Sommet Sport pour le Développement durable au Louvre : le discours d'Emmanuel Macron.

Mesdames et Messieurs les membres du Comité International Olympique, membres du mouvement sportif, Mesdames et Messieurs, en vos grades et qualités. Je salue évidemment aussi les directrices et directeurs d'organisations internationales présents dans cette salle. D'abord, merci pour votre temps et votre présence aujourd'hui à l'orée de ces Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Prendre le temps, de manière inédite en effet, d'avoir ce moment de diplomatie et d'actions et ensemble autour du sport, de pouvoir essayer de travailler à faire progresser notre agenda commun. Merci Monsieur le Président, pour les mots que vous venez d'avoir. Je ne saurais trop partager votre point de vue sur la nécessaire réforme de la gouvernance internationale, de son financement, d'une lutte plus efficace contre les inégalités, d'avoir une taxation internationale réelle, d'avoir aussi un changement de la gouvernance des enceintes de l'ONU au FMI en passant par la Banque mondiale. C'est au coeur de ce Pacte de Paris pour les peuples et la planète que nous avons lancé il y a de cela un an. Beaucoup d'entre vous étaient déjà là et vous l'avez co-conçu et faites partie de sa gouvernance. Et donc c'est cet agenda que nous devons maintenant faire progresser en termes réels. Alors nous voilà donc avant ces Jeux, je veux vous dire l'immense fierté. Je sais que Tony s'est exprimé tout à l'heure, l'immense fierté qui est la nôtre, parce qu'il y a sept ans, on était avec Tony, la maire de Paris, la présidente de la Région, les élus, les services de l'État, pour convaincre le CIO de nous confier la responsabilité de ces Jeux. Et je veux à nouveau les remercier pour leur confiance. Et je crois qu'à travers ce Sommet, vous faites collectivement œuvre utile pour faire avancer en effet, l'agenda qui est le nôtre. Le CIO fait partie, aux côtés des organisations internationales ici présentes et évidemment des Nations Unies et de toutes les organisations qui en dépendent, d'un corps de doctrine, mais aussi d'organisations dont la raison d'être est l'universalisme, c'est-à-dire précisément de bâtir autour de ce qui nous dépasse, des ponts, des actions utiles pour lutter contre ce qui serait une fragmentation du monde De l'éducation à la culture, en passant par les sujets économiques et financiers de la paix et de la guerre jusqu'au sport, il y a cette unité à travers ces organisations. L'universalisme des Jeux justifie un Sommet, en effet, Sport pour le Développement durable. À l'occasion de ce Sommet, tous ici ont souscrit, donc, à ces dix engagements et je vous en félicite et je remercie le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, l'Agence française de développement et l'ensemble des partenaires, et vous tous avez donc contribué à ces dix engagements pour le sport et les objectifs de développement durable Cet agenda onusien va permettre de manière très concrète de continuer à avancer en mobilisant plusieurs initiatives. Je veux remercier aussi les grandes organisations qui se sont engagées derrière les pays, mais aussi les mouvements sportifs. Les quelques mots que je voulais rajouter, au-delà de ce que vous avez déjà ici décidé, la grande mobilisation qui s'est jouée, c'est au fond vous dire qu'il y a, à mes yeux, une espèce de croisement et un agenda qui se structurent autour du sport, de l'éducation et de la santé, et que c'est dans ce croisement qu'on peut vraiment développer des synergies entre les choses qui existent déjà et être beaucoup plus efficaces dans les pays européens et occidentaux, mais pour lutter aussi contre les inégalités que vous avez décrites. Le sport d'abord, parce que c'est un objectif en soi. Vous l'avez parfaitement décrit. C'est un objectif pour notre jeunesse. C'est un objectif pour améliorer la qualité de vie. C'est un objectif parce qu'il fait partager des expériences. On va le vivre à travers ces Jeux Olympiques et Paralympiques, et donc continuer de développer des infrastructures sportives et d'investir dans le sport, et la formation est absolument clé. C'est ce que nous avons fait en France avec le ministère mais aussi le Comité national olympique, à travers en particulier 5 000 terrains de sport qu'on a développés. Ça fera partie de l'héritage des Jeux, au-delà des infrastructures dédiées et 5 000 nouveaux terrains qu'on est en train de faire pour le sport et le parasport. Et je veux vraiment remercier ici la FIFA, la NBA, parce que vous vous êtes engagés depuis 2018 à nos côtés, aux côtés de la France et de l'AFD, pour tout un programme. On avait lancé ensemble en Côte d'Ivoire, par exemple, un grand programme de création de sport et vous vous êtes engagés sur des créations supplémentaires, et donc merci pour cela, et j'invite vraiment l'ensemble des fédérations sportives à continuer à engager ce mouvement et à aller plus loin, parce qu'il faut créer partout où ces infrastructures n'existent pas, des infrastructures sportives pour permettre à nos jeunes de faire du sport. Nous avons encore beaucoup de quartiers où il faut le faire, mais des piscines en passant par les dojos, les terrains de football, les terrains de basket-ball, c'est absolument clé pour permettre l'accessibilité du sport et le développement de celui-ci. Cet objectif, il faut le poursuivre. Il faut aller beaucoup plus fort, beaucoup plus vite. Il est clé. En même temps, il faut aider le continent africain, pacifique, latino-américain à développer davantage d'infrastructures pour les grands événements. C'est ce qui a été fait par le président Kagame de manière extraordinaire ces dernières années. J'ai pu le voir moi-même autour des compétitions de basket-ball à ses côtés. Il faut que la communauté internationale soit dans ces financements aux côtés des pays qui veulent justement prendre ce virage. Et les Jeux que vous allez organiser en 2026, président, seront, je pense, pour votre pays, mais pour toute la région, une occasion formidable d'aller dans ce sens. Au-delà du sport lui-même, des infrastructures, il y a évidemment la formation des sportifs, leur accompagnement, ce qu'on fait avec les différents mouvements sportifs. Et il nous faut poursuivre cet agenda. Le deuxième élément, c'est le sport et l'éducation, parce qu'en effet, avec le sport, on redonne confiance, on apprend mieux à l'école. C'est exactement ce qu'on a fait ces dernières années grâce aux Jeux en France, et j'essaie de vous dire à chaque fois que ce qu'on fait pour nous, on l'applique aux autres, ce qui me semble être une manière juste d'établir un partenariat harmonieux et respectueux, et c'est comme ça qu'on mène notre diplomatie. En effet, depuis qu'on a obtenu les Jeux, on a développé beaucoup plus le sport à l'école. En France, le sport était très présent grâce au mouvement sportif, aux associations, au mouvements professionnel aussi. On a, ces dernières années, mis 30 minutes de sport obligatoires à l'école, maintenant 2 heures supplémentaires au collège et développé aussi une formation des maîtres beaucoup plus forte en la matière, parce qu'on a vu combien, en s'inspirant de plusieurs modèles, finlandais ou autres, le sport à l'école était bon pour apprendre, donner de la confiance, améliorer la qualité de l'apprentissage et était bon pour la santé à l'école. Il nous faut continuer d'investir et d'aider les systèmes éducatifs partout à travers le monde pour aller en ce sens. C'est absolument clé de continuer et de faire du sport un levier aussi de l'inclusion vers l'éducation et vers l'emploi. Je salue des associations comme Sport dans la Ville et d'autres qui, en France et à l'international, on était ensemble au Brésil pour mener, avec Raí et d'autres, de telles initiatives. Par le sport, on ramène des jeunes qui avaient quitté l'école vers l'apprentissage. Par le sport, on apprend mieux. Par le sport, on ramène aussi des jeunes vers l'emploi et donc c'est un agenda formidable d'éducation, d'employabilité. Et c'est aussi pour ça, je souscris totalement à ce que vous avez dit, président. C'est dans le sport qu'on doit encore être plus exemplaire sur les valeurs qu'on met au cœur de notre éducation. C'est pourquoi l'effort qui est fait par le CIO et je vous en remercie, par les fédérations ici présentes et que nous démultiplions dans chacun de nos pays, et on l'a fait beaucoup ces dernières années en France, nous ne devons pas le relâcher et j'invite tous les pays présents à le faire et à redoubler d'efforts. Dans le sport, il n'y a aucune place, ni pour le racisme, ni pour l'antisémitisme, ni pour quelque discrimination de genre ou quoi que ce soit. Il n'y a pas de haine dans le sport, il n'y a pas de discrimination qui se justifie dans le sport, ni parmi les sportifs, ni chez ceux qui les forment, ni dans le public. Jamais. Le dernier point, c'est la santé. Évidemment, le sport est un formidable levier en matière de santé et je veux saluer ici tout le travail qui est fait par les organisations internationales ici présentes. Il l'est à plusieurs égards et, là aussi, il est au croisement de plusieurs initiatives que nous structurons entre sport et objectifs du développement durable. D'abord, parce que c'est un instrument de prévention et je le dis parce que l'une des pires épidémies que nous connaissons, en particulier dans les économies les plus développées, c'est l'obésité. L'obésité des jeunes, qui a encore augmenté au sortir de la pandémie, la meilleure manière de la prévenir, c'est la pratique sportive dès le plus jeune âge, la pratique quotidienne et le développement de celle-ci. Donc, le sport est l'instrument de prévention le moins coûteux et le plus vertueux dans notre pays pour éviter justement cette pandémie d'obésité. L'autre point, c'est que par la pratique sportive, on détecte, on repère aussi beaucoup de problèmes de santé qu'on ne verrait pas en dehors de cela. C'est un instrument, un levier de prévention, absolument extraordinaire. Là, je remercie tous les éducateurs, les coachs, tous les bénévoles, qui font ce travail et que nous devons accompagner et aider à financer. Mais c'est là aussi que sport et alimentation et santé se recroisent et c'est pourquoi je veux saluer tout le travail qui est fait à ce titre par le Programme alimentaire mondial, tout ce que nous faisons autour de Nutrition for Growth et je sais que ça vous a été présenté plus tôt, et nous l'accueillerons en mars prochain en France, et tout le travail qu'on a fait en France dans cette direction pour que des jeunes, à l'école et avec leur club, puissent avoir un repas correct. On a fait tout ce travail autour des cantines, la cantine à 1 euro, le petit déjeuner gratuit. Tout ce qu'on est en train d'élaborer à travers le sport doit aller en ce sens, améliorer la qualité de l'alimentation de nos enfants. Permettre de mieux les nourrir est absolument clé. Toute la transformation qu'on est en train de faire va dans cette direction. Voilà, je ne veux pas aller plus loin et être plus long parce que vous avez déjà, je le sais, beaucoup travaillé et discuté mais je voulais insister sur ces différents éléments : le sport pour lui-même, le sport et l'éducation, le sport et la santé, parce que c'est un agenda de développement sur lequel la coopération entre les États, gouvernements, les organisations internationales et de l'OMS à l'UNESCO, en passant par le PAM et tant d'autres avec le CIO, c'est la synergie de nos actions qui est clé. Tout ce qu'on peut faire avec le mouvement sportif en ce sens est absolument fondamental. Je voulais vous remercier de votre mobilisation. Les Jeux sont un moment de mettre en lumière ce qui est fait, de lancer de nouvelles initiatives, ce que nous sommes en train de faire. Merci aussi pour tous les financements qui sont mobilisés pour le continent africain, le continent latino-américain et pacifique en ce sens. Et je vous remercie pour l'engagement de chaque jour dans cette direction. Ces Jeux, c'est pour nous une immense fierté. On va les vivre tous ensemble à partir de demain, le long de la Seine, puis à travers toutes les épreuves. Je souhaite le meilleur au Sénégal et à la jeunesse pour 2026 et le meilleur, évidemment, pour nos amis américains dans quatre ans. Je sais que ça va continuer à monter, Casey, et que vous serez prêts aussi. En tout cas, on vous donnera le flambeau dans quelques semaines. En tout cas, je voulais vous dire que je comptais sur votre mobilisation à toutes et tous. Toutes les fédérations, tous les acteurs ici présents, nous serons là et nous continuerons à faire vivre les dix engagements qui ont été pris aujourd'hui. En remerciant à nouveau le CIO, je veux vous souhaiter des formidables Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024, en France. Vive les Jeux !