Législatives 2024 : chronique d'une folle campagne | Documentaire complet LCP

Musique légère -Un ancien président de la République redevenu député et des socialistes deux fois plus nombreux qu'en 2022 sur le perron du palais Bourbon... -François est là et il ne pleut pas. Rires -...des insoumis triomphants et une gauche arrivée en tête à l'Assemblée nationale, pas même les esprits les plus fertiles n'auraient imaginé un tel scénario il y a un mois, surtout avec un RN vainqueur à l'issue du premier tour des législatives. -C'est la première fois, sous la Ve République, que le deuxième tour inverse l'ordre des gagnants. -La perspective d'une prise de pouvoir par le Rassemblement National est apparue extrêmement crédible au soir du premier tour. -Durant deux semaines, la France a tremblé, la France a questionné une décision jugée par certains insensée. -Personne, il ne faut pas se cacher les choses, n'avait anticipé cette dissolution. -Comme... une mauvaise farce ou alors... une espèce de coup de poker, un pari qui tourne mal. -Nous allons vous raconter pourquoi la composition de l'Assemblée nationale est l'aboutissement de quatre semaines de campagne express et inédite, une folle campagne. Musique mutine Il est 19h en ce dimanche 9 juin. La soirée s'annonce belle pour les cadres et les militants RN, réunis au coeur du bois de Vincennes. Les sondages sont bons et les premières indiscrétions confirment que Jordan Bardella, de plus en plus populaire, va finir largement premier des élections européennes. ... Il est 20h, les 1ers résultats confirment la suprématie du parti d'extrême droite et la claque électorale donnée au camp présidentiel. *-Le Rassemblement National arrive largement en tête avec 31,5 % des voix. -BARDELLA ! BARDELLA ! BARDELLA ! BARDELLA ! -Et Jordan Bardella de réitérer une demande faite il y a plusieurs semaines déjà. -BARDELLA ! BARDELLA ! BARDELLA ! -Le président de la République doit choisir de s'en remettre à l'esprit des institutions. Nous lui demandons de prendre acte de cette nouvelle donne politique de revenir au peuple français et d'organiser de nouvelles élections législatives. Acclamations ... -A 21h, ce qui n'était qu'un mantra... va soudain devenir réalité. Ils chantent "La Marseillaise". -J'ai décidé de vous redonner le choix de notre avenir parlementaire par le vote. Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale. ... -DISSOLUTION ! DISSOLUTION ! DISSOLUTION ! -Un mot qui sonne comme une première victoire pour le parti nationaliste. *-Je dissous donc l'Assemblée nationale. -Au QG de la majorité présidentielle, les visages traduisent stupeur et tremblements, comme le pressentiment que cette décision est la genèse d'un séisme politique. *-On revote, cette fois pour des législatives inattendues. Emmanuel Macron a choisi de dissoudre l'Assemblée après la victoire du RN aux européennes. Enorme surprise, d'où une matinale remaniée pour mieux couvrir cette info... -En ce lundi 10 juin, la France se réveille avec la gueule de bois et les stigmates d'un pays qui sait qu'il pourrait être, pour la première fois depuis Vichy, dirigé par l'extrême droite dans moins de trois semaines. La décision du président de la République est qualifiée de "coup de poker dangereux". -Avec son annonce de dissolution, il a ouvert la porte grande ouverte au Front National, donc il faudra pas se plaindre. -C'est donner le pays aux fachos, quoi. -Peut-être que les gens vont se rendre compte que c'est un parti qui ne peut pas gouverner. Peut-être qu'en 2027, ils vont se casser la gueule. -Cette décision a saisi les Français et, très clairement, avec toute mon expérience, je n'ai jamais appréhendé, de la part des Français, une telle incompréhension s'agissant d'une décision politique. -Qu'est-ce qui se passe ? Les élections européennes, un score très mauvais d'Emmanuel Macron. Il va voter au Touquet, il revient et dans la voiture, on comprend qu'il est sous la barre des 15. C'est là que la décision se prend, donc finalement, très tardivement, en fin d'après-midi, le dimanche 9 juin. C'est à ce moment-là qu'il décide d'appuyer sur le bouton et dans la confidence, il n'y a pas grand monde. -Je pense que le chef de l'Etat a souhaité prendre de court ses adversaires politiques en décidant une dissolution imprévue en l'annonçant le soir même des élections européennes. -ET LA JEUNESSE EMMERDE LE FRONT NATIONAL ! -Décision inconsidérée, stratagème cynique ou piège tendu au RN, cette dissolution va donner lieu à une recomposition à gauche, une NUPES saison 2 appelée de ses voeux le soir même de la déclaration présidentielle par François Ruffin. -J'en appelle à Marine Tondelier, à Fabien Roussel, à Olivier Faure, à Manuel Bompard pour qu'on se mette derrière une bannière commune. Il nous faut évidemment nous unir dans ce moment. -UNION POPULAIRE ! UNION POPULAIRE ! -Mais cette dissolution va aussi causer, du côté de la droite, des scènes de campagne rocambolesques. -SIAMO TUTTI ANTIFASCISTI ! *Fréquence radio *-A droite, Les Républicains au bord de l'implosion après le ralliement de leur numéro 1 au Rassemblement National. Jordan Bardella... -Il y a aujourd'hui une force qui va se lever, qui doit se lever pour s'opposer à l'impuissance du macronisme, donc il faut une alliance... -Une alliance avec qui ? -Nous le faisons. -Une alliance avec Marine Le Pen, c'est ce que vous annoncez ? -Une alliance avec le RN, avec ses candidats. Une alliance à droite. -La décision a été jugée solitaire et ça a été les principaux épisodes de cette série Netflix de la première semaine de campagne post-9 juin 2024. -Ca fait beaucoup rire de voir Ciotti qui pose des scellés ou qui pose des verrous au siège de LR et c'était au début un peu dangereux parce que la vérité, c'est que tout ce qui s'est passé depuis un mois n'est pas drôle du tout. -Le ralliement d'Eric Ciotti au Rassemblement National qui a mis fin à la stratégie de cordon sanitaire qui avait été déployée par la droite de Jacques Chirac. Les électeurs des Républicains eux-mêmes n'ont pas suivi, et dans les urnes, ils ont voté contre le Rassemblement National. -Et pour rajouter de la dramaturgie, Reconquête se déchire. -Marion Maréchal, c'est l'heure de la réconciliation ? -Marion Maréchal met tout son poids pour faire une union avec le RN. -J'ai le souhait ardent que nous puissions trouver le moyen de nous rassembler et de faire participer ces idées de Reconquête à ce rassemblement et j'en discuterai donc avec Eric Zemmour pour qu'une décision soit ensuite prise et que nous puissions donc revenir vers Jordan Bardella et Marine Le Pen. -Oui mais voilà, le RN ne veut pas d'Eric Zemmour. Alors, c'est la rupture entre les deux visages de Reconquête. -Eric Zemmour a décidé, malgré notre opposition, de présenter le maximum de candidats dans toute la France, prenant ainsi le risque de faire perdre cette inédite espérance de battre Emmanuel Macron et l'extrême gauche. -L'ex-journaliste du Figaro semble être le grand perdant de l'union des droites, lui qui en avait fait un graal politique. A gauche, en revanche, on va ressortir la vieille idée de l'union. *Fréquence radio *-A la une de l'actualité ce matin, des candidatures uniques à gauche dès le 1er tour. *-Les partis de gauche ont trouvé un accord en vue du 1er tour des législatives le 30 juin. Le président de la République, lui, se lance cet après-midi dans la campagne... -Depuis des semaines, la NUPES battait de l'aile, fragilisée par la question palestinienne et les conséquences des attaques du Hamas. Pourtant, en moins de cinq jours, les quatre partis de gauche vont mettre leurs désaccords de côté... -Attendez, laissez passer. -...et sceller l'unité pour les législatives. -La surprise dans la surprise, c'est qu'Emmanuel Macron, sans doute, et ses proches imaginaient une gauche en incapacité de se réunir en bloc compte tenu d'une campagne européenne quand même extrêmement âpre, violente. -S'il y a une chose sur laquelle la gauche française peut se fédérer et faire bloc, c'est quand il s'agit de se battre contre l'extrême droite, et ça, il le méconnaît et il se trompe. -La NUPES apparaissait comme une alliance électorale, le Front populaire va se présenter comme un devoir moral. -L'extrême droite est aux portes du pouvoir, je connais comme vous leurs idées, je connais comme vous leurs valeurs, leurs méthodes et tout ce qui nous en sépare, et donc, aujourd'hui, c'est soit eux, l'extrême droite, soit nous, soit nous, et ça doit être nous et ça va être nous. -Nous avons signé hier soir un accord qui comprend des candidatures uniques sur l'ensemble des circonscriptions de l'Hexagone et des Français de l'étranger ainsi qu'un contrat de législature que vous avez ici. -Selon cet accord, sur 577 circonscriptions, 229 sont représentées par un candidat LFI... 175 par un candidat socialiste. -Non, pas devant, là ! Piano doux -Communistes et socialistes obtiennent plus de circonscriptions qu'il y a deux ans, jouant des coudes pour peser davantage face à LFI, qui perd plus de 130 candidats par rapport à 2022. Pourtant, une question cruciale n'est pas tranchée. -M. Faure, un nom pour un leader. Il a pas donné, il arrivera quand s'il y en a un qui arrive ? -Pourquoi voulez-vous personnaliser une élection parlementaire ? Je souhaite un front populaire, un front qui, d'ailleurs, aille au-delà de ce que nous sommes, les partis politiques. Je souhaite que ce soit une décision prise par l'ensemble des parlementaires du nouveau groupe, donc du Nouveau Front populaire, et qu'ils prennent la décision au lendemain de l'élection. -Qui rentrerait à Matignon si le Front populaire était en tête ? En 2022, la figure de Jean-Luc Mélenchon s'imposait, mais le contexte a changé et le leader insoumis le sait. -Je m'en sens capable et nous avons dans nos rangs de quoi faire. Je ne m'élimine pas, mais je ne m'impose pas. -Désormais, le PS est plus fort et les positions du leader insoumis sur Israël ont plutôt un effet repoussoir. -"Ah, j'ai peur, j'ai peur !" -Alors, les candidatures ne manquent pas. -Quel que soit le poste que je puisse occuper, Premier ministre.... -J'ai dit que j'étais capable de faire ça. -Je suis de ceux qui peuvent prétendre être Premier ministre. -Laurent Berger. Guitare country -D'autant que Jean-Luc Mélenchon va encore renforcer son image d'autocrate. ... Alexis Corbière, figure incontournable des insoumis, fait campagne en Seine-Saint-Denis. Pourtant, il n'a pas été investi pour être le candidat du Front populaire, LFI l'ayant remplacé par une inconnue. -Je vous donne le tract. -On vous adore. -Jean-Luc Mélenchon lui a fait payer ses critiques sur le fonctionnement du parti, comme trois autres candidats qui avaient mis en cause la ligne LFI sur le Hamas. -Vous allez bien ? -Très heureux. -Ca va ? Quoi de beau ? Il y a une situation un peu paradoxale. -J'ai vu que vous mainteniez votre... -Je peux pas accepter ce genre de méthode. C'est pas par un mail à 23h30 qu'on règle des problèmes internes. -En tout cas, c'est tout à votre honneur que d'être un peu "la victime" de ce qui vient de se passer parce que ça veut dire que vous avez eu le courage de dire les choses importantes. -Merci. -Bon courage. -Merci beaucoup. -On regarde pas là. -Alexis Corbière, dissident en son propre pays, mais soutenu par les grandes figures du Front populaire. Musique intense ... -Chers amis... Acclamations ... Union pluvieuse, union heureuse ! ... -Hasard ou coïncidence, c'est à Montreuil, dans la circonscription d'Alexis Corbière, que se tient un des premiers meetings du Front populaire. Y participe la garde rapprochée de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, François Ruffin, l'homme qui monte, va avoir des propos sans équivoque. -Chers amis, je veux dire mon plein soutien à mon camarade et ami Alexis Corbière. ... -Jean-Luc Mélenchon est considéré comme un handicap pour son parti par plus de 70 % des Français, même chez les sympathisants du Front populaire. -UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! UNITE ! -Aurélien Saintoul, investi par LFI, est pratiquement certain de renouveler son mandat dans les Hauts-de-Seine. Pourtant, en campagne, il ne peut y échapper. -Et bonjour. -Bonjour, M. Saintoul. Merci. -Ben écoutez... -On est de tout coeur avec vous et avec le Front populaire, mais on est pas très fiers des manoeuvres actuelles à LFI et de la purge qu'il y a eue avec Raquel Garrido... -C'est des histoires internes. -Mais ça concerne tout le monde. Depuis, on ne parle que de ça. Ca a cassé la dynamique qu'on avait. On comprend pas du tout ce que Mélenchon fait. -On verra ce qui casse la dynamique. La dynamique, elle est au niveau national... -Oui, mais quel intérêt ? Corbière et Garrido sont des gens bien, qui s'investissent dans le mouvement. Sur ce sectarisme trotskiste où on purge chaque génération les unes après les autres... Mélenchon est un boulet. Il faut le faire taire. -Mais il y a un autre homme qui est prié de se taire par les membres de son propre camp, et c'est plutôt inattendu, c'est le président de la République lui-même. *Fréquence radio *-Les députés veulent que ce soit Gabriel Attal qui mène la bataille, pas le président, désormais jugé repoussoir. -Emmanuel Macron ne peut pas s'empêcher d'être en première ligne. Très vite après la dissolution, il prend la parole dans une conférence de presse fleuve. -Si j'avais été devant vous, à l'issue de dimanche soir, avec 50 % des Français qui votent aux extrêmes, en vous disant : "On ne change rien, on continue", vous m'auriez dit : "Il est déconnecté, ce type." -Voilà une photo qui en dit long sur les réactions des proches du président le lendemain de la dissolution : un Premier ministre dépité, une présidente de l'Assemblée nationale qui semble ailleurs. D'ailleurs, le quatrième personnage de l'Etat essaye de faire changer d'avis le président de la République, mais visiblement, Emmanuel Macron a choisi en petit comité. -Je pense pas qu'il y a eu beaucoup d'acteurs du champ politique qui n'aient pas été surpris. C'est vrai que la fameuse photo d'une forme de Conseil des ministres le dimanche 9 juin est absolument dévastatrice. Déjà, l'avoir fait sortir, ça dénote une certaine irresponsabilité et une certaine maladresse, parce que comment peut-on mobiliser sa base quand on voit les principales têtes d'affiche de la majorité présidentielle aussi défaites ? -Les députés ont eu le sentiment, sans doute, d'avoir été, d'une certaine manière, sacrifiés sur l'autel de la décision présidentielle. Donc évidemment, ça devrait laisser un peu d'amertume. -On a vraiment des territoires très différents les uns des autres. -D'ailleurs, quand Yaël Braun-Pivet fait campagne dans son fief des Yvelines, son tract ne mentionne pas le président de la République. Quand les électeurs lui parlent de cette drôle de décision présidentielle, elle a une réaction qui en dit long. -Malheureusement, il y a eu la dissolution, je dois le dire. C'est tout. -Vous avez compris la décision du président ? -Pas tout à fait. Elle rit. Voilà. C'est tout dit. -Merci ! A bientôt. -Bonne journée. -Merci pour tout. Au revoir. -Alors qu'elle a bien conscience d'être filmée, c'est elle qui aborde le sujet avec un militant. -Mais c'est bien. -Oui, non mais c'est bien. Après, les... Ca fait bizarre, ce moment qu'on n'avait pas forcément attendu, programmé, tout ça... Propos indistincts Ouais, quand même. -Arrêt brutal alors qu'il y avait plein de projets... -C'est ça, le truc. -Une petite musique commence à être entendue : Emmanuel Macron ferait perdre des points à la majorité présidentielle. -Bon, en tout cas, la campagne bat son plein. -Bonjour, monsieur. -Vous, vous êtes bien. Il faut dire au président qu'il ferme sa gueule. C'est lui qui nous fout dans la merde, c'est tout. Et bon courage. -On compte sur vous pour le 30... -C'est à vous que je dis bon courage, pas là-haut. -C'est une élection législative, on vote pour le Premier ministre. -OK, allez, au revoir. -Certains, et pas des moindres, commencent à penser à l'après-Macron. Edouard Philippe, avec son parti Horizons, a décidé de s'émanciper. En présentant 82 candidats aux législatives, il va seul aux élections sous ses propres couleurs et sépare son financement de celui de Renaissance. Une façon peut-être d'enterrer le macronisme et de lancer des lignes pour 2027. -C'est le président de la République qui a mis un terme tout seul. Bien. Moi, je veux construire une nouvelle majorité parlementaire. Je suis pas là pour refaire ce qui a déjà été mais pour essayer de construire une base politique plus large avec des formations politiques qui n'avaient pas voulu rejoindre la majorité présidentielle. *Fréquence radio *-Venons-en aux intentions de vote. Le RN et ses alliés à 36, légère hausse : 32 pour le RN, 4 % pour... -Et pendant ce temps-là, le RN bat la campagne. Dans le Loiret, il y a deux ans, le parti d'extrême droite a remporté deux circonscriptions sur six, mais au vu des scores aux européennes, le RN est persuadé de pouvoir faire mieux, notamment ici, dans la 5e circonscription, où ça s'est joué à quelques voix près. -C'est triste, ce temps, pour les exposants, les commerçants. -Alors, exit l'ancien candidat. On a envoyé un poids lourd. Jean-Lin Lacapelle est un très proche de Marine Le Pen, un ancien député européen qui sait faire campagne. -Est-ce que cette petite dame, vous l'avez vue ? Non ? -Non. -Alors, je vais la voir. Il faut voter. -On va y aller. -Bon courage. -Travaillez bien. -Elle a pas voté aux européennes, cette dame. Mais elle va voter aux législatives. Elle aime bien Jordan Bardella, alors... Dans tous les bureaux de vote, Jordan Bardella est arrivé en tête. Les digues sont en train de céder, et je suis convaincu que nous allons remporter la majorité absolue, enfin, il la faut, pour redresser le pays, le 30 juin prochain. On était préparés. On a le plan Matignon. On l'a dit depuis très longtemps, la dissolution est possible. Gouverner, c'est prévoir, donc on s'était dit : "On se prépare." Cela fait six mois que je suis en commission d'investiture pour investir les candidats aux législatives. J'ai une équipe de choc, hein ? Ca plaisante pas. -Ce qui n'était qu'un vote de protestation est devenu un vote d'adhésion. La France rurale et périphérique pense que le RN est le seul parti qui peut améliorer sa vie. -Ca va bien ? -Oui, ça va, ça va. Ca va, ça va. -Il faut surtout pas croire que c'est gagné. Donc il faut se déplacer. Ca s'est bien mobilisé aux européennes. -Il faut faire des procurations. Je l'ai dit à beaucoup de monde. -Et si vous avez du mal à trouver quelqu'un pour les procurations, on a monté une structure pour faciliter les procurations. Les Français votent souvent... Sur le pouvoir d'achat, on apporte des solutions. -Il y a pas que ça. -L'immigration, l'insécurité... -Voilà. -Mais voilà, on redresse le pays, on met des gens qui ne l'ont jamais été. -C'est ça. Les gens se plaignent de plein de choses comme quoi ça va pas, mais ils ont jamais tenté ça. Et je leur dis : "Comment vous pouvez savoir que ça marche pas ? "Laissez-les passer, et après, "vous pourrez juger." -C'est vrai. -"Essayez-nous", voilà le principal argument de campagne. Car pour le programme, on reste évasif. Officiellement, c'est le même qu'en 2022, lors de la présidentielle, mais au fur et à mesure, Jordan Bardella renonce au programme, renvoyant la mise en place des mesures phares aux calendes grecques. -On va se mettre là, ça va bouger un peu. -Les baisses d'impôts. -Ce sera dans le second temps. -La nationalisation des autoroutes, à 50 milliards ? -Je vais devoir faire des choix. -La réforme des retraites ? -Je veux l'audit financier de l'état réel des finances publiques avant d'engager cette réforme. -L'interdiction du voile dans l'espace public ? Pourquoi vous voulez attendre ? -Madame... -Et la surprise est totale quand Jordan Bardella est très ferme et dit que s'il n'obtient pas 289 sièges, il pourrait refuser Matignon. -Il y a de moins en moins de programme et de plus en plus de conditions. Ca commence à ressembler à un refus d'obstacle. -On a vu le Rassemblement National reculer sur toute une série de mesures qui étaient présentées comme des mesures phares. Alors... Je crois que c'est aussi un des effets de la décision présidentielle imprévue. Il y avait une impréparation programmatique. -Alors, je ne pense pas que le fait que le RN ait un peu modifié son offre programmatique, en a un peu rebattu, a enlevé quelques propositions polémiques lui ait fait du tort parce qu'au contraire, chez beaucoup de Français, et je l'ai vu dans des qualitatifs, c'est du genre : "Finalement, ils sont pas si radicaux que ça. "De toute façon, c'est eux l'alternative, "on les a jamais essayés", etc. -Sur le terrain, le discours n'a pas changé. Dans la 1re circonscription du Var, la seule du département qui ne soit pas tombée dans l'escarcelle du RN en 2022, le parti a dépêché Sébastien Soulé, un policier venu dérouler le traditionnel discours sur l'insécurité. -Là, ça fait partie des fauteuils où les choufs, c'est comme ça que ça s'appelle, se mettent pour annoncer l'arrivée des policiers. Vous avez la loi des trafiquants de drogue qui agit sur tous les habitants. Avec des peines plus conséquentes et une justice plus ferme, je pense qu'on peut y arriver. Il faut que la peur change de camp. -Même sur cette terre promise pour le RN, des centaines de manifestants se sont mobilisés ici depuis quelques semaines contre l'extrême droite. Alors, quand nous interviewons Sébastien Soulé, il se fait interpeller par une habitante mécontente. -Quand je vois ça, je pense toujours aux gens qui habitent ici, qui paient des fortunes, qui payent des assurances... -Pas de récupération FN par rapport à ça ! Désolée. Oui, ça brûle et ça fait le jeu du Front national. Il faut pas croire que c'est de la délinquance. Ca arrive de partout. -C'est quoi, pour vous ? -Je n'en sais rien, mais ça fait monter le FN. Il faut faire front. -Sur la sécurité, je peux amener plein de solutions. -Ah, oui ? Lesquelles ? -Il faut arrêter les multirécidivistes, dont les familles touchent les allocations familiales. C'est normal ? L'éducation, c'est pas les parents qui la donnent ? La police, c'est trop tard. -Moi, je suis pas d'accord. -Bonne journée. -Le RN souffre encore d'un effet repoussoir, étant considéré comme un parti extrémiste par une partie de la population. Mais un nouveau fait politique va apparaître durant cette campagne. L'union de la gauche va être diabolisée. *-Emmanuel Macron semble renvoyer dos à dos les deux partis, les extrêmes, dit-il, dont les programmes, selon lui, conduiraient à la guerre civile. -Durant la campagne, le camp présidentiel n'a eu de cesse d'apparaître comme le seul vote raisonnable et de renvoyer le NFP au rang de parti infréquentable. -Qu'il y ait eu des termes... très passionnels. C'est le mot qui ressort. Celui de "guerre civile" me paraît tendancieux et grave, surtout pour un président de la République qui, selon l'article 5 de notre Constitution, est le gardien des institutions, il donne le cap, l'arbitre. Donc agiter ce terme, qui a beaucoup angoissé nos partenaires étrangers, a sûrement un but électoral, qui se retourne toujours contre celui qui l'emploie. La plus profonde angoisse des Français, c'est terminer divisés à la suite d'un scrutin électoral. -Donc, Emmanuel Macron, il décide de renvoyer dos à dos les extrêmes, l'extrême droite - même si d'ailleurs, certains dans son camp ont du mal à prononcer ce nom et se plient aux diktats du Rassemblement National, qui refuse ce terme - et ce qu'il appelle l'extrême gauche. Et il a un peu tendance à mettre dans ce vocable toute la gauche française, y compris François Hollande. Ca fait en fait sourire certains. -Des éléments de langage repris par les ténors de la majorité présidentielle. -Je sais seulement que l'extrême gauche comme l'extrême droite sont aussi nocives pour le pays, pour l'économie et nos valeurs. -On a pas envie de l'extrême droite, de l'extrême gauche, de leur projet de division du pays. -Je ne voterai jamais pour LFI ni pour le RN. C'est clair ? -Mais cette stratégie va se montrer peu payante. -Le RN peut-il avoir cette majorité absolue ? Y a-t-il aussi un risque d'une Assemblée ingouvernable ? Réponse dans quelques secondes. -Dimanche 30 juin. Les résultats du premier tour tombent. -Et c'est donc le Rassemblement national et ses alliés qui arrivent en tête de nos estimations avec 34 % des suffrages, suivis du Nouveau Front populaire, 28,1 %. Musique intrigante -Conformément aux prévisions, le Rassemblement national est en tête. La projection en nombre de sièges est bleu marine. -Pour autant, rien n'est gagné et le second tour sera déterminant. Il faut une majorité absolue pour que Jordane Bardella soit dans huit jours, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. Acclamations -La participation a été importante. Résultat : dans plus de 300 circonscriptions se profilent des triangulaires. C'est donc là que va être la clé du second tour. Très vite, la gauche appelle ses candidats arrivés en 3e position à s'effacer pour faire barrage au RN. ... -Nulle part, nous ne permettrons au RN de l'emporter. Et c'est pourquoi, dans l'hypothèse où ils seraient arrivés en tête, tandis que nous ne serions qu'en 3e position, nous retirerons notre candidature. Applaudissements ... -Nous allons faire élire madame Borne ou monsieur Marleix. -Dans les 105 circonscriptions ? -Est-ce aisé pour moi de le dire ? Je vous le dis, ça n'est absolument pas simple. Je me suis battu contre les uns et les autres. Je l'ai fait, mais en ayant le sentiment que nous étions adversaires, pas ennemis. -Au nom du front républicain, la gauche se retire dans plus d'une centaine de circonscriptions. -A voté. -Mais au sein du camp présidentiel, la réciproque n'est pas évidente. C'est plutôt 50 nuances de front républicain. Si le Premier ministre est sans ambiguïté... -Pas une voix ne doit aller au Rassemblement National. Cela passera par le désistement de nos candidats, dont le maintien en 3e position aurait fait élire un député RN face à un autre candidat qui défend, comme nous, les valeurs de la République. Votez pour les candidats qui défendent la République. Je vous remercie. -...d'autres ténors de la majorité veulent un front républicain à géométrie variable. Musique intense -Aucune voix ne doit se porter sur les candidats du RN, ni sur ceux de LFI avec lesquels nous divergeons, non pas seulement sur des programmes, mais sur des valeurs fondamentales. -Je combats le Rassemblement National, mais je ne vote pas pour LFI. Je ne vote pas pour LFI parce que LFI a pris des positions qui sont contre la nation française. -Je vais réagir à ce que vient de dire Bruno Le Maire parce que je suis atterrée et extrêmement en colère. -On vous sent très émue. -Très émue. Ca fait 10 ans que je vis dans une ville tenue par le RN. Et ce que vient de faire Bruno Le Maire, c'est un comportement de lâche et de privilégié. De privilégié. C'est hors sol, c'est lunaire et ce n'est pas à la hauteur de l'histoire. Musique gaie -A l'Assemblée nationale, les 76 élus au premier tour font leur rentrée des classes. ... La gauche... -On est tous unis. Regardez, on arrive. -...dans toute sa diversité, et le Rassemblement National. ... Voici les trois premiers députés parmi les 38 déjà élus. -Je vous préviens, j'ai le CP qui nous suit. Je préfère le dire. Ils me suivent depuis quelques jours. On la refera la semaine prochaine avec tout le monde. C'est ça... A 300... Bonjour, messieurs, dames. -Merci beaucoup. -Je vous préviens, j'ai LCP qui me suit et il y a un micro. -Des novices qui ne veulent pas commettre d'impair... -On va aller où ? -Je sais pas. Par là, je pense. -...et qui continuent de donner une image lisse et apaisée, comme leur demande de faire Marine Le Pen. -MERCI. ... -Bon, vous savez tout faire... *-Selon le journal Le Monde, on compte au moins 185 désistements de candidats du NFP ou maronites pour faire barrage au RN. La consigne de vote était claire... -Durant cet entre-deux-tours, le vent semble tourner. Le RN apparaît de plus en plus comme un parti différent des autres, avec une polémique autour des binationaux. Une résurgence du thème de la préférence nationale. -C'est toujours... inquiétant. Donc on verra bien ce que ça va donner, si les barrages vont fonctionner. Je croise les doigts. -C'est assez angoissant. La montée du RN me fait très peur. Je ne sais pas ce que ça va donner dans nos vies. -Et certains sympathisants de gauche optimistes se mettent à rêver d'un tiercé pas forcément dans l'ordre envisagé il y a quelques jours. -Quand même, c'est très serré et par rapport au résultat final, il y a beaucoup de chances quand même que LFI... que le NFP puisse passer réellement et avoir une majorité et une certaine influence. -Encore faudrait-il que le front républicain fonctionne. Et il y a des circonscriptions où il doit être particulièrement puissant pour éviter la victoire du RN. En Eure-et-Loir, Olivier Marleix, le député sortant et patron des LR à l'Assemblée, a 12 points de retard sur le candidat d'extrême droite. Alors, il mise sur la proximité. -Bonjour, madame. Olivier Marleix. Vous voyez ma permanence rue Saint-Martin ? Je reçois tout le monde. Toutes les semaines, je reçois 15 ou 20 personnes. Quand il y a des problèmes, on s'arrange. -La candidate PS, arrivée en 3e position, s'est désistée en sa faveur. Un désistement qui ne lui a pas valu le moindre remerciement d'Olivier Marleix. D'ailleurs, il a un discours ambigu sur le front républicain. -J'ai horreur de cette expression de barrage. Je pense que chaque Français qui a des valeurs est capable de se positionner très clairement là-dessus. -Et vous, personnellement, vous l'avez fait en 2022 par exemple ? -En 2022, oui. J'avais expliqué très clairement que mon choix n'était évidemment pas... Que c'était non à Marine Le Pen. -Vous avez voté Macron ? -Non. Je... Je crois que j'ai voté blanc. Mais j'avais dit : "On ne vote pas Marine Le Pen." -Oui, mais là... -On ne vote pas Marine Le Pen. -Vous aimeriez qu'on vote pour vous et pas blanc au second tour. -Les gens sont responsables, vaccinés. Je ne peux pas croire qu'un électeur de gauche, entre le RN et moi, dise "c'est bonnet blanc et blanc bonnet". -Oui, mais vous l'avez fait pour Macron et Le Pen. Musique entraînante -Selon lui, être élu avec les voix de gauche ne veut pas dire prendre en compte les idées de gauche. -L'après 7 juillet, on nous parle... -C'est un vrai sujet. -...des coalitions... -J'ai rencontré des gens depuis, dans des collectifs, dans les quartiers, qui me disent : "Est-ce que vous allez venir "et faire une politique pour faire un compromis..." Vous connaissez mes convictions, vous savez qui je suis. Je suis de droite et je ne vais pas m'en excuser, d'une droite gaulliste. Et voilà, je suis comme je suis. -En clair, Les Républicains s'opposent d'ores et déjà à toute participation à une coalition après les législatives. Au final, le front républicain fonctionne et contribue à faire baisser l'extrême droite. D'autant que quelques profils de candidats RN arrivés au second tour vont encore faire douter les électeurs. Musique cocasse Une casquette de Waffen-SS dérangeante... Une candidate qui se défend de racisme avec cet argument choc... -J'ai comme ophtalmo un juif et j'ai comme dentiste un musulman. -Un candidat inéligible car placé sous curatelle, jugé par la justice déficient mental mais qui pourtant est autorisé à se présenter. -C'est fait. Je crois être en possession de tous mes moyens mentaux, j'en suis même certain. Et par contre, l'erreur vient parce que je n'ai pas assez potassé - comment dire ? - le code électoral. ... -Il y a eu quatre ou cinq candidats qui sont passés sous les mailles du filet, je l'ai dit. -Mediapart compte 80 candidats problématiques. -Pas 80 candidats problématiques, c'est l'argument de Gabriel Attal et du camp présidentiel. Y a pas 80 candidats. *Grésillements *-Dernier jour avant le début d'une nouvelle ère politique en France. *-On ne sait pas quels seront ses contours, mais l'Assemblée ne sera pas la même à l'issue du 2nd tour des législatives. -La France retient son souffle alors que le RN est annoncé en tête dans tous les sondages. Le résultat à 20h est une énorme surprise. -...inédite, inconnue. Plus que quelques secondes avant cette première estimation de notre partenaire Ipsos Talan. Il est 20h et on découvre la nouvelle Assemblée. Et ce n'est pas le tiercé qui était attendu à l'issue du 1er tour. C'est d'abord la gauche, le Nouveau Front populaire, qui arrive en tête avec 172 à 192 sièges. Cris de joie -La gauche arrivée en tête, ces sympathisants réunis dans le nord de Paris l'avaient à peine imaginé. -On voulait pas la majorité absolue pour le RN, mais là... Enfin, quoi ! -La gauche, qu'on disait fracturée par les dissensions, renaît de ses cendres. -La rectification du 2nd tour par rapport au 1er, c'est un front républicain qui a très, très bien marché, des reports de vote des électeurs de droite vers la gauche, de gauche vers la majorité présidentielle, de celle-ci vers la gauche, avec des intensités différentes, qui a très bien fonctionné. -Des responsables politiques de droite, notamment, mais aussi de gauche, ont refusé le front républicain. C'était parfois un peu nouveau. On avait pas l'habitude de ça. En revanche, les Français, ils l'ont fait jouer. Je trouve que c'est quand même une belle leçon de cette élection, c'est que les Français ont dit non au Rassemblement National. Il y a beaucoup de candidats qui ont accepté de se désister, alors qu'au plus haut sommet de l'Etat, c'était pas évident pour certains et c'était assez désolant. -A la soirée électorale organisée par le RN, forcément, c'est la douche froide. De nombreux Français fondaient beaucoup d'espoir dans l'arrivée de Jordan Bardella au pouvoir, le seul considéré comme capable d'améliorer leur vie. Musique triste -Ecoutez, les sondages nous mettaient en tête. Ils plaçaient Jordan Bardella en tant que Premier ministre. C'est vraiment dur d'affronter cette réalité, ce soir. J'ai envie de pleurer. -Un petit sentiment d'injustice, car on aurait pu gagner, mais il y a, comme depuis des années, ce barrage contre l'extrême droite qui nous affaiblit un petit peu. -On va batailler sur le terrain. Il y aura les municipales, il y aura les présidentielles... peut-être une autre dissolution, on sait pas, mais en tout cas, on sera là. Applaudissements timides -Malgré la déception, le RN passe de 88 à 126 députés en deux ans, 143 avec ses alliés LR d'Eric Ciotti et progresse encore dans tout le pays. Musique dynamique Huées ... ... Acclamations Le Rassemblement National s'approche encore un peu plus du pouvoir. Ils chantent. Ce que certains ont vécu comme un sursaut pourrait n'être qu'un sursis. Musique dynamique ... Musique légère Le lendemain des résultats, dans la ville d'Hénin-Beaumont, qui a élu Marine Le Pen dès le 1er tour, on a le sentiment de s'être fait voler la victoire. -C'est vraiment catastrophique d'en arriver là. Les macronistes sont arrivés en 2e position, le RN en 3e, alors que c'est pas du tout logique. Eux se sont regroupés, se sont mis à 3-4, et c'est pas de bonne guerre. -Est-ce que ça va changer quelque chose ? -C'est surtout l'avenir. -On sait pas ce qui va se passer. C'est de ça qu'on a peur. -Le maire RN d'Hénin-Beaumont, Steeve Briois, revendique un droit d'inventaire sur cette fin de campagne qui a coûté des points au parti. -Ce qui a manqué, c'est peut-être ce qui nous a valu cette campagne de l'entre-deux-tours, avec des candidats qui n'étaient pas vraiment prêts, des erreurs de casting que la direction nationale aurait peut-être dû anticiper. Musique cocasse -D'ailleurs, quelques jours après le 2nd tour, le responsable des investitures au sein du "plan Matignon" a démissionné de ses fonctions. ... *-Les conciliabules s'enchaînent à gauche pour s'accorder sur celui ou celle pouvant accéder à Matignon d'ici la fin de la semaine. Musique enjouée ... -Rentrée des classes dans la bonne humeur pour les socialistes. -Vous aurez pas tous le même accueil. -Dieynaba Diop est une nouvelle élue des Yvelines. Elle a réussi à battre un candidat RN. -J'ai du mal à y croire. -En fait, les montagnes russes. -C'est ça. -D'abord les européennes, puis ça. -C'est ouf, hein ? -C'est ouf. Bravo. Elle rit. -Merci. -Les socialistes sont deux fois plus nombreux qu'à la dernière législature, mais au moment d'aller prendre la photo de tout le groupe... -Il y a une manif, apparemment. -Salut, Marion. -Il y a une manif de gens qui crient : "PS, ne vous mettez pas avec les insoumis, "ne soyez pas antisémites..." -Bah, on les ignore. -Allez, on y va. -Les premiers ennuis commencent. Certains manifestants leur reprochent leur alliance avec les insoumis. Ils crient des slogans. Mais pour les socialistes, la donne est claire : le gouvernement se fera dans l'union. *-Non non non A vos compromissions Musique dynamique -Il y aura un gouvernement du Front populaire, et puis, il y aura ensuite une discussion qui se nouera au Parlement, texte après texte, et qui permettra éventuellement de nouer des compromis, mais je ne suis pas devin, donc nous allons devoir avancer et traiter une situation inédite de manière inédite. -Pour gouverner, il va falloir former des coalitions indispensables pour obtenir la majorité à l'Assemblée, une pratique étrangère à notre culture politique. Alors, est-ce vraiment envisageable ? -Sur un bout de papier, je peux imaginer un gouvernement Nouveau Front populaire sans les insoumis, macronien et LR. La majorité absolue est absolument assurée, mais comment imaginer que ça puisse s'opérer, s'enclencher, fonctionner, et surtout, je le répète, répondre à la promesse du politique, améliorer la vie de nos concitoyens ? -On a besoin de faire de la politique autrement, et pour sortir l'Assemblée de l'instabilité chronique qu'elle peut connaître, il faut vraiment repenser les choses, mais... je ne suis pas naïve et j'ai tendance à penser qu'on aura un peu de IVe avant d'avoir la VIe, dans la Ve. C'est-à-dire qu'il y aura une longue période d'instabilité où chacun jouera de son ego politique pour aller chercher une gouvernance, une loi clé qui marquera peut-être les esprits, et seulement après cette valse des gouvernements, on arrivera à réfléchir autrement, à proposer un peu plus de temps, peut-être un gouvernement plus élargi, etc. Musique énigmatique -Mais quel serait le candidat de la gauche pour être Premier ministre ? Durant des jours, on nous promet un nom. Socialistes, LFIstes, communistes et écologistes ne parviennent pas à se mettre d'accord. Une indécision qui laisse la place à des scenarii où la gauche ne serait pas au gouvernement. Au sein du camp présidentiel, la constitution d'une majorité sans le NFP fait son bout de chemin, avec pour acte 1 Emmanuel Macron, qui explique que personne n'a remporté les élections, ou comment remettre en cause le statut de vainqueur du Front populaire. ... Puis, pour acte 2, les ténors de la macronie. -Ce que je sais, c'est qu'un bloc Nouveau Front populaire ne peut pas s'élargir, ne gagnera pas un seul nouveau député. Mathématiquement, idéologiquement, c'est absolument impossible. Ceux qui pourraient s'élargir, c'est au sein du bloc central. -Si nous construisons une alliance programmatique sur une année, sur 18 mois, avec les centristes, l'UDI et Les Républicains, nous sommes capables de représenter une autre force politique alternative. -Sauf que la droite ne semble pas envisager un tel scénario. Laurent Wauquiez, le nouveau patron des nouveaux LR, rebaptisés La Droite républicaine, est très clair. -Nous ne participerons pas à des coalitions. On ne peut répondre à la crise d'un pays par des combinaisons. -Il préfère proposer un pacte législatif, un ensemble de textes qui seraient votés coup par coup avec les macronistes. Musique dynamique C'est au bout de 10 jours que deux noms émergent des négociations de la gauche. D'abord, Huguette Bello, présidente du conseil régional de La Réunion, soutenue par les communistes, mais dont les socialistes ne veulent pas. ... Puis, l'économiste Laurence Tubiana, ex-madame Accord de Paris sur le climat, la candidate des socialistes, mais qui ne fait pas l'unanimité. -Je tombe de ma chaise. -A ce point-là ? -Oui, car il s'agit de nous proposer une personne, contre qui je n'ai rien de personnel, que ce soit clair, mais qui signait il y a quatre jours une tribune dans laquelle elle appelait à constituer un programme commun avec les macronistes. -Les insoumis suspendent les négociations, car un autre enjeu se profile pour les députés : l'élection du président de l'Assemblée nationale. Cette fois, le NFP arrive à trancher : leur candidat unique sera André Chassaigne, parlementaire communiste depuis 22 ans. -Notre bloc, si l'on peut dire, est arrivé en tête des élections législatives, et à ce titre, nous avons une légitimité collective pour présider l'Assemblée nationale. On vous laisse digérer cette excellente nouvelle. -Merci ! -L'enjeu est immense, car cette élection, ses coalitions et ses désistements seraient comme un signal pour former la majorité. Emmanuel Macron aurait d'ailleurs considéré que l'élection du locataire du perchoir donnerait la tonalité pour la nomination du Premier ministre. Roulement de tambours Musique intrigante En lice, face à André Chassaigne, Yaël Braun-Pivet, candidate à sa propre succession, Naïma Moutchou pour Horizons, Charles de Courson pour LIOT, Philippe Juvin pour La Droite républicaine et Sébastien Chenu pour la RN. A l'issue du 1er tour, André Chassaigne arrive largement en tête, mais n'obtient pas la majorité absolue. Reste quatre candidats au second tour, le candidat Horizons et celui de la droite s'étant retirés. En sous-main, les députés parlementent et la droite négocie des postes clés contre son désistement en faveur de la candidate macroniste. Yaël Braun-Pivet profite des reports de voix et arrive en tête, dépassant André Chassaigne de 8 voix. Que va-t-il se passer au 3e tour, où le premier est élu ? Tout va dépendre des votes du petit groupe LIOT, mené par Charles de Courson, qui décide de retirer sa candidature. 12 votes sont en jeu et vont faire l'élection. ... *-Madame Yaël Braun-Pivet, 220 voix. Applaudissements ... ... -Au final, Yaël Braun-Pivet l'emporte avec 13 voix d'avance sur le candidat de la gauche. ... Au terme d'une élection à suspense, la députée des Yvelines retrouve son poste après la dissolution, alors que son groupe politique n'est arrivé que 2e aux élections. ... *-Cette Assemblée nationale, qui est... peut-être plus représentative que jamais des Français, est aussi plus divisée que jamais. En même temps, elle a cette immense responsabilité qui fait que nous n'avons pas le choix. Nous devons nous entendre. Nous devons être capables de dialoguer, de nous écouter et d'avancer. ... -Décidément, jusqu'au bout, cette séquence politique n'aura été faite que de rebondissements. Désormais, la plus grande des inconnues est de savoir comment cette Assemblée nationale inédite peut fonctionner. Musique légère ... SOUS-TITRAGE : RED BEE MEDIA

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