MAYLIS DE KERANGAL | "Jour de ressac" (Du titre à l'histoire E28)

[Musique] c'est un roman qui s'appelle jour de ressac et je pourrais commencer par dire que le le livre est totalement dans le titre au sens où c'est un livre qui se un roman qui se déroule sur un jour et ce jour c'est le 18 novembre 2022 et il y a cette histoire de ressac qui pour moi est un peu le mot qui qui concentre un peu l'énergie du livre alors le le ressac c'est ce mouvement brutal qui porte aussi une forme de de violence ou d'agitation qui est celui de la mer qui qui se fracasse sur sur un rocher et qui recule après avoir rencontré cet obstacle et pour moi c'est aussi ce mouvement qui va concentrer le le l'intériorité de la de la narratrice he c'est c'est dans ce moment de ressac qu'on va la connaître qu'on va l'accompagner le ressac c'est pas seulement un mouvement physique mais c'est aussi le ressac de la mémoire le ressac des souvenirs les aprèscous aussi la la la façon dont on repense parfois à son passé dans une espèce de ressac ou ressurgit une mémoire un peu [Musique] fragmentaire c'est l'histoire d'une d'une femme qui a près de 50 ans qui est doubleuse dans le cinéma elle est appelé un jour par un policier du Havre qui lui dit qu'on a trouvé un un cadavre au bas de la d'ignore et que c'est une histoire qui la concerne et qu'il faut qu'elle vienne il lui en dit pas davantage ça plonge cette narratrice dans une forme de désarroi et surtout ça la ça l'intrigue parce que elle elle a vécu au Havre comme elle le dit longtemps il y a longtemps elle va reprendre pied dans cette ville reprendre pied dans sa mémoire et essayer de trouver qui était cet homme [Musique] elle est doubleuse ça veut dire que sa voix et son et son instrument de travail euh cette voix lui elle va la elle va la porter dans dans les corps des acteurs qu' qu'elle double donc euh c'est quelqu'un qui vit une forme de diffraction de son identité puisquelle peut faire parler des des êtres elle peut les elle dit les les animés hein plutôt que l'accollement mécanique elle préfère l'animation d'un être et pour moi le fait que cette narratrice soit doubleuse au cinéma qu'elle qu'elle aille faire parler des acteurs c'est inscrire un motif de fiction que je trouve assez puissant et puis voilà ce ce dédoublement he dans doubleuse il y a l'idée du double et la question du double c'est-à-dire euh du fantôme euh de de de l'espionnage des masques revient euh à en plein d'endroits de ce texte c'est une ville qui m'intéresse cher à mon cœur parce que j'y ai vécu j'y ai grandi euh j'y ai passé mon enfance et mon adolescence c'est là en quelque sorte enfin je c'est c'est un peu le creuser la la matrice de euh de mon imaginaire et peut-être même de mon imaginaire littéraire Le Havre a été détruit entièrement pendant la la Seconde Guerre mondiale c'est le cas d'une ville qui est bombardée par ceux qui ont libéré la France donc il y a une espèce de torsion de l'histoire qui fait que cette cette douleur elle a été longtemps enquisté dans dans la ville et aussi c'est une ville qui a été entièrement reconstruite sur un plan tramé hein de de 6,24 donc une trame comme ça un caneva qui qui recouvrait tout tout l'espace de la ville c'est cette nouvelle ville qui est venue se prendre la place de la ville d'avant fait aussi rend aussi extrêmement sensible la présence très spectrale du passé dans cette ville et je trouve que c'est en cela que c'est une ville vraiment pas comme les autres parce que il y en avait une autre avant et cette autre ville on on peut elle elle peut apparaître sur un mode un peu fantomatique Le Havre c'est une ville extrêmement cyégé nique une ville graphique qui est comme ça assez assez puissante sur le plan des aperçus des angles des perspectives c'est une ville très homogène un peu comme un décor un peu comme un décor de de film et pour moi le le est aussi de ce fait là un peu une ville de fiction hein c'est à la fois cette ville où j'ai grandi cette ville très réelle c'est une ville de béton et de vent une ville d'expérience sensible où le corps est est très sollicité mais c'est aussi une ville de [Musique] fiction au cœur de ce roman où je l'ai dit il y a cette trace des fantômes d'une ville fantôme il y a aussi la trace d'un amour de jeunesse la narratrice se trouve soudain totalement happé par le le le le ressac du souvenir étant donné qu'elle-même aurait été gosté elle a eu une histoire d'amour avec un garçon qui euh la est partie sans plus jamais se retourner vers elle lui donner un signe de vie et cette histoire très violente on se rend compte dans le livre qu'elle a aussi modelé une forme de sensibilité je trouvais qu'il y avait quelque chose de très émouvant à à essayer d'écrire de restituer l'intensité d'abord d'un amour de jeunesse et aussi la la douleur de ce silence et de qui qui est imposé à cette à cette jeune fille de 16 ans [Musique] je trouve que il y a en tout cas dans dans le parcours de cette femme quelque chose qui a qui a trait à à une vérité que l'on pressent que l'on ressent le livre je le compare souvent ce roman à une espèce de photo qui est plongée dans un bac de de révélateur et qui durant toute la lecture monte comme ça fait fait monter ces ces contrastes il y a des vérités que l'on ne veut pas savoir que l'on est espère que l'on veut garder non résolu c'est aussi le choix de la narratrice mais au cours de son de cette journée elle aura fait quand même le choix d'aller d'aller chercher [Musique]