Hommage à Henri Leclerc, célèbre avocat pénaliste - LCP Assemblée nationale - 30/08/2024

Henri Leclerc l'enfance décide écrivait Jean-Paul Sartre dans les mots qu'a donc décidé votre enfance je crois que mon enfance qui a été en partie faite pendant la guerre m'a quand même assez ouvert sur la complexité du monde d'abord et les les problèmes qui étaient posés et puis ça je crois que j'ai eu la chance d'avoir des parents assez exceptionnels dont ma mère était pieuse et religieuse mon père était complètement agnostique et il s'entendait très bien et c'est quelque chose qui crée à mon avis pour la vie une nature tolérante et bon je je pense que cette éducation familiale est pour beaucoup même dans ce que je suis devenu mais d'où vous vient cet instinct de défense ben d'une envie oui d'une envie et ça je crois que je l'ai eu très tôt c'est-à-dire que je je lorsque je vois quelqu'un qui est qui est accablé j'ai envie de le défendre c'est c'est tout c'est une c'est une disposition mentale c'est une disposition mentale mais ça vient aussi de l'horreur de l'épuration une forme de de dégoût pour cette justice dévoyée cette atmosphère de l'inch dire que j'étais très enfants quand même j'avais 11 12 13 ans mais j'avais été très frappé j'ai été très frappé il y a un fit générateur c'est mon père était était écoué radio Londes tous les soirs il avait des contacts et cetera CIT il était pour lui Vichy c'était abominable et j'ai un souvenir très frappant du jour où mon père est rentré très en colère parce que on avait condamné la va à mort on l'avait exécuté dans des conditions absolument abominables on l'avait pas jugé en fait c'était un un alibi bon et euh il était très en colère alors que depuis 4 ans j'entendais dire que la Val était un type abominable et ça c'est quelque chose qui m'a donné après quelques années après à le livre qu'alberna l'avocat de la valal avait écrit ça m'a secoué et après il se trouve que dès que j'étais avocat il y a pas de hasard en fait j'ai été le collaborateur d'alberna vous avez commencé auprès d'alberna alors vous êtes Henri Leclerc l'un des derniers totem du droit pénal votre nom est associé à la plupart des grandes affaires criminelles de ces 40 dernières années la liste de vos faits d'armes donne le tourn on ne compte plus les ténors du barreau qui vous cite en exemple ni les voocation que vous avez inspiré alors à 88 ans et du haut de vos 6 ans d'exercice sauriez-vous dire aujourd'hui qu'est-ce qui fait un grand avocat je crois que ce qui fait un grand avocat c'est son d'abord son envie de défendre premier point et deuxièmement ça ça j'allais dire sa sincérité c'est-à-dire cette propension qu'il a à parler et à parler aux gens comme à plaider comme comme comme on parle à quelqu'un pour le convaincre quand on a quelqu'un qu'on aime bien proche et qu'on a une discussion avec lui cette propension à à croire à ce qu'on dit et et à convaincre alors justement on a souvent entendu parler de vous en ces termes Leclerc ne plaide pas il parle il parle au juge au juré à son adversaire comme on parlerait à un ami en lui confiance et certitudes ses doutes ses interrogations qui vous a appris à murmurer à l'oreille des jurés à parler la langue qui est la l'heure et non pas celle de du code de procédure pénale bah d'abord il faut pour ça il faut d'abord bien connaître le code de procédure pénale c'est-à-dire qu'il faut être très solide sur les bases juridiques car d'abord savoir qu' plaide aux assises mais qu' plide aussi beaucoup en correctionnel ou d'autres affaires même parfois les affaires civiles euh tout ça tout ça c'est c'est c'est c'est quelque chose que j'ai est-ce que c'est mon patron qui m'a appris ça albern était un homme très simple mais c'était un très bon orateur aussi mais enfin d'une d'éloquence assez simple il m'a jamais rien appris mais je l'ai vu travailler pendant des années d'illeurs vous vous vous méfiez de l'éloquence et des grandes plédoiries ah ben absolument je me méfie de l'éloquence je me méfie de l'éloquence parce que j'ai la première affaire que j'ai plaidé et cette affaire d'un d'un yoslave qui buvait des bouteilles de lait je j'étais très content de cette affaire je trouvais que c'était très intéressant ce ce ce cette immigré qui dans Paris avait faim et qui n'avait d'autres autre solution que de boire une gorgée de lait dans les bouteilles qui étaient à l'époque devant les magasins et qui avait été pris sur le fait et j'avais fait une pldoirie dont j'étais content d'ailleurs dont le président m'a félicité mais il a pris 6 mois et là ce jour-là j'ai compris que il ne fallait pas plaider pour la beauté des mots les mon patron avait une formule extraordinaire il disait méfiez-vous des violoncelles leur son est beau mais leur ventre est creux et le le le la belle pldoirie c'est je'y suis sensible aussi mais elle n'est pas forcément convaincante elle n'est pas forcément convaincante parce que ce qui est convaincant c'est ce qui vient de l'intérieur et les mots sont donnés par la suite elle peut-être belle la pldoirie sincère mais il est nécessaire d'abord qu'elle soit sincère oui alors vous plaidez un peu comme on respire c'est c'est presque une une seconde nature en tout cas votre marque de fabrique il semblerait aussi que comme chez les acteurs le placement de la voix soit aussi décisif et il faut qu'il sonne un peu comme un saxo absolument je je crois que quand on veut parler ou quand on veut convaincre des gens dans une audience publique il faut que la voix soit entendue et je dirais que il y a je parlais il y a un instant de la sincérité qui est très importante mais il y a aussi la le son de la voix qui est séduisant il faut que on entende sa voix être entendu c'est c'est un élément que je crois très important être entendu comme peuvent l'être les acteurs qu' est-t-il de commun entre un acteur et un avocat ben c'est que l'acteur il dit un texte qui n'est pas le sien h et que l'avocat dit un texte qui est le sien h ça c'est la première chose ça c'est la différence mais qu'est-ce qu'il y a de commun ce qu'il a de commun je je pense que comme il y a des acteurs différents il y a des avocats différents quand on entend dansentré des artistes Louis Jouvet donner des conseils a à Bernard bli et à ceux qui étaient ses élèves à l'époque B très bien il leur explique euh apprégz le texte et à ce moment-là le le sentiment va vous venir en fait il y a dans dans l'histoire il y a un célèbre dialogue de didro qui s'appelle le Paradoxe sur le C comédien et dans lequel didro essaie de comparer les les comédiens qui sont froid h et qui avec leur intelligence restituent la vérité du texte et ceux qui imprègent complètement le personnage qu'il joue et bon alors je crois que chez les avocats c'est un peu pareil c'est-à-dire que vous avez des avocats moi j'ai entendu plaider de très grands avocats un homme comme Maurice Garson par exemple conservit un froid et et son émotion était un peu feinte quand elle avait lieu c'était l'intelligence du texte et puis vous avez des avocats qui sont complètement imprégné par ce qu'ils disent et qui sont des personnages présents vivants alors ce qui ce qui rapproche de du comédien ben c'est ce paradoxe c'est ce fait qu'il y a plusieurs types d'avocat et vous de quel type d'avocat ah moi je suis un avocat qui a besoin de de d'être profondément appraigné de ce qu'il dit c'est évident votre confrère pierre Aï prétend que vous êtes beaucoup plus qu'un avocat est-ce que vous pensez que vous vous défineriez par exemple comme un militant mais je suis un militant je suis un militant peut-être que c'est-à-dire que je je alors il faut bien voir que je suis un militant en même temps c'est-à-dire que je n'ai jamais été seulement avocat j'ai été avocat et militant sans donc bien plus qu'avocat j'étais plus qu'avocat je me suis engagé politiquement d'abord politiquement directement dans la politique au côté de Michel Rocard dans un parti qui s'appelait le PSU il y a très longtemps j'étais très proche de lui puis j'ai quitté complètement la politique du moins la politique politicienne pour m'engager à la Ligue des droits de l'homme dont j'ai été président et pour défendre les droits de l'homme en France et dans le monde bien sûr vous êtes l'un des rares sinon le seul ténor à avoir fixé les honoraires de vos consultation sur le prix d'une consultation médicale ah ça c oui une période de ma vie c'est lorsque nous avons fait une expérience avec coopétiveavocat celui d'un cabinet social en quelque sorte qui était à la fois une coopérative en quelque sorte où tout les avocats étaient à égalité et partager les revenus et et et nous avions ça simplement fait une boutique sur la route et pour qu'il n'y ait pas de dérive pour que ça ne soit pas mal compris nous étions sur la rue ouvert et cetera et le principe qu'on avait fixé c'est qu'on ferait quand même payer les gens qui viendrai prendre une consultation et nous avions envisagé le prix de la consultation médicale c'est une expérience qui a duré 20 ans quand même oui est-ce que est-ce que vous regrettez cette époque est-ce que vous avez la nostalgie de cette époque non j'ai pas j'ai pas je n'ai pas la nostalgie c'est un combat qui a été mené pendant 20 ans et puis qui a qui a plus ou moins é oui c'est-à-dire que qui a réussi 20 ans c'est pas mal et puis à la fin on s'est trouvé avec des difficultés vous savez les les gens changent les bon mais mais je ne regrette pas cette expérience non non regret au sens nostalgique de de de cette ah bah attendez bien entendu d'abord d'abord on est toujours nostalgie de ce qu'on fait quand on a moins de 40 ans et ensuite c'est la première nostalgie c'est-à-dire la nostalgie de la jeunesse ou de la la seconde jeunesse je dirais mais mais c'est aussi la la l'envie d'avoir tenté quelque chose pour pour changer un peu la justice en partant de ce quiétait les avocats je l'ai tenté je l'ai en partie réussi il y a beaucoup de jeunes avocats qui aujourd'hui sont sur ce genre de comportement hen lecl il paraîit que vous êtes arrivé de chanter pour les audiences écoutez ça pas morte tout ça n'êche pas Nicolas que la Commune n'est pas morte c'était la fin de votre pldoirie pour la famille du militant pierre auvernet vous étiez nombreux à à fredonner en salle d'audiance donner de la voix pour un ténor c'est le service minimum non c'est c'est il faut que ça vienne oui c'està-dire que c'est pas ce n'est pas une méthode habituelle ou mais je me souviens très bien de cette affaire qui était très émouvante par certains côtés et c'est vrai qu'à la fin quand j'voquer ce qui avait été le combat échoué de tous ces de tous ces gens qui avec Pierre avait voulu faire la révolution je j'ai je pensais que on avait c'est c'est vous voyez c'est ça c'est le propre de la pldoirie improvisée h HM c'estàdire que la la pensée tire un peu la parole et euh je je je pensais à Pierre auvernet je l'évoquais en fin de pldoirie qu'on avait enterré au cimetière du Père Lachaise au mur des Fédérés là où était les derniers Morts de la commune et et brusquement j'ai pensé à cette chanson qui évoquait effectivement la commune la Commune n'est pas morte et j'ai terminé en frudonnant cette chanson tout ça n'empêche pas Nicolas que la Commune n'est pas morte et j'ai terminé par les premiers couplets du Temps des Cerises bon alors est-ce que c'était un artifice j'en sais rien mais c'est quelque chose que j'avais envie de faire je parlais au juré je voyais leur regard ils étaient émus et j'ai voulu en quelque sorte restituer ce qu'avait été un homme comme auvernet qui était un militant révolutionnaire et la chanson je crois que c'est la seule fois où j'ai chané vous improvisiez tout était écrit à la virgule prè alors évolué dans la vie au début évidemment j'avais des notes assez précises puis après j'avais surtout un classement des pièces dont je pourrais avoir besoin et euh à la fin même ces pièces je les CITIS de mémoire et si vous voulez le le fait de lire une pièce c'était simplement pour pour bien montrer que c'était vrai bon et après je m'apercevais que quand je disais il y a cette pièce on me croyait et donc je là je me suis mis de plus en plus à improviser totalement alors vous improvisiez mais vous aviez un ange parlez-moi de cet ange qui vous a soufflé tout au long de vos 65 ans de plédoirie vos mots ben vous savez je le raconte c'est quand j'étais étudiant je je menais des combats politicaux syndicaux et j'avais pour adversaire principal à la Faculté de Droit Jean-Marie Le Pen et je me souviens très bien que alors que j'avais 18 ans on m'avait demandé de faire un discours offensif et je me suis rendu compte j'avais préparé je me suis rendu compte que brusquement il y a quelque chose qui se passait c'est-à-dire que les mots entrai dans la pensée j'avançais et que je je je parlais à des gens et que je me rendais très bien compte que s'ils avaient une émotion il fallait pousser cette émotion s'ils avaient envie de rire il fallait pousser ce rire et et et c'est là que j'ai dit c'est un ange qui arrive quand je plaide pour ça vienne de l'intérieur faut-il être convaincu de l'innocence de son client pour bien le défendre ou je je crois qu'il faut en être convaincu alors est-ce que est-ce que on l'est vraiment h alors je crois qu'on l'est vraiment je sais qu'un jour on me le racontait me raconé une de mes anciens collaborateurs il paraît que je suis rentré à mon cabinet furieux parce qu'un client qui avait qui étit poursuivi pour des meurtres avait été condamné à 10 ans et que je trouvais que c'était scandaleux qu'il était innocent et cetera alors mais mes mes associés mon'ont dit écoute on connaît le dossier quand même comment tu as pu croire vraiment que ce type est innocent et j'ai dit si il y a un moment où je l'ai cru c'est quand j'ai plaidéou c'est-à-dire que il y a quelque chose qui qui accarde et à ce moment-là les choses s'organisent vous savez le roi gourant disait que c'est C il parlait de cette faculté déconcertante qu'on les fait de s'aligner dans le bon ordre pour vu qu'on les éclaire d'un seul côté à la fois et quand on a commencé à éclairer les fait d'une certaine façon son il ils s'organis ils s'organise et il y a une espèce de conviction qui vient oui est-ce que cette cette conviction qui permet cette sincérité car quand on ne croit pas à l'innocence quand on y croit vraiment pas il faut il faut le dire il faut trouver le moyen pour plaider autrement il faut faut convaincre son client il faut se retirer au besoins au fond le Graal pour un avocat c'est de réussir à faire exister l'accusé en dehors de ce qu'il a fait ben c'est-à-dire que le c'est le tirer vers le haut ben c'està dire que ah bien entendu bien entendu il faut tirer vers le haut la personne qu'on défense ça c'est absolument indispensable et là il faut effectivement se là le le le le cœur même de la défense c'est je dis parmi les le mot d'ordre de la République c'est le mot fraternité et et il est évident que on défend quelqu'un il faut faire apparaître comme un être humain comme un être humain comme les autres et là véritablement c'est rare que je me sois trouvé en difficulté totale mais y a-t-il des défenses impossibles parce que vous dites que le mal absolu n'existe pas vous n'avz jamais rencontré de V carrière écoutez je je n sais rien hein le mal absolu j'ai j'ai rencontré des cas très difficiles mais je me suis tvant aperçu que dans la parole dans le dialogue qu'on pouvait avoir avec une personne on s'apercevait qu'il était un autre alors bien sûr les chemins de la délinquence les les raisons la passion enfin tout ce qui peut amener les actes violents bon tout cela on le découvre au fur et à mesure et moi je crois que on au fond il faut avoir envie de défendre quelqu'un un individu dans un procès il est tellement isolé tellement accablé il y a tellement de choses que on moi j'ai envie j'ai envie de dire non c'est pas tout à fait aussi simple par exemple défendre un violeur d'enfants défendre un violleur d'enfant c'est très difficile c'est très difficile parce que lorsque j'en ai défendu j'en ai pas c'est pas pas beaucoup mais euh le le problème c'est que en général celui qui est accusé nit les fait bon donc à ce moment-là on se trouve en face d'une situation mais après tout c'est pas parce que l'enfant l'accuse qu'il est coupable mais en même temps à ce moment-là l'enfant devient presque un ennemi et donc le procès est très difficile alors quand c'est un violeur d'enfant qui avoue c'est pas facile non plus parce que les gens disent et en plus ils s'en vendent quoi en gros donc c'est c'est une des défenses les plus difficiles qu' soit Henri Lecler on plaide toujours pour le droit jamais pour la morale même si un verdict ou un non lieu est moralement injuste si je suis pour la morale vous avez la morale demandz pour la morale le droit mais le droit je me refuse de trouver une distinction entre le droit et la morale voilà je je je je pense qu'il n'y a pas de droit qui ne soit pas moral mais le le il est évident qu'il peut y avoir des décisions qui sont injuste et des décisions de condamnation et même peut-être des décisions d'acquitement oui mais parce que pour certains avocats qu'un client soit une son coupable ce n'est pas la question ce qui prime c'est le respect du droit et non la recherche de la vérité c'est ça c'est c'est en particulier le le ce que développait beaucoup Thierry Levi c'est-à-dire ce qui compte c'est le droit c'est les procédures et cetera donc pas la morale non pas la morale moi moi personnellement je me refuse à distinguer vraiment les deux et je je je crois que ce qui est juste ce qui est juste ce n'est pas seulement le respect du droit quand vous voyez que des des peines des peines considérables queune personne peut-être condamné à la fois à la perpétuité et avant c'était même la peine de mort ou ou à 2 ans de prison vous vous rendez bien compte qu'il y a un espace considérable où est la part du juste la part du juste est-ce que c'est la part du droit c'est la proportion mais comment comment on on évalue la proportion d'une peine par rapport à un fait tout ça est très compliqué alors justement direz-vous que la justice des hommes fabriquent parfois une iniquité plus grande que celle qu'elle entend réparer je ben je crois évidemment je crois effectivement que la justice des hommes peut déraper et que c'est c'est ce qui existe de pire la le le pire étant bien entendu que la justice condamne un innocent ça c'est quand même et et et condamner un innocent c'est c'est euh faire une entorse au principe normalement l'intime conviction devrait protéger c'est-à-dire que la conscience la raison qui sont au cœur de l'intime conviction devrait protéger le fait condamner à nissant et euh mais mais en fait ça c'est pas vrai la justice est une institution qui a des dérapages et nous sommes là pour essayer et d'éviter au maximum que ça se passe il vous est arrivé maines et main de fois de plaider vend face autrement dit contre l'opinion publique au côté de Richard roman ou de DSK mais aussi du côté des partis civiles dans l'affaire Romar hadadad on plaide de la même manière quand on est du côté de l'accusé et du côté de la victime ou du cô je dirais que là il y a une différence considérable quand on plaide pour l'accuser il suffit le du doute il suffit du doute quand on plaide pour la victime on a une espèce d'obligation morale de la conviction vous restez convain la culpabilité de Marada ah bah oui ça je l'ai écrit j'ai dit pourquoi ou j'en suis convaincu mais si un jour on me démontre que j'ai fait une erreur je le regretterai vous avez littéralement failli être lyché quand vous défendiez Richard roman regarddez ces images cette reconstitution à la mode du C restera l'un des souvenirs les plus cuisants de votre carrière désespoir attisé par la vue de ce mannequin présenter leur enfant les deux inculpés étant absent la famille va violemment s'acharner maintenant sur l'autre avocat de la défense on navait jamais vu çaz tout de suite B c'est un souvenir c'est un souvenir fort h c'est un souvenir fort mais bon c'est pas j'ai pas j'ai pas été linché à mort hein j'ai pris quelques coups j'ai saigné mais enfin c'est tout h mais c'est vrai que c'est un souvenir fort parce que c'est un souvenir qui pose véritablement le problème de la responsabilité et de la défense et bien entendu ce n'est pas ça qui m'a retenu compl et je rappelle que Richard roman éé acquitté après il a été acquitté pas seulement par un espèce d'accident de procédure comme ça arrive mais je dirais que l'ensemble de ceux qui assistaient au procès étit convaincu de son innocence alors aujourd'hui le lychage s'est déplacé sur les réseaux sociaux les structures mentales ont changé ce qui était acceptable hier n l' plus aujourd'hui qu'il s'agisse du sexisme ordinaire ou des violences sexuelles plus encore aprèsmou font-il s'en réjouir ou s'inquiéter du point de vue stricto sensu du droit non on peut pas on ne peut pas sacrifier le droit h c'est-à-dire que il y a nous sommes en face d'un problème nous sommes en face d'un problème c'est qu'il existe un jugement de l'opinion publique et ce jugement de l'opinion publique il démarre avec des éléments qui ne sont pas les preuves bien sûr il y a des accusations mais toute accusation n'est pas une preuve en elle-même certes dans la plupart des cas ces accusations sont réelles mais elles ne sont pas forcément des preuves or cette espèce de de de de certitude de l'opinion publique qui condamne un homme surtout pour des faits comme ça au pilori c'est-à-dire que il est il estclu il devient hors circuit alors qu'il n'a pas été jugé c'est quelque chose d'extrêmement pénible et à mon avis qui pose un véritable problème car seule la justice peut avoir les éléments suffisants contradictoire le débat oral l'analyse complète des faits la la la l'accusation la défense pour en tier un bilan et dire effectivement quelle est la vérité publique oui pourtant de plus en plus de personnalités préfèrent témoigner par écrit ou par voix de presse plutôt que de porter plainte comprenez-vous qu'Adel anl Vanessa springor ou encore Camille couchner pour le citer qu'el et choisi cette voie plutôt que de pousser la porte d'un commissariat mais je le comprends très bien oui je comprends très bien qu'effectivement cela soit plus efficace et que ce dont ont envie la plupart des victimes ou des proches des victimes qui qui témoigne c'est c'est que le fait soit reconnu c'est qu'il soit reconnu comme victime et la voix médiatique est plus rapide que la voie judiciaire la voie judiciaire a un gros défaut c'est qu'elle démarre dans le CE en principe un secret qui est d'ailleurs en permanence violé il y a des fuites il se passe un certain nombre de choses c'est vrai et de quoi est-ce le symptôme vous ne pensez pas qu'au fond c'est aussi le symptôme d'une justice qui est de plus en plus discréditée ben c'est c'est le c'est le signe que la justice n'est pas le le seul élément qui disent le juste h l'opinion publique dit d'une certaine façon le juste mais l'opinion publique n'a pas de garantie elle n'a pas les garanties du droit et donc c'est vrai qu'on se trouve actuellement dans une une situation particulièrement difficile parce que la transformation du monde sur le sujet des violences faites aux femmes sur le sujet des viols un progrès et est un progrès considérable ça c'est c'est vrai mais en même temps ce progrès affaiblit l'institution judiciaire et peut détruire des hommes de façon injuste oui Henri Leclerc vous avez raccroché la robe à 86 ans après avoir plaider une dernière fois aux assises en novembre 2020 dans le procès de Julien C accusé d'avoir voulu imoler sa petite amie une piédoirie historique tous vos pères sont venus y assister un procès qui s'est soldé néant moins par une condamnation à 20 ans de réclusions criminelle ce verdicte vous a blessé vous le trouvez injuste oui oui profondément je je vis avec ça h et je suis personnellement j'ai j'ai été convaincu qu'il y avait dans cette affaire un doute considérable un doute tel que je j'ai j'ai c'est vrai j'ai terminé par un échec et et il est douloureux h alors vous avez et enfin il est surtout douloureux par mon client oui vous avez Henri Leclerc accompagné beaucoup de mouvements sociaux vous êtes battu pour les paysans les ouvriers les mineurs les droits des travailleurs quel serait aujourd'hui votre cheval de bataille si vous aviez en choisir un politiquement l'écologie évidemment le climat le la les conditions de la survie comment nos enfants vont-ils pouvoir vivre c'est ça qui aujourd'hui m'obsèderait le plus mais ça ne veut pas dire que j'ai baissé la garde en ce qui concerne les droits de l'homme h donc vous rendriez la défense du climat absolument moi je pense qu'il est absolument indispensable que il y ait un effort considérable pour réfléchir à ce que va être demain mais il ne peut pas être concevable que aussi demain voit une baisse en ce qui concerne la reconnaissance des droits de l'homme donc je pense que les deux sont absolument indispensable et les les le le souci des libertés va avec le souci d'une vie possible et en même temps avec une vie possible et une vie socialement possible enfin voilà merci