Imane Maarifi : "J'ai été envoyée à Gaza en tant qu'infirmière humanitaire"

je suis en contact avec beaucoup de soignons actuellement donc je prendre des nouvelles il m'arrive de recevoir des messages tu te souviens de telle patiente oui bah elle est décédée voilà c'est ce que je reçois elle est ah mince s battu elle est décédée ce que je demande moi est-ce qu'on peut juste arrêter de tuer des enfants s'il vous [Musique] plaît je suis Imane marifille j'ai 37 ans et je suis infirmière et humanitaire alors ça fait un peu plus de 16 ans que je suis infirmière et c'est vraiment un métier passion ce n'est pas ma première mission militaire c'est la première en zone de guerre j'ai toujours aimé aider l'autre c'est aussi ce qui a motivé mon choix de carrière quand il s'est passé ce que nous avons tous découvert le matin du 7 octobre je revenait de mission quelques semaines plus tôt et je me suis dit qu'il fallait que je mette mes compétences au service de l'humanité donc j'ai contacté en tout premier lieu MSF mais qui on tout de suite dit que c'était compliqué pour eux qu'il ne pouvaient entrer ni pour soigner d'un côté ni de l'autre j'ai intégré un collectif qui s'appelle blouse blanche pour Gaza c'était juste mettre des idées en commun pour savoir comment aider la zone sinistrée là-bas et c'est par leur biais que j'ai rencontrer un médecin de l'ONG palmed ça s'est fait très vite en fait je je pensais être sur une liste et au final je me suis retrouvé vraiment à partir je les suis 10 jours avant le départ je pensais m'inscrire sur une liste et qu'on aurait un top départ le jour du cesser le feu je me tenais prête à partir mais je je m'attendais pas à partir en temps de guerre du tout j'étais au téléphone avec une amie quand je lis le mail elle parlait j'arrête la conversation je lui dis je pars à Gaza elle me dit quoi je dis je pars à Gaza je lui réponds il faut que je fasse un testament ça a été machine à je dit attends je raccroche j'ai téléphoné à mon père en premier il a dit non c'est pas vrai après il a dit je le sens bien vas-y la deuxième personne que j'ai prévenu c'est mon mari je l'ai juste pris dans mes bras je l'ai serré très très fort j'avais des très molo dans la voix il me dit mais qu'est-ce que tu as je répondais pas il me dit qu'est-ce que tu as c'est lui qui a compris il m'a dit tu pars j'ai dit oui et on a plus parlé c'était un moment très fort en fait palmed n'a pas réellement eu d'autorisation pour pouvoir rentrer ça faisait plusieurs semaines qu'ils essayaient d'entrer pour aider ils se sont mis en contact avec une ONG américaine qui a pu elle entrer pour la première fois début janvier ils leur ont demandé s'il était possible de greffer des soignants européens à leur équipe ils ont répondu par l'affirmative c'est pour ça que notre départ était vraiment flou on savait pas où on allait dormir où on allait par où vraiment on allait passer jusque quelques heures avant on pensait qu'on allait aller à l'hôpital alnasser on est tous partis avec de quoi s'autouffire ce qui ne nous a pas aidé à être rassuré on a pu nous après rassurer les équipes suivantes on s'était préparé à ce qu'on allait voir mais pas à ce qu'on allait vivre cette dichotomie entre les deux je pense que le fait d'avoir été les premiers a fait que les émotions sont décuplées on est très fortement liés tous vraiment dans la zone de Rafa la première nu on a été refoulé parce qu'il était trop dangereux de traverser les 20 km qui séparent Rafa de l'Hôpital européen à ranunes ils ont estimé que c'était trop dangereux pour nous donc ils nous ont fait passer la nuit du côté de l'Égypte et on a pu entrer le matin très tôt on descend tous nos bagages nous étions au total 21 avec des Jordaniens des Américains et des Anglais j'étais la seule infirmière il y avait quasiment que des chirurgiens chir pédiatrique chir vasculaire chir Orth chir maxilofacial chir esthétique et réparatrice donc une équipe très hétérogène on a pu passer mais on est quand même resté 6h le temps de tous les contrôles on a beaucoup été arrêtés pour beaucoup de contrôles on a perdu beaucoup de temps on a fait 300 km en 30h alors que pourtant tout était organisé au préalable et de l'autre côté de la frontière nous attendit d'autres minibus des ambulances qui nous ont escorté jusqu'à l'hôpital européen à ranunes moi le premier pas dans l'hôpital évidemment c'est l'accueil qui est extraordinaire on est les premiers grandes équipe d'humanitair qu' le voit dans cet hôpital on sent qu'on est attendu ils vivent entre eux enfermé dans cet hôpital donc les émotions sont enquistées on était là un peu pour faire exploser justement cette coque et apporter un autre regard d'autres émotions et peut-être on arrivé tout neuf un peu frais pour pouvoir absorber les leurs et on l'a tout de suite ressenti et puis tout de suite on demande à être mis dans le bain et on est malheureusement bien mis dans le bain c'est un hôpital qui fait deux étages et l'hôpital n'a plus un seul mètre carré de libre puisque plus de 25000 personnes vivent à l'intérieur c'était encore C entre l'hiver et le printemps il pleut beaucoup la journée il fait quand même assez c'est bon mais la nuit il pleut il fait très froid et cet hôpital les portes sont fermées l'air ne circule plus pour être économe en terme d'énergie du coup par exemple la ventilation est coupée le bloc opératoire n'est plus du tout réfrigéré norrament un bloc opératoire est à peu près à 15°gr là-bas il est à température ambiante et il est à beaucoup plus que 20°gr c'est aussi ce qui génère toutes ces infections que nous dénonçons on n'est plus dans un hôpital on est dans un foyer qui fait des soins de guerre qui fait de la médecine de guerre et non plus un hôpital qui est devenu un foyer tout c'est inversé et les médecins se noient dans la charge de le travail ils ne s'arrêtent pas ils sont là tout le temps ils travaillent 24 heures sur 72 ça leur permet de s'occuper l'esprit de se sentir utile puisque ce sont les derniers à pouvoir encore vraiment travailler il y a une vie qui s'est construite he il y a des cordonniers il y a des coiffeurs qui font ça dans les allées de l'hôpital il y a des femmes qui font du pain donc il y a nouvelle vie qui s'est mise en place ils ont une grande grande force d'adaptation ce sont les héros de ce drame le premier réel contact avec les patients se fait en ranimation on fait le tour des patients chaque histoire est pire que la précédente sachant que la première c'est une enfant de 2 ans qui est parppelé et qui est orpheline la patiente d'après elle s'appelle Wafa elle a 19 ans elle est amputé d'une jambe l'autre est ultra infectée je vous dis pas l'odeur elle pèse moins de 40 kg elle peut pas manger dans la bouche parce qu'elle a des points de suure partout sur le visage et en fait elle a pris une balle qui lui a traversé quasimentintérie de la bouche en fait elle peut pas avaler on lui a mis un système d'aspiration pour qu'elle puisse aspirer sa salive elle a une sonde nazogastrique pour aspirer ce qu'elle a dans l'estomac parce que l'estomac même si on est à gin continue de produire des sucre les premières heures j'ai eu beaucoup de questions que moi j'ai estimé après très bêtes mais parce que j'ai un temps où il a fallu que je m'adapte à leur niveau quand j'arrivais je me disais elle a une sonde pourquoi on lui met pas une alimentation anentérale bah on en a pas vous avez peut-être une alimentation parentérale c'est une alimentation qu'on va mettre dans les veines on en a pas donc elle a juste du glucosé un sérum avec du sucre et qu'on alterne selon ce qu'on a en fait elle est juste hydratée en fait je comprends tout de suite que ça risque d'être difficile et en fait je me mets en tête d'aller voir quand même aux urgences ce qui s'y passe pour essayer de passer ces 15 jours dans l'endroit qui va être le moins difficile les deux services sont vraiment horribles les histoires sont horribles mais par expérience au ur urence excusez-moi pour le terme mais on refile la patate chaude on accueille le patient on gère l'urgence on le stabilise et après il y a deux voix il décède ou il a un millième de chance et on le met dans un service je me dis je vais aller voir ce qui se passe aux urgences parce que par expérience je sais qu'on n pas le temps de nouer un lien avec le patient alors qu'en réanimation on le voit manger on le voit se réveiller on est avec lui c'est c'est un service d'hospitalisation je me dis si tu rentres vivante tu n'assumeras pas ces affectes que tu auras eu avec les patients en réanimation je suis en contact avec beaucoup de soignants actuellement donc je prends de des nouvelles il m'arrive de recevoir des age tu te souviens de telle patiente et en fait j'ai une plutôt bonne mémoire ça interpelle toujours parce que je dis B c'est celle qui une fois on lui avait fait ça et ça donc je me rappelle il me disent oui et je oui bah elle est décédée voilà c'est ce que je reçois elle est ah mince on s'est battu elle est décédée mon collègue Chem avait très justement dit que il s'est posé la question et on s'est tous posé la question de se dire est-ce que finalement mourir du premier coup c'est pas une chance vraiment à l'Hôpital européen on n pas de maternité donc les femmes allent accoucher il y a un centre mère enfant Arafat donc les femmes accouché là-bas il y a quand même à peu près 60 accouchements par jour il y a deux blocs dans ce petit centre pour faire les césariennes et en fait elles sont faites à la chaîne avec très peu d'anesthésiant zoir on a parlé il est gynécologue il faisait des césariennes et les mamans sortaient quelques heures plus tard il y a pas de place déjà l'acte en lui-même est barbare il y a beaucoup de mort fétale parce que la maman est dénutrie on peut pas dire que les Gazaouis mangent à leur faim ou alors aussi des mamans qui perdent leurs enfants dans les premières heures de vie estce qu'elles sont dans des tentees il fait encore froid la nuit mais beaucoup moins que ce que nous avions vu mais en tout cas quand nous nous étions là-bas janvier févri et beaucoup de morts par hypothermie de nouveau né c'est pas comptabilisé c'est pas on entend personne parler de ça il y a une précarité menstruelle un paquet de serviett ygénie coûte 17 dollars quand on n pas de salaire qu'on a pas d'argent c'est énorme elles utilisent des bouts de tissu en 15 jours j'ai vu zéro désinfectant ni de surface ni pour les mains il y a pas de gel l'eau dans les robinets c'est de l'eau qui est non potable et non traitée c'est de l'eau de mer elles utilisent de l'eau de mer pour laver leurs tissu je vous dis pas le nombre d'infections urinaires dont elles se plaignent que ce soit en gynécologie aux urgences au bloc en réanimation dans les services on fait pas ce métier pour faire mal aux gens en fait on fait ce métier pour les soulager quand vous faites des suture et que le fil est de tellement mauvaise qualité le fil normalement quand il pénètre la peau il doit passer comme dans du beurre en fait vraiment je me suis vu mais mais appuyé de toutes mes forces pour que une aiguille transperse la peau limite je faisais plus souffrir à faire ce type de point de suure à laisser l'ppel peut-être se refermer elle-même je sais pas c'est un peuple qui est plein de ressources ce qui est cool c'est que même quand ils n'ont pas il essai de faire en fait avec ce qu'ils ont je vous donne un exemple quand une ple est très profonde on met une vague thérapie c'est un système d'aspiration avec une mousse cette mousse ils ne l'ont pas je vous le donne en M ils ont mis de la mousse d'un matelas alors la mousse du matelas qui est absolument pas stérile et cetera mais ils font en fait ils essayent de faire quand même avec ce qu'ils ont ils ont créé des systèmes d'aspiration des poches de recueil pour les selles ils travaillent avec ce qu'ils ont comme ils peuvent dans des conditions d'assepsie absolument ignoble tout le monde est infecté j'ai vu aucun moignon ou PL non infecté ils acceptent leur sort avec de l'espoir c'est dire qu'ils sont tous sûrs qu'ils vont reconstruire leur maison ils vont retrouver la paix si tentit que il y avait une paix avant le 7 octobre mais ils vont retrouver en tout cas un quotidien mais en même temps quand je leur dis vous avez vu la l'actualité internationale Biden a dit ceci ou Macron a dit cela ça les touche pas parce qu'ils savent que c'est des coups d'épai dans l'eau il y a pas d'espoir finalement alors c'est très paradoxal avec tout ce qu'on vient de dire mais ce que je retiens de mes deux semaines à Gaza c'est l'humanité que j'ai rencontré là-bas et ce que je retiendrai c'est vraiment la vie dans la mort nous humanitaire quand on revient on a ce type de discours de dire que ils ont de l'espoir mais quand même temps il y a la mort quand même temps il préférerait presque mourir c'est une espèce de patchwork d'émotion qui s'entremêlent et qui sont vraiment indescriptible sur le plan personnel j'arrive pas à mettre des mots sur ce que j'ai vu sur ce que j'ai vécu j'ai encore du mal alors que ça fait plusieurs semaines que je suis entrée je continue de dire laissez-moi le temps d'atterrir j'ai eu une intolérance aux plaintes qui me semblait dérisoire je supportais plus qu'on me dise j'ai mal au dos j'ai mal à la tête oh c'est trop salé j'ai eu cette période un peu d'intolérance qui m'est vite passé parce qu'on m'a dit bon il man tout le monde n'est pas allé à Gaza vu que tu avec eu donc ton curseur tu le redescends à notre vie ici ma famille ne me pose pas de questions il découvre ce que j'ai vécu en regardant les images notamment du témoignage à l'Assemblée nationale comment je vais plus sur un plan plus national ben je vais pas bien j'arrive pas à comprendre pourquoi est-ce qu'onaccepte pas que les Gazaoui soient des êtres humains que les Gazaoui aient des sentiments que une maman gazaou qui perd son nouveau-né qui perd son enfant c'est comme une maman européenne africaine américaine c'est une maman humaine c'est une maman quand on est maman on est toutes sur le même piédestal nous sommes une maman qui avons porté la vie et qui mettons au monde notre chair j'ai déjà eu ce question je sais que c'est bienveillant c'est juste mal tourné en tout cas la tournure de la phrase laisserait supposer qu'elles ont peut-être des capacités psychologiques psychoaffective à mieux vivre le deuil d'un enfant non quand elles perdent leur fr frère leurs père leurs fils et cetera elles vivent un réel deuil ce sont des êtres humains retourner à Gaza est devenu pour moi vicéral c'est presque addictif d'être au milieu de d'être humain j'ai besoin que la boucle soit bouclée j'ai maintenant une petite expérience qui me donne l'impression que quand j'y serai je serai peut-être plus efficace ils ont pas besoin de nos mains ils ont besoin de notre force ils aiment pas qu'on ait pitié ils veulent qu'on qu'on donne une impulsion un peu pour les motiver à continuer à travailler il faut savoir que toutes les personnes qui sont en demande de la paix d'in cesser le feu demandent la libération de tous les otages c'est important de le dire pour nous simple civil ça va de soi mais visiblement il faut quand même le verbaliser il faut inesser le feu ce que je demande moi est-ce qu'on peut juste arrêter de tuer des enfants s'il vous plaît quand on met une balle dans la tête d'un enfant c'est pour le tuer c'est pas pour le neutraliser c'est pas pour lehicapé aussi c'est pour le tuer donc est-ce qu'on peut juste arrêter ça s'il vous plaît c'est tout