Champion(s) - Saison 3 | Episode 6 : Loin du compte

... -Ca passe tout seul. Sois gainé. Grandis-toi, sois solide au niveau du bassin, hop, et là, tu étires et tu repars. Aide-toi de tes bras. -Tu vois tes séquelles, ce que tu as perdu, ce qu'il faut que tu récupères et tu te demandes si ça va être possible, si tu seras prêt pour les championnats du monde. Il souffle. Tim, ça va ? Jap', mon gars. Il pleure. Je lui ai manqué. Ca va, Tim ? Il sait que je vais mieux, donc, on a repris notre routine de prise de nouvelles, mais on se voit moins. Le stage en guidage, très bien, pas de douleurs au bassin, les côtes... -L'aérobie, c'est long à revenir. -Ca, l'aérobie, ça va tabasser. Mais en dehors de ça, ça va. -Des fois, certains reviennent vite. J'espère qu'il en fera partie sans prendre de risques. Ca te pince moins ? -Si. Ca sera jamais comme avant. -Ca, mon gars... Générique. ... Rire. -Il manque un bout. Je ne pars pas au bout des 6m et c'est trop court. -Oui, ça me paraît court. *Morceau hip-hop. *... -J'ai commencé la gym à l'âge de 3 ans au club d'Haguenau et les personnes qui sont là-bas m'ont vue évoluer. J'ai fait 2 rondades. -OK. -Donc, quand je vais là-bas... "Safe place". C'est des gens qui sont juste heureux de me voir refaire de la compète. -C'est 16h, la compète ? -Oui. -Ca a été, l'entraînement ? -Oui. Petit décrassage. Et toi, ça va ? -Ca va. -Tu fais quoi, là ? -Je travaille dans un restaurant étoilé, toujours en Alsace, et j'ai sorti le livre. C'était une grande étape. Nécessaire. -C'est bien écrit. Je me suis retrouvée dans beaucoup de choses. -Je l'ai fait pour moi, et aussi pour sensibiliser sur les sujets de santé mentale, troubles alimentaires... -Moi, je me suis dit : "Ca, je ne veux plus. "On fait quoi ?" -C'est bien, tu t'en es rendu compte. Une des phases des troubles, c'est le déni. A mon époque, on avait des règles qui étaient données par les entraîneurs, et on nous interdisait tel ou tel aliment, les glucides, les bananes, trop caloriques, des choses comme ça. Et ça a entraîné de la privation. Dès que je devais manger, je comptais mes calories. Je catégorisais les aliments, je culpabilisais. C'est un cercle vicieux et c'est difficile d'en sortir. Et c'est vraiment tabou, encore, je pense. -Mais, après, les crises de boulimie, ça existe, et d'en parler, c'est important, surtout pour les petites. Moi, ça a été une période très compliquée, donc si je peux éviter à d'autres de vivre ça, j'en parle volontiers. -C'est courageux. C'est dur d'en parler. On ne sait pas comment ça va être reçu et c'est aussi dévoiler son histoire. Peut-être que ça te fait avancer aussi. -Je commence à avoir une relation saine... Enfin, un truc normal. Ce n'est pas : "Je mange car il faut que je mange." Je mange parce que j'ai faim et qu'il faut manger. -Tu t'écoutes plus. -Oui. -Mais on s'est fait des ongles. Des ongles de tigresse. Oh ! Ce petit coeur, aussi. Qu'est-ce que c'est laid. Mon Dieu, que c'est laid. Enfin bon... Alors, ton épaule, tu peux monter comment ? -Je peux monter. -Comme ça ? Très joli... -Pas trop non plus. -Pas trop. Essayons là-dessus. *Air de piano. Et... Plié. Hop ! Ne tourne pas avant. La jambe d'abord. Pas le buste. Et... *... Allez ! Tire les pointes. Tire les pointes. Penche. Hop. Tire, tire, tire. Allez, relâche pas. OK. Il y a des choses jolies, mais ce n'est pas à 100%. Il y a plein de petits défauts. Il faut de l'exigence, c'est ce qu'on te demande sur la poutre : d'être précise. Et... Pointes serrées ! -Il a les yeux rivés sur moi, je dois tout faire parfaitement et donner 100% à chaque fois. -Grandis-toi ! Yellow Submarine! Plus haut, les demi-pointes ! Et... Allez ! Donne-toi à fond ! De l'énergie ! -C'est éprouvant et dur, mais j'en ai besoin pour ma reprise. -Elle se casse la figure, encore ! -Comment tu veux que je me concentre ? -"Comment tu veux que je me concentre ?" Et moi, comment tu veux que je regarde ça ? Je devrais pleurer, là. On part sur le praticable. -OK. Enfin, j'ai pu reprendre une activité et mon quotidien sans me soucier de douleurs à l'épaule. Acclamations. ... *-Sur le tapis numéro 4, dans la catégorie des moins de 63kg... -Je me dis que ça va. Mais mon corps n'est pas prêt. Je me dis : "Ca va aller, "sois intelligente, tactique." -Dans 2 combats, c'est elle. -Je préfère perdre en ayant tout donné. *-Sur le tapis numéro 2, catégorie des moins de 48kg, *en blanc, pour la France, *la championne d'Europe, Shirine Boukli. -C'est Shirine. -Elle est là. -Ne la laisse pas sur sa position ! -Allez, Shirine ! -Voilà. -J'étais un robot, je me relevais. -A toi de mettre la pression ! -Allez, Shirine ! -Allez ! -Mais je n'avais aucune solution derrière. -OUI ! -Je subissais, je ne sais pas comment je me relevais. Musique de tension. ... *Propos en anglais. *... -J'en ai marre. -De quoi ? -Dès qu'on vient, elle perd, donc, on vient plus. Comme ça, elle combat tranquille. On lui met trop la pression. -Mais elle a été malade 15 jours. -Oui, mais le Grand Slam de Paris, c'est un tournoi... -Elle n'était pas prête, je l'ai dit aux entraîneurs nationaux. -Putain, ça ouvre une porte aux autres. Je suis dégoûté. ... -J'ai regardé Séverine, j'ai dit : "Je suis au bout, je peux pas. "Je te jure, j'ai tout donné." Je sens que je suis fatiguée. -Vu l'état dans lequel elle était, on n'avait pas grand-chose à analyser. Ca ne sert à rien de se dire : "J'ai fait de la merde." Tu n'aurais juste pas dû la faire. *-Le cauchemar ressurgit. Elle avait été battue à Tokyo, *elle était sortie précipitamment *à Tachkent, et elle sort dès son entrée en lice, ici, *à 1 an et demi des Jeux, c'est terrible. -C'est pas grave. -C'était dur. -Oui. -Je ne sentais pas... le truc. -On est tous un peu... -Je ne finis pas mes attaques. Oui, c'était dur. -Il y en aura d'autres. -Oui, oui. -C'était une erreur de l'aligner, mais c'est Paris, il y a la famille... Aujourd'hui, avec le recul, on ferait différemment. ... -Une Ferrari sans essence n'avance pas. -Parce que... Je ne pouvais pas m'entraîner. -Tu étais malade, il me l'a dit. Oui, c'est ce qu'il m'a dit. C'est pas grave. -Ca va, les gars ? J'arrive avec peu de préparation, mais je pense que je vais être chaud et que je vais casser la baraque. -Je m'en fous des autres. Tu penses à toi. Pour réussir. Tu peux le faire. S'il te plaît. -Je rythme bien, je ne fais pas le gogol. -Ca va le faire. -Il faut se mettre dans le mood. Ca demande de la concentration et de l'influx nerveux. Je n'ai pas de concurrence. Là, j'étais dans l'objectif de performance. -Allez, Erwano ! Niveau planche, on a assuré, maintenant, va chercher la performance. OK ? Applaudissements en rythme. ... Avant. Plus devant. Ca va marcher. Tu es capable de le faire. Musique de tension. ... -Tu as beau avoir la meilleure mentalité, sans prépa, tu n'es pas performant, ce qui fait que j'ai fini 4e. -Je suis le plus fort, ça fait chier. -Hé, hé, Erwan. Erwan ! Propos en anglais. Musique mélancolique. ... -Ca manque de réglages. -Ouais, je sais. Ca me fait chier, parce que... les autres ne peuvent pas aller plus loin. Moi, je peux aller plus loin qu'eux. Ils sont nazes. L'athlétisme, c'est un sport ingrat. Tu as 90% d'échecs, 5% où tu sautes bien et 5% où c'est extraordinaire. Donc, ma vie est faite d'échecs. Cet échec, je l'accepte, mais je sais qu'un jour, ça va être très, très lourd. -On va mettre ton dossard. Tu as des épingles ? C'est mon premier dossard "guide". -En plein milieu, "Meeting de Paris", et "indoor" en dessous. Prêts... Hop. Hop ! C'est une première, avec Charles. Après le stage, on avait des attentes. C'était mieux, ça. -C'était mieux. -Carrément. -L'extension est complète ? -Oui. Le redressement est prématuré, mais c'est super court. Donc, on ne change rien. Il a connu plein d'aléas, des disqualifications... Il a besoin d'être rassuré. -J'ai bien aimé. -D'accord. Prenez vos affaires, on va en "call room". -J'ai apprécié le fait qu'il soit là, on a pu échanger à l'échauffement. C'est toujours plus rassurant. -Allez, les gars. Allez. Force. -Tu as l'oeil du coach. En paralympique, on n'a pas souvent du public. -On y va. -Attention, baisse la tête. -Bercy, ça nous sauce. Quand il y a du monde, tu veux offrir au public... *-Les concurrents du 60m *handisport masculin. *Au couloir numéro 2, *déficient visuel concourant sans guide, *Axel Zorzi ! *Au couloir numéro 3, *médaillé d'argent sur 100m T11 aux Jeux paralympiques de Tokyo, *celui qu'on appelle "le guépard blanc" : Timothée Adolphe ! *Accompagné de son guide, *Charles Renard. *-Prêts. Détonation. -Allez, c'est bien. Acclamations. ... -J'ai le seum. -Ca me casse les couilles. -On était devant. -Comment il peut faire 7'07 ? C'est pas possible ! Il y a un problème sur le chrono ! -7'23... -On fait moins bien que... Il y a un problème de chrono. Ca me casse les couilles. Je suis frustré. Les couacs qui arrivent en compète, ça n'arrive pas à l'entraînement. -Putain, ça me fatigue. C'est pas normal. Attention. On était devant. -Oui. Largement. -A quel moment il y a 16 centièmes ? -Allez, à partir de 20m de la ligne, ça décroche, alors que c'était bien. -Putain... -C'est compliqué. Je pense qu'il voulait très vite trouver la même coordination qu'avec Bruno. -En guidage, on perd 2 dixièmes pour de la merde. -Je réalise que le moindre truc, même si on ne le sent pas, le chrono, il s'envole. C'est passé comme ça ? -Oui. -Au lieu de passer comme ça... -On allait faire un gros truc et on a tout niqué. Je sais pas. Je comprends pas. -Je comprends son énervement, mais c'est la 1re fois que je le vois comme ça. Donc, j'observe, je le rassure, mais ça m'a permis de voir cette nouvelle facette. -A Metz, je le nique. -OK. OK. On veut le taper pour lui fermer sa gueule, mais le principal, c'est qu'on fasse notre chrono. Détonation. Acclamations. ... Ca va ? On se prend encore la main. Dès que ça accélère. Parce qu'on est devant. -Non. -Si, si. -La série n'est pas ouf. -Mais moins qu'à Bercy. -C'est le même couac qu'à Bercy, mais ça impacte un peu moins. -On est 3e. -Loin de... -Une foulée. -Putain. C'est frustrant. Ca ne veut pas sortir. -Vas-y, Axel. -Encore une gamelle. On les enchaîne. -Putain, il me fatigue. Bam ! Tu vas voir, la gamelle. -Titi ? Ah, mais tu es là, mon lapin. Ca va ? -Oui. -Ca va, mon Titi ? Ca va ? -Oui. -Tu as vu la course ? -Oui. -Tout à l'heure, il y a la finale. -Oh. -OK ? -Oui. -Elle était belle, la course ? -Oui. -Papa a bien couru ? -Oui. C'est quoi ? -C'est le lien. -Attends, je veux voir le rouge, attends. Je veux voir les trucs rouges. Attends. Il y a des trucs rouges. -Où ça ? -Touche. -Les petites boules ? Ah, c'est pour délimiter la partie médiane qu'on ne peut pas toucher. -Pourquoi ? -Sinon, on est disqualifié. C'est une règle un peu bête, mais c'est comme ça. -Moi, j'ai touché. -C'est pendant la course. -Ah ! -C'est Arthémond. -Salut ! -Dis bonjour. Il veut que tu l'attrapes. Tu as filmé, toi, Arthé ? Je suis content de revoir Arthé, même si on ne travaille plus ensemble. Tu nous donnerais des départs ? -Euh... OK. -Je lui ai demandé de nous donner des départs. Dès qu'on met du rythme, on croise. -Avec Arthémond, il n'y a aucun souci, il a entraîné Tim, ils sont très complices. Il avait besoin de se raccrocher à quelqu'un pour se rassurer. -C'est trop nerveux. Il faut stabiliser. -Mais ça ne doit pas intervenir sur une course. -On essaie comme ça. -On sent qu'il n'est pas confiant. -Et... hop. -Arthé nous conseille de mettre les starts en entonnoir de manière à ce qu'on se rejoigne. Ca se tente, ça se tente pas... -Inclinez un peu plus. -On n'a plus le temps de tester. Si on le teste, c'est sur la finale. -Je suis pas sûr. -Si tu ne le sens pas, je ne le fais pas. -Ca peut marcher, mais on ne l'a pas travaillé. -C'est toi qui décides. -Est-ce que tenter un nouveau truc, c'est judicieux ? -J'ai une grande soeur de 22 ans. Elle s'appelle Juliette. Elle est en master 1 de biologie à Dijon et j'ai une soeur jumelle, Jeanne, qui a 18 ans et qui est en école d'infirmière. -Avec parmesan ? -Oui, nous. Merci. -Bon appétit. -Merci. Lundi, j'ai refait un équilibre. -Ouah ! -Tu te re-suspends ? -Pas encore. Mardi, Stef m'a dit qu'il manquait un peu de muscle. Mais bientôt. Je pense que je serai prête sur les 4 agrès. Au calme. -Trop bien. -On ne vit plus à la maison et ça faisait longtemps qu'on ne s'était pas retrouvées. On a toujours été proches. -A Decathlon, on avait acheté les justau... -Ils étaient trop moches. -On avait 6 ans, on achetait du 4 ans. -Tu crois que tu fais 18 ans ? Je me rappelle une fois, aux barres, tu m'avais battue. J'étais énervée, je l'ai réussi direct après. -Direct après, elle le fait. -J'avais la haine. -Tu es une rageuse. -Quand elle a démarré, elle était meilleure que moi. Elle n'avait jamais fait de gym. En vrai, tu serais partie avec moi, tu aurais réussi. -Non. -Si. -Non. -Tu as grave plus de qualités que moi. C'est le mental qui a fait la différence. Elle a toujours fait de la gym dans le mood : "C'est pour m'amuser", alors que moi, c'était dans l'optique d'être la meilleure. Au début, je voulais pas y aller. -Maman et papa, ils s'en fichaient, et tu es revenue dans la cuisine, tu les as regardés et tu as dit : "J'ai un truc à vous avouer, je veux aller au pôle." -Je me suis dit : "C'est la chance de ma vie." Rires. Maintenant, je suis là. -"Je vais devenir quelqu'un." -Peut-être. -Peut-être qu'on te verra aux JO. -Tito, il ne doit rien comprendre. *-Au couloir 2, Axel Zorzi. *Au couloir 3, médaillé d'argent *aux Jeux paralympiques, Timothée Adolphe. Applaudissements. *-Prêts. Détonation. Acclamations. ... -Faut qu'on travaille. Le chrono viendra après. Garde la frustration pour cet été. Là, déjà, on était bien. Le bras était nickel. On est au contact tout du long. -Je suis satisfait parce qu'il n'y a pas eu de couac. Mais quand le chrono sort, c'est : "Ah, putain." Comment étaient les blocs ? -J'ai tourné un petit peu. -OK. Bon. -Dim, le chrono, il ne descend pas. -Il n'y a pas de bug, mais le chrono ne bouge pas. Sur les compètes, notamment cet été, j'ai décidé d'être plus distant pour qu'il cesse d'être tout le temps dans l'interrogation. En compétition, on court. Point. -Excusez-moi. -Oui ? -Faut pas oublier le guide. -Oui. Il va avec l'athlète sur le podium. -Il doit y avoir une médaille. -Euh... Sylvie, pour Jean-Marcel. Quand on a un 11 ou 12 avec guide sur le podium, il y a médaille pour les deux ? *-Oui, peu importe laquelle. *Tu peux prendre une médaille de jeune. -Bravo. -Et le guide ? Et le guide ? Et le guide ? Et le guide ? Mon corps, il doit accepter une nouvelle méthode, un nouveau guide... Demander des résultats au bout de 6, 7 mois, c'est prématuré, donc, il faut être patient. Enfin... Il y a de la frustration, mais il vaut mieux de l'argent ici, aux "France", et autre chose cet été, quoi. -Ca fait 1 an et demi que je n'ai pas fait de compétition. Faire son retour à la maison... Devant la famille, mes amis, les personnes du club qui m'ont toujours soutenue et jamais lâchée... C'était plein d'émotions. J'étais stressée, vraiment. Et en même temps, tellement contente d'être là. *-Une ovation, s'il vous plaît, pour Mathilde... Wahl !