Jean-Michel Blanquer : "E.Macron réussit souvent les choses difficiles et rate les plus faciles"

[Musique] bonjour Jean-Michel Blanquer bonjour vous êtes président de terre academia ancien ministre de l'éducation nationale et auteur de la citadelle aux éditions Albain Michel Édouard Philippe que vous connaissez bien puisque vous avez travaillé à ses côtés lorsqu'il était à Matignon dévoile son jeu il sera candidat lors de la prochaine élection présidentielle anticipé ou non d'ailleurs précise-t-il est-ce que c'était le bon moment je ne sais pas je je suis sans opinion sur le sujet ce qui est important c'est le fond des choses c'est-à-dire l'avenir du pays ça paraît bizarre comme ça quand on quand on voit une annonce dans un moment comme celui-là mais il a il a le droit de de considérer que c'est le que c'est le bon moment il a sûrement ses raisons mais mais il a le profil d'un d'un chef d'état vous parlez dans dans dans votre livre d'homme intelligent agile drôle cultivé oui bien sûr il a de de grandes qualités dans le livre pour lui comme pour d'autres je montte je crois les les qualités et les défauts les les forces et les faiblesses nous en avons tous incontestablement il a montré des qualités dans la dans la direction des affaires publqus donc il fait partie des hommes ou des femmes enfin il fait partie de des hommes et des femmes qui peuvent prétendre à de grandes responsabilité bien sûr George pompidau avait déclaré ce n'est je crois un mystère pour personne que je serai candidat à une élection à la présidence de la République quand il y en aura une 3 mois avant la démission du général de Gaulle pourquoi je vous pose cette question tout simplement parce que estimez-vous ce matin que cette perspective possible compte tenu de la situation politique c'est cette dernière qui a poussé potentiellement Édouard Philippe à expliquer qu'il serait candidat je ne sais pas je pense qu' P le mimétisme en politique fonctionne rarement c'est-à-dire c'est c'est pas complètement comparable et surtout en ce moment on a besoin plutôt de renforcer les institutions que que de les fragiliser je ne pense pas qu'il les fragilise mais je ne pense pas non plus qu'il faille donner cette interprétation là à ce qu'il a fait d'ailleurs je me souviens que georgees Pompidou lui-même lorsqu'il avait fait cela avait avait bien dit qu'il ne cherchait pas du tout à à fragiliser le le général de Gaulle et d'ailleurs je pense que la relation P Pidou avec de GA n'a pas grandchose à voir avec celle d'Édouard Philippe avec Emmanuel Macron donc chaque chaque chose est différente et c'est la liberté d'Édouard Philippe de de faire cette déclaration mais le plus important dans ce qu'il dit ou de ce que nous avons tous à dire c'est comment nous sortons par làhaut de la situation dans laquelle nous sommes et et comment nous ne pensons que à la France au fond le grand la chose très importante dans ce moment qu' y a quelque chose de de Galien justement c'est que nous devons en ce moment nous mettre complètement au-dessus des partis au-dessus des personnes ai et ne penser qu'au pays le pays avant les partis c'est une évidence on va en parler le titre de votre livre La Citadelle renvoie à l'enfermement on l'a tous compris chacun sait que le pouvoir isole et c'est est-ce que vous estimez ce matin que c'est ce qui a entraîné la situation dans laquelle nous sommes qu'Emmanuel Macron est isolé depuis plusieurs mois et qu'il a pris peut-être une décision irrationnelle vous parlez d'ailleurs de décision irrationnelle dans votre livre oui oui c'est un mot que je j'assume complètement mais qui je crois crois est compréhensible par tout le monde c'est parce que justement cette décision a été incompréhensible donc le le fait que le pouvoir isole c'est une réalité vous avez été surpris au sort de la dissolution ah oui parce que moi je m'attendais à une dissolution en 2024 je pensais que ça il y avait de très grands possibilité que cela arrive en revanche je l'imaginais vers septembre octobre postérieurement aux Jeux olympiques et surtout comme le résultat comme la conséquence d'un conflit éventuelune impasse éventuelle entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif et lorsqu'il y a une situation de ce genre la dissolution est un outil normal de la Constitution en revanche faire une une dissolution un soir d'élection à quelque chose de contre nature et puis ce cette immédiateté a aussi quelque chose de contren vous savez euh la Constitution prévoit une consultation avant de dissoudre c'est pas un coup de fil simplement à au président de l'Assemblée au président de l'Assemblée nationale ça c'est fait sur un coup de tête vous parlez dans dans votre livre également de de tendance à la destruction masochiste est-ce que Emmanuel Macron est en train de détruire ce qu'il a construit depuis son arrivée en 2017 j'espère que non et en tout cas je veux faire partie de ceux qui contribuent à ce que ça ne soit pas le cas mais euh mais le fait est que il y a quelque chose que l'on peut constater qui est peut-être de l'ORD de la psychologie mais qui est que souvent Emmanuel Macron réussit les choses les plus difficiles et il rate les plus faciles souvent il fait des choses qui sont qui peuvent être très réussies et qui vont être gâché par la la petite chose en trop souvent par exemple il v faire un très bon discours et puis après il va ça va durer trop longtemps voyez il a cette tendance là euh le remède à cela c'est de travailler plus collectif on a tous des qualités et des dé il travaille tout seul encore une fois le est-ce qu'il est mal entouré vous pointez du doigt par exemple ces hommes de l'ombre Alexis coler qui qui l'entourent depuis depuis 2017 est-ce que vous estimez que ces hommes de l'ombre que les Français ne connaissent pas ont une influence néfaste sur le président de la République et sur ce qui se passe on peut bien évidemment penser on est on en a parlé tout à l'heure à à cette dissolution précipitée justement par ces quelques hommes de l'ombre qui l'ont conseillé vous savez la pente de tout pouvoir et c'est le sens du titre du livre qui a d'ailleurs plusieurs sens mais le premier des sens c'est le risque de refermement sur soi de tout pouvoir je bien toutvoir réfléchissons à tous les présidents de la 5e par exemple ils ont tous eu un peu ce problème à un moment donné mais certains plus que d'autres et donc on voit quelque chose d'assez lumineux dans tous les débuts du mandat d'Emmanuel Macron avec le le premier quinquena et puis quelque chose qui s'assombrit ça se sent d'ailleurs même au moment de la de la réélection et c'est concomitant à une forme de recroque viement sur les lcées et vous savez les entourages sont toujours l'entourage c'est des conseillers qui vous disent le reste du monde a tort et nous on a raison c'est à peu près ça la logique à laquelle à laquelle on arrive c'est la dévalorisation de la fonction ministérielle parce que les conseillers prennent un point important c'est le conseiller qui arrive à 23h et qui vous dit ça c'est une idée génial de faire la dissolution alors que si vous en parliez avec les présidents des assemblées vous pourriez aisément comprendre que c'est pas la chose à faire c'est donc ce risque de citadélisation qui a été couru euh il est clairement devant nos yeux et en le montrant et je le montre avec le sens de l'équilibre je crois puisque je ne cache rien aussi des des lumières et des qualités qu'il y a dans le dans le travail d'Emmanuel Macron et bien c'est en mettant sans lumière que j'essaie de faire un exercice démocratique politique pour qu'on soit lucide par rapport au risque mais ce risque tout le monde le court tout le monde le court et pas propre à Emmanuel Macron simplement ça c'est accentué est-ce que vous estimez que les responsables politiques sont responsables lorsque l'on voit les dernières consultations effectué par le Président de la République et l'impasse politique dans laquelle nous sommes avec ces différents partis dont vous pointez aujourd'hui ce matin sur ces news et sur Europ 1 la la responsabilité dans cet échec à pouvoir construire une coalition nous sommes dans une situation très irrationnelle puisque je pense que en réalité il y aurait la possibilité d'unir 70 à 80 % des Français sur des grandes thématiques de salut national lesqueles l'équilibre des comptes publics euh l'autorité de l'État la maîtrise des flux migratoires la question du pouvoir d'achat par une nouvelle vision des de la des politiques sociales en particulier c'est-à-dire les recomposer pour qu'elle pour inciter davantage au travail euh les enjeux d'égalité des territoires c'est le sujet dont j'ai parlé pendant les 3 jours 3 jours la semaine dernière dans le laboratoire de la République à hatin pour montrer à quel point nous devions être très soucieux de faire que les petites communes et les les communes rurales puissent se sentir partie prenante de la nation tous ces sujets 80 % des gens peuvent être d'accord sur des politiques claires là-dessus et d'ailleurs d'ailleurs certaines d'entre elles ont été menées par le Président de la République et et pour autant nous aboutissons à une situation où la structuration des partis la structuration partisane débouche sur l'exacte inverse de ça c'estàdire le morcellement des Français la fragmentation de l'opinion qui empêche de composer une majorité qui permettrait de mener cette politique la seule solution dans ce genre de circonstan c'est s'élever au-dessus des intérêts particuliers donc c'est ce que l'on doit demander aux acteurs politiques et les Français à mon avis doivent juger les acteurs politiques à la façon dont ils se comp il pense d'abord à eux avant de penser à la France globalement je ne dis pas ça de chacun non je ne mets pas tout le monde dans le même panier je dis regardons chacun et chacune et voyons comment se comporte quand le choix est à faire entre l'intérêt de soi-même ou de son parti et l'intérêt du pays et donc n'ayons en tête que l'intérêt du pays dans votre ouvrage vous vous inquiétez également des forces hostiles qui menacent notre pays quel est le plus grand danger ce matin pour la France vous savez il y a des dangers de court terme moyen terme long terme et donc il faut les distinguer je pense que à court et moyen terme certaines puissances autour de nous ont des mennées inquiétantes alors c'est difficile de les hiérarchiser mais si vous prenez l'exemple de la Turquie dont on parle peu c'est une puissance qui j'en parle un peu dans mon livre de par différents aspects essaie de d'avoir des ingérences intérieures et autres si vous prenez la Russie euh avant même la la guerre en Ukraine nous avons eu à subir des attaques informatiques des des des attaques informationnelles et nous savons à quel point les démocraties pas seulement la nôtre on Puut être des stabilisé y compris dans les processus électoraux par des menées russes euh il y a donc des menaces de différents ordres il y a évidemment euh l'islamisme fondamentaliste et qui a qui parfois est porté par des par des États étrangers qu'il faut savoir regarder en face c'est ce que vous dites également ce que j'ai fait tout au long de mon mandat et en en prenant des mesures concrètes en en la matière vous n'avez aucun regret par rapport à ce qui s'est passé C ces dernières années rapport à ce que j'ai pu faire ou sur ce que j'ai pu faire sur cette question question sur cette question j'ai vraiment fait le maximum de ce que je pouvais en la matière parfois par par par vant contraire je donne les détails dans le livre et je pense que tout est complexe on fait jamais suffisamment il y a toujours plus à faire mais en tout cas j'ai désigné les choses j'ai agi donc ça ça au moins on ne peut pas me me le reprocher mais je dirais qu'il faut aussi faire attention aux enjeux à long terme à long terme par exemple le cont le contrôle social par les nouvelles technologies et est une menace très grande sur les êtres humains tout simplement et les citoyens et aujourd'hui on doit être pleinement conscient de ça quand dans certains pays vous pouvez être noté en tant que bon citoyen ou mauvais citoyen grâce à des la reconnaissance faciale euh ça fait partie DESS des grands enjeux de long terme auquel on doit être sensible sans avoir seulement les yeux rivés sur l'actualité Tanton ce matin d'élargir un tout petit peu le le le sujet vous rapportez un échange assez intéressant d'ailleurs que vous avez eu avec le président giscardestin qui estimait lorsque vous l'avez rencontré à ce moment-là qu'il ne voyait pas ce qui pouvait empêcher le déclin de l'Occident on on a un tout petit peu commencer en parler à l'instant est-ce que vous vous partagez cette analyse euh oui et non donc lorsque j'ai cette entretien avec lui j'essaie de défendre la la thèse inverse mais je ne sais oui mais lorsque l'on vous lit on a l'impression peu ou prou que vous partagez néanmoins cette cette analyse je partage l'inquiétude et ce qu'il faut c'est trouver l'antidote de même que je commence le livre en disant que depuis le début du siècle c'est-à-dire depuis le 11 septembre 2001 les démocraties sont partis dans une spirale négative de de doute sur elles-même et et de manque de sens donc c'est je constate le phénomène comme le fait le président giscardestin ça veut pas dire que je l'accepte il faut maintenant se battre contre il faut une sorte de de de renouveau de de sens hein et alors le président jiscardestin faisait beaucoup référence à la question de la de la spiritualité qui est pas du tout incompatible avec la laïcité euh mais c'est comment nous savons pas seulement nous défendre contre des ennemis voyez on en a parlé il y a un instant il faut aussi avoir un projet il faut faire envie à la jeunesse moi c'est quelque chose qui m'habite qu'est-ce que l'on fait pour dire aux jeunes que le monde peut être meilleur dans 10 ans dans 20 ans dans 30 ans si vous prenez le sujet écologique par exemple nous devons maintenant tenir des discours de construction sur ces sujets c'est qu' en se retroussant les manches on peut améliorer la qualité de la vie on peut faire j'eni plein d'exemples on peut faire des renouvellements de village des renouvellements du territoire on peut être fier de la France comme on l'a vu au cours des Jeux Olympiques bref il y a des nouveaux horizons adressés qui relèvent de la politique mais pas seulement de la politique c'est intéressant vous parlez justement de de la jeunèse dans un extrait de votre ouvrage et vous allez comprendre où je vais en venir vous dites une société qui passe son temps à se déchirer autour de la question de la vieillesse tandis que sa jeunesse souffre de mil mot n'est pas une société saine alors pourquoi je vous pose la question tout simplement parce que au cœur des consultations qui sont menées actuellement par le Président de la République il y a l'abrogation de la réforme des retraites est-ce que vous estimez que c'est quelque chose sur lequel tout le monde semble se focaliser montre que notre société n'est pas saine bah je ne dis pas que c'est pas un sujet important c'est un sujet très important je peux avoir d'ailleurs quelques idées sur sur ce point mais le fait que notre société depuis sur la politique famili oui oui depuis une vingtaine d'années se déchire euh par épisode euh sur les questions d'âge de départ à la retraite euh alors que d'ailleurs le premier facteur de de pérenité des retraites dans la durée c'est la démographie c'est le fait d'avoir des enfants quiinaiss alors que très peu de gens voir personne ne parle de ça dans le débat public et j'ai moi j'en ai parlé pendant le premier quinquena j'étais très solitaire pour le faire je vois que le président maintenant en parle un peu mais la question du renouveau démographique français est évidemment fondamental c'est la première des réponses au problème des retraites et par ailleurs si on veut donner de l'espoir à la jeunesse peut-être que c'est un peu moins de conflictualité et un peu plus de de projection dans l'avenir qu'il faudrait euh euh montrer alors maintenant conflictualité il a rép alimenté par certains partis pour la question bien sûr bah il y a des partis certains discours brutal enfin en les discours extrémistes en particulierquel bah d'extrême gauche et d'extrême droite mais vous avez aussi des gens qui brutalisent la vie publique entre qui sont n d'extrême gauche ni d'extrême droite une façon de s'exprimer une façon de respecter les autres de considérer que les adversaires ne sont pas des ennemis euh une façon de rechercher un peu la nuance parfois et une façon de penser contre soi toutes ces disciplines que nous devrions tout saoir sont malheureusement trop absentes dans le débat public et nous empêchent d'avoir une démocratie de de haute qualité comme elle devrait l'être la France est un pays très avec il a beaucoup de maturité historique euh c'est un pays qui doit pouvoir débattre prendre des décisions de manière beaucoup plus mû concerté l'école doit justement redevenir le creuser de ces de de ces valeurs que qui sont les ntres l'école l'école est le reflet de la société et d'ailleurs sous la 3e république il y avait confiance de la société dans l'école parce qu'il y avait confiance de la France en elle-même aujourd'hui je pense que nous avons semé des graines de rebond de l'école he souvent c'est on entend toujours le contraire dans sur toutes les ondes je souligne dans le livre que le rebond de l'école primaire a commencé nous sommes le seul pays avec le Portugal à avoir progressé dans en 5 ans euh sur le niveau de lecture des élèves de CM1 alors même qu'il y a eu la crise sanitaire alors même même qui a eu 1000 problèmes et 1000 attaques mais la politique des savoirs fondamentaux porte des fruits mais voyez cette politique que nous avons mené elle porte des fruits forcément sur 5 ans puis 10 ans 15 ans c'est des c'est des sujets de très long terme vous pouvez pas du jour au lendemain opérer un rebond des savoirs fondamentaux à l'école primaire et ça cette capacité de patience capacité de de d'explication des choses calmement c'est ce qui manque dans notre débat démocratique et et ben heureusement qu'il y a des émissions comme la vôtre qui durent un peu longtemps pour pouvoir le faireci merci merci beaucoup Jean-Michel Blanquer c'était l'heure de de votre grande interview sur C news et sur europein et je rappelle votre ouvrage la citadelle aux éditions Albain Michel romain c'est à vous merci Florient tardif