"Je veux défendre #metoo": l'interview en intégralité de la journaliste Caroline Fourest

[Musique] bonsoir Caroline foureste bonsoir merci beaucoup d'être avec nous ce soir dans C pas tous les jours dimanche vous êtes journaliste essayiste réalisatrice directrice éditoriale de l'hibdomadaire frantireur et vous publiez le vertige Mitou aux éditions grassa un essai passionnant nuancé c'est pas banal vu la vu la période sur la révolution sexuelle Mitou un vertige nécessaire dites-vous tout en dénonçant ces excès on va revenir sur les exemples que vous que vous dis au scalpel aussi sur les critiques et les interrogations suscitées par votre par votre essai mais d'abord vous expliquez que c'est sans doute le livre le plus difficile que vous ayez eu à écrire à défendre sur les plateaux de télévision pourquoi c'est que je réalise bien pourquoi tout le monde se dit à voix basse il faudrait quand même qu'on essaie d'élever la conversation qu'on dise que c'est plus compliqué sur certaines affaires pourquoi personne ne veut y aller parce que c'est très dur c'est très dur voilà de de d'ouvrir cet espace de liberté qui est de dire attendez on remet pas en question moi jeux défendre et vous me trouverez toujours en face de toute personne qui voudra retourner en arrière j'ai adoré changé de monde j'ai détesté l'avantmou j'ai détesté accompagné des copines toute la journée qui me racontaient qu'elles avaient été violé par leur père par un membre de leur famille par quelqu'un au boulot des amis avocates qui n'allaient pas porter plainte parce qu'elle savaiit que c'était le parcours du combattant et toutes ces discussions qu'on avait en silence aujourd'hui on les a sur la place publique et ça fait 7 ans que moi je m'en réjouis même si des fois ça va trop loin même si parce que le mot vertige oui ce qui nous regardent il est il est ambivalent de vertige on est rarement pris de vertige face à quelque chose de tout à fait positif ah si c'est un tourni c'est grisant si c'est une c'est c'est justement je l'ai choisi à dessin parce que je pense que c'est un moment de remise en question extrêmement bouleversant émouvant et en même temps où l'émotion ne peut pas non plus dicter la réflexion on est bien obligé à moment donné de dire bon maintenant qu'est-ce qu'on fait de cette émotion collective d'abord comment on approfondit la conversation pour que ça redescende c'estàd qu'on pense pas que c'est réservé que aux élites qu'au milieu du cinéma qu'au milieu des médias que tout le monde se sente concerné par une nouvelle forme de séduction respectueuse et sache reconnaî que le consentement on parlera évidemment de l'histoire de des viols de Maan on voit bien que ça a du mal à redescendre et qu'on voit bien que ça va pas suffire et puis je rappelle aussi qu'il y a eu des il y a eu des décennies de féminisme avant d'arriver à ce hashtag c'est pas que un hashtag mais ce qui m'intéresse parce que je suis aussi journaliste et parce que je suis justement très attaché à la justice et que je déteste les abus de pouvoir c'est comment on fait pour protéger le fait que la honte est changée de camp je m'en réjouis mais en même temps que la honte a changé de camp l'esprit de meut a changé de camp et donc on a un nouveau pouvoir nous féministes entre les mains et on doit réfléchir à ce pouvoir parce que on doit pas être comme ceux qu'on dénonce on doit pas en abuser moi je déteste ce qui abuse de tout je déteste les abuseurs je déteste les violeurs j'aime pas non plus quand on est dans l'abus de pouvoir même quand on est du dans le camp du bien mais justement vous évoquez dans votre livre sur les plateaux à la radio vos casquettes différentes journaliste féministe personne ne vous enlèvera Caroline Fourest le fait que vous êtes féministe mais quand on lit ce livre et quand on au fond on voit le le la la minucie que vous prenez à à dénoncer les excès de De Mitou certains peuvent se dire est-ce qu'elle n'est pas en train de jouer contre son camp mais vous savez quand quand j'ai dénoncé l'islamisme et qu'à gauche peut oser le faire en disant mais non ça n' ça on peut pas tolérer l'intégrisme religieux parce qu'il vient de gens qui peuvent être potentiellement discriminés et il faut tenir en en fait les deux à la fois c'est qu' faut dénoncer et l'intégrisme et l'islamisme et le racisme il y a des gens qui l'ont pas compris et qui ont cru que c'était une forme de trahison et qui le disent encore mais moi je crois à cette nuance justement parce que je suis journaliste et que donc je ne peux pas arrêter de réfléchir même quand je suis ému même quand je suis révolté donc en l'occurrence j'ai toujours été bouleversé ému et révolté de croiser des victimes de viol de croiser de voir l'impact qu' a eu notamment que peut avoir le viol sur la construction d'un être trs la pédocriminalité à mon avis est un cor très sous-estimé on sous-estime ses effets on sous-estime les chaînes de reproduction de traumatisme que ça entraîne et je voudrais qu'on en parle plus en même temps je croise de plus en plus ces dernières années des êtres brûl vif c'est des gens que je connais c'est des gens qui viennent que je rencontre ils sont sous médicament ils ont pas vu quelqu'un depuis 3 mois qui par exemple qui par exemple c'est des élus qui ont été brûler vif un un jeune élu communiste et son petit ami qui ont été accusé d'être des violeurs et des pédophiles alors que c'est c'était une relation polyamoureuse consentie c'est Christophe Gérard un ancien conseiller la culture avec qui je me suis battu moi pour le Pax à une époque où quand on se battait pour les droits des homosexuels on se faisait traiter lui et moi de pédophile donc voir que des jeunes féministes disent bienvenue à pédoland sous les fenêtres de la Mairie de Paris parce que quelqu'un dit avoir eu avec Christophe Gérard sur 10 ans une relation qu'il dit lui-même consenti mais qu'il estime parce qu'il est dans un mouvement très radical indigéniste asymétrique socialement et que je vois le New York Times faire une page entière pour dire un élu de la mairie de Paris accusé d'agression sexuelle on a parlé d'Ibrahim malouf et on va parler dans un instant mais juste pour rester et on rentrera bien sûr dans le le détail des exemples que vous évoquez de votre livre la question c'est celle de la proportion ouis c'estd qu'au fond vous dites-vous même la révolution Mitou est formidable je ne souhaite pas un retour en arrière s que non mais vous consacrez près de allez près de 300 page à dénoncer certains des excès est-ce que il y a pas une forme de disproportion entre l'énergie que vous Consac à dénoncer ses excès et à la fin le bilan plus que positif de cette révolution féministe mais Benjamin d'abord vous avez lu non non il y a pas 300 pages sur les excès il y a TR justement 300 pages sur c'est vrai vous avez raison tous les bénéfices et les bienfaits de meou tout ce que justement je raconte et compris à partir mon parcours je raconte aussi en détail comment on a brisé le silence comment les victimes de Tark Ramadan par exemple ont pu aller jusqu'au procès je raconte ce que j'ai vécu à l'époque quand mon ami tristtian Banon a dénoncé DSK je raconte tout l'avantmou à quel point c'était important ce qui s'est passé dans les années 70 aussi le procès du viol ensuite je raconte l'emballement médiatique et j'essaie de de poser la question à certains de mes confrères qui le vivent pas forcément très bien de la responsabilité médiatique c'est-à-dire c'est une question que je me pose moi et en plus pardon j'affirme rien dans le livre je pose des questions sur comment on se forge une éthique collective puisqueon est tous tous les jours convoqués au tribunal De Mitou et que c'est très bien et que ça va durer et que contrairement à ceux qui vous disent la just rien que la justice moi je ne suis pas dans cette dans ce littéralisme là je pense que on a besoin d'une vigilance collective que la justice ne passera pas toujours et que donc il faut bien se forger une intime conviction commune sur dans quel cas on met quelqu'un à l'écart parce qu'on pense qu'il est dangereux qui peut récidivé que c'est un prédateur que c'est un pédocriminel dans quelqu'un on pense que quelqu'un a commis un acte isolé dont il a mesuré la portée et qu'il ne recommencera pas si on croit au droit du travail Benjamin duamel si on croit à la seconde chance quand on est de gauche notamment ça aide euh on est obligé de se poser ces questions là et moi je ne fais que poser des questions mais vous voyez bien que la dureté à quel point c'est difficile même de poser des questions c'est vrai et de d'avoir un discours nuancé vous expliquez dans dans ce livre pourquoi vous préférez la phrase je t'écoute plutôt que je te crois dans les affaires de violence sexiste et sexuelle et vous prenez notamment l'exemple du collectif 5050 qui promeut la diversité dans le cinéma pourquoi est-ce que cet exemple il est il est symptomatique selon vous alors moi c'est ce qui m'a décidé à écrire ce livre en fait c'est le point départ cette affaire cette affaire m'a retourné j'avais jamais assisté à une telle violence dans une association féministe et autant de fanatisme on était plus dans le féminisme on était dans le fanatisme c'estàdire qu'on a une association 5050 qui s'est créée pour dénoncer les violence dans le cinéma pour accompagner la parité pour essayer d'améliorer la justement le rôle des femmes au sein du cinéma ouais dont je connais beaucoup de fondatrices des piliers des militantes moi j'étais sympathisante de ce collectif et puis il y avait deux lignes honnêtement qui l'antiracisme et qui traverse le féminisme une ligne plutôt universaliste qui croit justement à la force de la conviction qui croit qu'il faut dénoncer tout ça mais en même temps qu'on peut continuer à croire à la présomption d'innocence et puis il y avait une ligne très identitaire très victimaire qu'on appellew qui considère que même douter des fois des faits pas de la parole de la victime mais juste des faits ou simplement hésiter avant d'annuler socialement quelqu'un c'est déjà une trahison et ces deux liges se sont affronté à l'occasion d'une accusation que vous racontez à TR une soirée inro une accosition in nu c'est que c'est une soirée où il y a 20 personnes autour d'un buffet dans la même pièce tous des militants féministes où il y a une productrice féministe celle de de Virgine dépante qui est très engagée quelqu'un de formidable qui a une petite altercation avec une une autre militante de ce collectif NADH bossondiane une comédienne enfin qui n'est pas d'ailleurs elle administratrice à propos de de fumer elle lui dit en gros tu pourrais éviter de fumer parce que tu sais que tel est asmatique va fumer dans la dans la cour et comme c'était déjà très tendu pour plein d'autres raisons cette productrice lui dit tu vas te détendre ça va aller et elle a un geste qui accompagne cette phrase furtif h que personne n'a vu donc personne n'est d'accord sur quel est ce geste est-ce que c'est sur la cuisse est-ce que c'est un geste mais furtif cette comédienne qui a vécu un traumatisse dans son enfance qui est traitée par muuriel Salmona qui parle qui qui a qui a qui a sans doute des raisons de de revivre parfois des moments durs a porortter plainte pour agression sexuelle cette productrice a passé 72 Hees en garde à vue dans des conditions terribles moi j'ai lu les PV la façon dont est traité on dirait que c'est c'est pas rvé westein on dirait que c'est du trou h et elle a passé 1 an à perdre 6 kg à perdre des amis à être traité de violeuse et quand dans l'association il y a eu une assemblée générale pour se dire attendez c'était pas une agression c'est c'est un malentendu les gens du je te crois absolu ont intimidé silencé quasiment arracher le micro vilipander des gens comme Agnès Jaoui comme moi on a failli franchement on est sorti de là très ébranlé moi j'ai pas mangé pendant 2 jours tellement j'avais jamais vu un truc aussi violent en refusant qu'on s'interroge même sur les faits et elles ont annulé cette femme du jour au lendemain en disant on ne peut pas remettre en cause le je te croix c'est pour ça que je préfère je t'écoute sur ce je te crois certains vous répondront qu'après tant d'années tant de décennies où les femmes n'ont pas été entendu c'est au fond un retour de balancier qui peut-être parfois violent difficile à vivre mais qui est nécessaire qu'est-ce que vous répondez à cette à cet argument c'est au fond la question que je poséis en introduction est-ce qu'on peut faire une révolution sans sans casser des ufs est-ce que ce n'est pas une forme de mal nécessaire alors un là en l'occurrence on est en train de briser des des femmes et des hommes et de plus en plus de femmes des hommes gay aussi où l'homophobie se mêle des fois à la fausse dénonciation ouis donc moi je suis pour la révolution je serai jamais pour la terreur je suis plus Émile Zola que Robespierre donc je pense on peut défendre la Révolution et considérer que c'est aussi notre devoir justement parce qu'on y croit de protéger ceux qui n'y sont pour rien et qui sont emportés dans ce tourbillon et et vous connaissez aussi les chiffres une immense majorité de viol d'agression sexuelle ne n'aboutissent pas sur des plaintes n'aboutissent pas sur des Contin vous me le dites à moi je le dis dans mon livre je je connais ces chiffres comme féministe je veux aussi les améliorer le fait que la parole se libère ça fait aussi qu'il y a de plus en plus de plaines parfois pour des pour des est prescrit donc c'est normal que le taux reste très élevé mais je le regrette j'aimerais que la justice passe plus qu'elle passe plus souvent je veux continuer à ce queer à soutenir la parole des victimes mais quand on dit préférons je t'écoute à un je te crois absolu évidemment que j'ai conscience que je sais bien d'où il vient ce je te crois et moi aussi je fais partie de celles qui ont longtemps dit il faut pas remettre en cause la parole des victimes et je ne la remets pas en cause on écoute toujours les victimes de toute façon une dénonciation elle ne vient jamais nulle part elle peut-être déplacée elle peut-être provoquée par par une mémoire traumatique elle peut-être exagérée mais elle ne vient jamais de nulle part je suis arrivé à la conclusion qu'on ne pouvait pas en tout cas condamner quelqu'un à la moindre accusation parce que malheureusement après Mitou beaucoup plus qu'avant Mitou il existe des situations où effectivement il y a des dénonciations exagérées ou déplacées et que pour ces cas-là et pour ne pas salir Mitou pardon parce que je sais bien que c'est quelque chose qui est un qui est difficile à comprendre pour ceux qui qui le vivent et qui et qui dont le métier n'est pas d'essayer d'enti mon métier à moi c'est d'essayer d'anticiper les retours de bâton oui parce qu'au fond Caroline vous étiez sur France interre cette semaine et une auditrice vous a interpellé en disant je cite de mémoire en substance ce que vous dites là m'est insupportable parce que cette auditrice avait elle-même été victime ça c'est vrai que c'est quelque chose aussi l'opposition entre le ressenti de ces victimes et le discours qui est le vôre qui peut être difficile à entendre comment est-ce qu'on on résout cette cette opposition là d'abord il y a une responsabilité journalistique à mettre sur le même plan le ressenti et le et le désir de réflexion parce que si vous voulez on est on est sur des niveaux qui qui qui ne peuvent pas être en désaccord ils ne sont juste pas sur le même niveau moi je respecte tous les ressentis je respecte toutes les vous imaginez ce que ça m'a fait enfin c'est la première fois de ma vie que je suis sortie d'un plateau de télé les larmes aux yeux et croyez-moi j'en ai traversé dans ma vie hein j'ai eu les islamistes j'ai eu l'extrême droite je me suis fait tabasser je me suis fait menacer de mort j'ai vécu sous protection policière franchement j'en ai vécu des choses dans ma vie je suis assez solide j'ai le dos large mais qu'une victime qui n'a pas lu mon livre qui ne sait pas du tout ce que je dis dedans décide soit parce qu'elle est influencée par parce queil y a aussi des gens oui que je que je peux critiquer dans ce livre qui ont des fans et qui les fanatisent peut aussi être légitimement ou alors personnellement pouro justement qu'est-ce qui lui fait dire à quel moment enfin là il y a une responsabilité journalistique qu'est-ce qui lui fait dire que de demander à ne pas faire des victimes c'est étouffer d'autres victimes et alors lesquelles sont prioritaires c'est que c'est juste pas la question moi j'ai jamais demandé à des victimes d'arrêter de parler le ressenti je le comprends mon parcours je étale pas non plus totalement mais bon moi aussi j'ai dénoncé des agresseurs moi aussi j'ai accompagné des gens ce dans ce dans ce parcours là on est dans une société où la tyrannie de l'émotion empêche la réflexion et franchement c'est comme ça qu'on défait une société démocratique et je préfère qu'on ait un débat calme posé et je souhaite l'avoir je souhaite l'avoir avec tous ceux avec toutes seul qui veulent bien réfléchir j'ai pas de débat à voir sur l'émotion j'ai un débat à voir sur la raison tous ceux et celles qui veulent réfléchir à comment on protège Mitou de ces opportunistes de ceux qui l'instrumentalisent de ceux qui le mettent à toutes les sauces pour régler des comptes dégager prendre des postes euh moi je laisserai pas faire comme féministe j'en peux plus ça fait 7 ans que je vois des féministes politiques partisanes à indignation variable essayer de dégager alors faire des Mitou quand ça s dans le camp d'en face mais jamais quand c'est chez elle parfois si c'est vrai des fois qu'elles ont l'honnêteté où je vois des comédiennes que je respecte mais qui passe du statut de victime au statut de procureur sans la moindre mesure vous pensez à qui à Judit GARCH je pense à au parcours d'une Adel nelle par exemple que moi j'ai adoré comme comédienne dont j'ai respecté la parole sur Christophe rouia je pense que c'était très nécessaire ce qu'elle a dit sur Rouja et parce qu'elle a raconté un système souscouvert de de de cinéma souscouvert de metteur en scène on essaie de jouer le PIG Malion et on grignote chaque jour un centimètre sur le consentement d'une mineure tout ça était nécessaire quand elle est passer au au rôle de procureur avec une association autour d'elle qui est révolution permanente qui est une révolution j'ai pas le temps de présenter ici mais j'en parle dans mon livre extrêmement radicale extrêmement sectaire elle est devenue pardon la marionnette d'une organisation de procureurs qui qui est aveuglé par la vengeance la révolution anticapitaliste qui décide aussi quand est-ce qu'on dénonce des viols c'est si le violeur est racisé non c'est pas notre sujet les viols du Hamas par exemple ah bah non ça c'est de la résistance on les dénonce pas c'est un vrai problème de faire ça au nom du féminisme et Judith gedrj euh elle parce que là pour vous dire les choses ça peut interpeller on a suivi euh euh la façon dont Judi Garh a effectivement raconté ce qu'elle avait vécu j'ai soutenu beaucoup avec le réalisateur Benoît Jaco et au fond quand on lit ce livre vous avez le sentiment que ce n'est pas la meilleure des porte-paroles pour porter cette cette cause- là c'est c'est pas ce que je dis moi j'ai beaucoup accompagné soutenu enfin je l'ai dit sur des plateaux à quel point j'ai trouvé aussi émouvant la façon don jeud gr s'est réapproprié le récit de ces premières années euh j'ai partagé avec elle j'ai été émue quand elle raconte ce qu'elle a ressenti en découvrant le discours de Benoît Jaco sur son désir à elle qu'il a visiblement voulu confondre ce désir de cinéma qu'il a voulu confondre avec un désir pour lui elle a été mariée avec lui pendant 6 ans euh elle ouvre un débat qui est passionnant et moi que j'ai envie d'ouvrir avec elle moi c'est une main tendue pour en dialoguer c'est pas c'est pas du tout une une mise à l'index je dis juste allons au bout du débat parce que je pense qu'il est encore plus profond que ça quand elle par exemple elle passe elle devient procureur de toute la famille du cinéma et qu'elle met en cause toutes les personnes qui n'ont pas qui ne sont pas intervenus j'essaie de me mettre à la place des gens de l'époque je n'étais pas moi je détestais les films de Jaco quand la jeune fille de 15 ans sort j'ai à peu près 15 ans aussi et je suis en train de me battre moi-même avec des prédateurs dans mon pas loin de moi et je déteste ce film parce que j'estime qu'il me met en danger donc je déteste cette iconographie de femme enfant je l' cré dans le livre mais qu'est-ce que pouvaient faire les gens autour d'elle est-ce qu'ils pouvaient la divorcer de force est-ce qu'il pouvait lui interdire de tourner de force c'est plus compliqué vous comprenez bien surtout qu'à l'époque elle disait être très heureuse et je vais plus loin qu'elle en fait en féministme aujourd'hui un phénomène d'emprise mais moi ce qui m'intéresse c'est que je voudrais qu'on entende plutôt que de se contenter de dire c'est la faute du cinéma non non mais il y a pas de il y a pas de jeune fille de 14 ans qui rentent dans ce milieu et qui visent ce qu'elle a vécu sans une responsabilité parentale pardon c'est le père qui signe les décharges pour qu'elle puisse vivre tout ça c'est le père qui va draguer des jeunes filles de son âge en lui disant tu peux devenir comme Judit donc j'interroge moi la racine pédocriminelle derrière tout ça et ça peut-être que ça fait pas plaisir mais je pense que ce débat est profond je voudrais qu'on on dise un mot sur une actualité qui a raisonné avec votre livre c'est ce qui est arrivé à Ibrahim malouf trompétiste franc-libanais accusé d'agression sexuelle puis relaxé il a été écarté du festival du du du du jury du Festival de daauville malgré sa relaxe car a été invoqué par ce jury un malaise c'est le mot qui a été utilisé euh est-ce que ça c'est un problème que qu'une décision de justice ne suffise pas au fond à convaincre tout un chacun de l'innocence d'Ibrahim malouf ou est-ce que vous comprenez le malaise de certains face au fait c'est-à-dire ce baiser qui a eu lieu avec une jeune fille même si il faut le dire et on le redit qu'il a été relaxé par la justice en appel mais là aussi il faut aller plus loin et on a rarement le temps dans les médias moi il y a des relaxes il y a des relaxes effectivement de violeurs ou de présumés violeurs qui vont pas me rassurer c'est dire que il y a beaucoup beaucoup de violeurs qui échappent à la justice et qui arrive à s'en sortir en l'occurrence si moi j'estime qu'il n'est pas juste de désinviter Ibrahim malouf après l'avoir invité au nom d'un malaise réputationnel qui est un peu lâche au fond hein on protège nos sponsors nos partenaires notre réputation puis on évite de se poser des questions mais non on est là pour se poser des questions parce que c'est très violent de désinviter quelqu'un c'est une deuxième sentence sociale après ce qu'il a traversé moi c'est la lecture de la cour d'appel qui m'a convaincu ouais qu'Ibrahim malouf ne méritait pas cette cette double sanction il y a eu un baiser et quand ça a été présenté sur ce plate Benjamin vous le savez ça a été présenté très succintement quand on le fait dans les médias il a il a il a il a logiquement mal vécu et je le comprends parce que si on peut considérer qu'il est responsable en étant un adulte qui prend une stagiaire de 14 ans et qu'il a sûrement pas mis assez de barrière pour qu'arrive se baiser quand vous lisez l'instruction il n'est pas clair de qui est à l'origine de se baiser il y a des des extraits du journau de la de la jeune accusatrice qui d'ailleurs voulait pas aller au procès ce sont plutôt ses parents qui se sont inquiétés et on les comprend en fait personne n'est complement responsable de cet enfer c'est c'est c'est aussi la complexité des relations humaines on a une jeune fille de 14 ans qui se cherche qui a vécu un amour très compliqué avant qui s'attribue plus ou moins l'initiative de se baiser dans son dans ses journaux intimes mais moi ce qui m'intéresse c'est la réaction d'Ibrahim malouf ensuite c'est-à-dire que il réagit il appelle son équipe le lendemain il a une session particulière avec cette jeune élève et son équipe lui dit ne soit plus jamais seul avec elle il invite au dernier moment une deuxième élève pour ne pas être seul avec elle et c'est ce qui d'ailleurs a permis à l'enquête et à l'instruction d'établir que l'autre accusation de cette jeune fille ne pouvait pas être possible matériellement elle était impossible parce que justement il y a trop de témoins qui ont été qui on qui étit dans la pièce donc si une fois qu'on a des éléments des textaux des éléments d'agenda de journaux intimes une instruction très fouillé qui vous dit on a quelqu'un qui s'est peut-être retrouvé dans une situation qui lui a échappé il s'en excuse lui-même trouve que c'était nausé à bon et lui-même trouve qu'il aurait dû mettre des barrières mais si quelqu'un prend des mesures pour que pas cette situation n'aille pas plus loin il trava vers 6 ans d'enfer judiciaire et qu'après on continue à le condamner socialement on rajoute de l'injustice à à l'injustice vous voyez ce que je veux dire moi je suis féministe mais je suis pour un féminisme de l'anti pouvoir du contrepouvoir je pense je pense qu'on peut être féministe et juste je crois vraiment que c'est possible encore deux questions avec vous Caroline forest la première sur la réception de votre livre je le disais il a été critiqué par certains notamment par par méiaap part que vous prenez pour cible à plusieurs reprises je vais lire une phrase que que vous érivit en France le procureur médiatique Mitou le plus actif Médiapart vient de la gauche radicale et il choisit ses cibles en fonction de l'appétit de son public qui aime surtout croquer du people et du puissant blanc ou juif moins musulman voilà ce que vous écrivez dans votre livre Mediapart qui vous a répondu en dénonçant des des mensonges est-ce que vous vous maintenez les reproches à l'égard de de Mediapart c'est marrant parce que je je revis avec mediap part d'abord c'est normal que méiaap n'aime pas mon livre Le le contraire me réinquiété parce qu'effectivement ça fait partie des gens que je rends responsable de de l'instrumentalisation De Mitou et puis ça fait très longtemps qu'on a des désaccords AC mapart journalistique sur le fond mais là en fait ce qui est amusant c'est que la façon dont il répondent à Mon livre c'est exactement la même les mêmes techniques de propagande que les professionnels reconnaîtront peut-être pas les non professionnels que celle utilisée par Tarick Ramadan au moment de mon livre où je le mettais en cause c'est je le mettais en cause en démontrant très très longuement son double discours son appartenance à la confrerie des Frères musulmans lui a répondu c'est une menteuse d'ailleurs elle s'est Tromp Tromp sur la durée de train entre Paris et Genève bon mdiapart me fait pareil il m'accuse de mensonge en niant que Edou plinel a fait des conférences avec Taric Ramadan qu'il y a eu effectivement une une tendresse à l'égard de ce prédicateur qui fait par exemple ils me disent oui mais on a fait autant on a fait autant de billets voire plus sur tarry crramadan que sur Gérard de pardieu mais c'est pas ce que je le reproche je sais bien qu'ils ont fini par traiter le car Ramadan contraint et forcé une fois que des femmes ont eu le courage de parler mais ils ne l'ont pas fait comme ils l'ont fait pour Jard de pardieu ils n'ont pas eux-mêmes fait une enquête sur terre et Ramadan sur ce point-là d'ailleurs quand quand des femmes ont osé l'accuser après des années de silence jadeline gar de méiaapart est allé dire sur des plateaux que l'éch médiatique donné à ses plaintes relevé d'une d'une crise d'islamophobie en France mais il y a des dizaines et des dizaines de victimes auquelles à qui moi j'ai parlé qui n'ont jamais osé aller jusqu'au procès je peux vous dire que si méiaap part c'était emparé de ce sujet-là de ce dossier-là comme il l'a fait pour des acteurs pour des réalisateurs pour des faits beaucoup moins graves ça n'aurait pas du tout eu la même prop part dit par exemple que vous reprochez un journaliste de ne pas lui avoir répondu enfin qui ne vous ait pas contacté dans ce livre alors même que Mia part fournit la preuve que il y a eu une réponse ce texto mais voyez la différence entre moi et médiap c'est que ça fait 2 mois qu'ils ont un droit de réponse de ma part pour des choses fausses qu'ils ont écrit sur moi factuellement fausses ils ne le corrigeront jamais moi ce texto je suis très honnête quand je me trompe sur un point je le dis donc je ici je je le reconnais donc cette phrase elle est déjà plus dans la deuxième version qui est réimprimée mais ça change mais ça change pas du tout le fond du dossier auquel il ne répondent pas parce que en l'occurrence ce journaliste qui a été chargé de faire une enquête sur Tark Ramadan m'avait attaqué depuis déjà des années pour mes travaux d'alerte sur Tark Ramadan et quand je lui réponds par texto mais vous avez qu'à cité mon livit vous avez qu'à référé mon travail et bien non mon travail il était là pour le désinguer et c'est ce qu'il a c'est ce qu'il a fait toute sa vie mais encore une fois le fond c'est pas ça le fond de mon reproche à Médiapart c'est de dire on a commencé avec des pied comme sur Gérard pardieu que je trouve utile fouiller avec beaucoup de témoignages sur des faits graves qui nécessitent franchement une prise de conscience du métier on a commencé avec l'affaire wistein et on se retrouve aujourd'hui avec des papiers sur éeddouard Bert sur l'ancien directeur du festival de daauville sur Philippe Garrel où une actrice dit de Philippe Garrel ah benah on a tourné un film ensemble et il s'est rien passé j'ai pu travailler sans problème et quand j'ai voulu faire un second projet il m'a dit qu'il avait besoin d'être amoureux il s'est évanoui en disant tiens-moi la main je me sens pas bien j'ai trouvé ça grossier je l'ai foutu à la porte et voilà Mitou c'est vraiment un C Mitou ça est-ce que c'est un camitou à mettre sur le même plan que laffire winstetin ils ne les mettent pas forcément sur le même plan mais vous êtes en droit de considérer que ces enquêtes ne sont pas suffisamment carctéris je suis pas la seule dans le métier à penser que mediaapart a des méthodes journalistiques qui mérite d'être interrogé je suis peut-être la seule à oser le dire et je prendrai les coups qu'il faut prendre parce que j'ai l'habitude et parce que je pense que je suis une des seules qui est capable de les prendre j'ai j'ai j'ai l'habitude qu'il me les donne mais je je sais le nombre de journalistes qui pensent comme moi une toute dernière question en Caroline Fourest sur le le procès qui bouleverse le monde entier celui des viols de Maan hier un peu partout en France des rassemblements ont eu lieu en soutien à Giselle pelic la victime pour rendre hommage à son courage de témoigner que l'audience ne se tien pas à H clos mais mais en public qu'est-ce qui vous a frappé dans cette affaire est-ce que c'est le le courage de la victime est-ce que c'est le le profil des accusés on voit bien qu'il n'y a pas d'archétype de de de violeur présum mais est-ce que ce sont les mots de l'avocat de la défense qui a eu cette phrase qui a choqué beaucoup de personnes il y a viol et viol qu'est-ce qui vous a frappé dans ce dans dans ce procès tout est tout est tout est tristement passionnant dans dans ce procès la dignité de la victime vous l'avez dit elle est incroyable incroyable d'accepter que ce ne soit pas un hclos pour que ça serve de pédagogie parce que je pense justement que ça c'est ce genre de moment où on peut faire prendre conscience que c'est tous les milieux et qu' a une grande remise en question il y a la question aussi de effectivement qu'un avocat de la défense j'ai détesté ce qu'il a dit parce que mais c'est un avocat de la défense imaginez que on qu'on puisse penser que des hommes s'en sortent en invoquant le fait qu'ils étaient convaincus qu'elle était complice pardon quand on agresse un corps qui est inconscient c'est bien qu'on ne lui a pas demandé son consentement et si on l'a demandé à son mari c'est bien qu'il y a un problème donc j'espère bien que la justice passera mais dans les bienfaits De Mitou je n'imagine même pas le contraire en réalité mais dans les bienfaits De Mitou on a aussi le travail fait par la police par la justice c'est-à-dire que quand ils interpellent monsieur pic mais vraiment c'est l'exemple typique des bienfaits mais pas que dem tout du féminisme des années de pédagogie quand ils interpellent un délinquant sexuel qui fait des photos dans des cabines d'essayage il y a 20 ans moi je pense qu'un policier aurait dit e c'est pas bien mon coco vas-y circuz il y a rien à voir là ils l'ont arrêté ils sont allés voir dans son ordinateur et c'est ce qui permet de découvrir l'horreur et ce qui se passe derrière et ce qui se passe derrière c'est des hommes de tous les milieux de toutes origines contrairement à ce qu'essaie de faire croire l'extrême droite qui sont capables de faire ça merci beaucoup Caroline F d'avoir été l'invité de C pasatou les jour dimanch je rappelle votre livre le vertige mit tout aux éditions grassa c'est nuancé et c'est passionnant et vous avez eu l'occasion sur ce plateau effectivement de de prendre le temps d'expliquer ce que vous vouliez dire merci beaucoup Caroline forest c'est tout