Cet art de ne jamais céder
à la facilité. J'annonce la parution prochaine
de "Edène", votre prochaine pièce de théâtre. Irène, restez un peu avec nous. On va vous donner envie de lire. Vous êtes une amie. C'est sur une autre terre insulaire
qu'on va se pencher avec vous, J.Ferrari, dans "Nord Sentinelle". Vous nous donnez rendez-vous
en Corse, grande surprise pour vos lecteurs. La Corse n'est jamais explicitement
nommée. - J.Ferrari: J'allais le préciser. Mais on m'aurait taxé de mauvaise
foi. C'est la Corse, bien sûr. - A.Trapenard: On reconnaît. Pourquoi n'est-elle jamais citée? - J.Ferrari: J'aurais voulu
imaginer une espèce de terre paradigmatique
de station balnéaire en Méditerranée. C'est rigoureusement impossible. C'est abstrait. Ca n'a pas de réalité. Je me suis résolu à ancrer ça
comme d'habitude en Corse. On ne peut pas faire quelque chose
sur un sol abstrait. - A.Trapenard: Pour autant, le titre de votre livre, "Nord
Sentinelle", renvoie à une île entre l'Inde et la Birmanie. Quelle est la particularité
de cette île, "North Sentinel"? - J.Ferrari: Elle appartient
administrativement à l'Inde. Le gouvernement indien a laissé
le peuple des sentinelles sur cette île. C'est miraculeux. Ils ont complètement colonisé
les îles de l'archipel. Les autres îles de l'archipel
ont complètement disparu. Sur "North Sentinel", les gens
accueillent les étrangers à coups de flèches. Quelqu'un a essayé de le faire
il y a quelques années, un évangéliste américain
qui voulait les arracher à l'emprise du démon. Il est mort sur la plage
- A.Trapenard: Dès le titre du livre, vous nous invitez
à nous interroger sur cette question: qu'est-ce
qu'on fait de l'étranger? Est-ce qu'on l'accueille
ou on le zigouille? Par précaution... - J.Ferrari: Il va falloir donner
des précisions sur ce qu'on entend par "étranger". - A.Trapenard: Disons "l'autre". - J.Ferrari: J'imaginais
ce qui se serait passé si tout l'équipage de la Santa
Maria était massacré sur une plage des Caraïbes. On peut supposer que l'histoire
du monde aurait été bien différente. Il s'agit de confrontation massive
avec une altérité qu'on ne connaît pas, qui a des conséquences
monstrueuses. J'ai essayé d'appliquer
cette théorie. J'ai essayé d'appliquer
cette théorie au tourisme. Ce n'est pas un pamphlet
qui préconise l'extermination des touristes. - A.Trapenard: Ce n'est pas
ce que j'ai dit. "Nul besoin de prophétie
pour savoir que le 1er voyageur apporte toujours avec lui
d'innombrables calamités." Qu'est-ce que ça vous inspire,
M.Bonnefoy? - M.Bonnefoy: C'est incroyable. C'est ce dialogue qu'il y a
avec les 2 personnages qui crée aussi un dialogue avec le lecteur. Et l'humour... C'est drôle, mais drôle
pince-sans-rire. C'est une sorte d'humour un peu
noir, cynique, plein d'aspérités délicieuses. Et ce personnage de R.F.Burton
qui apparaît... - A.Trapenard: On va raconter. "Nord Sentinelle", c'est le titre
du nouveau roman de J.Ferrari. Je rappelle que vous aviez remporté
le prix Goncourt en 2012 pour "Le Sermon sur la chute de Rome",
qui racontait l'histoire de 2 étudiants en philo qui claquaient
tout pour reprendre un bar dans leur village de montagne,
en Corse. Cette fois, c'est sur le littoral
corse que vous nous emmenez. Tout commence par une attaque
au couteau dans une station balnéaire. Un jeune Corse, dont le père
est un jeune propriétaire, poignarde l'un de ses amis
qui a l'habitude de venir passer ses vacances sur une île. Tout ça pour une bouteille de vin. Ce geste fratricide place
votre livre sous le signe du mythe et de la tragédie. De quelle tragédie la Corse
est-elle le décor? - J.Ferrari: Je ne suis pas sûr
qu'il y ait une tragédie spécifiquement Corse, là-dedans. Je conçois évidemment un peu
le livre avec un mécanisme tragique, mais c'est
parce que les personnages sont pris dans une espèce de mécanisme
qui ne les laisse pas s'échapper. En même temps, en étant entraînés
dans ce mécanisme, aucun d'entre eux n'est parfaitement innocent
de ce qu'il se passe. Ce double statut de victime
et de coupable, où personne ne peut vraiment
se plaindre alors que ce qui leur arrive
est horrible, c'est ça qui fait l'essence de la tragédie. - A.Trapenard: D'autant
que vos personnages n'ont pas vraiment les vertus des héros
tragiques. L'assaillant, Alexandre Romani, est présenté par son grand cousin
qui nous raconte l'histoire comme un parasite alangui violent
et oisif, un être irresponsable, charmeur et dénué de tout scrupule. La violence est quelque chose
qui vous fascine, j'ai l'impression. - J.Ferrari: Le narrateur
de "Nord Sentinelle" est peu fiable, peu sympathique
et d'une très grande mauvaise foi. En tant qu'auteur, j'ai des doutes
sur l'étendue réelle de la bêtise. En plus, il a une tendance fâcheuse
à insulter en premier ses amis et sa famille. - A.Trapenard: Vous nous dites,
si vous pensez qu'on n'est pas au niveau, ce soir. Dans quelle mesure ce sentiment
de vivre dans un monde où la bêtise et la médiocrité ont triomphé, ça
vous habite? - J.Ferrari: Ca m'habite quand même
un peu... Ce qui me fascinait, c'était
un motif dérisoire qui débouche sur une tragédie. Il y a, dans ce que sont devenus
les voyages aujourd'hui, dans la manière dont on rentre
en contact avec les lieux qu'on visite, dans la manière
dont on est guidé dans les aéroports, quelque chose
qui me paraît profondément stupide et assez difficile à supporter,
mais assez drôle. - A.Trapenard: Dans une forme
de tourisme. Les dérives d'un tourisme de masse
qui donnent lieu à des passages extrêmement corrosifs et assez
savoureux. "Contre toute attente,
alors que les personnes sensées avaient toujours fui en été le bord
de mers caniculaires et malsaines, une folie collective venait pousser
désormais sur les plages des foules compactes d'abrutis extatiques
qui venaient cultiver leur futur mélanome, se faire piquer
par les moustiques et les guêpes, partager leurs miasmes
et leurs mycoses et qui, de surcroît, étaient prêts à payer
pour le faire." - M.Bonnefoy:
Tout est dans les petites choses. - J.Ferrari: J'imagine
que pour la génération de mes grands-parents, ça a dû
être un changement énorme de voir que les gens allaient à la plage
pour leurs loisirs et venaient y prendre du bon temps. C'était très surprenant pour eux. - M.de Kerangal: Le livre
est très impressionnant sur ce que disait Jérôme au début,
cette mécanique de la violence qui charrie quelque chose
d'extrêmement archéologique dans les gestes. C'est une histoire triviale
dans laquelle se trouvent embringués Alexandre et Alban. Les 2 échangent leur place
tout au long du roman. Le roman fait de cette scène
du poignard dans le ventre, de l'éventrement d'Alban
par Alexandre, une scène qui fait miroiter toutes les tensions. Il y a de l'humour. C'est vrai que c'est drôle. C'est un humour corrosif, grinçant. Il est aussi beaucoup question
de la mort, d'un point aveugle, cette scène de crime qui migre
dans tout le texte. Je trouvais ça assez
impressionnant. - J.Ferrari: Le roman s'ouvre
dessus, se ferme... - M.de Kerangal: Par plusieurs jeux
de regard, elle est racontée plusieurs fois,
dans cette trivialité, dans cette bêtise. Elle prend une importance
et du sens. - A.Trapenard: A.Zeniter? - A.Zeniter: Jérôme disait
pour commencer qu'il voulait que ce ne soit pas tout à fait
la Corse, mais un bord de mer. Il a parlé de bord de mer
méditerranéen. Je l'ai beaucoup aussi appliqué
à mon bord de mer, dans les Côtes-d'Armor. Je l'ai d'ailleurs conseillé
à mes voisins et voisines avant de partir à Paris, en disant
qu'il y a quelque chose qui raconte... On a l'impression
que ce ne sont que des moqueries vers le tourisme, mais il y a le fait de désirer
ce tourisme parce qu'il vient nous arracher de notre enfance
campagnarde qui nous donne un sentiment de claustrophobie. Le tourisme est aussi l'ouverture
vers l'ailleurs. Mais en s'engouffrant
dans nos vies, il dérègle les liens sociaux
qui nous permettaient de nous placer,
qui nous permettaient de savoir où on était. Ca s'applique à d'autres bords
de mer. - A.Trapenard: Que détruit
le tourisme, pour vous? - J.Ferrari: Tel qu'il se pratique
maintenant, c'est la manière d'envisager toute relation
avec toutes les choses et les êtres qui nous entourent. Le tourisme est symptomatique
de cela. Les gens qui sont curieux... Je serais mal placé de critiquer
les voyageurs. J'ai passé mon temps à bouger
et à voyager partout. Je le fais moins, maintenant. Mais ce n'est pas
parce que je le fais moins que je peux m'en prendre
à ceux qui le font encore. - A.Trapenard: Vous dites
que le tourisme tue le silence de la nuit, en Corse. - J.Ferrari: Il remplace le silence
qui est celui des nuits d'intimité par un silence de désert des villes
où il n'y a plus personne pendant l'hiver. Ca commercialise tous les rapports
humains, sous un dehors d'histoire d'hospitalité,
qui est une plaisanterie. Au-delà d'un certain nombre
de visiteurs, indépendamment de la bonne volonté des gens
qui arrivent et de ceux qui reçoivent,
plus aucune relation humaine sérieuse n'est possible. Et ce n'est la faute de personne. Je ne pense pas
qu'il y ait des solutions miracle. - A.Zeniter: Je suis tombée, il n'y
a pas longtemps, sur la question du tourisme appliqué
à la Nouvelle-Calédonie. C'est une interview
de J.-M.Tjibaou. Il dit que la seule solution
est de développer le tourisme pour les très riches, parce qu'on peut les déplacer
dans des réserves, que de toute façon, ils n'ont pas
envie de les voir et qu'ils ne les verront jamais. Je me suis dit que c'était
peut-être une piste. - A.Trapenard: "Nord Sentinelle"
vient de paraître. C'est un livre jubilatoire qui fait
réfléchir. Je vous l'offre, I.Jacob. Je vous remercie
pour votre générosité.
Je retrouve une possibilité
de déployer ma voix sans me sentir illégitime. - a.trapenard: l'idée est d'écrire
un autre récit que les récits occidentaux qu'on pourrait lire? - a.zeniter: oui. si je m'étais dit que je
n'avais pas le droit de faire parler des kanaks, j'aurais produit
un récit qui aurait... Read more
Qui est particulièrement isolé. ce livre est somptueux. il raconte bien à quel point
un lieu peut nous forger. applaudissements. - a.trapenard: "la grande
librairie" a fait sa rentrée. autour de moi, 5 romanciers:
a.zeniter, m.de kerangal, j.ferrari, m.bonnefoy et s.dulude. m.de kerangal va nous donner... Read more
- a.trapenard: "jour de ressac",
m.de kerangal. pour moi, c'est votre plus beau
livre. - m.de kerangal: merci. - a.trapenard: je les ai tous lus. on va poursuivre notre voyage
avec une autre ville qui se situe, pour nous, de l'autre côté
de l'océan atlantique: maracaibo, au venezuela. c'est une ville... Read more
- a.trapenard: "si on lisait à voix
haute". "la grande librairie" fait
sa rentrée, en direct et en public,
pour sa 17e saison. je voudrais vous présenter
un extraordinaire écrivain. vous savez à quel point
les nouveaux romans sont importants pour moi. j'ai envie de les porter
chaque semaine. ce 1er... Read more
À 20 ans j'ai appris la médecine être médecin ce n'est pas prescrit des médicaments mais regardeer les autres et tenter de comprendre leurs souffrances très tôt j'ai été en contact avec le drame la douleur et la mort et un jour j'ai eu besoin de partager je n'ai pas raconté directement ce que j'ai vécu... Read more
Bonjour à tous bonjour bruno cotr alors demain se dérouleront des élections législatives le premier tour que personne n'imaginait il y a encore un mois dans quel état d'esprit sont aujourd'hui les français il y a toujours beaucoup d'incompréhension d'abord sur cette dissolution c'est les premiers mots... Read more
Est grands reporter à france télévision et en 30 ans elle a couvert absolument tous les conflits partout sur la planète de la tchéie à l'irak en passant par l'afghanistan et l'ukraine dorothé olirque bonjourj bonjour dorothé vous avez le micro juste devant vous vous êtes aussi maman maman de deux grands... Read more
Parfois on me demande ce que je pense de la grande librairie jusqu'à récemment j'avais pas vraiment de réponse à cette question parce que bah c'est pas une émission qui m'intéresse spécialement en fait la grande librairie c'est vraiment une émission grand public coordonnée à l'actualité littéraire et... Read more
Sonia vous êtes un peu l'ambassadrice
de la boccia en france. on avait déjà eu le plaisir de vous croiser en 2013, c'était à
pont-à-mousson avec laurent luyat et cyril féraud. qu'est ce que vous pourriez dire à nos
téléspectateurs qui auraient envie de se lancer ? alors, déjà je dirais que quel... Read more
Bonjour et bienvenue dans les 4v jean-michel blanquer bonjour thomas so vous avez passé 5 ans au ministère de de l'éducation longévité record c'était pendant tout le premier quinquenat d'emmanuel macron et puis l'aventure politique s'est arrêté depuis vous n'aviez quasiment pas parlé aujourd'hui vous... Read more
Place à la culture dami vous recevez ce matin le comédien thomas joanet bonjour thomas joanet bonjour merci d'être là sur le plateau en direct on vous retrouve mardi soir sur france 3 dans un téléfilm un polar thriller redoutable on en parle dans quelques instants mais là d'un mot on est en direct il... Read more
Bonsoir à tous et à tous merci beaucoup de votre présence et merci beaucoup à jérôme ferrari de sa venue ce soir je vais me faire aller à l'habitude de se présenter comme professeur de philosophie et c'est le cas il enseigne la philosophie encore sous il vit mais il est aussi un des un des plus grands... Read more