... -Jacqueline Laffont,
excepté le totem du barreau Henri Leclerc,
rares sont les avocats qui fassent l'unanimité
auprès de leurs pairs. Or à l'évocation
de votre nom, c'est toujours un concert de louanges. Pourquoi ? -Je n'en sais rien. Je pense
que je fais l'objet aussi peut-être
d'une certaine bienveillance, peut-être parce que j'ai traversé
des moments difficiles. -J'ai une piste. Mettons de côté vos qualités
professionnelles éprouvées et reconnues,
votre légendaire discrétion dans un milieu à fort ego n'y serait-elle pas
pour quelque chose ? -Peut-être. Je pense que,
lorsque l'on s'expose, on s'expose
aux critiques également. Et donc je ne m'expose pas
si souvent que cela. Je porte peut-être moins
le flanc à la critique ou aux jalousies. Beaucoup de choses se passent
dans nos métiers, dans tous les métiers
probablement, d'envie. Voilà. -Alors, Emmanuelle Kneusé,
votre consoeur... -Et amie. -Dit que la discrétion fait partie de vos gènes
et de cette génération. -Oui, c'est vrai qu'on est
peut-être une génération plus discrète. Moi, en ce qui
me concerne, j'ai toujours eu une façon de régler
cette question. C'est : est-ce que ça sert
mon client ou pas ? Et comme je pense qu'en définitive,
notre rôle, notre mission, elle s'exerce
dans les tribunaux, devant les tribunaux,
devant les juges... -Et en aucun cas
dans une arène médiatique. Défendre un ancien président
de la République, est-ce le même exercice qu'un quidam ? -Ca mobilise toujours les mêmes
ressorts, c'est-à-dire que moi, je pense que ce métier,
on doit le faire avec une forte capacité
d'indignation, de combat. Chaque défense de chaque homme,
de chaque femme, c'est à chaque fois un combat
pour plus de justice. Il y a évidemment
des différences et puis il y a pour l'essentiel beaucoup de points communs. -Vous avez été l'avocate de Nicolas Sarkozy
entre autres. -Je le suis toujours. -Vous êtes aux yeux du public
l'avocate des puissants, Charles Pasqua,
Serge Dassault, Ali Bongo, Laurent Gbagbo,
Jean-Marie Messier, Nicolas Sarkozy, on l'a cité,
Alexandre Benalla, Nicolas Hulot,
Patrick Poivre d'Arvor ou encore Damien Abad. D'ailleurs, comment défend-on à l'ère
de MeToo et des gilets jaunes ? -On doit les défendre
plus que jamais. Plus que jamais. J'ai le sentiment aujourd'hui qu'on est dans une ère où, effectivement,
on veut se passer de la médiation de la justice,
de la médiation de la règle, de la médiation de la loi, de la
médiation de cet espace sacralisé, qui fait qu'on a une décision
qui est le fruit de règles, d'une procédure. Une décision
de justice n'existe pas si elle n'est pas recueillie
selon des règles qui sont arrêtées par la loi
et la justice directe, immédiate, pour moi,
n'est pas une justice. Donc, plus que jamais,
il faut se battre, parce qu'il y a des dérives
qui, à mon avis, sont inquiétantes. Je pense que beaucoup
de nos grands principes sont en train de voler en éclats. -Diriez-vous que l'époque entre en dissonance
avec les droits de la défense ? Plus que jamais ? -Oui. C'est quand même la grande époque
de... de l'accusation. Je trouve que c'est quand même
la mode de l'accusation. -L'interpellation publique. -La mode de la dénonciation sauvage,
publique, sans ces règles qui font la justice, sans
lesquelles la justice n'existe pas. La justice est évidemment imparfaite,
elle doit progresser toujours, elle doit être dénoncée
lorsqu'elle a des failles, elle doit être améliorée, elle doit en permanence
être questionnée. Enfin, je ne la prends pas
pour une institution qui serait parfaite et idéale,
loin de là. Je me bats tous les jours pour que
cette justice soit meilleure. A chacune de mes affaires, je pense
que j'agis pour cela. Mais la justice
reste la justice, elle ne peut être remplacée
par rien d'autre. Et il n'y a pas,
encore une fois, de possibilité
de s'en affranchir. Et c'est ça que je trouve
dangereux, au nom de combats,
qui sont évidemment nobles, légitimes,
beaux, nécessaires, et tous les qualificatifs
possibles, on vient mobiliser des ressorts
qui parfois m'inquiètent, de volonté
de mort sociale. La réalité, c'est qu'aujourd'hui,
point de salut pour les personnes
qui ont été un jour accusées dans leur vie
d'affaires, jugées ou pas. C'est quand même important
de le rappeler. Ces personnes n'ont plus
le droit de vivre, n'ont plus le droit d'aller
dans un salon littéraire. Elles n'ont plus le droit
d'être vues à un spectacle. Donc je trouve
qu'il y a une dérive d'une justice populiste. -Vous évoquez, j'imagine, PPDA et Nicolas Hulot. On va en parler, mais j'aimerais vous faire réagir
à cette citation : "Le procès est d'abord
une cérémonie de paroles. "Il met des mots
à la place de la violence, "une peine à la place
de la vengeance, et de l'argent "à la place de la souffrance. C'est le sens profond de la justice "que de substituer à l'événement
du crime un autre événement, "celui du procès." Ecrivent
dans "Victimes, et après ?" Arthur Dénouveaux
et Antoine Garapon. Comment reconnaître
les victimes dans leur souffrance
quand les faits sont prescrits ou les preuves insuffisantes ? -C'est formidable que vous citiez
Arthur Dénouveaux et Antoine Garapon, qui est un ancien magistrat, philosophe
aussi, qui a beaucoup écrit. Je trouve que cette citation
est très juste. En fait, je pense qu'il y a
un leurre à vouloir entretenir... il
y a un temps pour tout, il y a le temps de la justice et il y a la loi qui,
au bout d'un certain temps, devenu très long,
c'était probablement nécessaire, on a rallongé
les délais de prescription, qui vient vous dire : vous n'avez
plus le droit de juger un homme. Donc on vous demande
de condamner socialement un homme
que la loi interdit de juger. Et si vous voulez, un homme
que la loi interdit de juger, c'est un homme
qui ne sera jamais condamné. Un homme qui ne sera jamais
condamné est un homme qui ne peut pas être présenté
comme un coupable. Un homme qui n'a pas été déclaré
coupable est un innocent. Nous avons, nous,
un rôle, une responsabilité. Tout le monde porte
une responsabilité sur le fait d'entretenir
certaines plaignantes, victimes peut-être, parmi elles,
dans les plaignantes, il y a beaucoup de victimes,
c'est une évidence, mais dans le leurre que,
finalement, il faut la vengeance. C'est plus une question de justice,
c'est une question de vengeance. Eh bien non,
je pense que le deuil, ce mot que je n'aime pas trop
et assez galvaudé, mais doit exister
en dehors de cela. -Comment se reconstruire
quand les faits ne sont pas caractérisés,
quand ils sont prescrits ? -Ce que je pense profondément,
c'est qu'on doit inciter les femmes, quelles
qu'elles soient, ou les hommes qui sont victimes à déposer plainte
le plus rapidement possible. C'est quand même le meilleur moyen
que la justice fonctionne et les délais sont longs. On ne leur demande pas
de faire ça dans les 24 heures
ni dans les 6 mois ni même dans les 5 ans. Donc,
voilà, il faut que les femmes se dirigent
le plus nombreuses possible vers les portes
des commissariats, vers la justice,
qu'elles conservent les preuves, les éléments, les textos envoyés
à leurs amis, pour faire en sorte
que ces faits soient jugés. Le jour où ils ne peuvent plus
être jugés, c'est la loi. Ces mêmes personnes sont
probablement les mêmes qui se sont battues
contre les tribunaux d'exception. Est-ce qu'on veut dans ce cas
une justice d'exception ? Non, il y a des lois. On peut
les considérer parfois imparfaites, on a des moyens qui sont ceux
de l'arsenal législatif pour éventuellement
les faire bouger, la politique, les députés,
il y a des institutions, mais si vous voulez, pour moi,
on arrive quand même à une justice très populiste, c'est-à-dire qu'on vient finalement faire
des dénonciations sauvages, défier les institutions. Moi, je les combats tous les jours,
je les trouve insuffisantes, mais... Et finalement s'affranchir de la loi et de la règle
et je trouve ça dangereux. -Que répondriez-vous
à Adèle Haenel qui désespère de la justice de son pays ?
Un viol sur dix aboutit à une condamnation. Qu'en est-il des 9 autres ? Qu'en est-il de ces vies ? Si la justice veut être
à l'image de la société, elle doit absolument
se remettre en question. -La justice doit
se remettre en question. Elle s'est déjà pas mal remise
en question sur ces sujets-là. Et moi, ce que je lui réponds, c'est que, lorsque j'accompagne des femmes, car j'en accompagne
aussi dans ces parcours, qui sont des parcours
douloureux et difficiles, je pense qu'on a un rôle. Vous, les journalistes, avez un rôle, nous, avocats, aussi, c'est celui de leur expliquer
qu'il y a des règles et que, s'il y a
une plainte à déposer, car elles souhaitent la déposer,
car elles estiment avoir été victimes de faits, nous sommes là
pour les accompagner, mais il faut leur expliquer
qu'au bout de cela, il y aura une décision
de justice. Et cette décision sera peut-être
difficile à accepter ou pas, mais elle sera celle
qui sera rendue selon des lois
qui nous protègent tous, qui nous protégeront
tous demain, qui protégeront ces femmes,
leurs enfants, leurs frères, etc. Donc je pense qu'il faut
accepter cette justice avec ces imperfections-là, car
il n'y a pas mieux que la justice. -J'aimerais essayer
de voir avec vous comment sortir
de cette quadrature de cercle avec d'un côté des victimes
qui se sentent méprisées, de l'autre des accusés condamnés
sans autre forme de procès. Comment on en sort ? -Je pense qu'on a tous à agir. Je pense qu'il y a... Qu'il y a quelque chose à faire
accepter et comprendre aux personnes qui sont
victimes, qui sont plaignantes. Ou plaignants. Je pense aussi
que la presse a un rôle à jouer. Aujourd'hui,
je vois la place énorme qui a été donnée
dans les quotidiens d'information sur ces sujets, les premières pour sortir
et promouvoir des livres, bon, et la place qui est donnée
à côté de cela à ceux qui se défendent,
elle est à la fois dérisoire et lorsqu'ils osent
prendre la parole une fois, ils en entendent parler
pendant 2 ans, au point qu'on leur dit,
arrêtez de prendre la parole. Donc il y a
toute une éducation à refaire, qui est en train de voler
en éclats sur le fait que ce n'est pas
parce qu'on vient rappeler la règle, la loi, les principes
que l'on porte atteinte à des combats nobles et légitimes. Les deux peuvent coexister. Il faut que ça se rencontre, que les journalistes laissent
plus de place à ça, qu'ils écrivent
dans leurs articles qu'un homme dont les faits ne peuvent pas
être jugés car la loi l'interdit, on ne pourra jamais dire
qu'il est coupable. Jamais. C'est comme ça. Il faut que les victimes
qui veulent s'exprimer aient conscience de cela, et vous savez, je
me dis de temps en temps, on entend beaucoup de femmes
venir dire qu'elles ont mis 30 ans
à réaliser, que ce qui s'était passé
ce soir-là, c'était peut-être pas une relation normale, etc. -Et qui invoquent
l'amnésie traumatique. -Oui. Alors,
l'amnésie traumatique... Mais moi, ce que... Qui est
un peu remise en question. Je pense que l'emprise existe, que l'amnésie traumatique
existe, mais ce sont des concepts
qui ont été vraiment galvaudés, et que, si vous voulez, on peut
aussi interroger ces femmes, vous êtes une femme, je suis
une femme, on peut toutes avoir des mauvais souvenirs peut-être,
mais, à un moment donné, si elles-mêmes ont mis 30 ans
à se dire que finalement la façon dont les choses
s'étaient passé ce jour-là, peut-être qu'on peut aussi se dire
que la personne qui a partagé cette relation-là n'a pas eu
cette conscience-là non plus. Quand on parle
de ces affaires de viol-là, il y a beaucoup d'autres affaires
dont on parle très peu, que j'accompagne de temps
en temps, elles occupent beaucoup moins
les unes des journaux, mais ces affaires-là,
dont on parle, parce que c'est de celles-ci
dont on parle, je pense qu'on peut aussi
interroger cela. On est dans une vision manichéenne,
le bien et le mal, sur des sujets qui sont
infiniment complexes, des faits qui sont revisités
des années plus tard, à l'aune d'une évolution
que je trouve par ailleurs complètement
souhaitable et légitime, mais, voilà, rien n'est
aussi simple que ça et je pense que cette nuance-là,
ce serait bien que... oui, qu'elle ressurgisse
chez les uns et chez les autres. -La cour d'appel de Versailles
a exhumé récemment une jurisprudence de la Cour
de cassation datant de 2005 indiquant que,
si des faits prescrits s'inscrivent en liens précis avec d'autres faits non prescrits,
la justice peut mener son cours sans se soucier des dates. C'est la sérialité des faits. Si ces liens sont établis,
cela changera-t-il la donne pour bon nombre
d'affaires en cours ? -Oui, ça changera
sûrement la donne pour un certain nombre
d'affaires en cours. Vous faites référence
à un arrêt que je n'ai jamais lu,
puisqu'il est dans un dossier qui concerne un de mes clients,
mais auquel je n'ai pas accès. Client qui a fait l'objet
d'un classement sans suite. Pour l'instant,
nous en sommes là. Sur des faits non prescrits. -PPDA. -Voilà. Je ne vais pas parler
de son cas en particulier, mais pour en revenir
à cet arrêt-là, je ne l'ai pas lu. J'aimerais bien le lire en entier
pour pouvoir le commenter. Là, ce sont quelques extraits
qui ont été publiés dans la presse et que j'ai lus. Donc je ne sais
pas comment c'est écrit et comment c'est présenté
par la chambre de l'instruction. Mais le jour où, si ce jour arrive,
je ne sais pas s'il arrivera, mais où cette décision
de justice me serait éventuellement opposable,
ce qui n'est pas évident, à ce moment-là, je la lirais
et éventuellement je pourrais la commenter et éventuellement
exercer un recours si je pense que, juridiquement,
il y a un recours. -J'aimerais vous faire réagir à cette réflexion
d'une magistrate du siège, en région parisienne,
interrogée en décembre 2021, par le journal Libération, qui affirmait, je cite, que :
"La preuve ne repose pas "nécessairement
sur des éléments matériels, "on peut prononcer
des culpabilités "à partir
de témoignages concordants." Est-ce exact ?
La concordance peut peser ? -Oui. Oui. -Je pensais que seule la preuve de la
contrainte était exigée par la loi, qu'il ne suffisait pas de dire
"je n'étais pas consentante", encore fallait-il le démontrer. -Oui, mais pour le démontrer,
vous pouvez effectivement, enfin, les juridictions,
les tribunaux, les juridictions de jugement
peuvent retenir un certain nombre d'éléments et des témoignages
qui seraient concordants, normalement des témoignages directs
des faits, ce sont des affaires où il n'y a pas si souvent
des témoignages directs et en général,
il n'y en a pas. Mais si vous avez
un certain nombre d'éléments, d'un texto que vous envoyez, une amie à qui vous en avez parlé
en sortant, vous êtes sortie en pleurant, vous êtes allée voir
un médecin en sortant, il y a effectivement... -S'il y a un amoncellement
de preuves concordantes. -Un amoncellement
d'éléments concordants, qui viennent conforter
les déclarations d'une personne, s'il y a
un certificat médical où on constate
des lésions, etc., oui, à ce moment-là, on peut arriver
à une condamnation, qui est justifiée ou pas. C'est
une question d'analyse de dossier et de cas par cas. -A propos de consentement, la sociologue Irène Théry propose
d'introduire dans le Code pénal la notion de crédit de véracité permettant à celles et ceux
dénonçant des violences sexuelles de ne plus être soupçonnés de
mentir jusqu'à preuve du contraire. Est-ce une piste à creuser ? -Je pense qu'encore une fois, là, on arrive à l'inversion totale
de nos principes fondamentaux, de ce qui fait le socle
de notre procédure pénale. Au départ, quand une femme va déposer plainte pour un viol, la présomption de véracité,
dans les faits, elle existe, mais de proposer, comme le fait
Irène Théry, d'en faire un principe qui vient totalement bouleverser
la règle de notre droit, qui est
que c'est à l'accusation qu'incombe
la charge de la preuve, je suis
contre les justices d'exception quelles qu'elles soient, contre
ce qui ferait de ces faits-là, je dirais, des faits qui feraient l'objet
d'un régime dérogatoire, et je pense que,
encore une fois, ces affaires doivent être
jugées comme les autres, avec la même exigence de recherche de vérité,
la même exigence de respect de la parole donnée,
mais la même exigence de rechercher des indices
et des preuves d'une culpabilité. -Jacqueline Laffont, depuis la déflagration
causée par l'affaire Duhamel et le mouvement MeTooInceste, des femmes et des hommes politiques
se disent favorables à l'imprescriptibilité des crimes
sexuels sur mineurs. Et vous ? -Je pense que la prescription des affaires criminelles
sexuelles sur mineurs a été considérablement rallongée,
puisque, maintenant, on a le droit de déposer plainte,
on peut déposer plainte jusqu'à ses 48 ans,
donc 30 ans après sa majorité et parfois plus que cela, puisque
des faits peuvent avoir eu lieu quelques années
auparavant encore. Je pense qu'une justice
qui intervient si tardivement est une justice
qui n'en est plus une. Ces règles de prescription,
elles ont été rallongées. Pour le coup, l'amnésie traumatique
chez les enfants, je pense que ça a probablement plus
de sens, ça peut avoir un sens et puis, on est dans un univers
familial, c'est plus compliqué, les enfants doivent être protégés
plus que d'autres, etc. Mais on ne peut pas
aller au-delà. C'est totalement déraisonnable. La prescription, ça n'est pas fait
pour protéger les coupables, c'est fait pour protéger
une justice qui ait un sens. C'est un rempart
contre l'arbitraire. C'est un rempart
contre des procès sans preuves. Bien sûr. Non, je suis
fondamentalement contre. Et puis, quand même, je repense
à cette pauvre Elisabeth Badinter, qui s'est fait conspuer... -Ecoutons-la. -Très bien. *-Où on est maintenant ?
Où sommes-nous ? *Pour mépriser à ce point
la justice ? *Je suis parfaitement *en accord avec le ministre de la
Justice et ses déclarations d'hier, *on peut pas à ce point mépriser
les principes démocratiques. *-Eric Dupond-Moretti a dit : *il est temps de siffler
la fin de la récréation. *C'est extraordinairement dangereux
ce qui est en train de se passer, *certains se font dévorer
par un monstre qu'ils ont créé. *Les réseaux sociaux ne peuvent pas
être l'unique réceptacle *sans filtre de cette parole. La justice doit intervenir. *Mme Rousseau n'est pas procureur
de la nation. C'est ce qu'il dit. *-Ce que reprochent,
et je peux le comprendre, *les féministes de MeToo
à la justice, *et raisons pour lesquelles
elles leur tournent le dos, *c'est la question
de la prescription. *Quand c'est prescrit, *il n'y a pas
d'enquête policière. *Non, non, non. C'est la fin, je dirais, *de la présomption d'innocence
et d'un travail sérieux. *On n'est pas non plus... On peut s'interroger, *pourquoi on ne porterait pas
plainte avant la prescription ? *-Parce que, parfois,
les femmes se taisent. *-Pardon ? *-Parfois, les femmes se taisent. *-Il faut aussi prendre
ses responsabilités. *Je comprends très bien que,
pendant un certain temps, *même des années,
ça soit impossible à évoquer, *mais quand même, 10 ans... -Bien plus que 10 ans. -La philosophe Elisabeth Badinter s'est fait incendier
sur les réseaux après ses propos
sur MeTooPolitique. Qu'est-ce que vous en pensez ? Certaines avocates considèrent
qu'ils sont très violents. -Ecoutez, moi, d'abord,
c'est une femme envers laquelle j'ai
beaucoup d'admiration, j'oublie pas ses combats. C'est une féministe avant tout. Et je trouve que,
vraiment, les réactions auxquelles cet entretien a... -A suscité. -Voilà. Sont absolument
scandaleuses. Racistes. Violentes. Immondes. Et c'est ce que je vous disais, derrière ces combats nobles, je trouve qu'il y a des ressorts
très inquiétants quand même. Et je pense
qu'il n'est pas possible de ne pas accepter la discussion. Qu'elle se soit faite
de cette manière-là, je dirais, insultée à la suite de cette réaction, je pense que
c'est proprement inadmissible, mais j'aimerais entendre
les personnes le dire. Ensuite,
elle exprime un point de vue. On a encore le droit
d'exprimer son point de vue. Et ensuite, moi, je suis, je ne
dirais peut-être pas les choses... chacun dit les choses
à sa manière, mais je suis absolument
d'accord avec elle sur le fait que
ce que l'on veut en fait anéantir,
c'est dans ces affaires-là la présomption d'innocence. Non, elle doit exister et c'est ça, le combat,
qui est un combat difficile. Et je partage totalement
ce qu'elle a dit. -Pensez-vous que la prescription
peut aider la parole à émerger, que c'est une incitation ? -Ecoutez, je pense que ça peut
être une incitation. Cette prescription,
elle est, non pas de 10 ans, mais de 20 ans et de 30 ans
pour les mineurs, donc elle est déjà
extrêmement longue. Ensuite, il y a l'idée
de la justice. Cela a-t-il un sens, ces procès si longtemps après
dans des affaires où il est déjà difficile d'avoir les preuves
juste après les faits ? Ca ne peut donner lieu
qu'à des frustrations, qu'à une parodie de justice. Enfin, ça n'a pas de sens. Et puis, par ailleurs, oui, ça doit inciter les femmes
à déposer plainte. Dans des affaires
où, par exemple, il y a 30, 40, 90 personnes qui
viennent se plaindre de faits, comment vous expliquez qu'il y en ait 90
qui n'aient pas eu l'idée, pas une, de déposer plainte
dans le délai de la prescription ? On doit aussi s'interroger. Il faut dire les choses. -Comment expliquez-vous
que 90 femmes n'aient pas osé porter plainte avant les délais
de prescription ? -Certaines d'entre elles disent elles-mêmes
qu'à l'époque, elles n'ont pas eu
conscience de ça. Donc on revisite les choses. Moi, je suis prête à parler
de toutes les affaires que vous voulez, qui ont lieu
là aujourd'hui, celles-ci, on en entend
beaucoup moins parler. Je suis en train d'accompagner
une jeune femme qui a fait l'objet d'un viol, je suis aux côtés de plein
de femmes dans ce cas, c'est normal, je les accompagne
dans ces faits-là, j'en accompagne certaines même qui sont venues me
voir pour des affaires prescrites, mais je suis toujours claire, je suis toujours en cohérence
avec moi-même. Quel que soit le côté
de la barre, j'ai toujours le même discours. -Quand Elise Lucet insiste sur le fait qu'il n'existe pas
de prescription journalistique, qu'est-ce que
cela vous inspire ? -Franchement... Elise Lucet, les émissions
qu'elle a consacrées à certaines
de ces affaires médiatiques, dont certaines sont
à mon cabinet, je pense que ce sont... des lynchages, des lynchages en règle. Dans lesquels il n'y a aucune place
pour une autre parole. Au point que, moi, je renonce
totalement à la prendre. Il n'y a pas de place pour ça. Vous êtes enfermé dans quelque chose de compliqué. Si vous portez une autre parole, si vous venez simplement rappeler
des choses évidentes, basiques, telles que les principes,
vous êtes disqualifié, vous êtes accusé d'être contre
ce combat-là. -Malgré tout,
les journalistes ont un rôle à jouer. Depuis l'affaire
Dreyfus, on sait que les enquêtes peuvent amener à des ouvertures
de poursuites, de procédures. -Depuis l'affaire Dreyfus,
vous savez, de temps en temps, je me dis, c'est là
que les choses changent. Depuis Outreau, j'essaie de chercher une affaire où des journalistes ont recherché
une innocence. Je n'en ai pas trouvé. Je n'en ai pas trouvé. Il y a des principes qui doivent être sacrés. Or ils ne le sont plus
aujourd'hui. On s'affranchit
de ces principes au nom de la noblesse
d'un combat. Et derrière la noblesse
de ce combat, on voit ressurgir des choses
que je trouve encore une fois pas forcément très belles
et très respectables toujours. C'est, encore une fois,
cette volonté de mort sociale. -"A chaque fois que je me lève
pour défendre quelqu'un, "je me dis que je suis à ma place. Il faut y croire quand on entre "dans l'arène." C'est ce que
vous disiez sur France Inter. Vous arrive-t-il d'en douter ? -Moi, vous savez,
je doute beaucoup. Je doute beaucoup. Je doute avant chaque plaidoirie,
après chacune, je pense que le doute,
c'est vraiment quelque chose qui doit vous accompagner. C'est pas facile d'être
habité par le doute en permanence, sur soi,
sur ses capacités, est-ce qu'on fait bien, mal, etc. Moi, le doute m'accompagne sur tout, dans tout,
tout le temps, donc évidemment
dans mon métier. En revanche,
je ne doute jamais qu'un homme ou une femme
doit toujours être défendu. Je n'ai jamais autant envie
de défendre les gens que lorsqu'ils sont
accablés, lynchés. Parfois, on me dit,
arrête de défendre Untel, Untel, etc. Mais en fait, je pense que, oui, voilà, quand on défend, on est un peu seul
contre tous. C'est dur par moments. C'est dur, mais le jour où
je n'aurai plus envie de faire ça, il faudra
que j'arrête d'être avocat. -Merci. SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA ...
Henri leclerc l'enfance décide écrivait jean-paul sartre dans les mots qu'a donc décidé votre enfance je crois que mon enfance qui a été en partie faite pendant la guerre m'a quand même assez ouvert sur la complexité du monde d'abord et les les problèmes qui étaient posés et puis ça je crois que j'ai... Read more
-eric dupond-moretti dit
que vous n'avez peur de rien. rien de rien, c'est vrai ? -j'ai envie de dire
si le garde des sceaux le dit. non, je sais pas. j'ai pas peur de grand-chose
parce que je considère qu'il faut être habité d'une force
et d'une envie de conviction qui parfois gênent, dérangent et... Read more
Hervé et mime on prétend que vous êtes le woody allen du barreau la star des prêts vip les plus courus d'europe pourtant vous êtes un ténor discret et même farouchement secret d'où vient cette attachement viscérale au secret je suppose qu'à l'heure de la transparence obligatoire c'est pas juste une... Read more
musique légère -un ancien président
de la république redevenu député et des socialistes deux fois plus
nombreux qu'en 2022 sur le perron du palais bourbon...
-françois est là et il ne pleut pas. rires -...des insoumis triomphants
et une gauche arrivée en tête
à l'assemblée nationale,... Read more
-quand la politique se penche
sur des notions aussi fondamentales que la vie et la mort,
la souffrance et la dignité, comment faire la loi ? dans le cadre des débats
sur la fin de vie, nous recevons les députés
en première ligne sur ce sujet. aujourd'hui, charles de courson,
député... Read more
Ont été nommés vice-président de l'assemblée nationale madame clémence guetté madame naima mchou madame nadèj abomangoli monsieur xavier breton monsieur roland lescur et madame annie jeunevard le premier tour de cette élection nous montre finalement le vrai visage du rassemblement national de madame... Read more
Nombre de votants 574 bulletin blanc ou nul 5 suffrage exprimé 569 majorité absolue 285 ont obtenu madame ya bron pivé 210 monsie 102 monsieur sébastien chenu 143 monsieur charles de courson 12 autre [applaudissements] 2 aucun candidat n'ayant obtenu la majorité absolue des suffrages exprimés il y a... Read more
Vous venez de profférer des accusations qui sont abjectes vous salissez chaque jour un peu plus la politique à la nupesse alors on s'attendait vraiment à tout mais chaque jour un peu plus vous permettez des choses qui ne sont pas dignes dignes des français qui nous regardent [musique] aujourd'huién... Read more
Ce qui se passe ce soir ce qui se passe ce soir c'est deux choses c'est la victoire du barrage républicain au rassemblement national qui s'est faite à la fois par la participation de l'ensemble des députés du bloc républicain mais aussi par ces députés rn qui se sont pris les pieds dans le tapis en... Read more
On va à présent accueillir sophie binet la secrétaire générale de la cgt la lettre du président au français l'a mise assez en colère au point d'appeler les travailleurs à défiler dans la rue le 18 juillet pour obliger emmanuel macron à nommer au plus vite un premier ministre de gauche une méthode forte... Read more
Nous quittons la meur etoselle la ville de bacara et ses 4600 habitants où a été tourné ce documentaire réalisé par joseph gordillot là-bas comme 5 ans plus tôt marine le pen était arrivé largement en tête lors de la dernière élection présidentielle au lendemain des élections européennes et de l'annonce... Read more
D'outreem et de l'étranger ce dimanche 7 juillet second tour des élections législatives anticipé le peuple français s'est exprimé en marquant cette élection d'un taux de participation historique les français ont d'abord fait honneur à notre démocratie je tiens à remercier les électeurs du rassemblement... Read more