que on est en train d'entrer dans un nouveau siècle le 21e siècle et celui-ci est en train de se construire son socle civilisationnel d'une certaine façon son infrastructure socle ce sont les technologies ou les outils alors l'erreur qu'on a fait et qu'on fait globalement collectivement c'est toujours de les analyser en puzzle c'estàd en pièce détachée alors un coup c'est lia puis lia générative et puis les réseaux sociaux la veille et puis le lendemain c'est le métaver qui probablement reviendra pour pour des questions géopolitiques d'ailleurs euh le cyber et cetera bon les implants de Nora link Elon Musk donc à chaque disons à chaque année son lot de nouveautés technologiques ou d'innovation qui vont cristalliser une hystérie collective on va en parler pendant un an ou deux maximum puis après hop on va passer à autre chose et moi ce qui m'intéressait et c'est en fait tout le l'un des fils directeurs ou le fil rouge de de du livre c'est non pas de les prendre en pièce détachées et je reviens vraiment et ça va répondre précisément vous allez voir à la question quand j'aurais attaqué ma chute mais mais c'était pas de les prendre en silo par morceau éclatés mais d'essayer de comprendre quel était le système qui en qui était en train de se construire de se mettre en place et de s'agencer quand on les mettait en lien c'est-à-dire quand tous ces outils là font système et quand ils font système on se rend compte que ce sont des infras des infrastructure qui sont même parfois souvent de nature publique un réseau soci est un espace public et en même temps quand on continue à analyser la plupart de ces infras sont en fait au mains de quelques acteurs qui se compent littéralement sur les doigts d'une main et qui sont américains et on peut les citer et donc il y a cette privatisation et une fois qu'on a dit privatisation d'infrastructures qui sont civilisationnelles on n'a pas encore fini l'analyse c'est géants technologi c'estes bigtech qui sont parfois très incarnés comme Sam Altman patron d'Open ai ou Elon Musk avec toute sa galaxie xcorp ont des idéologies ils ont une vision du monde ils ont un projet politique c'est hyper intéressant d'écouter leurs discours de lire et d'analyser simplement leurs discours même parfois leurs tweet c'està dire qu'aujourd'hui ce qui est absolument génial et je sais que que ça fait frémir les chercheurs traditionnels mais les tweets sont aujourd'hui une source de documentation Elon Musk quand il communique il communique et c'est de la communication et c'est de la docu et eu et et et c'est le projet politique qui est parfois antidémocratique qui lui pose problème vous venez donc de parler de d'infrastructure mais il y a aussi une autre dimension enfin qui qui transparaît dans votre ouvrage mais on va aller pardà votre ouvrage puisqu'on est dans le retour des empires et précisément dans l'aspect tech il y a cette dimension finalement d'Empire dématérialisé comment vous comment comment cela s'est mis en place en fait cette cet impérialisme de la technologie qui joue par le truchement de de grandes boîtes ou de grandes entreprises mais comment ça fonctionne en fait c'est comme s'il y avait une sorte de d'Empire sous l'Empire soit souterrain soit dans un Cloud géant comment c'est venu tout ça alors la première chose c'est que on a on a l'habitude de dire que ce sont des des comment dire des systèmes dématérialisés virtuels impalpa le fameux cloud qui veut dire en anglais nuage donc espèce de noosphère comme ça qui qui surplomberait qui qui serait qui flottera très mais vraiment l'ORD du flottement au-dessus de nos têtes en fait non ce sont des économies qui sont ultra industrialisées hyper industrialisé ultra matériel et ça commence d'abord par les réseaux de connectivité les câbles sous-marins la fibre les satellites et cetera donc les réseaux télécom donc c'est d'abord de l'industrie et c'est d'autant plus de l'industrie qui est encapsulé dans une époque dans son contexte historique et donc on retrouve si vous voulez mais pousser à son paroxisme à peu près tous les fonctionnements que l'on a connu du 20e siècle de espèce d'hypercitalisme c'estàdire les fractures nord- sudud l'exploitation du nord par le sud encore faudrait-il d'ailleurs redéfinir ce qu'est le Nord et ce qui est le Sud par exemple l'Europe est en train de se périphériser totalement de ce point de vue-là bloquer entre les deux techno-empires que sont les États-Unis et la Chine on y reviendra sans doute mais donc le premier élément de réponse c'est que c'est d'abord des infrastructures au sens solide les les Data Center c'est vraiment des lieux physiques qui se touchent qui qu'on peut bomb mer dans dans le cas d'une guerre la Russie par exemple ou ce qui se passe en Ukraine donc donc ça c'est la première des choses à avoir en tête la deuxième chose vous parliez d'Empire ou d'Empire technologique les géants technologiques oui sont en train de manger si vous voulez à peu près l'entièreté de la chaîne de valeur disons de connectivité ou même si on si on fait une focale sur l'intelligence artificielle c'est-à-dire qu'aujourd'hui ils sont extrêmement présents dans les câbles sous-marins les satellites évidemment on en a parlé avec musque mais aussi beszos et pas uniquement et vous avez plein de petites start-ups qui qui sont dans cet écosystème-là mais ce que je veux dire c'est que ce n'est pas des entités qui sont arrivé comme ça ex Nilo à l'oré des années 2000 sans non vous avez elles sont quand même Baqué elles sont quand même derrière assez soutendu par l'État américain le projet d'Internet c'était l'Arpanet c'était quand même la DARPA dans les années 60 euh 2015 auama et moi j'avais trouvé ça absolument fascinant quand j'étais tombée sur sur l'information donc on est sous l'administration Obama et donc en 2015 il ouvre quand même le bureau de représentation du Pentagone à la Silicon Valley qui était chapoté à l'époque par HH Carter et donc aujourd'hui l'un des principaux marchés de SpaceX de Elon Musk c'est la NASA euh Starlink en Ukraine Elon Musk toujours le Pentagone est forcément d'une façon ou d'une autre dans la boucle quelque part euh Microsoft en Ukraine dans les questions cyberdéfense oui c'est des actions qui sont aussi coordonnées avec avec euh avec le gouvernement ou l'administration américaine donc en fait ce ne sont pas tellement et et pour terminer ma réponse en tout cas moi c'est un peu l'idée que que que j'ai et que je défends en tout cas c'est c'est pas tant des nouveaux États dans une espèce de monde pas vesphalien où il n' aurait plus de frontière plus rien et cetera une espèce de de de de cyberespace globalisé déjà un le cyberespace est tout SAU globalisé totalement fragmenté vous avez la Chine qui est derrière son firewall la Russie qui se déconnecte l'Iran qui qui s'est construit dans son propre écosystème puis nous autres l'Occident à se demander quelle va bien être notre opposition politique quel est notre modèle politique face à ça ou là-dedans mais mais surtout ce n'est pas du tout la fin du du du du du deal disons vestfalien c'est au contraire le retour des états forts dans une espèce de de de relation très ambigu très ambivalente entre bigtech et donc ce que j'appelle les big stat c'estàd les grands États où ce que vous et comme vous le dites c'est c'est l'Europe par exemple est totalement pris en ét entre la Chine et et les États-Unis mais précisément comment se fait-il que il y ait un un si fort retard en Europe par rapport à cela en fait puisqueà priori il y a 30 ou 40 ans quand tout ça est commencé même dans les années 60 parler d'internet quand tout cela a commencé à être mis en place et pensé a priori l'Europe n'était pas véritablement en retard que s'est-il passé pour que l'Europe soit hors jeu à ce point-là dans ce jeu d'Empire on a quand il y a y a plusieurs choses la construction de l'Europe si on est vraiment à échelle Europe donc pas à échelle nationale et c'est bien d'ailleurs toute l'une de nos difficultés c'est d'articuler les deux les deux échelle d'action mais si on reste sur vraiment le niveau européen la première des choses c'est que l'Union européenne et ça ce sont des analyses maintenant qu'on connaît par corp elle ne s'est pas construite dans une stratégie de puissance elle s'est construite pour pour sortir de la guerre et pour éviter qu'on se refasse des guerres fratricides donc c'était l'enjeu d'essayer d'établir de trouver les conditions disons de la paix sur le continent à partir de de ce moment-là la solution qu'on a trouvé qui va être derrière renforcée par toute la doctrine de la mondialisation des années à les fin 80 90 c'est de dire la seule façon si vous voulez de maintenir les gens en en lien donc en paix obligatoirement presque à l'insu d'eux même et au-delà même des questions identitaires culturelles et cetera c'est d'en faire un méga marché c'est liberté de circulation des marchandises des personnes et cetera et ce faisant donc on a construit en effet le marché et ça c'est sont les traités européen le problème c'est que ça a fonctionné un temps mais 1989 début 1990 on a cru que ça allait être la fin de l'histoire Fukuyama que la mondialisation allait renforcer tout ça et que surtout ça allait évangéliser les autres pays à nos modèles démocratiques libéraux occidentaux et que né c'est pas du tout ce qui s'est passé mais pas du tout c'est-à-dire qu'en fait on s'est simplement fragment on a en fait surugmenté nos interdépendances économiques je parle de l'Europe donc aujourd'hui elle est prise en éto entre en fait la Chine et les États-Unis avec des dépendances et des interdépendances les deux à la fois économique technologique bien sûr sétant construite comme marché de consommateurs elle ne s'est donc pas construite contrairement aux deux autres comme une puissance la fameuse Europe puissance qui n'est aujourd'hui que de la pardon de le dire comme ça aussi brutalement mais qui n'est que de la comme politique pour l'instant encore h donc ça ça a creusé un retard un énorme retard et notamment industriel ce qui signifie au passage que le le la dimension big tech avec les big States est totalement basé sur un ancrage de force et de guerre quoi dans l'esprit il y a absolument rien de pacifiste comme la communication de ces grands groupes là passe leur temps à faire donc il y a une sorte de paradoxe de com qui est terrible en fait d'e vous avez Absolum raison d'une part il n'y a enfin les bigtech sont à mon sens des bras armés technologique de leur état vous remarquerez d'ailleurs que les bigtech ne naissent que à partir de Big state et donc parce que l'Europe n'a pas construit cette stratégie de puissance là et je fais un peu la distinction de Rémon Haron c'està dire pouvoir n'est pas puissance les les géant technologique ou les acteurs technologiques disons stratégiques ont une puissance une capacité de projection puissance du soft et du hard power par exemple mais le pouvoir final la souveraineté finale ça reste celle de la loi donc celle de l'État mais sur la question de de du retard et pourquoi ce retard européen donc oui il y a eu le manque de vision mais parce qu'il y avait cette urgence et cette obsession disons de la construction de la paix et puis aujourd'hui si on revient à aujourd'hui euh la réponse la plus sophistiquée qu'on oppose est une réponse réglementaire c'est on va mettre des règles des normes pour expliquer aux acteurs extracommunautaires qui qui ont une réelle puissance parce qu'ils captent ils cadrillent nos usages et quand je dis nos usages c'est pas simplement nos usages personnels mais aussi militaires industriels et cetera et ben on on on essaie de leur dire et c'est un signal politique bah au sin de nos frontières vous allez respecter nos règles alors encore faudrait-il avoir les moyens de faire respecter euh nos règles mais bon disons que d'un point de vue du signal politique c'est un peu l'idée par exemple de la salve de paquets réglementaires qu'on a eu ces dernières années sous euh sous TI breton au niveau européen donc digital service Act digital market Act et cetera Ia Act et cetera mais il nous manque toujours la dimension proactive c'est-à-dire technoindustrielle hors l'économie et en fait en terme de Power politics en terme de politique de puissance le ferment qui fait que vous avez quelque chose à mettre sur la table le jour où vous avez besoin d'être dans un rapport de force avec vos alliés le crépuscule d'un monde qu'on avait rêvé sage etliss force les démocraties occidentales à inventer leur modèle à redéfinir leur place or la question technologique est au cœur de ces rapports de force les rivalités se cristallisent autour d'une compétition technologique à couteau tiré entre Chine et États-Unis intelligence artificielle civile reconquête de l'espace climate tech chiffrement et poste quantique armes autonome et système d'intelligence artificielle à usage militaire la compétition se fait à tous les niveaux à coup de pression de coerition de coopération d'alliances nouvelles de menac en ÉAU entre la la Chine et les États-Unis l'Europe l'Inde et la Corée du Sud et d'autres encore aspirent à en être se positionne pour jouer leur partition dans la recomposition du monde extrait de technopolitique de Asma malahala voilà Asma là on vient de faire une nouveauté on vient de de prendre un texte de notre invité c'est la première fois qu'on le fait j'en suis honoré oui vraiment et donc non là on vient de de bien l'entendre justement la dimension militaire elle est totalement enfin est presque sous-jacente en réalité à toute cette toute cette big big tech mais justement une question aussi que vous abordez au fur à mesure dans votre ouvrage mais j'aimerais avoir plus de précision est-ce qu'il est possible finalement d'avoir une industrie technologique moderne de progrès c'est la question oui donc tout dépend comment on va définir le le la notion le concept de progrès aujourd'hui tel qu'il est compris c'està dire euh sous son prisme technologique c'est le progrès c'est l'innovation d'une certaine façon donc c'est espèce de courses à l'échalotte de l'innovation comme fin en soit l'innovation pour l'innovation et d'ailleurs simplement pour rebondir sur la question d'avant euh l'Union européenne et même la France font cette erreur fondamentale d'être toujours dans cette posture de suivisme de follower des des des technologies américaines ou chinoise plutôt que d'essayer de trouver leur identité propre et ça rejoint donc votre question si en revanche on se dit le progrès c'est plutôt un progrès de la connaissance de la justice peut-être de l'égalité ou ou en tout cas un décroissement des inégalités si le progrès c'est celui des libertés si le progrès c'est peut-être cette mise à jour de notre logiciel démocratique si ça c'est le progrès alors à ce moment-là la technique et je dis bien technique et non plus technologie pourrait en être un chemin possible et c'est un peu tout le problème qu'on a c'est que cette privatisation mais aussi cette ce continuum entre les États et les géants technologiques empêche si vous voulez toute pensée politique un peu novatrice c'est-à-dire prendre les outils pour simplement ce qu'ils sont au au profit de quelque chose d'autre qu'est-ce que pourrait être cette autre chose quand par exemple prenons l'intelligence artificielle aujourd'hui elle vous sert à faire quoi chat GPT dites-moi Stéphan elle permet de d'aller plus vite dans la recherche de formation et C par exemple par exemple résumer des des des mails faire des des sum up de texte rédiger des truc trouver la recette de je sais de la tartiflette se demander quel est le sens de l'humanité face à la machine c'est un moteur de recherche accélérée quoi super plus plus une espèce de petit bot personnel ok ces mêmes techno là potentiellement si elles sont mieux pensées elles pourrai à contrario être mise au service de quoi du progrès de la science de la médecine peut-être même de la question climatique peut-être même de la réduction de l'écart entre le Nord et le Sud et là c'est très globalisant ce que je dis mais on a un énorme sujet avec l'Afrique avec les crise migratoire avec les même les prochaines guerr climatique et de ce point de vue-là on je trouve qu'on est extrêmement extrêmement flémard sur la pensée politique de la technologie oui mais la technologie extrêmement polluante en terme de vous l'avez dit he c'est un objet industriel d'abord et avant tout Oui euh donc il y a pas il y a pas une sorte de contre contre-intuition là entre entre capacité à régler le problème climatique et bah le coût le coût écologique de de cette de ces nouvelles technologies alors tous ces acteurs technologiques dont on parle open ai par exemple ou même Apple et cetera font énormément de communication d'une part sur espèce de green washing sur leur leur bilan carbone je le dis simplement pour neutraliser la critique d'ors et déjà et puis après je vous réponds de façon plus plus plus disons personnelle mais sur l'existant donc il il y a toute cette toutes ces initiatives de green washing disons ou de réduction si on veut être moins moins moralisateur de réduction de leur de leur empreinte carbone la première chose la deuxème chose dans le dans dans le champ de l'intelligence artificielle ou plus exactement des intelligences artificielles au pluri on essaie d'aller sur des modèles dit frugau de la frugalité mais une fois que j'ai dit ça j'ai pas dit grand-chose à la question de est-ce qu'il y a une schizophrénie initiale originelle entre la course technologique et la question climatique probablement que oui mais je ne crois pas qu'on puisse faire sans la la technologie la question c'est de se dire à quelle fin la technologie pourquoi faire Bernanos disait la liberté pourquoi faire la technologie pourquoi faire et de ce point de vuelà si simplement on on on on détaillait on ciblé davantage nos vrais nos vrais besoins et donc les vrais usages qui sont davantage collectifs que résumer des mails ou aller faire des recettes ou ou juste s'amuser sur Chat GPT on aura peut-être avancé mais hélas il y a des modèles économiques derrière voilà il il y a des ch des modèle idéologique et puis ces empires nouveaux en fait ont des non pas des emplours mais des gourous de gourou et ces gens-là en fait effectivement depuis 10 15 20 ans ont tendance à à avoir leurs propres joille qui les suivent euh néanmoins notamment quand on voit l'accélération parce que moi je pense qu'en fait ce qui est intéressant aussi dans votre ouvrage enfin ce qui en émane c'est cette notion de vitesse qui est en train de dépasser en fait la capacité humaine les gourous eux-mêmes en fait risquent de se faire dépasser eux-même par leur propre c'est le principe du golem je sais pas s'ils auront la capacité d'enlever ce qu'il faut pour casser le pour pour arrêter le golem euh mais ma question est la suivante vous parliez de de Bernanos justement et dans le premier texte que que nous avons entendu tout à l'heure il fait la référence justement à la à la au temps en fait diplomatique qui est un temps absolument nécessaire dans les relations humaines interataatique voir interculturel est-ce que cette course effrainée menée par les nouvelles technologies n n'est pas en train de briser toute capacité de diplomatie précisément donc de relation humaines interétatique c'est une c'est une très très bonne question parce que il y a même maintenant ce qu'on appelle alors dans un certain champ la tech diplomatie c'est aujourd'hui c'est toute la diplomatie autour des g technologiques d'une part donc qui ont même depuis 2016 ça CIT le Danemark des ambassadeurs dédiés au géant technologique Caspar Kin je crois de son son nom et puis vous avez surtout la disruption on va dire de de la de la des pratiques diplomatiques qui sont beaucoup sur le temps long en coulisse euh les rencontres les discussions les scénacles et cetera qui sont en fait percutés de plein fou par les réseaux sociaux où est-ce que tout aujourd'hui dirigeant communique en premier lieu où sur twiternet T oui sur Twitter donc en fait il y a cette immédiateté de la réaction y compris dans le champ diplomatique ça ne veut pas du tout dire qu'en coulisse et en et en Bag il n'y a pas une une une disons une une activité diplomatique classique conventionnelle évidemment que oui et heureusement mais elle se fait maintenant en deux temps sur deux couloirs et en fait dans deux espace-temps et donc ça rend le travail diplomatique traditionnel conventionnel tel que on l'apprend à l'école disons un peu plus compliqué et percuté parce que vous devez articuler deux temporalités en permanence le temps long et le temps de l'immédiaté parce que tout de suite votre président a tweeté parce qu'il fallait qu'il tweet parce que l'autre a tweeté Trump tweet Zelinski tweet Macron tweet et donc quand votre quand quand la tête du gouvernement est impulsivement en train de tweeter ça rend les choses parfois délicates voir même parfois crée des incidents et à l'inverse de l'autre côté de la chaîne je reviens sur ce que vous avez dit au début de l'émission c'est que c'est un c'est extrêmement tangible en fait la bigtech c'est de la c'est de l'industrie donc ce sont des ouvriers euh ce sont des gens qui travaillent ou et euh le fait est que ce qui est assez extraordinaire avec la la mise en place de de tous ces moyens technologiques et médiatiques en réité parce que ça au fond quand on dit de high-tech on pense surtout média euh et c'est très très lié quand même à tout ce qui est médiatique quelle que soit d'ailleurs la forme du média euh ça a une ça ça quand même un effet extraordinaire c'est que ça efface complètement le début de la chaîne euh est-ce que ça c'est ça commence à être réfléchi et pensé euh évidemment que c'est réfléchi et c'est pensé parce que il y a il y a une invisibilité absolu de ceux qui fabriquent les câbles oui oui oui alors euh ce champ-l si vous voulez dans le champ moi je ne suis absolument pas sociologue he moi je je parle d'un d'un certain angle qui est l'angle des sciences politiques donc à cet égard il faudrait vraiment en parler avec des sociologues mais spécialisés sur les questions et cette questionl c'est en fait dans le champ de recherche le ce qu'on appellerait même le digital lbor c'est-à-dire que votre question est hyper importante parce que on a l'impression de machine d'outils de virtualité de technologie de choses complètement hightech donc avec qui serait totalement automatisé et cetera en réalité il n'y a que des hommes et des femmes mais d'ailleurs beaucoup d'hommes de bout en bout de la chaîne des super penseurs de ceux qui ont vraiment l'agenda et l'argent musk Google Altman te enfin toute la clique de la Silicon Valley vous avez de toute façon exactement la même logique côté Chine c'est ça fonctionne sur les mê sur l'état pur vous avez des BX c'est l'état vous avez des batx qui sont un peu les les équivalents plus des petits programmes type les Little Giants vraiment des start-ups ultra spécialisés et ultra subventionné mais évidemment mis au pas par le PCC pour une question de contrôle social très clairement il le monopole du contrôle social ne doit pas être dilué vers des gens technologique on se rappelle de la disparition de jackma par exemple et qui a réapparu qui est réapparu mais dans un sale état qui était le patron d'aliibaba et mais et donc vous avez des humains du bout d' en Bou la ch donc despenseurs à vraiment ceux qui les petites mains et ces petites mains sont souvent d'ailleurs où ça dans les dans les pays du Sud vous allez les retrouver en Asie vous allez les retrouver beaucoup en Afrique open ai quand ils ont avant de sortir chat GPT il fallait si vous voulez éduquer l'algorithme ou les algorithmes à toute la disons le filtrage éthique ou moral même d'cin dirait donc comment est-ce qu'on va nettoyer pour éviter les appels au meurtres la recette de tel de tel le bombe et cetera bon ce travail là de modération a été fait au Kenya mais pour quelque chose comme moins de 2 dollars de l'heure donc c'est en fait une une une réinterprétation de l'exploitation par les gant technologiques et par la technologie mais vous me direz rien de nouveau sous le soleil si ce n'est qu'en fait ça polarise davantage le monde et bien MAM merci beaucoup pour toutes ces explications pour conclure cette émission je vous avais demandé je vous ai demandé de N choisir un texte qui peut-être traverse vos votre votre expérience de chercheuse et cetera mais qui peut nous éclairer encore autrement sur toutes ces questions autour des de ces nouveaux empires oui technologiques et en fait je pense que ça fera une une la bonne conclusion parce que je suis pas allée sur ce terrain là en vous répondant c'est un livre que je suis en train de lire en ce moment sur les conseils de Laur Adler il se trouve et donc ça s'appelle l'homme révolté d'Albert Camu et c'est vraiment les toutes premières pages et vous me dites quand je m'arrête c'est quand vous le sentez surtout qu'est-ce qu'un homme révolté un homme qui dit non mais s'il refuse il ne renonce pas c'est aussi un homme qui dit oui dès son premier mouvement un esclave qui a reçu des ordres toute sa vie juge soudain inacceptable un nouveau commandement quel est le contenu de ce nom il signifie par exemple les choses ont trop duré ou jusque là oui mais au-delà non ou encore vous allez trop loin et encore il y a une limite que vous ne dépasserez pas en somme ce nom affirme l'existence d'une frontière on retrouve la même idée de limite dans ce sentiment du révolté que l'autre exagère qu'il étend son droit au-delà d'une frontière à partir de laquelle un autre droit lui fait face et le ainsi le mouvement de révolte s'appuie en même temps sur le refus catégorique d'une intrusion jugée intolérable non pardon dire non dire non ASM mal merci beaucoup merci [Musique] Stéphane