- A.Trapenard: "Si on lisait à voix
haute". "La Grande Librairie" fait
sa rentrée, en direct et en public,
pour sa 17e saison. Je voudrais vous présenter
un extraordinaire écrivain. Vous savez à quel point
les nouveaux romans sont importants pour moi. J'ai envie de les porter
chaque semaine. Ce 1er roman s'appelle "Amiante". Il est publié chez La Peuplade,
maison d'édition québécoise. S.Dulude est éditeur et poète. Ce livre est sa 1re incursion
dans le roman. Vous nous transportez
dans une ville intéressante du Canada, la ville de l'industrie
de l'amiante, Thetford Mines. On utilisait l'amiante
comme isolant. C'est toxique. Qu'est-ce que ça représente? - S.Dulude: Le potentiel
de la matière m'est apparu. Quand on habite dans cette ville,
c'est une donnée de base. Je suis arrivé dans cette ville
quand l'industrie était sur le déclin. J'y ai grandi. Je suis arrivé à 6 ans. J'en suis reparti à 16 ans. Ce sont des années d'enfance
essentielles. On voyait les résidus de l'amiante,
ces collines grises, un peu lunaires que l'on finit
par oublier. C'est ce qu'on appelait
les "dumps". - A.Trapenard: Quelles sensations
vous reviennent quand vous regardez ce paysage? - S.Dulude: Il faut que j'aille
chercher assez loin. C'est par une mémoire émotive
et corporelle... Ce sont des territoires immenses. Ce sont des collines désertes. Ca nous appelait. On voulait se sentir
comme des bonhommes allumettes au sommet de ces trucs-là. Après, il n'y a pas que ça. Ce sont des forêts. C'est une ville avec 3 régions. Il y a des forêts d'érables
magnifiques, des pins... Il y a un air de liberté,
d'enfance, de fraîcheur d'été. Ce sont des années où on part
des journées entières dans la forêt et on revient pour souper. - A.Trapenard: J'ai envie
que vous nous en lisiez un extrait. C'est un extrait que j'ai choisi. Il y a un post-it. - S.Dulude: C'est bien pensé. "L'été, dans le terrain vague
entre le chemin du lac noir et la forêt des bosquets remplis
de cigales auprès de petites fleurs en grappes que nous mâchions. Nous n'étions pas certains
qu'elles étaient comestibles, mais nous les mâchions. Leur petite pulpe explosait
dans nos bouches. Puis nous la recrachions. Le sable s'insérait entre
nos orteils et nos sandales. La poussière de la ville d'amiante
se soulevait sous nos pas et se fichait contre notre sueur. Nos mollets étaient couverts
de ce talc que l'on dit cancérigène." - A.Trapenard: Vous parvenez
à infuser une inquiétude, une violence au sein de la phrase. Quelle violence se raconte? - S.Dulude: C'est un territoire
regardé par les yeux d'un enfant très anxieux. Il a un tempérament à réfléchir
en panique. Après, les amitiés font en sorte
qu'on a un peu plus de courage. Il y a l'envie de transgresser. La mine est fermée une journée
par semaine. Les bandes de gamins font
les 400 coups. - A.Trapenard:
On est dans cette ville de Thetford Mines en 1986. C'est l'été. Il faut imaginer 2 enfants
de 9 et 10 ans qui filent à vélo à travers des paysages lunaires. Ils passent leur après-midi à lire
des albums de "Tintin" dans la cabane
qu'ils ont construite. C'est le temps de l'amitié
et d'une certaine innocence, de la liberté, d'une liberté
inouïe. Dans les années 80,
à Thetford Mines, qu'est-ce qui rendait possible cette liberté
de 2 enfants? - S.Dulude: Les vacances scolaires. C'était une époque
où on était facilement à l'abri des adultes. Il y avait ces grandes
préoccupations économiques qui travaillaient la psyché
collective. Les enfants, c'était "ouste". A 9 ans, j'avais envie de revisiter
ce sentiment de solitude. Ce quartier où j'habitais
était en périphérie de la ville. Il est isolé du centre urbain. J'ai plusieurs amis trop loin
pour y aller en vélo. C'est l'idée de créer un refuge
avec mon meilleur ami dans une cellule à l'abri de tout. - A.Trapenard: Il vient juste
de parler de l'amitié comme un territoire,
comme un espace. - M.de Kerangal: Avec la cabane,
qui est l'espace principal, presque. C'est un roman extrêmement sensible
et délicat. S.Dulude est très précis
sur l'amitié entre Steve et le petit Poulin. L'écriture rend justice
à cette rencontre. D'ailleurs, la scène de rencontre
est géniale. Le jour où il arrive, il voit
Charlélie qui tourne vers lui son petit museau. Il y a quelque chose d'extrêmement
sensible. C'est un livre assez merveilleux. Il est construit en 2 parties. Il y a une grande photo en double
page au milieu du livre. Ces 2 parties, ce sont les 2 revers
de la médaille. Dans la 1re partie,
on est dans cette enfance enchantée, dans ce milieu tellement
particulier de la ville minière, dans ces quartiers ouvriers. L'autre partie, c'est là où s'ouvrent une colère
et une violence beaucoup plus fortes. Vous avez parlé des 2 revers
de l'amiante. C'est comme si l'amiante donnait
sa structure poétique au récit lui-même. - A.Trapenard: On ne peut pas
tout raconter. - M.de Kerangal: Pas du tout! Je n'ai pas spoilé! - A.Trapenard: Sans rien révéler,
on peut dire qu'il va y avoir une catastrophe,
un accident. Cette amitié va possiblement
se briser. On va passer à une tout autre
atmosphère, à de la colère. Qu'est-ce qui vous met en colère,
S.Dulude? - S.Dulude: C'est tout à fait
conséquent à un sentiment de peur. Ca répond à un besoin
quand on ébranlé dans nos certitudes,
dans notre sécurité. La seule riposte, c'est d'être
enragé à l'intérieur, de bouillir à l'intérieur, de fantasmer
des scénarios de riposte, de protection. Après, on extériorise la colère
parfois au mauvais moment. C'est une émotion qui a mauvaise
presse, qui est mal taxée. La seule colère justifiable
serait l'indignation. Pour moi, c'est un mécanisme
de protection. Après, il faut savoir protéger
les autres, aussi. Tout met en colère quelqu'un
qui a développé cette habitude d'intérioriser ces situations
intenables. C'est un mode de regard
sur le monde, la colère. - A.Trapenard: Vous parlez de vous,
là? - S.Dulude: Un peu. Mais j'ai une personnalité
qui a des contraires assez forts. Il a un certain flegmatisme. Ithylisme. Il y a aussi un aspect très zen
dans ma personnalité. Je suis plus intéressé
par l'entre-deux. Je laisse faire l'expérience. On arrache le narrateur
pendant 6 ans. Qu'est-ce qu'il y a entre
ces 6 années? C'est au lecteur de l'extraire. - A.Trapenard: J'ai remarqué
que c'est un livre que vous dédiez à votre fils. - S.Dulude: Tout à fait. C'est un livre qui m'a confronté
sur le rapport familial. Steve est un enfant qui subit
de la violence à la maison de la part du père. Il y a cette idée d'une filiation
de violence qui s'explique socialement par toutes sortes
de facteurs. Le rapport avec mon fils, c'est
d'une extrême tendresse. Je pense que je voulais dire
qu'il y a moyen d'avancer au-delà des réflexes
de ce qui est transmis de manière plus difficile, surtout
dans le contexte d'une violence économique qui se transmet
sur les familles. Il y a moyen de sauter un peu
plus loin. - M.de Kerangal: Il y a
une réflexion, la façon dont le personnage du père
et dont les hommes sont envisagés, sur la virilité. - A.Trapenard: Dans cette amitié
masculine surgit une ambiguïté. - S.Dulude: A cet âge-là,
si tu n'as pas encore le discours social qui te dit: "On ne peut pas
agir comme ça entre garçons", ce sont les pulsions qui vont
prendre le pas. S'ils ont envie de faire la sieste
collés, ils vont le faire. Ils sont hors des normes,
de l'hétéronormativité, de la désapprobation du père
sur comment un enfant se développe. Je voulais explorer l'innocence
à son paroxysme pour explorer son contraire quand on fait
exploser cette protection,
Je retrouve une possibilité
de déployer ma voix sans me sentir illégitime. - a.trapenard: l'idée est d'écrire
un autre récit que les récits occidentaux qu'on pourrait lire? - a.zeniter: oui. si je m'étais dit que je
n'avais pas le droit de faire parler des kanaks, j'aurais produit
un récit qui aurait... Read more
Qui est particulièrement isolé. ce livre est somptueux. il raconte bien à quel point
un lieu peut nous forger. applaudissements. - a.trapenard: "la grande
librairie" a fait sa rentrée. autour de moi, 5 romanciers:
a.zeniter, m.de kerangal, j.ferrari, m.bonnefoy et s.dulude. m.de kerangal va nous donner... Read more
Cet art de ne jamais céder
à la facilité. j'annonce la parution prochaine
de "edène", votre prochaine pièce de théâtre. irène, restez un peu avec nous. on va vous donner envie de lire. vous êtes une amie. c'est sur une autre terre insulaire
qu'on va se pencher avec vous, j.ferrari, dans "nord sentinelle".... Read more
- a.trapenard: "jour de ressac",
m.de kerangal. pour moi, c'est votre plus beau
livre. - m.de kerangal: merci. - a.trapenard: je les ai tous lus. on va poursuivre notre voyage
avec une autre ville qui se situe, pour nous, de l'autre côté
de l'océan atlantique: maracaibo, au venezuela. c'est une ville... Read more
À 20 ans j'ai appris la médecine être médecin ce n'est pas prescrit des médicaments mais regardeer les autres et tenter de comprendre leurs souffrances très tôt j'ai été en contact avec le drame la douleur et la mort et un jour j'ai eu besoin de partager je n'ai pas raconté directement ce que j'ai vécu... Read more
Parfois on me demande ce que je pense de la grande librairie jusqu'à récemment j'avais pas vraiment de réponse à cette question parce que bah c'est pas une émission qui m'intéresse spécialement en fait la grande librairie c'est vraiment une émission grand public coordonnée à l'actualité littéraire et... Read more
Bonjour à tous aujourd'hui on va parler du nouveau roman de emma becker le mal joli c'est le 6e ou 7e roman de cette autrice qui est plutôt spécialisé dans l'autofiction érotique on va dire et je pense qu'il m'aurait peut-être plu si je n'avais pas lu son tout premier cette année qui s'appelle monsieur... Read more
Le prochain maire de paris
fera ce qu'il veut... - a.-e.lemoine: une autre
belle histoire des jeux. c'était grandiose, noir de monde
et dans son rêve, il devenait à nouveau
champion paralympique de triathlon, comme à tokyo. son rêve est devenu réalité
hier matin, sur le pont alexandre-iii,
où tout... Read more
Une énigme non résolu harry boulogne qui pendant des années s'est présenté comme le fils illégitime d'alain delon n'a jamais pu prouver la véracité de cette revendication décédé le 20 mai 2023 harry fils de la chanteuse et mannequin allemande nico reste un mystère dans le parcours de delon l'acteur... Read more
[musique] dans l'épisode du 26 août de l'amour et dans le prê diffusé sur m6 ludovic viticulteur de la 19e saison a vécu un speed dating particulièrement émouvant avec mélanie une caviste savoya dès le premier regard le coup de foudre a été immédiat pour les deux célibataires ludovic déjà conquis par... Read more
Je vous le dis aujourd'hui quand vous parlez
de la droite je je vois bien ce qu'on été le résultat des élections présidentielles on se
demande ques sont les perspectives d'existence autonome bah déjà c'est de croire en nous-même
c'est d'être fidèle à nos valeurs et de se battre parce que vous... Read more
[musique] direction les hauts de france pour faire connaissance avec long le huitième village de notre classement situé au cœur de la vallée de la somme long et ses 620 habitants possèdent de nombreux trésors [musique] 45 ans que lionel vital long secrétaire de mairie aujourd'hui retraitée il le quitterait... Read more