La France attend toujours son Premier ministre - C à vous - 02/09/2024

Bonsoir à tous les 5. On est ensemble en direct jusqu'à 21h pour toute l'actualité de ce lundi 2 septembre. - E.Tran Nguyen: La colère de la famille de Kamiliya, 7 ans, percutée par un motard et dont la mort a été annoncée hier. - A.-E.Lemoine: L'avocat de ses parents sera dans un instant sur notre plateau. Mohamed, votre Story? - M.Bouhafsi: Lors d'un stage de l'équipe de France junior, l'un des plus grands espoirs du rugby français disparaissait en mer. - P.Cohen: J.-M.Blanquer vide de son sac dans un livre spectaculaire et impressionnant. Disons que c'est entre les mémoires de Pompidou et celles de V.Trierweiler. - A.-E.Lemoine: Ca s'appelle "La Citadelle: au coeur du gouvernement", et c'est signé J.-M.Blanquer. Bonsoir. Merci de votre présence ce soir à l'occasion de ce livre. C'est le récit de vos 5 ans et 3 jours au ministère de l'Education nationale Vous détenez d'ailleurs le record de longévité à la tête de ce ministère. Vous racontez la façon dont vous êtes passé du statut de chouchou à celui de paria, comment vous êtes tombé en disgrâce. Lorrain? - L.Sénéchal: On a des moissons d'or aux paralympiques aujourd'hui encore. - P.Cohen: A.Delon, mais aussi beaucoup de G.Rowlands. On s'arrêtera sur les disparus célèbres de l'été qu'on n'oubliera jamais. - A.-E.Lemoine: D.Bourdon est le premier invité de notre dîner de "C à vous". A chaque fois, on ne lui sert pas ce qu'il faut! On n'apprend jamais de nos erreurs. On est ravis d'accueillir aussi P.Katerine. On a adoré le voir chanter le soir de la cérémonie d'ouverture des JO. Il renouvelle un exploit ce soir et il sera nu sur notre scène! C.Duplaissy, c'est la tradition, est notre chef de rentrée. Pas une rentrée sans lui. Il est aux côtés de B.Chameroy. Bonsoir. - B.Chameroy: Bonsoir à tous. Pas trop stressé? - C.Duplaissy: Ca va. J'ai rempli le cartable et j'ai ramené des bricoles de chez moi. - A.-E.Lemoine: Du foie gras dans le cartable! - C.Duplaissy: Absolument, du foie gras qu'on va déglacer avec du porto et servir avec des figues rôties. - B.Chameroy: Que demander de plus? Bonne émission! - A.-E.Lemoine: On s'est quittés le 12 juillet. G.Attal était sur le point de présenter sa démission. On se retrouve et rien n'a changé. G.Attal est toujours démissionnaire, mais à Matignon, et la France attend encore son nouveau Premier ministre. - L.Sénéchal: Ca fait 48 jours. D'ailleurs, le Premier ministre démissionnaire lui-même avoue qu'il n'est plus dans le secret des dieux. Situation bloquée depuis le début de l'été. Aucune majorité absolue après la dissolution surprise d'E.Macron. Le président lui-même a voulu enjamber les JO. - E.Macron: Notre responsabilité, c'est que ces Jeux se passent bien. Jusqu'à la mi-août, nous ne sommes pas en situation de changer les choses. On créerait un désordre. - L.Sénéchal: C'est donc après les 3 semaines olympiques que la gauche a été reçue à l'Elysée, derrière sa candidate à Matignon, L.Castets, immédiatement recalée par le président. - L.Castets: Nous lui avons dit que c'était à la force politique arrivée en tête, le Nouveau Front populaire, de composer un gouvernement. - L.Sénéchal: La droite aussi voudrait que les choses avancent. Elle a mis ces derniers jours la pression sur E.Macron. - L.Wauquiez: Cet entretien s'est avéré décevant. Les positions des uns et des autres sont connues. Il n'y a plus de raison de procrastiner. - L.Sénéchal: N.Sarkozy plaide pour un Premier ministre de droite. Il a été reçu à l'Elysée, comme F.Hollande, ainsi que les personnalités les plus citées à Matignon comme B.Cazeneuve et X.Bertrand. Et comme souvent, le PS se déchire. - O.Faure: La gauche a une candidate, c'est L.Castets. Chaque ambition personnelle qui s'exprimerait se heurterait à l'incompréhension. - N.Mayer-Rossignol: Bouder dans notre coin, parce qu'il n'y a que le programme du NFP qui compte, c'est une position que nous pourrions avoir si nous avions fait plus de 50 %. - L.Sénéchal: Et pendant le discours de C.Autain à l'université d'été du PS, le public hue B.Cazeneuve. - C.Autain: L'idée que B.Cazeneuve puisse accepter d'être Premier ministre... - L.Sénéchal: En football, il y a 67 millions de sélectionneurs. C'est pareil pour Matignon. S.Royal compose même un gouvernement fictif. - S.Royal: On peut très bien avoir X.Bertrand et, au Budget, un socialiste. A la Justice, il faut maintenir E.Dupond-Moretti. A l'Intérieur, G.Darmanin a dit qu'il voulait partir. Je pense à L.Nunez. - L.Sénéchal: Mais on ne lui a pas demandé son avis. Comme souvent, avec E.Macron, il faut peut-être chercher la surprise. On évoque la piste de T.Beaudet, qui préside le Conseil économique, social et environnemental. Sa fiche Wikipedia a déjà été aujourd'hui modifiée, amendée plus de 10 fois par heure, au point d'être finalement cadenassée par l'encyclopédie collaborative. - A.-E.Lemoine: Vous avez eu la curiosité d'aller consulter sa fiche Wikipédia? - J.-M.Blanquer: Non, mais je le connais. - A.-E.Lemoine: En tant que Premier ministre, c'est une bonne idée? - J.-M.Blanquer: C'est une personne de valeur, aucun doute. En plus, c'est un ancien instituteur. Je n'ai que des choses positives à penser de lui. Après, la question est celle de l'équation qu'il ferait arriver à Matignon. Ce serait lui rendre un mauvais service s'il n'avait pas les moyens d'exercer le pouvoir. Mais nous devons tous, quelles que soient nos opinions, souhaiter qu'on sorte par le haut et au plus vite de cette affaire. Le moment venu, il faut un élan derrière la personne qui sera Premier ministre, dans l'intérêt de la France. Il faut qu'il vienne le plus vite possible. - A.-E.Lemoine: L'Elysée recherche une "cohalitation". C'est le nouveau mot à la mode. Ca vous inspire, ce néologisme? - J.-M.Blanquer: On voit bien ce qu'il veut signifier, le fait qu'il faut tenir compte du fait que les urnes ont dit non au président de la République. Il doit en tenir compte. Il ne doit pas donner le sentiment de nommer quelqu'un qui va être dépendant de lui. La personnalité doit avoir une grande indépendance. En même temps, il est évident qu'il va falloir rallier plusieurs forces, donc... - A.-E.Lemoine: Le président donne le sentiment d'avoir compris que les Français lui ont dit non en juin dernier? - J.-M.Blanquer: A ce stade, non. - A.-E.Lemoine: Si on en est là, c'est parce qu'il choisit de dissoudre l'Assemblée. Une disposition d'inspiration irrationnelle, au tempo hasardeux et aux conséquences graves... Ce sont vos mots dès les premières pages de "La Citadelle". Vous parlez même d'un "hara-kiri symbolique accompli en direct". C'était un suicide politique? - J.-M.Blanquer: Je crois. On l'a tous vécu. - A.-E.Lemoine: Un suicide est donc une mort politique? - J.-M.Blanquer: Au moment où ça s'est accompli, il n'était pas difficile de prophétiser que cela amènerait quelque chose de négatif pour le président. On avait, en 2024, le faux risque d'une dissolution. Je pensais que ça arriverait mais après les JO et à l'occasion d'un éventuel conflit entre l'Assemblée nationale et le gouvernement. Il aurait alors été naturel d'avoir une dissolution. Le président de la République aurait d'ailleurs eu sûrement un meilleur score pour ses couleurs à l'issue d'une telle dissolution. Tandis que là, il est évident que demander aux Français de s'exprimer une 2e fois pour dire ce qu'ils venaient de dire ne pouvait pas mener à grand-chose d'autre que ce que nous avons. - A.-E.Lemoine: Ca fait du président de la République un ange déchu de la politique? Il a perdu la main? - J.-M.Blanquer: C'est une métaphore. En politique, on n'a jamais perdu la main. Mais les législatives ne lui ont pas donné une majorité. - A.-E.Lemoine: Patrick a lu votre livre. C'est une plongée dans les arcanes du pouvoir que vous nous proposez. C'est l'objet de l'édito de ce soir. Patrick, vous avez donc lu ce livre? - P.Cohen: Il est dense et fascinant. Il raconte en parallèle 2 descentes aux enfers, celle d'un président flamboyant, aujourd'hui rejeté, et celle d'un de ses mousquetaires les plus loyaux, ministre favori tombé en disgrâce et renié après avoir été annulé, c'est vous. Il y a dans votre récit un mélange courant de hauteurs de vues et de basses politiques, de mûres réflexions et de paires de baffes. A la rubrique "rentrée des claques", vous avez connu un succès avec l'exécution de votre prédécesseur à l'Education nationale, F.Bayrou. Mais tous vos portraits n'ont pas la même acidité. B.Le Maire, E.Philippe, J.Castex, il y a de la nuance et de la douceur dans votre regard, parfois de l'affection comme pour G.Collomb. Vous dénoncez surtout dans la 2e partie de votre livre un système de pouvoir de plus en plus concentré depuis la crise du covid. Une citadelle qui isole et enferme, qui pratique godille et zigzague. Pourquoi, en 7 ans, tout s'est détraqué? Pourquoi ce président séducteur et conquérant semble passer son temps à brûler ce qu'il a adoré et à se faire détester de ceux qui l'ont aimé? On trouvera dans ce livre un certain nombre d'explications et de réponses. Il y a bien un mystère Macron qui vous interroge. Au début de notre lune de miel, un exemple: au lendemain de la victoire des Bleus au Mondial 2018, ce car qui dévale les Champs-Elysées et prive le public d'un moment de communion et de liesse tandis qu'à l'Elysée, tout est à l'avenant. Pourquoi J.Chirac, qui se fichait du football, avait-il réussi à apparaître comme le père d'une nation rassemblée? Et pourquoi E.Macron, authentique amateur de football, capable de séduire une lanterne ou un lampadaire, opérait l'alchimie inverse en donnant le sentiment d'une appropriation, d'une arrogance, une faute de goût? Comme début de réponse, vous citez cette photo: il se déhanche en tribune sur un but tricolore. Selon vous, il rappelle davantage la figure d'un broker qui vient de réussir un bon deal à Wall Street. On n'attendait pas de vous ce que fait depuis longtemps une certaine gauche, réduire E.Macron à son ancienne condition de banquier d'affaires. - A.-E.Lemoine: Il y a aussi la défense vigoureuse d'un bilan? - P.Cohen: Oui, notamment avec la réforme du bac, la gestion du covid, 12 semaines seulement de fermeture des classes en France alors que partout ailleurs, c'était beaucoup plus long... La défense de la laïcité et des valeurs républicaines... J'ai été frappé par la juxtaposition de 2 souvenirs dans votre livre. Le premier est lié à l'une de vos toutes premières interventions à l'Assemblée nationale en novembre 2017: vous êtes interrogé sur les réunions en non-mixité raciale organisée par le syndicat Sud éducation. Votre voix est mal assurée, mais l'Assemblée vous écoute dans un silence que je qualifierais de religieux s'il n'était pas question de laïcité. Vous annoncez des poursuites. Vous dites que sous prétexte d'un antiracisme, ils véhiculent un racisme. Applaudissements debout sur les bancs, à droite et à gauche. J'ai été surpris moi-même en revoyant cette séquence. Mais vous écrivez: "Plus jamais en 5 ans, je ne verrai l'Assemblée nationale debout pour applaudir mon propos." En septembre 2020, après l'assassinat de S.Paty, vous prononcez au Sénat une accusation qu'une partie de la gauche et des milliers milieux universitaires ne vous pardonneront jamais. - J.-M.Blanquer: Il y a des courants islamo-gauchistes très puissants qui commettent des dégâts sur les esprits et cela conduit à certains problèmes que vous êtes en train de constater. - P.Cohen: De ce jour, vous êtes devenu "un épouvantail réactionnaire". Comment expliquez-vous cette évolution? La vôtre, qui vous conduit à accuser une partie des personnels dont vous avez la charge et des politiques qui vous conspuent en 2020 après vous avoir acclamé 3 ans plus tôt? - J.-M.Blanquer: Le livre permet justement de comprendre ma propre évolution mentale et psychologique, ainsi que l'évolution de ceux qui nous entourent. Les choses se tendent, à un moment. Le livre décrit aussi les crises qu'il faut traverser, les "gilets jaunes", le covid et l'assassinat de S.Paty... C'est une crise en soi qui nous a meurtris. Il y a eu un avant et un après. L'image que vous avez montrée... C'était celle d'une fausse unanimité. C'est un peu comme les attentats déjoués... On a des gens qui pleurent après cet attentat et, 3 semaines après, ils recommencent à dire des choses qui font montre d'une certaine complaisance vis-à-vis des racines de cet attentat. Il faut dire les choses. Je ne cherche pas à démontrer une thèse. Je cherche à dire ce que j'ai vu. J'essaye de prendre du recul pour, d'une certaine façon, contribuer à une vision de ce qu'est le pouvoir. Comme vous l'avez très bien dit, ce n'est pas manichéen. Il y a des lumières et des ombres. Vous avez insisté sur les points un peu négatifs pour le président, mais le livre expose aussi beaucoup de choses positives sur ce qu'il a fait, notamment au début, cette dynamique à laquelle j'ai adhéré et qui a laissé de beaux fruits. - A.-E.Lemoine: Vous êtes professeur de droit public. - J.-M.Blanquer: Si vous permettez, vous avez dit que je m'en prenais à ceux dont j'avais la charge... Je n'étais pas ministre de l'Enseignement supérieur. Je parlais plus de mes collègues qu'aux personnes que j'avais sous ma responsabilité. C'était un point de vue presque intellectuel que j'exprimais. J'ai trop la connaissance de certaines matrices qui existent, aussi bien aux Etats-Unis qu'en France ou ailleurs, pour rester silencieux sur certaines choses. Mais cela relève encore aujourd'hui du débat. Certaines des choses que j'ai dites à l'époque, on ne peut pas dire que la suite ne l'a pas vérifié. Comme on l'a vu à Sciences Po Paris il n'y a pas si longtemps... - A.-E.Lemoine: Vous présidez le Laboratoire de la République. Prenons un cas concret. Un préfet doit statuer sur la demande de naturalisation d'une femme musulmane dont les proches insistent pour qu'elle soit auditionnée uniquement par d'autres femmes. Qui coche la case "naturalisation acceptée" et "naturalisation refusée"? Vous cochez quelle case? - J.-M.Blanquer: Il ne faut pas répondre comme ça du tac au tac. Ca sert à ça, un laboratoire. Au fond, aujourd'hui, comment on teste... Dans l'accession à la naturalisation, l'important, c'est que vous aimiez le pays dans lequel vous allez être naturalis et que vous en respectiez les lois. Ca n'a rien d'absurde de poser une question pareille. Après, on rentre dans une série de complexités. C'est normal qu'une question comme ça soit posée à une table ronde. Notre but est de fournir des réponses concrète à ce type de questions. - A.-E.Lemoine: C'est une question un peu binaire pour une question complexe? Pour en revenir au mystère Macron, qui vous interroge... Il vous a fasciné au point de vivre une lune de miel à ses côtés. Comment vous expliquez que ce soit la gestion de la crise du covid qui ait fait basculer son mode de gouvernance? - J.-M.Blanquer: C'est pour ça que le livre cherche à donner une approche des enjeux du pouvoir en général, au-delà du cas d'E.Macron et de la Ve République. D'ailleurs, la tendance de tout pouvoir, quel qu'il soit, c'est d'aller vers l'enfermement. On doit en être conscients. En tant que ministre, je n'ai pas complètement échappé à moi-même. Quand nous exerçons un pouvoir, nous devons nous garder d'être enfermés sur un petit cercle, de croire qu'on a raison sur tous les sujets, etc. C'est une gymnastique qui n'est pas facile. Deuxièmement, la Ve République vous pousse à ça. Elle donne de grands pouvoirs au président de la République. Ca exige une sorte d'autodiscipline de la part de celui qui détient le pouvoir. En 3e lieu, la crise covid a de manière normale fait que le président, pendant la crise sanitaire, concentrait les pouvoirs. Il fallait décider: on voit les vertus d'E.Macron dans ces moments-là. J'ai vu un homme intelligent, très travailleur, capable de prendre des décisions qui me semblait bien inspirées dans l'immense majorité des cas. Le problème à mes yeux, c'est qu'il y a une dégradation de la décision publique après la crise covid, comme si on avait continué à avoir les effets de la concentration du pouvoir alors même que la crise sanitaire avait disparu. - A.-E.Lemoine: Vous avez eu un refus qui a mis E.Macron très en colère? - J.-M.Blanquer: C'est l'élément de bascule, en effet. C'est absurde à mes yeux. - A.-E.Lemoine: On vous traite d'ingrat? - J.-M.Blanquer: Même les gens qui me font des reproches peuvent considérer que je suis assez franc. Le président de la République voulait que je me présente aux élections. Je trouvais que ce n'était pas une bonne idée. Si je n'avais eu que des ambitions personnelles, j'aurais dit oui. Il me semble qu'il fallait se concentrer sur la crise du covid. Il me semblait aussi que sur ce sujet-là, on a le droit d'avoir des opinions différentes sans se fâcher. J'ai compris à ce moment-là qu'à ses yeux, il fallait dire oui à tout. - A.-E.Lemoine: Vous tombez en disgrâce alors que quelques mois avant, on vous a proposé le ministère de l'Intérieur. C'est à n'y rien comprendre... - J.-M.Blanquer: Exactement. De toute façon, je n'étais pas spécialement demandeur. J'avais dit depuis le début que je voulais être pendant 5 ans à l'Education nationale. Au début, on me disait que je n'y arriverais pas, que ce n'était pas vrai, que je n'accepterais pas d'être impopulaire, de tenir la barre quels que soient les obstacles. In fine, j'ai tenu 5 ans. L'impopularité, je l'ai eue sur certains sujets. Si j'avais abandonné la partie, j'aurais succombé aux reproches qu'on m'a fait dès le début. Je crois avoir tenu un cap. Ce qui s'est passé montre que ça peut se payer d'un prix assez lourd. - A.-E.Lemoine: Cette citation résume bien sa façon d'exercer le pouvoir? - J.-M.Blanquer: Ce n'est pas très grave. Ce n'est pas un sujet. Je n'étais pas demandeur. J'essaie juste de décortiquer ce qui se passe dans ces cas-là. Je n'estime pas qu'il a commis une faute en faisant ça. - E.Tran Nguyen: Il a créé quelques failles. Il y a eu quelques polémiques. Fin décembre 2021, en plein covid, se pose la question du déconfinement. Du déconfinement. Vous prenez 3 jours de vacances à Ibiza. - Nous sommes le 1er janvier quand J.-M.Blanquer dévoile au "Parisien" les détails du nouveau protocole. La ministre de l'Education, le week-end précédant la rentrée scolaire, est en vacances à Ibiza. A son retour, un protocole trop complexe, trop de fois modifié. - Votre faute politique n'est pas d'avoir pris des vacances, mais de ne pas avoir fait vos devoirs de vacances. - M.Le Pen: Cette désinvolture montre une forme de désintérêt pour ce que vivent les Français en pleine campagne présidentielle. - A.Corbière: Devant tant d'erreurs, il est temps que le ministre démissionne. - E.Tran Nguyen: Ibiza, c'est tout un symbole. Mais il y a le fond et la forme, dans ce contexte. Vous le regrettez? C'était une erreur? - J.-M.Blanquer: A l'époque, il y a eu un sondage. Jamais je n'aurais imaginé un sondage sur mes vacances... Il disait que 52 % des Français ne voyaient pas le problème. J'ai trouvé les Français qui ont répondu ça d'un grand bon sens. Il faut résister à des campagnes médiatiques incroyables pour continuer à voir la réalité des choses. Je pense que je suis le membre du gouvernement qui a pris le moins de jours de congé. Je suis parti le dernier de Paris. J'aurais pu aller à La Baule ou à Nice de la même façon. A Ibiza, j'ai travaillé toute la journée en télétravail. Le fait que je sois là-bas n'a rien changé au protocole qui a eu lieu. Nous l'avions élaboré dans un conseil de défense, très collectivement. Les problèmes ont été liés à des approvisionnements en pharmacies qui n'ont pas eu lieu. Il y avait une décision collective, un processus collectif. J'ai pris très peu de jours de vacances, dans un endroit qui n'était pas cher à ce moment-là parce qu'il n'y avait personne. - E.Tran Nguyen: Mais c'est le symbole de la fête... - J.-M.Blanquer: Est-ce qu'on n'est pas capable d'aller de temps en temps au-delà des apparences? Je l'ai dit à l'Assemblée nationale. Je regrette le symbole, évidemment. Si c'était à refaire, je n'irais pas. Mais si vous décortiquez... Je suis sans doute un des Français qui a pris le moins de jours de vacances cette année-là. Je n'en ai pas pris, sauf à ce moment-là, et à mes frais, en travaillant. - E.Tran Nguyen: C'est un de vos collègues du gouvernement qui a révélé ce lieu, justement. Il ne vous voulait pas que du bien? - J.-M.Blanquer: En janvier 2022, j'étais devenu une cible tous azimuts. - A.-E.Lemoine: Parce qu'on vous savait en disgrâce? - J.-M.Blanquer: Oui. C'est malheureusement très anthropologique. - P.Cohen: Anthropologique ou anthropophagique? - J.-M.Blanquer: Les deux! C'est en gros ce qui m'est arrivé. A partir du moment où les gens ont senti que le président ne me soutenait plus... Or, il me soutenait énormément. J'ai pu tenir la même ligne, j'ai eu la possibilité d'agir. C'est d'autant plus absurde d'avoir eu de ce fait une dernière année aussi épouvantable, avec des campagnes de presse délirantes, où vous n'avez personne pour défendre un bilan dont il y avait tout lieu d'être fier. Le dédoublement des classes dont on parlait tout le temps et qui commence à donner des fruits... En cette rentrée, il y a pas mal de gens qui voient de quoi je parle. Il y a Des classes de 12, et 400 000 enfants parmi les plus défavorisés qui en bénéficient. L'école française a rebondi depuis 2017. On oublie qu'il y a une étude sortie l'année dernière qui montre que la France est, avec le Portugal, le seul pays qui, dans cette période, a augmenté son niveau. Ca ne veut pas dire que tout va bien, mais les discours négatifs sur l'école sont venus se greffer à ceux qu'on pouvait tenir sur le ministre. Ils produisent finalement un effet d'irréalité négative. Un peu comme la façon dont on parlait des JO avant les JO. - A.-E.Lemoine: Vous restez avec nous. "La Citadelle: au coeur du gouvernement" C'est disponible depuis le 29 août aux éditions Albin Michel. Tout de suite, c'est la Story de M.Bouhafsi. - On confie notre enfant à une institution, une fédération, et on revient avec ses valises, son passeport et son portable. - M.Bouhafsi: C'est l'histoire d'une légende du club de rugby d'Agen dont la famille accuse la Fédération française de rugby d'avoir causé la mort de son fils. - Je regarde mon portable et je vois un message du président de la fédération qui me demande de le rappeler. Je le rappelle et il nous annonce que Mehdi a été emporté par une vague, qu'il est porté disparu. Là, c'est le cauchemar, l'horreur... On n'avait pas les mots. On criait. On demandait comment ça se faisait... Je n'arrivais pas à l'entendre. Je lui ai demandé si c'était habituel, ce qui s'était passé... Vous voyez votre fils en direct pendant son entraînement de la veille et on vous annonce une demi-heure après qu'il est porté disparu. - M.Bouhafsi: A 17 ans, il était l'un des plus grands espoirs du rugby français. Sur la plage, plusieurs panneaux indiquaient la dangerosité de la baignade. Des indications qui n'ont pas suscité l'inquiétude du staff des Bleus. Il a été victime d'un courant d'arrachement très puissant. Le danger était accentué par le temps venteux et la mer houleuse. Un seul a eu le courage d'essayer de le sauver, il s'appelle Oscar. - Il y avait des vagues de 4 m toutes les 5 secondes. Au bout de la 3e, Mehdi a lâché. Oscar a failli lui-même mourir. Il a mis plus de 20 minutes à sortir de l'eau. Personne n'a réagi pour les secourir. Là où je ne comprends pas, c'est sur les adultes. Il faut avoir perdu notre fils, Mehdi, pour que la Fédération française de rugby mette des personnes compétentes à ces postes. - M.Bouhafsi: La Fédération française de rugby a, dans la foulée, décidé de mettre fin à la mission d'encadrement du staff de l'équipe de France des moins de 18 ans. Cela ne suffit pas, pour J.Narjissi, qui pointe la responsabilité de la fédération. Son président fait son mea culpa. - Rien ne justifie d'aller à cet endroit et d'y mettre les jeunes à l'eau. Il y a une faute qui a été commise. Ca ne sert à rien de cacher la vérité de ce qui s'est passé. Ce qui compte maintenant, c'est de savoir qui a quelles responsabilités. La Fédération française de rugby, et moi le premier, on se doit d'assumer avec courage et dignité notre responsabilité. - M.Bouhafsi: Des mots qui ne suffisent pas, pour la famille. Elle s'est constituée partie civile. Elle espère l'ouverture dans les prochaines heures d'une information judiciaire pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger. - Ce n'est pas un accident que d'amener des gamins sur la plage la plus dangereuse de Cape Town. Cette décision entraîne des conséquences sur le plan pénal. Les comportements fautifs débouchent sur un homicide involontaire, une non-assistance à personne en danger. C'est le juge d'instruction avec notre aide et celle des enquêteurs qui nous permettra d'envisager peut-être les mises en examen de certaines personnes présentes ce jour-là. - M.Bouhafsi: 3 semaines après la disparition de leur fils, la famille ne vit plus. Elle survit pour sa fille. L'océan ne leur a toujours pas rendu le corps de leur fils. - On ne peut pas se préparer à se dire qu'on ne va pas récupérer Mehdi. Mais on est obligés d'y penser. Comme le 7 août, quand on a appris qu'il était porté disparu, on est obligés de penser au pire. Ca fait plus de 3 semaines. Le 7 septembre, ça fera un mois. - M.Bouhafsi: Comment tient votre femme? - Elle tient pour ma fille. Elle tient pour lui, parce qu'il voudrait qu'on se batte et qu'on soit là pour sa soeur et pour sa mémoire. - M.Bouhafsi: Vendredi, le club d'Agen rendra un hommage à Mehdi et à sa famille. Une cagnotte solidaire a été lancée. J.-M.Blanquer, c'est une délégation de service public, la Fédération française de rugby. Que vous inspire cette affaire? - J.-M.Blanquer: Beaucoup de tristesse. C'est très émouvant. On a envie que les parents de Mehdi entendent notre solidarité, tout simplement. - A.-E.Lemoine: Merci beaucoup. Pierre, un autre sujet d'actualité? - P.Lescure: Ce fut l'une de vos mesures en tant que ministre de l'Education en 2018, l'utilisation des portables interdite dans les écoles, collèges et certains lycées. Un élève vous dira même que vous avez gâché sa vie... Une interdiction qui va encore plus loin dès cette rentrée. Dans 180 collèges, il faut donner son portable en arrivant et on ne le récupère qu'à la sortie. - C'est comment, ton prénom? - Benjamin. - Super. Je te rends ton téléphone ce soir, à la dernière heure de cours. - On doit se concentrer. - C'est bien. Ca va un peu nous désintoxiquer. - Tu en as besoin? - Un peu. - Tant que je peux le joindre quand il est sur la route, pour savoir où il est, pas de problème pour moi. - P.Lescure: C'est pour l'instant une expérience, mais cette pause numérique pourrait être généralisée dès janvier. Priver physiquement les élèves de portable, c'est le meilleur moyen ou l'un des seuls de retenir de nouveau leur attention complètement? - J.-M.Blanquer: Depuis 2018, l'interdiction est respectée pour le lycée. Ce n'est pas la mesure la plus difficile que j'ai eue à prendre. C'est une mesure très populaire avec les adultes et à moitié avec les enfants. Toutes les études et les retours que nous avons eus après l'interdiction au collège étaient très positifs selon la concentration des élèves. Oui, la déconcentration liée aux écrans est un des fléaux de notre société. On a fait un vrai progrès. Ca fait partie des choses dont on parle car ça a marché. Je suis favorable à des mesures au lycée, même s'ils sont plus grands. C'est bien de faire une expérimentation. - A.-E.Lemoine: Entre 2018 et 2024, ça a mis du temps. - J.-M.Blanquer: Pour les collèges, s'assurer que ça se passe pour de vrai, travailler avec les collectivités... Pour les casiers, par exemple, c'est déjà toute une affaire. On a fait le collège, on passe au lycée. Ca me paraît bien. - A.-E.Lemoine: Elle s'appelle Kamiliya, 7 ans. Elle a été fauchée jeudi par un chauffard de 19 ans. Elle a succombé hier à ses blessures. Elle n'est pas décédée aujourd'hui ni hier, elle est décédée sur la route, c'est ce qu'a déclaré son père à l'occasion d'un rassemblement silencieux. - On m'a dit qu'elle n'a pas souffert, c'est le plus important. Même dans sa mort, elle n'a pas pleuré. Elle n'a pas pleuré pendant 7 ans, elle n'a pas pleuré quand elle est morte. C'est pour ça aujourd'hui que je refuse qu'on pleure ou qu'on montre de la tristesse. Juste par respect pour elle. - A.-E.Lemoine: Bonjour. Vous êtes l'avocat des parents de Kamiliya. On vient d'entendre de la dignité, de la colère. Un message très engagé contre la justice sur Facebook... Vous comprenez cette colère? Il ne fallait pas remettre en liberté conditionnelle? - Me N.Boudi: Bien sûr. Je vous remercie de m'avoir invité pour porter la parole de ses parents. Ils ont été dignes dans le drame. Dès le soir de l'accident, l'état de santé de la jeune fille était irréversible. Vous avez des parents qui sont restés au chevet de leur fille, ils ont dû prendre une décision douloureuse avec le corps médical. Au départ, ils n'ont pas pris la mesure du drame qui se jouait. Ils étaient sous le choc de voir leur petite fille se faire faucher. Il y a eu cette 1re étape, la prise de conscience. Ensuite, le papa a annoncé près de ce passage piéton que la jeune fille était décédée, qu'elle n'avait pas pleuré. Il y a une émotion particulière par rapport à la question que vous posez, s'il faut comprendre... Les émotions et les réactions des victimes, on ne peut pas se mettre à la place des victimes, encore moins sur un tel drame. Les accidents de la circulation... La justice prendra le temps de qualifier les faits. Vous avez une petite fille qui devait faire sa rentrée scolaire, qui était accompagnée de son grand frère sur le passage piéton, elle a été fauchée de manière brutale. Les parents ont le droit et le devoir d'exprimer les émotions qu'ils ressentent. - A.-E.Lemoine: Pour vous, il n'était pas nécessaire de maintenir ce motard en détention? Il était inconnu des services de police. - Me N.Boudi: C'est ce qu'a décidé un juge des libertés et de la détention. Il faut rappeler les grands principes. Bien que les faits soient particulièrement graves, dans notre droit, toutes les fois où un drame se produit sur le territoire national, il y a des tentatives... Je ne parle pas des parents. Les parents sont légitimes de commenter cela. Il y a des tentatives de récupération politique, il y en aura dans toutes les affaires. Moi je suis attentif aux commentaires et aux réactions qui se font autour de la justice. Les avocats, nous avons de la modération à avoir vis-à-vis de la justice. Une audience va arriver le 10 septembre. Je me permets de communiquer la date. La question de savoir si ce jeune doit rester sous contrôle judiciaire ou en détention provisoire va se poser à nouveau devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Laissons la justice travailler. La colère des parents est légitime, normale. Qu'il soit placé en détention ou pas n'a rien à voir avec leur fille. - E.Tran Nguyen: Il y a eu les mots du père de Kamiliya, ils font écho avec les propos de la femme du gendarme tué. - La France a tué mon mari, le père de mes enfants. La France a tué mon mari par son insuffisance, son laxisme et son excès de tolérance. La France a tué mon mari. Comment? Pourquoi? Pourquoi cet homme multirécidiviste peut-il évoluer en toute liberté? Quand est-ce que nos législatifs ouvriront réellement les yeux? - E.Tran Nguyen: La veuve du gendarme E.Comyn est allée plus loin. Elle a suggéré le rétablissement de la peine de mort. - Me N.Boudi: On comprend l'émotion de cette dame qui semble très forte. Des images ont circulé... La justice aura à se prononcer. - E.Tran Nguyen: La justice est laxiste? - Me N.Boudi: Non. Demandez aux professionnels de la justice, demandez à tout ceux qui passent devant la justice française, il faut respecter l'institution judiciaire. Ce sont des mots très forts. La victime a le droit de s'exprimer. C'est important qu'elle le fasse. C'est important d'accorder une place importante aux victimes pour qu'elles expriment leur désarroi et leur colère. Encore plus quand ces faits sont commis sur la voie publique. C'est un véritable fléau, les drames qui se sont commis sur la route. Je sais qu'elle a proposé de revenir sur la peine de mort. - A.-E.Lemoine: Cela a été soutenu par la droite et l'extrême droite. - Me N.Boudi: Il y a toujours des tentatives de déstabilisation autour de l'institution judiciaire. Il faut que l'institution judiciaire résiste. Elle sait résister aux pressions. Henri Leclerc a été l'un des porte-parole de l'approbation de cette loi. L'émotion est passé. Maintenant, il faut que les enquêtes se poursuivent, c'est la priorité pour les victimes. Ca va permettre de les accompagner dans le deuil. Il faut une réponse judiciaire et pénale qui soit rapide. - A.-E.Lemoine: Quel est le profil de ce jeune motard? On a beaucoup parlé du multirécidiviste qui a refusé d'obtempérer et a fauché ce gendarme. Quel est le profil du motard? - Me N.Boudi: Je suis moi-même de Vallauris, c'est ma ville natale. J'étais présent dans cette ville le jour des faits. J'ai échangé avec les parents de Kamiliya dès le lendemain, j'ai échangé avec le tonton de Kamiliya, que je connais bien, j'ai joué au football avec lui. Il y a un sentiment de colère. Ils viennent de perdre leur fille. Cette douleur, personne ne peut la décrire... Il semblerait que ce soit un jeune garçon sans problème, français, né en France, de parents français. Un jeune comme il en existe des centaines de milliers sur notre territoire. On n'excuse pas sa conduite. Ce qu'il faut bien comprendre sur les tentatives de déstabilisation on est sur un profil lambda, inconnu des services de police. Visiblement, je parle au conditionnel... La moto était assurée, il avait son permis de conduire. On est loin du profil qu'on veut présenter, comme étant celui de l'individu multirécidiviste, etc. Pourquoi je fais cette observation? Ca va être le mot de la fin. C'est ce que m'a demandé la famille: pas d'instrumentalisation de leur drame. C'est leur drame, c'est leur deuil, c'est leur fille. Elle demande, et c'est difficile en 2024, que leur fille soit épargnée des commentaires qui tendent à faire monter une polémique. - A.-E.Lemoine: Merci. Vous représentez les parents de Kamiliya. C'est l'heure de la chronique de L.Sénéchal. On parle des Jeux olympiques, et notamment des Paralympiques dont la France est prise de folie. - L.Sénéchal: Nouvelle moisson d'or aujourd'hui. On a eu 4 titres et ce n'est pas fini. On est 4e au classement des médailles. On s'approche de ce qu'on avait fait à Tokyo, 11 médailles d'or. On en a 6 pour l'instant, notamment ce titre d'A.Aubert en boccia. C'est un sport qui n'existe qu'aux Paralympiques. - On peut annoncer le premier titre... C'est historique! - L.Sénéchal: C'est un sport qui ressemble à la pétanque. "Boccia", ça veut dire "boule" en italien. C'est pratiqué par des athlètes en fauteuil roulant. Parfois, ils sont assistés de personnes valides. Ce n'était pas le cas d'A.Aubert. On lance une boule de cuir. Il faut être au plus près du cochonnet. C'est la boule blanche. Médaille d'or pour A.Aubert. Médaille d'or aussi dans le paratriathlon pour A.Hanquinquant, notre porte-drapeau. Dans une autre catégorie, l'or et la grande émotion pour J.Ribstein. Il a été sacré devant les Invalides. - J.Ribstein: Ca fait 8 ans que je m'entraîne. Désolé... - C'est normal... - Je n'ai pas pu aller à Tokyo, notre catégorie n'avait pas été prise. Là, ça fait 3-4 ans que je dédie ma vie à Paris. - L.Sénéchal: Grandes émotions dans ces Jeux. M.Patouillet a été sacrée en paracyclisme. Elle est allée au-delà de ses limites. Vous la voyez sur le podium, elle doit être portée. Elle a eu un malaise vagal, tellement elle s'est donnée. Ces Jeux paralympiques suscitent une grande émotion et un grand intérêt du public. La cérémonie d'ouverture a été vue par 10 millions de Français. Les records d'audience se succèdent depuis. Près de 5 millions de téléspectateurs devant le para-athlétisme. Des images de victoires, de joie, de danse se multiplient. Les héros tricolores prennent leur dose de joie au Club France à La Villette. C'est le genre d'ambiance que vous avez tous les soirs. A.Griezmann, la star du foot, a repris sur X, Twitter, ses alertes médailles. Il partage son enthousiasme. Il y a une ombre au tableau. Ces Jeux auraient pu être l'occasion d'un big-bang de l'accessibilité, ce n'est pas le cas. Voilà le genre de messages qui ont fleuri dans les rues de Paris. Nous avons suivi une volontaire. - Il faut penser aux bus, il y a des bus où la rampe ne fonctionne pas. Je suis obligée d'attendre un autre bus. J'ai fait demi-tour. Il n'y a pas de passage. C'est épuisant moralement. On nous met à l'honneur, on nous met comme des marionnettes devant. Derrière, il n'y a rien. - L.Sénéchal: V.Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, en appelle à l'Etat pour lancer un plan "métro pour tous". Un budget de 15 à 20 milliards d'euro pour rendre accessibles toutes les lignes de métro. Il faut mettre cet argent sur la table, J.-M.Blanquer? - J.-M.Blanquer: Beaucoup de choses ont été faites. Le rattrapage ne se fait pas si facilement en matière de travaux publics. C'est insuffisant, vous avez raison de marquer cette insuffisance. Je ne doute pas qu'on réussisse à progresser là-dessus. - A.-E.Lemoine: Si vous n'aviez pas dit non aux régionales... - J.-M.Blanquer: J'aurais perdu. On était dans une ambiance de préparation des JO. Maintenant, on se rend compte que ça a été très collaboratif. Sur le fond des choses, il faut le dire... Il y a souvent du discrédit de la classe politique. Je peux témoigner du fait que tout le monde était en ligne pour arriver au résultat que les Français apprécient aujourd'hui. Quelles que soient les différences que l'on peut avoir, on peut le dire. C'est à souligner. J'ai apprécié la cérémonie d'ouverture paralympique, c'était magnifique. Presque encore plus que la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques. Il y avait une simplicité, une gaieté qui était communicative. - A.-E.Lemoine: En Israël, stupeur et colère après la découverte des corps de 6 otages. - L.Sénéchal: Découverts dans des tunnels du Hamas au sud de la bande de Gaza. Ce sont les visages que vous voyez. Ils ont tous été enlevés le 7 octobre par le Hamas. D'après Israël, ils ont été abattus 2 à 3 jours avant que les corps soient découverts dans ces tunnels. - L.Sénéchal: Le Premier ministre israélien demande pardon pour ne pas avoir sauvé ces otages. Les funérailles ont eu lieu hier et aujourd'hui. Des centaines de personnes sont venues. Cette jeune femme avait tenté de s'échapper, de se cacher. Elle était restée 2 heures au téléphone avec les forces de l'ordre au moment de l'assaut du Hamas. par ces membres du Hamas. L'indignation est importante en Israël. Une soixantaine d'otages seraient encore en vie. Leur libération est une urgence absolue pour ces dizaines de milliers d'Israéliens. Ils ont manifesté ce week-end. Ils en appellent à leur gouvernement. Ces manifestations se sont terminées par une grande tension et des affrontements avec les forces de l'ordre. Les syndicats ont rejoint ce mouvement d'indignation avec une grève générale. Mais la grève a pris fin. La justice déclare ce mouvement de grève illégal. Le projet américain de trêve est au point mort. Israël poursuit une opération militaire en Cisjordanie. Depuis mercredi, ils auraient tué au moins 24 Palestiniens, tous des terroristes selon l'armée israélienne. - A.-E.Lemoine: Aux Etats-Unis, D.Trump fait à nouveau scandale. - L.Sénéchal: Il a diffusé une vidéo de campagne dans un cimetière militaire. Un hommage à des soldats tombés au combat. D.Trump a qualifié, par le passé, les soldats américains tués de "perdants". Sa dernière tentative de récupération politique fait bondir une association des vétérans américains. - E.Tran Nguyen: Voilà le genre de caricatures qui fleurissent... D.Trump qui retire les drapeaux sur les tombes des soldats pour les remplacer par des panneaux "Trump 2024". Il y a eu une altercation entre son équipe de campagne et le personnel du cimetière. Du pain bénit pour K.Harris, la candidate démocrate. En ce moment, D.Trump multiplie les faux pas. Il a utilisé une chanson des Foo Fighters sans demander l'accord au groupe de rock. Trump a payé pour les droits de ces chansons. L'argent sera reversé à la campagne de sa rivale, K.Harris. D'autres artistes ont refusé que D.Trump utilise leurs chansons. C.Dion... Il a utilisé "My Heart Will Go On", la chanson de "Titanic". - J.-M.Blanquer: Toutes ces histoires de campagne aux Etats-Unis sont inquiétantes sur l'évolution de la démocratie.

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