Les datas dans la mêlée | Le code a changé | ARTE

j'aime le sport enfin j'avoue surtout le regarder à la télévision et depuis quelques temps je constate une chose il y a de plus en plus de statistiques dans le football dans le tennis le rugby on compte les kilomètres parcourus le nombre d'occasions où le joueur aurait éventuellement pu marquer et évidemment les fameuses palettes graphiques le français est toujours autant présent statistiquement mais se sent mieux depuis l'installation du 423 récemment B retrouve un peu plus ce côté gauche qui l'affectionne tant comme le montre s map de mardi au bout d'un moment tous ces chiffres ça a fini par m'interroger d'autant qu'ils sont la part visible d'un mouvement de fond qui consiste à intégrer de plus en plus de spécialistes de données parmi les techniciens qui préparent les équipe qu'est-ce que ça raconte du sport moderne est-ce que c'est encore du sport quand tout est transformé en données tout est analysé et modélisé je suis allé voir Jérémy cheradam l'un des Data scientist des équipes de France de rugby à marcousi lieu d'entraînement du rugby français lui il est exactement à l'intersection de tout ce qui m'intéresse c'est lui avec son équipe qui recueille et analyse les données qui vont servir au staff des équipes de France de Rubby et j'ai commencé par lui demander de quelle données on parlait et avec quels outils il les recueillait on a plein de sources multiples un peu de de données donc notamment ces fameux GPS qui sont des petites balises que les joueurs vont porter à chaque entraînement et chaque match donc dans une brassière ces boîtiersl vont permettre de centraliser beaucoup d'informations du coup de déplacement de vitesse d'accélération de charge mécanique même de contact aussi que le que le joueur a pu subir et on a aussi le ballon connecté il va fonctionner avec une puce qui va être situé à l'intérieur du coup du ballon et qui va permettre d'avoir des informations en terme de niveau de rotation de vitesse de déplacement de hauteur de déplacement et le protègeedent et le protègeedent justement c'est la la dernière innovation aussi où là donc on a différents capteurs qui sont situés ici et qui n permettent d'avoir des données notamment de contact de déplacement donc des données de vitesse linéaire après en parallèle de ça on va avir d'autres données donc des données chronométrées des données d'hydratation de vitesse de déplacement de de barre on peut aussi avoir des des données cardioofréqu transm bon c'est colossal j'avoue que j'imaginais pas ça parce que ça paraît très loin de ce qu'on voit en tant que spectateur et même de ce qu'on éprouve quand on fait du sport il làdedans une forme de froideur qui correspond font mal à ce que le sport véhicule d'accident et d'émotion voà il y a du mouvement un peu de partout de la désorganisation défensiveou qui offre la victoire bonifi à l'équipe de France mais tout ça ça ne nous dit pas à quoi elle servent concrètement par exemple celle qui concerne un joueur en particulier ça va le permettre de définir déjà à l'entraînement est-ce qu'il va participer de manière globale à tout l'entraînement est-ce qu'on va l'aménager sur une certaine partie et pareil après en match est-ce que il faut mieux le mettre en tant que titulaire ou en tant que finisseur à la fin pour faire la la fin de match qui est tout aussi importante tous ces éléments là encore une fois vont être pas forcément de manière univarié une seule décision par rapport à un événement mais en prenant et en considérant un peu tout ça c'est là où où les coachs vont vont vont prendre leur décision justement donc on peut avoir toutes les données sur un joueur et en effet on voit bien comment ça permet d'objectiver les performances hein est-ce qu'elles sont meilleures s'il jouent 60 minutes ou s'il nentre que dans les 20 dernières bah les chiffres le disent est-ce qu'il est plus efficace contre des équipes qui portent beaucoup de ballon ou plus volontiers au pied les chiffres le disent et pour le staff ça doit être pratique de se reposer sur ce genre de certitude mais bon le sport c'est aussi du mental hein une personne se décourage plus vite qu'une autre par exemple et ça j'imagine que ça échappe à la quantification justement il y a il y a un projet de recherche qu'on qu'on qu'on a mené aussi là-dessus où en gros de par le tracking vidéo en fait on a un moyen d'essayer d'objectiver justement des attitudes des attitude comme le fait que le joueur ait les mains sur les hanches ou qu'ils aient les mains sur les genoux qui permet du coup d'objectiver un peu comment est le le joueur à certains instants du du match mais de manière générale au final on essaie de quantifier et surtout d'analyser au-delà de toujours quantifier d'analyser un peu ce comportement collectif cette préparation mentale avec notamment des bulles de respiration parti des moments la fameuse respiration collective où on doit reprendre faire redescendre le rythme cardiaque retrouver de la lucidité ça aussi c'est timé pour qu'elle soit les respirations soit dans un certain tempo et cetera donc ça va plus loin que ce que je pensais d'une certaine manière le mental est aussi Quan et là tout à coup je me mets à imaginer ce que ça donnerait dans un autre monde professionnel que le sport si on mettait dans les bureaux par exemple des caméras qui traquent nos attitudes et je flippe un peu mais tout ça ne vient pas de nulle part au début des années 2000 Billy bean entraîneur de l'équipe de baseball d'auland en Californie a peu d'argent alors il décide d'utiliser l'informatique pour repérer les joueurs sous-estimés dans les autres équipes et les recruter et ça marche et quand cet entraîneur a été incarné par Brad pit ben cette histoire est devenue le myth fondateur d'une [Musique] discipline alors dans la foulée du film plein de sports se sont mis à employer des méthodes similaires pour optimiser d'abord le recrutement c'est ce que raconte Arsen Wenger le mythique entraîneur français d'Arsenal moi j'ai acheté une société aux États-Unis à Los Angeles en 2013 et j'ai développé avec un programme de quantification de la la performance des joueurs tous les weekends j'avais pratiquement 100 personnes au Vietnam et au Laos qui analysaient tous les matchs en Europe et le lundi ou le mardi j'avais les performances de tous les championnats européens mais le recrutement c'est pas le seul secteur bouleversé par la donnée une fois qu'on a recruté un joueur ou une joueuse il faut les garder en bonne santé et là la technologie donne la possibilité de travailler en profondeur pour prévenir les blessures donc voilà c'est le numéro 12 qui est ici où là on voit sur son plaage un plaage qui paraît pas forcément non plus hyper hyper dangereux mais sur ce plaquage là effectivement il a eu une une accélération linéaire très importante du coup pour l'instant on essaie de faire le rapport entre certaines situations de jeu et le joueur en fait et le rapport avec notamment tout ce qui va être renforcement cervical on essaie de sensibiliser le plus possible les joueurs et donc du coup être capable d'enchaîner de mieux en mieux du coup ces différents chocs pour limiter leur risque bless ok tout ça ça concerne le corps la performance individuelle qu'on puisse régler les joueurs comme des Formule 1 ou à peu près d'accord mais dans beaucoup de sports il y a aussi du collectif et même de la stratégie collective et bon bah les Data scientist et autres sport scientist ont une place de plus en plus importante mais dans le rugby qui est si compliqué qui a l'air parfois si chaotique à quel point les données et les statistiques peuvent-elles influer sur le jeu un exemple concret effectivement pour le coup c'est sur la la dép s session donc le fait de rendre le ballon à l'adversaire en fait avant il y avait une règle qui était de on rend le ballon au bout de 30 secondes parce qu'après on avait trop de chance de de perdre le ballon et en fait on a analysé un peu le jeu pour comprendre mieux en fait quand est-ce qu'il fallait justement rendre le ballon au pied à l'adversaire et donc là on a analysé les données pour comprendre en fait que dans telle situation effectivement il était plus préférable de le rendre à ce moment-là c'est plus forcément une situation de temps donné mais un contexte encore une fois qui va nous amener à nous dire bon bah à ce moment-là c'est le moment où il faut rendre le ballon et on va le rendre du coup dans dans telle zone alors évidemment le premier problème que je vois c'est la standardisation du jeu parce que il y a déjà des exemples le cas le plus évident c'est celui de la NBA la Ligue américaine de basket il y a une dizaine d'années les statisticiens ont déterminé qu'il valait mieux tenter des shoots de loin qui sont plus risqués mais rapportent tro points que des shoots de près qui sont moins risqués mais qui ne rapportent que deux points et donc tous les entraîneurs se sont mis à bâtir leur stratégie autour de ce principe statistique et les joueurs se sont transformer en machine à marquer des paniers de [Applaudissements] loin le jeu c'est uniformisé conséquence c'est devenu plus monotone à regarder et beaucoup de supporter s'en plaignent et aussi incroyable que ça puisse paraître la NBA réfléchit à des manières de remettre du hasard dans le jeu par exemple en reculant la ligne des TR points mais il y a un corollaire à ce problème de la standardisation du jeu c'est que pour il faut savoir rester imprévisible or si chacun fait des gig octé calcul comment c'est possible parce qu'évidemment on analyse ses propres joueurs mais aussi les joueurs adverses il faut donc à la fois prévoir et savoir rester imprévisible c'est qu'en fait on va beaucoup se baser sur l'historique de de ce qu'on de ce qui s'est passé et tout et donc du coup on va vouloir en créer des généralités sur ce qui va venir et en fait le risque bah c'est forcément que l'adversaire va faire la même chose sur nous qu' vont s'adapter et en fait ils vont peut-être aussi vouloir nous surprendre ex exemple concret contre l'Australie on s'était rendu compte qu'il tapait très peu au pied lors de leur match donc du coup on avait ancré notre stratégie sur le fait qu'ils allaient assez peu jouer au pied et cetera et en fait sur le match en réalité et ben ils ont fait beaucoup de jeux au pied ils en avaient pas fait depuis autant depuis 2014 donc c'est là où du coup ils nous ont surpris là-dessus quoi on a on était parti sur une idée de leur jeu en utilisant les statistiques de manière classique mais forcément il y a une part d'humain qui fait que forcément eux vont prendre des décisions et et ça va pas forcément être ce qu'on a ce qu'on a PR vu moi dans ce que dis g amis je vois un cass tê bon je peux grâce aux statistiques en savoir beaucoup sur le jeu de l'adversaire et préparer un modèle de jeu adapté mais si l'adversaire change de modèle parce qu'il sait que je connais son jeu les statistiques ne servent plus à rien voir elle m'ont induit en erreur donc au final est-ce que j'ai eu raison de me fier aux statistiques paradoxe insoluble non mais peut-être que tout ça dépend de la manière dont on les lit ces statistiques et de la place qu'on leur donne et peut-être d'abord du fait d'être sûr de ce qu'elle raconte un exemple quand pour n'importe quelle équipe et n'importe quel match et n'importe quel sport la télévision nous donne le nombre de kilomètres parcourus par les joueurs est-ce que vraiment ça a un sens tout ce qui est par exemple déplacement la distance distance totale que le joueur a parcouru si si on vient pas l'objec l'objectiver avec ce qu'il aurait dû faire et ce qui a été le jeu ben en fait c'est un indicateur complètement imparfait on a toujours tendance à dire plus élevé mieux c'est et cetera sauf qu'en fait une une une distance des fois qui va être plus courte mais du coup qui a été plus utile à certains moments du jeu ça peut être bien bien plus préférable là je comprends l'importance du contexte pour appréhender un chiffre et évidemment pour bien l'utiliser ensuite sauf que le contexte ça peut aussi être tout et n'importe quoi ok je sais que mon tireur de pénalité il tire mieux quand il est placé assez loin sur la droite du terrain et au début du match donc cette pénalité il va latirrer mais est-ce qu'il a bien mangé le matin est-ce qu'il s'est pas engueulé avec quelqu'un a vu un film qui l'a ému la veille il en a encore plein de mélancolie encore plein d'autres facteurs qui peuvent jouer sur sa performance sans que personne ne les connaisse en gros je n'aurais jamais assez de donné pour être vraiment certain de la décision que je vais prendre et on retrouve là ce quiexlique des penseurs comme Simon qui a beaucoup réfléchi sur le rôle de la statistique il travailler sur la décision et pour lui prendre une décision c'est compliqué et voilà pour Simon quand on n pas assz d'information de contexte le seul moyen c'est de s'appuer sur ce qu'il appelle une rationalité limitée une simplification et qu'est-ce qui peut nous fournir ça la statistique la statistique c'est juste un truc donc qui permet de se représenter de manière claire et synthétique des données quantifiables la statistique est utile mais limitée quand Simon parle des domaines où on sait vraiment pas grand-chose on pense évidemment au sport qui est humain mais tellement humain est-ce que le sport c'est pas le domaine d'une rationalité très très très limité moi je suis plutôt positif à ça c'est justement la beauté du sport si en fait tout se passait comme on avait prévu et qu'il avait pas part d'incertitude ce serait même la S c'est justement ça qui fait que du coup ça motive encore plus à essayer de de de continuer de performer justement d'analyser pour que la prochaine fois on puisse comprendre encore mieux et on puisse anticiper et prendre les bonnes décisions encore mieux quoi oui mais du comp vous rendez compte de la contradiction de ce que vous dites c'est vrai c'est qu'on est limité de par une part d'aléatoire qui fait que on essaie de réduire au plus possible C part d'aléatoire mais effectivement la citation que j'aime bien souvent citer c'est tous les modèles sont faux mais parfois certains sont utiles quoi c'est qu'on essaie de d'objectiver de comprendre la réalité on a toujours une limite il y aura toujours des choses qui vont se passer mais au moins on a fait on a fait ce qu'on pouvait du moins pour essayer de réduire cette part d'incertitude là je comprends une chose essentielle un type comme Jérémy est parfaitement conscient des limites de ce qu'il apporte parce qu'il sait Jérémie qu' un détail un joueur qui se fait exclure sur un mauvais geste au début du match ça peut tout boul verser parce qu'il sait que rien ne remplace sera l'intuition du joueur qui va précisément briser le modèle et surprendre tout le monde parce qu'il sait que rien ne remplacera l'intuition de l'entraîneur qui sent qu'il y a quelque chose à faire là et qui a juste besoin de quelques données pour le confirmer jérémy a l'air parfaitement conscient de ça donc et il revendique même alors je me demande pourquoi tant insister sur les statistiques dans les interviews d'après-match dans les conférences de presse et même auprès des joueurs la donnée après le match effectivement elle peut avoir plusieurs plusieurs rôles bon déjà pour avoir un retour pour pour pour les joueurs pour essayer de de bien avoir la température de réellement ce qui s'est passé et comprendre un peu ce qu'ils ont pu faire mais aussi notamment pour les journalistes forcément les journalistes il y a une conférence qui qui a lieu directement après le match avec le coach et donc du coup le fait que le coach est déjà ses aspect un peu quantitatif par rapport à à aux indicateurs que lui surveille bah c'est intéressant parce que du coup il arrive avec des arguments pour en discuter notamment avec les les journalistes et et échanger avec les différents interlocuteurs qu'il aura en fait c'est c'est c'est pas simplement le chiffre qui est important c'est le fait simplement d'utiliser des chiffres et de les dire qui signifie que ça ça permet de ça permet de le raconter de le mettre en contexte et d'essayer effectivement de de par le chiffre de faire passer le message aussi et et et donner effectivement cette impression aussi de de de maîtrise au final de ce qui s'est passé après au-delà du chiffre qui est donné ce qui va être intéressant c'est l'explication et de pourquoi ce chiffre là et qu'est-ce qui a pu faire que que ça pas forcément tourner en notre faveur et ben voilà la statistique au fond c'est aussi un discours c'est une manière de ser raconter le match avant pour se rassurer pour faire comme si on savait ce qui allait se passer et c'est aussi une manière de raconter après en objectivant le résultat en chiffrant une explication mais pour qu'il fonctionne ce discours il faut y croire et c'est peut-être ça qui est le plus beau et aussi le plus troublant dans toute cette histoire dans ce monde où on rationalise où on chiffre où on modélise c'est encore ce bon vieux levier de la croyance qui est le plus efficace y compris pour mener une équipe de rugby à la victoire