Salut. Bienvenue
sur Mediapart. C'est un séisme
depuis le mois de juillet. 24 femmes, à ce stade,
font état de violences sexuelles infligées
par l'abbé Pierre, la figure de la lutte
contre l'exclusion en France, longtemps personnalité
préférée des Français, la plupart majeures
au moment des faits rapportés, mais l'une d'entre elles
avait 16 ou 17 ans, une autre, 15 ans,
une fillette avait 8 ou 9 ans. Dans cette émission,
une de ces femmes, Pascale, prend publiquement la parole
pour la première fois. « Abbé Pierre, l'onde de choc »,
c'est « À l'air libre », l'émission en accès libre
de Mediapart. Les questions qu'on se pose,
c'est celles-là : « Qui savait ? », « Qui n'a rien dit ?
Pas assez, pas assez fort. » Comment expliquer que,
pendant près de 50 ans, la figure préférée des Français,
celui qui, à l'hiver 54, alerta notre pays
sur le sans-abrisme, le mal-logement,
l'exclusion, ait pu agir
dans une sorte d'impunité ? Depuis ce mois de juillet,
le silence, en tout cas,
n'est plus possible. L'abbé Pierre, décédé en 2007,
est accusé de contacts non souhaités
sur la poitrine, de baisers imposés,
de fellations forcées, d'autres gestes ou propos
à caractère sexuel non consentis, accusé par des femmes
qui ont été bénévoles, salariées
des structures d'Emmaüs, ont évolué
dans son cercle proche, ont été rencontrées
lors d'événements publics en France, mais aussi aux États-Unis,
en Suisse ou au Maroc et sur une durée
de cinq décennies, 50 ans. Cette onde de choc,
le poids du silence qui a pesé sur ces femmes,
dont certaines sont aujourd'hui décédées,
mais aussi la signification de cette affaire
où les révélations se succèdent, c'est le sujet de cette émission
avec Lénaïg Bredoux. Salut. Tu es codirectrice
de la rédaction de Mediapart, mais aussi responsable éditoriale
aux questions de genre. Véronique Margron, bonjour.
Vous êtes présidente des congrégations religieuses
de France, la Corref, vous avez personnellement
recueilli, en 2023, le témoignage
d'une femme, témoignage qui a lancé
tout ce processus de dévoilement. Pascale,
vous avez 53 ans, - bonjour.
- Bonjour. Vous faites partie
de ces 24 femmes dont les récits ont été compilés
par le cabinet Egaé mandaté par la Fondation Abbé Pierre
et le mouvement Emmaüs. Merci infiniment
d'être avec nous, Pascale. C'est la première fois
que vous vous exprimez, vous le faites à visage découvert.
Merci donc pour votre confiance. Avec nous également,
Caroline De Haas. Bonjour. Vous êtes
directrice associée de ce cabinet, Egaé,
donc mandaté pour mener cette enquête
pour le mouvement Emmaüs. On va bien sûr y revenir.
Enquête réalisée, vous y tenez, de façon indépendante
et vous nous expliquerez. Sachez, vous aussi
qui nous regardez, que nous avions invité
Christophe Robert, le directeur général
de la Fondation Abbé Pierre, sur ce plateau.
Il a décliné notre invitation. Lénaïg, pour commencer,
on va revenir en deux mots sur le déclenchement
de cette affaire : un signalement, donc, en 2023,
qui ouvre la voie à une démarche inédite
du mouvement Emmaüs. Oui, parce que c'est une affaire
emblématique et, pour une fois, pas uniquement à cause
de la personnalité qu'elle vise, de son aura, de son charisme,
comme on disait, de la répétition
des schémas d'agression ou de mise sous silence
de la parole des victimes. Pour une fois,
c'est aussi par le processus qu'elle met au jour
que c'est une affaire emblématique, un processus de recueil
de la parole et d'enquête qui a été mis en place
et qui est transparent, du moins, on l'espère.
Tout commence en marge du travail sur les violences
sexuelles dans l'Église, les premiers témoignages
remontent alors à la surface, une victime est entendue en 2023
et les trois structures concernées, la Fondation Abbé Pierre,
Emmaüs France et Emmaüs International,
sont alertées. À partir de là,
elles font un choix rare, trop rare
dans notre société : elles choisissent de lancer
une enquête interne confiée, donc,
au cabinet Egaé. Un premier rapport
est révélé en juillet. Sept témoignages mettent
alors en cause l'abbé Pierre. Dans le communiqué
qui accompagne ce rapport, les trois structures
dont l'existence est consubstantielle
à l'abbé Pierre, écrivent :
« Nous les croyons », des mots encore, là aussi,
trop rares dans notre société dont il faut mesurer l'importance.
Une adresse mail est créée, d'autres victimes
peuvent se déclarer, un travail de recoupement
de ces témoignages, notamment avec
des archives de l'époque, est mis en œuvre et,
finalement, donc, un deuxième rapport
vient d'être publié avec 17 nouveaux
témoignages, ce qui porte à 24
le nombre total de récits mettant en cause
l'abbé Pierre pour des faits d'agressions
sexuelles ou de viols, parfois sur des mineures,
des années 1950 à 2000, et Egaé a précisé avoir reçu
d'autres témoignages qui n'ont pas encore pu
être exploités à ce jour. Véronique Margron,
vous luttez depuis des années contre l'impunité des agresseurs
sexuels dans l'Église, vous avez activement participé
à la commission contre les abus sexuels
dans l'Église, la Ciase. Racontez-nous justement,
puisque Lénaïg en a parlé, cette première rencontre, en 2023,
avec cette personne qui vous a confié son témoignage,
ce qui a lancé ce processus qui est toujours
en cours aujourd'hui. A vrai dire, c'est assez simple,
qui est que cette dame a suivi les travaux
de la commission indépendante, de la commission Sauvé, a vu le rapport public
et l'ampleur qui a été donnée à ce rapport par tous les médias,
dont vous, et je vous en remercie encore
parce que c'est aussi cela qui a rendu possible
la parole d'autres victimes, puisque, rien que la semaine
du rapport de la Ciase, plus d'une centaine de personnes
se sont signalées à la Ciase qui avait, en quelque sorte,
fermé ses portes. Bien sûr qu'elle a recueilli
ces témoignages, mais pour signifier
l'importance qu'a eue cette « publicité »
autour du rapport de la Ciase, et donc, cette dame
avait suivi tout cela, et donc, bien des mois après,
elle m'a contactée tout simplement en me disant
qu'elle avait été victime. Je ne crois pas qu'elle m'ait dit
à ce moment-là de qui, et donc, elle demandait
à me rencontrer, donc je l'ai rencontrée
dans ce cadre-là - bien simplement.
- Et vous dites : « C'était extrêmement dur
pour cette femme parce qu'elle avait peur,
en témoignant, de mettre en cause, justement,
cette figure de l'abbé Pierre. » Oui, il y avait deux peurs,
je pense : la peur, une fois de plus,
de ne pas être crue ou que je minimise les faits
et que je dise : « Bon, mais madame,
depuis, vous avez vécu...» Enfin, tout ce que
tant et tant de victimes ont pu entendre hier et,
on peut le craindre, parfois encore
aujourd'hui et puis, la peur que je puisse
entendre qu'elle en voudrait au mouvement Emmaüs,
à toute son action contre l'exclusion,
enfin, en quelque sorte, comme dans une sorte
non pas de vengeance, mais en tout cas
quelque chose comme ça alors que, bien évidemment,
ça n'était nullement son intention et ça ne s'entendait nullement
dans ce qu'elle me disait, qui était tellement singulier,
tellement personnel. Caroline De Haas, on lit
dans un de vos rapports une des femmes
qui a été entendue, écoutée, plutôt, par Egaé,
qui dit : « Comment vous faites quand c'est Dieu
qui vous fait ça ? » Il n'est jamais facile,
vous en savez quelque chose à Egaé, pour une organisation,
de lancer une enquête sur les agissements
de ses dirigeants, de son fondateur,
en l'occurrence, mais encore moins
quand c'est l'abbé Pierre, qui a ce statut quasiment
de divinité, au sein du mouvement, en tout cas,
ou pour certaines personnes. Dans ce contexte,
comment vous, vous faites pour assurer
l'indépendance de votre travail ? Alors, la première chose,
c'est qu'on pose un cadre quand on est contactés
par une structure qui nous dit... Moi, je me rappellerai
toute ma vie, je pense, de ce premier
coup de téléphone où j'ai mis quelques minutes
à comprendre de qui on me parlait et où,
quand j'ai percuté, en fait, qu'on était en train
de me parler de l'abbé Pierre, je me suis dit : « Bon, en fait,
on va au-devant d'un truc qui va faire beaucoup de bruit,
sans doute. » À l'époque,
je me rappelle très bien, la personne que j'avais
au téléphone m'a dit : « Bon, on a un cas, on commence
à avoir une information peut-être sur un deuxième
à 10 ans d'écart, on pense qu'on a
les principaux faits », et j'ai tout de suite dit :
« Non, s'il y a deux cas à peu près similaires
à 10 ans d'écart, c'est qu'il y en a beaucoup
d'autres. Si personne ne lui a jamais dit stop,
il n'y a pas de raison qu'il ait arrêté
et il n'y a pas de raison qu'il ait commencé à 60 ou 70 ans
et qu'il n'ait pas commencé avant. » Comment on assure
son indépendance ? Eh ben,
en faisant un travail, en fait, en posant
des conditions, en disant : « Nous, on travaille avec vous
à partir du moment où on est accordés sur les valeurs »
et depuis le début, c'est le cas, c'est-à-dire que, moi,
c'est ce que j'ai dit... En juillet, j'ai rencontré
les salariés d'Emmaüs. Il y avait beaucoup de colère,
beaucoup de colère parce que... Enfin, voilà, de tristesse
et de colère, et je leur ai dit : « Tout n'est sans doute
pas parfait à Emmaüs, par contre,
c'est la première fois de ma vie que j'accompagne un mouvement
où jamais je regarde mes pieds, où jamais je me dis :
« Oh là là ! Qu'est-ce qu'ils ont encore dit ? »,
jamais. » C'est-à-dire qu'à chaque
fois, ils ont eu une posture qui est une posture politique
de croire les victimes, et ça, c'est ce que disait
Lénaïg Bredoux tout à l'heure, c'est que j'ai jamais vu ça,
en fait. Un mouvement qui dit :
« Nous vous croyons », j'avais jamais vu ça
et, pour moi, c'est vraiment l'élément
qui change la donne. Comment
vous avez vérifié, corroboré ces témoignages
pour travailler sur ce rapport ? C'est important parce que les gens
se posent probablement la question. Alors, ça, on a eu pas mal
de discussions avec Emmaüs parce qu'on n'est pas
dans un travail d'enquête habituel. Moi, mon travail, d'habitude,
c'est de faire des enquêtes dans les entreprises
sur des personnes qui sont en vie, donc on va corroborer les faits
et on va confronter la personne mise en cause
sur chacun des faits : « Vous auriez dit ça tel jour,
à telle heure, il y a tel témoin
qui atteste que... » On n'est pas du tout
dans ce processus-là et on s'est posé la question :
« Est-ce qu'on fait une enquête ou est-ce qu'on ouvre
un dispositif d'écoute et de recueil
de la parole ? » Et on a choisi d'avoir
un dispositif d'écoute, donc on a on a recueilli
toute la parole et ce qu'on a fait,
c'est qu'on a demandé à Emmaüs, quand on ne pouvait pas avoir
les informations publiques, de vérifier si l'abbé Pierre
avait bien été à tel endroit. Je vous prends un exemple :
on a une personne qui nous dit qu'elle a été victime à Rabat,
au Maroc, en 1956, on a des éléments publics qui disent
que l'abbé Pierre y était. Et puis, on a des personnes
qui nous parlent de lieux où on n'a pas d'éléments publics,
donc là, on a demandé à Emmaüs d'aller chercher dans les archives
et ils ont pu nous confirmer, puisqu'il y a vraiment
beaucoup d'archives à Emmaüs, et notamment, il y a le carnet
avec les contacts de l'abbé Pierre, on a pu établir des contacts
avec un certain nombre de personnes qui étaient citées
dans les témoignages. Ces témoignages
de 24 femmes, à ce stade, ils sont non seulement
le plus corroboré possible, vous nous avez expliqué comment,
mais ils font aussi sortir des récurrences très frappantes
que vous soulignez dans le rapport.
Quelles sont-elles ? Il y a des cas quand même
assez similaires de contacts non sollicités
sur les seins. Ça, c'est vraiment les cas
les plus fréquents qui pourraient être
qualifiés, s'il y avait des procédures pénales,
d'agressions sexuelles, donc en fait, un contact
sur une zone sexuelle par surprise, la plupart du temps,
et qui provoque un choc, une sidération
du côté des victimes. Il y a quelques cas
qui sortent de ces... Alors, en fait, c'est difficile
pour moi de faire des généralités parce que,
et on l'écrit dans le rapport, je suis convaincue
que ces 24 cas ne sont pas du tout représentatifs
de la totalité - de ce qu'a fait l'abbé Pierre.
- Il y en a plus. Je pense qu'il y en a
beaucoup plus, vraiment beaucoup,
beaucoup plus, donc nous, on a pu identifier
24 témoignages, dont celui de Pascale, mais en fait, il y en a
sans doute beaucoup plus. Déjà depuis hier, la boîte mail
continue à être sollicitée, il y a des gens qui continuent
à nous écrire, à nous appeler, à nous laisser
des messages vocaux. Il y a une personne, par exemple,
que j'ai eue ce matin au téléphone, qui, en juillet, nous avait écrit,
nous avait dit qu'elle ne voulait pas témoigner
parce qu'elle disait : « Je ne veux pas
charger la barque », et là, elle a vu le dernier rapport,
elle a dit : « Ça y est, je suis prête,
j'ai fait le chemin. » Et donc, ce qui est sûr,
c'est qu'il y a beaucoup de contacts
non sollicités sur les seins et qu'il y a quelques
actes que, moi, je considère comme sortant
de ce schéma-là. Il y a celui que Pascale,
peut-être, va raconter, avec une répétition très fréquente
de faits graves, il y a ceux qui concernent
celle qui avait écrit à la Ciase, qui pourraient être
qualifiés de viols, qui sont
des fellations forcées, et puis, il y a le cas de la femme
qui était à l'époque... Qui nous a contactés directement.
Une enfant, puisqu'elle avait... Il y a eu plusieurs
moments de violence et elle avait 8 et 9 ans.. Véronique Margron, avant d'entendre
et d'écouter Pascale, on va l'écouter
avec le temps qui est nécessaire pour écouter
son témoignage parce que c'est la première fois
qu'elle témoigne, et donc, on va prendre
cet espace-là, évidemment, mais dans un entretien
à Mediapart, lors de la publication
du premier rapport, vous avez dit... Parce qu'on voit
bien, il y a beaucoup de discussions autour de :
« Mais l'abbé Pierre est mort, pourquoi, aujourd'hui,
remuer tout ça ? », etc, c'est toujours un peu le même
genre de choses qu'on entend. Vous avez dit :
« Il ne s'agit pas de déterrer des cadavres, il s'agit
de réparer les vivants. » La formule
est très belle, mais qu'est-ce qu'elle veut dire
profondément ? Profondément, elle veut dire ce que
nous vivons maintenant avec Pascale sur ce plateau, c'est-à-dire
que l'abbé Pierre est mort, il ne s'agit pas de faire une sorte
de procès posthume à l'abbé Pierre, il s'agit d'abord
de faire justice aux vivants, mais aussi aux victimes mortes
qui ont des proches... Qui ont témoigné,
pour certains. Voilà, et d'une autre façon,
d'ailleurs, au mouvement Emmaüs et à tous ces bénévoles
et salariés engagés jour et nuit dans ce combat
contre l'exclusion. Il s'agit de faire justice
à toutes ces personnes-là, et faire justice,
c'est aller au bout de la vérité, comme l'abbé Pierre est mort,
il ne faut pas l'espérer, mais en tout cas le faire avec le plus de clarté
qu'on puisse faire. C'est vraiment un devoir moral
impératif. impératif. Pascale, merci d'être là,
à nouveau. Vous, vous avez 53 ans,
vous témoignez aujourd'hui, l'abbé Pierre,
vous l'avez rencontré, et vous avez raconté, donc,
pour vous, les faits remontent - au début des années 90.
- Oui. - Vous aviez 22-23 ans à l'époque.
- C'est ça. Un incendie
dans votre enfance a causé des dommages
à votre visage. À l'époque, vous êtes
en difficulté matérielle, vous cherchez un logement,
et quand on est en difficulté matérielle en France,
à cette époque, à qui on s'adresse ?
Notamment à l'abbé Pierre, - c'est ce que vous faites.
- Oui, c'est ça. En fait, j'étais en attente
d'une procédure d'indemnisation parce qu'en fait,
tout mon programme d'opérations de chirurgie réparatrice
était terminé, sauf que personne
ne bougeait ses fesses. Mon avocat
ne bougeait pas ses fesses parce que lui,
il était payé tous les mois par l'assurance
de mes parents, donc lui, il n'avait pas intérêt
que ça bouge et je me suis retrouvée
à risquer d'être à la rue et je trouvais que ma situation
était très injuste, donc j'ai écrit
au ministre de la Justice, j'ai écrit au président
de la République et j'ai écrit à Emmaüs,
enfin, à l'abbé Pierre, voilà. La seule réponse que j'ai eue,
c'est l'abbé Pierre. 15 jours plus tard,
je reçois une lettre comme quoi il m'invite
à aller à Esteville. Esteville,
c'est en Normandie, c'est la maison de retraite
des Compagnons, et c'est là où il a son bureau
avec sa chambre, enfin,
tout est attenant... Qui est devenu
un centre de mémoire depuis. Et qui est devenu
un centre.... Que la Fondation Abbé Pierre
a annoncé vouloir fermer. Voilà, c'est ça. Après, ça,
c'était quand même la maison de retraite
des Compagnons, je trouve ça dommage
que ça soit pas resté comme ça. - Donc vous êtes à..
- C'est un aparté. Oui, on y reviendra tout à l'heure.
Vous êtes à Esteville. Oui, alors en fait, il me paye
le train pour que je puisse me déplacer jusqu'à Esteville, et je vais avoir des entretiens pendant une demi-heure
tous les matins. Et en fait, il y a le grand bâtiment
des Compagnons, et il y a une petite maisonnette
qui est à côté, qui est attenante, et moi, je suis
logée dans cette maisonnette. Et donc, je rencontre l'abbé Pierre,
il me pose des questions sur mon histoire, sur mon parcours,
l'aide dont j'ai besoin, et il me dit : « Je vais
te faire rencontrer Simone Veil », parce que Simone Veil, à l'époque,
elle était ministre des Affaires sociales,
et donc du coup, elle, elle va pouvoir peut-être
faire bouger les choses. Et voilà, et donc les entretiens
étaient sympa avec l'abbé Pierre
parce qu'il était très ouvert, on pouvait discuter de tout.
Moi, je n'avais que 22 ans, je sortais de mon œuf,
donc je connaissais rien, enfin... Et le truc,
c'est que la première fois, j'ai eu deux entretiens
où ça s'est bien passé. Le troisième entretien... Je suis restée 15 jours là-bas. Le troisième entretien, en fait,
il va pour me faire une accolade, et là, d'un coup, il m'agrippe
sauvagement, violemment, il me touche les seins,
il me fait des baisers en introduisant sa langue
dans ma bouche et en la faisant tourner
comme ça, et il met sa main
sur mon sexe, à travers mon pantalon.
Et en fait, je suis tellement agrippée
que je ne peux rien faire. Je ne peux pas me défaire
de lui ni rien. J'ai 22 ans, je suis... Je suis devant ce personnage
qui est mythique, qui a une aura
presque de sainteté. Et moi, je vis une réalité
qui n'a rien à voir avec ça, et je suis déconnectée,
à ce moment-là, de cette réalité. Je suis choquée,
je suis décontenancée. Il me décroche,
et puis je pars du bureau, et là, quand je ferme
la porte du bureau, à l'extérieur, il y avait un bureau
avec un secrétaire qui était là, un gros monsieur,
et quand il m'a regardée sortir du bureau,
il avait un petit rictus au niveau de la lèvre.
Et je suis sortie, je suis retournée dans ma chambre
et j'ai pleuré. Et ce qui était prévu,
c'est qu'on se voie tous les matins pendant une demi-heure, pour organiser,
avec Simone Veil, tout ça. J'avais besoin de lui,
je n'avais que lui. Mon père était décédé
dans une situation dramatique. Ma famille a éclaté à ce moment-là, donc je ne me voyais pas retourner
auprès de ma famille. Et donc, tous les jours,
j'y suis retournée. J'essayais de m'éloigner
un peu de lui pour pas qu'il m'agrippe
et qu'il m'attrape. Et il m'expliquait :
« Tu sais, Pascale, l'amour, c'est des petites fleurs
au bord du chemin. Ça veut dire que tu peux faire
ton chemin sans petites fleurs, mais c'est mieux
si tu as des petites fleurs sur le bord du chemin,
parce que c'est de l'amour. » Et il me disait aussi
qu'il fallait pas que je m'inquiète, que ce n'était pas moi
qui étais responsable, c'était pas moi qui avais incité
cette situation. Il me dédouanait
de ma responsabilité, et tout ça, ça m'a beaucoup,
beaucoup chamboulée. J'essayais
qu'il m'attrape pas trop. J'essayais de prendre des postures
où je pouvais le repousser au mieux, mais en même temps,
je le laissais faire, parce que j'avais pas le choix, et j'avais pas le courage
de dire les choses, parce qu'il y avait un couple qui était responsable
de cet établissement, et c'était eux qui étaient en charge
de l'abbé Pierre, de... Et j'aurais pu très bien aller
les voir et leur dire, mais j'ai rien fait, j'ai pas pu,
j'ai rien dit. Et après, j'ai rencontré
Simone Veil, elle m'a aidée. On a eu une correspondance
pendant plus de 10 ans. Elle a envoyé un petit cadeau
à mon premier fils aîné. C'était une femme extraordinaire, et grâce à elle, deux mois après, la procédure d'indemnisation
était enclenchée. - Voilà.
- Pendant toutes ces années, vous n'avez parlé à personne
de ce qui s'était passé. C'est ça que je voulais dire. C'est ça que je cherchais,
que j'avais oublié de dire. C'est qu'en fait, le problème,
c'est que l'abbé Pierre, c'est tellement une entité... C'est une aura internationale,
un prêtre, un homme qui va s'occuper
des plus faibles, un homme qui a consacré sa vie
aux plus démunis, aux mal-logés. Et moi, j'arrive du haut
de mes 22 ans en disant : « Il m'a roulé des pelles
et il m'a tripoté les seins et il était très violent
quand il le faisait. » Mais personne ne m'aurait crue.
Personne. Donc j'ai rien dit. J'en ai même pas parlé à ma famille,
j'en ai parlé à personne. C'est resté un secret. On a salué au début
de cette émission, souligné, en tout cas,
le caractère intéressant de la démarche qui est faite par le mouvement Emmaüs
ou la Fondation Abbé Pierre. Qu'est-ce que vous avez envie
de leur dire, vous, aujourd'hui ? Moi, déjà, je suis
comme vous, madame, je suis... Je salue la démarche d'Emmaüs de vouloir faire de la transparence. Mais on fait de la transparence quand on n'est pas au courant
des choses, et on établit une transparence. Sauf que là, ils étaient tous
au courant depuis des années. Il est même parti en cure
pour être soigné de ça. On va y revenir en détail. Bon, je vais pas en dire plus,
mais tout le monde était au courant. Ils l'ont laissé toujours tout seul
lors des entretiens avec des femmes. Pourquoi ils auraient pas,
puisqu'ils savaient que de toute façon,
il avait cette pathologie, pourquoi ils auraient pas
attaché à l'abbé Pierre un secrétaire, un garde du corps
qui soit là en permanence avec lui, de façon à ce qu'il ne se retrouve
plus jamais avec personne seul et être dans cet état
de consommation sexuelle ? On n'en serait pas là aujourd'hui à essayer de jouer
de la transparence et à compter les victimes. Donc moi, je suis très en colère
parce qu'en amont, il aurait dû être fait des choses
pérennes jusqu'à son décès, c'est qu'il ne soit jamais seul. On sait que c'est un prédateur,
pourquoi le laisser faire et après, dire qu'on va jouer
la transparence, qu'on compte les victimes, qu'on va avoir
une aide psychologique ? Alors juste, je voudrais dire
quelque chose. Le slogan d'Emmaüs France : « Emmaüs : ne pas subir,
toujours agir. » Je suis désolée, nous, on a subi,
et eux, ils ont pas agi. Véronique Margron,
comment vous recevez le témoignage
que nous avons entendu ? Comme essentiel.
D'abord, merci beaucoup, Pascale, vraiment
un immense merci. Et puis je pense que la colère
de Pascale, chacun ici et chacune à notre niveau, qui n'avons pas subi
ces faits, nous la partageons. C'est-à-dire, à la fois,
comme vous le disiez au début de l'émission,
comme le disait Caroline, bien sûr, que la démarche d'Emmaüs
aujourd'hui est tout à fait juste. Maintenant, qui peut croire
qu'un des hommes les plus publics de France
ait pu cacher ces faits, ces méfaits, plus exactement,
pendant 50 ans ? C'est impensable. Donc la question aujourd'hui,
c'est bien d'aller chercher qu'est-ce qui s'est passé,
qu'est-ce qui fait que cet homme a été un prédateur systémique ? En fin de compte, le peu
que nous lisons aujourd'hui, puisque c'est encore bien peu,
sans doute, à côté de ce que nous découvrirons demain,
montre qu'il a agressé partout. Donc on ne peut pas dire
qu'il aurait pu se cacher. C'est impensable. Donc ça, c'est une grosse question,
quand même. - Et c'est une grande colère.
- Justement, jour après jour, on découvre
l'ampleur de ces violences. Des archives, des courriers,
y compris d'ailleurs dans les rapports Egaé
où on apprend que finalement, l'abbé Pierre n'était pas...
Il y avait des consignes pour ne pas le laisser seul
avec les femmes, mais aussi, en effet,
des dirigeants d'Emmaüs, on l'apprend,
savaient dès les années 50, et on apprend aussi
que l'abbé Pierre menaçait parfois celles ou ceux
qui voulaient parler. Oui, c'est là où c'est à la fois
sidérant et sans surprise, parce que des alertes,
effectivement, il y en a eu, et même beaucoup.
C'est très souvent le cas dans ce genre d'affaires,
et on retrouve de ce point de vue-là exactement le même schéma,
à la fois désespérant et suscitant souvent
une très grande colère. Parce que donc déjà,
dans le premier rapport, Egaé avait signalé l'existence
de deux livres récents, en 2007 et en 2008, évoquant
le comportement problématique de l'abbé Pierre, et depuis,
ce qu'on a appris va bien au-delà. Plusieurs historiens ayant travaillé
au sein de la Ciase, la commission consacrée aux violences sexuelles
dans l'Église, attestent que la hiérarchie
de l'Église catholique est avertie à partir
de 1954-1955. Pour rappel, le grand appel
de l'abbé Pierre, c'est 1954. Donc il y a 50 ans dans lesquels
on a fait vivre ensuite ce mythe public et politique
d'aide aux plus démunis, alors que ces alertes avaient eu
lieu dès cette époque. Ces informations étaient révélées
dans une tribune publiée dans Le Monde en juillet. Les évêques informés ont même
imposé une cure médicale et psychiatrique à l'abbé Pierre,
qui a eu lieu en 1957-1958 dans une clinique en Suisse.
Il a ensuite fait une retraite. Tout ceci correspond
au traitement que l'Église fait alors des prêtres agresseurs,
et parallèlement, des membres de la direction
d'Emmaüs demandent à l'abbé Pierre de se retirer de la direction
de la structure. Tout ceci figure dans des courriers
qui existent encore aujourd'hui. Et je vais citer
ces quatre historiens qui écrivent en conclusion :
« Les responsables d'Emmaüs, les évêques qui savaient,
ont étouffé les affaires. » Et il y a d'autres révélations
faites par Radio France - ces derniers jours.
- Oui, en fait, on découvre, grâce à cette enquête
de Radio France qu'en 1955, l'abbé Pierre
fait une tournée aux États-Unis. Plusieurs femmes se plaignent
de son comportement. Son séjour est écourté par crainte
d'un scandale. Même chose quatre ans
plus tard au Québec. Cette fois, on est en 1959.
La police est intervenue, selon une lettre manuscrite de
l'abbé Pierre qui a été retrouvée. Dans ces deux cas, il faut souligner
que l'abbé Pierre s'est révélé donc menaçant à l'égard
de ceux qui ont évoqué ces faits devant lui.
À l'étudiant américain qui a organisé sa tournée en 1955,
il écrit et je cite : « S'il faut, mes réponses
seront brutales, chirurgicales. » À un cardinal québécois,
un responsable religieux, il évoque même des poursuites.
Nous sommes en 1959, donc les mécanismes sont déjà
les mêmes qu'aujourd'hui, avec la menace de
procédures-bâillons en diffamation, comme on dit aujourd'hui.
L'Abbé Pierre écrit, deux points, ouvrez les guillemets :
« Il faut que ceux qui tiennent ces propos sachent
que s'ils confirment de telles calomnies infâmes,
je ne pourrai pas ne pas les poursuivre
devant les tribunaux. » Et on découvre enfin, aussi,
si je puis dire, l'organisation mise en place
par l'abbé Pierre lui-même. Oui, ça, c'est dans le rapport Egaé,
on y lit que dans un courrier de mai 1967, l'abbé Pierre conseille
à un homme lui-même mis en cause pour un comportement problématique
avec deux jeunes filles mineures, de dire, je cite :
« Dire que toutes ces bêtises proviennent de son mauvais état
de santé nerveuse. » Caroline De Haas,
on a entendu évidemment le témoignage de Pascale
et son interpellation sur... - Voilà, des gens savaient.
- Oui. Qu'est-ce que vous avez envie
de dire à ça ? Alors d'abord, je voudrais remercier
Pascale et saluer son courage. On reçoit beaucoup depuis le début,
depuis juillet, des questions : « Pourquoi maintenant ?
À quoi ça sert ? Il est mort,
ça ne sert plus à rien. » Et moi, je voudrais redire
à quel point ça fait partie, en fait, aussi,
de la reconnaissance, de la reconstruction, de lever
cette chape de plomb. Et depuis juillet, on reçoit
des appels, par exemple au standard, au groupe Egaé,
de femmes qui nous appellent et qui nous disent :
« Merci, ça fait 20 ans qu'on me traite de folle
et que personne ne me croit. Enfin, je suis soulagée. » J'ai reçu un mail hier
d'un homme qui dit : « Ma mère m'a raconté ça,
pendant des années, je ne l'ai jamais crue.
Elle est décédée aujourd'hui. » Et donc il y a une forme
de chape de plomb qui se lève grâce à Pascale, grâce à ces femmes,
grâce à A, celle qui a alerté
Véronique Margron. Toutes ces femmes ont fait
quelque chose de très courageux et qui compte profondément.
Et sur le fait que... D'ailleurs,
on l'a écrit dans le rapport, c'est évident
que des personnes savaient. Il n'est matériellement pas possible
que ce genre de faits existent sans que des personnes
soient informées. On s'est assez vite posé
la question, à Egaé, quand on a commencé
à entendre des victimes : est-ce qu'on va enquêter
là-dessus ? Est-ce qu'on va enquêter
sur qui savait ? Et pour moi, ce n'est pas le travail
d'une entreprise comme Egaé qui est là pour recueillir
la parole ou pour enquêter
sur des faits récents. C'est plutôt un travail d'historien
ou d'historienne, ou un travail de la justice.
En l'occurrence, les faits de non-dénonciation sont sans doute
prescrits aujourd'hui. Par contre, le fait de faire
un travail en allant chercher dans les archives d'Emmaüs,
et c'est d'ailleurs ce qu'Emmaüs a annoncé, de mettre en place
une commission d'historiens et d'historiennes qui vont aller
comprendre ce qui s'est passé, comment, pendant 50 ans,
voire plus de 50 ans, l'abbé Pierre a pu commettre
des violences aussi nombreuses, aussi répétées, aussi systémiques,
sans que personne ne réagisse à un bon niveau...
Parce qu'il y a eu des réactions. Il y a quelqu'un qui a démissionné
d'Emmaüs, par exemple. Il y a des personnes
qui ont essayé d'alerter. À aucun moment, ça a permis
de prendre la mesure des choses et de faire stopper ces faits-là.
Et ça, il faut comprendre ce qui s'est passé.
Ce que j'arrive pas encore aujourd'hui à savoir, et je pense
que ce sera vraiment le travail des historiens,
c'est s'il y a des gens qui se sont organisés entre eux
pour cacher les choses. Ça, je n'ai pas d'éléments
aujourd'hui qui me permettent
de dire ça. On a des éléments qui disent
que des personnes individuellement étaient au courant,
en parlaient entre eux. Est-ce qu'il y a eu des réunions où les gens se sont organisés
pour dire : « Attention, il faut faire
ceci ou cela » ? On n'est pas capable
de le savoir aujourd'hui. Ça sera le travail des historiens
et des historiennes. Mais c'est vrai qu'il y avait eu
un certain nombre d'alertes, y compris à des périodes récentes.
Par exemple, on l'a dit tout à l'heure, trois de ces femmes
avaient témoigné à partir de 2019 auprès de la Ciase,
la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église,
qui, en 2021, a sorti son rapport chiffrant
à, je crois, 260 000 personnes le nombre de victimes
de violences sexuelles dans l'Église
pendant des décennies. Par exemple,
pourquoi on n'a pas eu vent de ces témoignages avant ? Je ne peux pas vous dire. Là, il faudrait demander
aux membres de la Ciase. J'étais commanditaire de la Ciase, et non pas membre,
donc je ne sais pas. Moi, j'ai rien su,
mais c'est bien normal. L'abbé Pierre n'étant pas religieux,
il n'y avait aucune raison que la Ciase m'informe
de quoi que ce soit le concernant. Donc là,
je ne peux pas vous répondre. Ils étaient soumis, bien sûr,
à la confidentialité. Est-ce que c'est les victimes... Parce que beaucoup de victimes
disaient : « Moi, je vous parle, mais il n'est pas question
que vous répétiez, surtout pas
à la hiérarchie catholique, ce que je vous dis. » Et dans le rapport,
tout est anonymisé pour cette raison,
entre autres. Donc là, vraiment,
je ne saurais vous dire. Ce que je crois absolument,
c'est qu'en aucun cas la Ciase a caché quoi que ce soit, et a voulu étouffer
ce qui aurait été un scandale naissant,
en aucun cas. Pascale, qu'est-ce que vous pensez
de toutes ces archives, de tous ces courriers qui sortent
dans une période très récente, là, et qui montrent
un amoncellement de gens qui savaient des choses, savaient partiellement et potentiellement,
n'ont pas signalé, - et ce, depuis des décennies ?
- Oui. C'est des documents
hyper importants. Après, c'est des gens, aussi,
qui sont lanceurs d'alerte, parce que c'est pas tout le monde
qui va expliquer qu'il s'est passé ci et ça
pendant les voyages... ou qu'on a vu ça
de l'abbé Pierre dans une chambre ou... Pour moi,
c'est des lanceurs d'alerte, et je les crois beaucoup plus
qu'Emmaüs. Emmaüs qui fait une enquête avec des détectives, des historiens plutôt. C'est des historiens. Ils vont déterrer
ce qu'ils auront envie de déterrer. Alors là, vous faites allusion à un certain nombre de mesures qu'a annoncées
la Fondation Abbé Pierre. Donc il faut rappeler
que la Fondation Abbé Pierre, elle est reconnue d'utilité publique
en 1992, et depuis, c'est un immense
mouvement d'entraide, de solidarité
en France et à l'étranger, avec aussi le mouvement Emmaüs. On peut confondre
les différentes structures. Il y a la Fondation,
le mouvement Emmaüs, voilà, avec toujours cette figure tutélaire
de l'abbé Pierre. Ils ont annoncé la fermeture
du Centre de mémoire d'Esteville dédié à l'abbé Pierre,
où vous avez rencontré l'abbé Pierre dans les conditions
que vous nous avez décrites, un changement de nom
de la Fondation Abbé Pierre. C'est ce qu'a confirmé
Christophe Robert, le délégué général
de la Fondation, ce week-end. C'est vrai que l'abbé Pierre
est partout sur les logos, dans les identités visuelles
du mouvement, de la Fondation, des communautés Emmaüs. Et aussi, la mise en place d'une commission
d'experts indépendants pilotée par Emmaüs International pour faire la lumière
sur ce qui s'est passé. Ce week-end, sur France 5, Christophe Robert
a eu ces mots. Quand Christophe Robert dit :
« Nous devons cela aux victimes », il annonce, de fait,
l'ouverture d'une commission. - Oui, oui, d'accord.
- Vous y croyez pas ? Alors si, je suis d'accord
sur le principe, mais je ne pense pas qu'on puisse faire complètement
confiance à Emmaüs. Il faudrait que, en parallèle, il y ait une autre structure
qui accompagne ça. Vérifier que ce ne soit pas caché, que des choses
ne soient pas cachées. En fait, nous, en tant que victimes, on va avoir du mal
à faire confiance à Emmaüs puisque l'abbé Pierre,
c'est Emmaüs. Ils savaient,
et ils n'ont rien fait. Ils nous ont laissées
devenir des victimes, alors qu'on avait des vies normales,
tout allait bien. Donc comment des gens
qui n'ont pas su nous protéger vont pouvoir nous expliquer
comment ça s'est passé ? Caroline De Haas,
vous avez envie de répondre quoi
à cette interpellation ? Vous n'êtes pas
la Fondation Abbé Pierre. Vous êtes le cabinet mandaté
par le mouvement Emmaüs et la Fondation Abbé Pierre
pour enquêter sur tout ça. D'abord, la première chose,
c'est que la commission d'historiens et d'historiennes
sera complètement indépendante. C'est Emmaüs International qui va la mettre en place
et la financer, mais ce sera des historiens
et historiennes indépendants, ce sera des chercheurs
et des chercheuses. Ils se sont engagés à ouvrir
l'intégralité des archives. Ça, c'est le premier élément. Le deuxième élément,
c'est que, pour moi, ce que je trouve intéressant
dans ce qui s'est passé là, c'est qu'une organisation
comme Emmaüs aurait pu dire : « Nous, on ne s'occupe que des cas
qui concernent Emmaüs. » Par exemple,
il y a un cas qui date de 1951. L'abbé Pierre
n'était pas à Emmaüs en 1951, Emmaüs n'existait pas. Il était député
à l'Assemblée nationale, et il a commis des violences
à ce moment-là. L'abbé Pierre a aussi commis
des violences quand il était, par exemple,
en déplacement à l'international, indépendamment
du mouvement Emmaüs. Et donc, ils auraient pu dire, et d'ailleurs ça a été
une discussion à un moment : « Est-ce qu'on ne s'occupe que de ce qui concerne
directement Emmaüs sur lequel on peut être considéré
comme responsables en tant qu'organisation ? » Ils ont fait le choix,
et moi, j'ai trouvé ça intéressant, de dire : « À partir du moment
où c'est l'abbé Pierre, on est concernés. »
Parce que, comme le dit Pascale, Emmaüs, l'abbé Pierre,
l'abbé Pierre, Emmaüs. Donc ils ont choisi d'accueillir
la parole de toutes les victimes, y compris celles
qui avaient été victimes de l'abbé Pierre alors qu'Emmaüs
n'existait pas encore, et ce choix,
je le trouve assez intéressant. Moi, j'ai plutôt confiance
dans la démarche qu'ils font aujourd'hui, mais c'est vrai
que le fait que ce soit - une commission indépendante...
- C'est important. - ...est fondamental, c'est sûr.
- C'est important. Véronique Margron,
vous le comprenez, - ce doute qui habite Pascale ?
- Bien sûr. On sent
que vous avez travaillé... Comment ça pourrait
être autrement ? Bien sûr que je le comprends. Je rejoins
ce que vient de dire Caroline. Il faut une commission
indépendante, c'est-à-dire qu'il faut nommer
le président, le coordonnateur qui, après, choisit qui il veut,
travaille comme il veut, n'a aucune directive de rien,
et tout lui est accessible. Il faut, à mon sens,
non seulement des historiens, mais des sociologues, car, enfin, il y a encore
des témoins vivants, donc il faut les entendre, il faut recueillir leur parole
selon, bien sûr, des critères scientifiques. Tout cela doit être fait
le plus rapidement possible, parce que j'imagine
qu'un certain nombre de ces témoins
sont aussi âgés, - donc c'est très important.
- Lénaïg, tu voulais réagir. Je pense qu'il y a aussi
le rôle de la presse, pour le dire, de vigilance collective,
de la mobilisation citoyenne. C'est aujourd'hui
dans le débat public. Chacun et chacune
peut aussi s'en emparer. C'est aussi au travail de la presse
de vérifier la manière dont se dérouleront ces travaux
d'historiens, d'historiennes, de chercheurs, de chercheuses, la manière dont l'indemnisation
ou pas aura lieu. Je dis ça, parce que
quand je pense au processus qui a eu lieu dans l'Église
après tant de décennies d'errements, de protection des agresseurs, de fait, le travail mis en place
par la Ciase a aussi été un travail
très important dans sa méthodologie,
dans ses résultats. C'est aussi
la vigilance de la société, dont la presse fait partie, de veiller
à ce que le processus ait lieu conformément aux promesses
qui sont faites. Caroline De Haas,
si j'ai bien compris l'appel, vous disiez
qu'il y a plein de témoignages et qu'il y a eu un nouveau rapport
il y a quelques jours, des mails, des appels, etc. donc il y a une masse énorme,
et des gens qui.... Le premier rapport,
cette femme ne témoigne pas, et ensuite, elle témoigne,
ou elle décide de témoigner, de passer le pas.
C'est un processus. Il y a aussi des personnes
qui ont fait le choix de témoigner de manière
complètement anonyme, donc on ne va pas publier
leur témoignage. - C'est normal.
- Ma question, c'est, si j'ai bien compris,
l'appel à témoignages dont vous êtes chargée, il est ouvert jusqu'au
31 décembre au moins. Est-ce que
ça va continuer après, ou est-ce que là,
il n'y a pas une masse, finalement, potentielle
pour faire justice, justement, à celles qui sont décédées à leurs descendants,
à leurs enfants, à celles qui peuvent
encore témoigner ? Est-ce qu'il n'y a pas, là, une masse de documents,
de témoignages qu'il faudrait, manifestement,
peut-être gérer, qu'il faudrait pouvoir accueillir,
en fait ? Alors, d'abord, le dispositif est ouvert
jusqu'au 31 décembre 2024. Je pense
que Mediapart va rappeler - le numéro de téléphone
- On peut le rappeler. Il est en train de s'afficher
pendant qu'on parle. emmaus@groupe-egae.fr, et le numéro de téléphone
que vous pouvez contacter. Le numéro de téléphone,
on laisse un message vocal, et puis, on rappelle la personne. C'est ouvert
jusqu'au 31 décembre 2024. Emmaüs a déjà annoncé
qu'il mettrait en place un dispositif à l'issue
de ce dispositif de témoignage pour que n'importe quelle personne
qui, l'année prochaine, dans 2 ans, dans 10 ans,
en fait, veut témoigner ou apporter...
Ait un endroit où le faire. Ça, ça fait partie
des éléments. Il y a un élément, je trouve, sur lequel
on n'est pas forcément revenus. On a beaucoup parlé des gens
qui essayaient autour de l'abbé Pierre
de le protéger ou de protéger l'organisation,
voilà, mais lui-même avait mis en place
des mécanismes. On a parlé de la pression,
de la menace. Il avait... Moi, ce matin,
j'ai eu une personne au téléphone qui m'a raconté une scène
dans laquelle l'abbé Pierre lui a dit : « Tu sais,
je suis sous surveillance, donc si tu rentres en contact
avec moi, il faut que tu m'écrives
dans une enveloppe fermée qui est elle-même mise
dans une enveloppe en écrivant 'confidentiel'. » Donc lui-même
passait des consignes pour éviter
que les informations sortent. Et puis, moi,
je suis aussi très intéressée par ce qui se passe
autour du mélange entre la soi-disant
sexualité débridée de l'abbé Pierre
et les violences qu'il a commises. Ça, nous, on l'a ressenti
très fort en juillet, quand le premier rapport est sorti. Tout le monde,
beaucoup de gens nous ont dit : « Mais c'est parce qu'il a... En fait, le problème,
c'est le célibat des prêtres. Il fallait qu'il puisse
avoir des rapports sexuels. » On l'entend beaucoup, beaucoup, - en ce moment.
- On l'entend beaucoup. Et nous, on a...
Moi, dès le début, j'ai dit : « Une des conditions
pour qu'on avance ensemble, c'est qu'on n'aille jamais
sur un terrain où on va mélanger les violences sexuelles
et la sexualité. » Que l'abbé Pierre
ait eu une sexualité que certains trouvent débridée, c'est pas mon sujet, d'accord ?
Mon sujet, c'est : « Est-ce que l'abbé Pierre
a commis des violences ? » Aucune, aucune des femmes
qu'on a entendues n'était dans un rapport
de séduction ou dans une recherche de relations
intimes avec l'abbé Pierre. On parle vraiment de violences
par surprise, contrainte ou menace, et à aucun moment
de drague appuyée, pas appuyée, peu importe,
à aucun moment on parle de ça. Et ça, je trouve ça très intéressant parce que dans le rapport
qu'on a remis là, en septembre, il y a une lettre d'un monsieur
qui démissionne d'Emmaüs suite au voyage aux États-Unis
et il dit une phrase dedans, on est en 1957, et il dit une phrase dedans.
Il dit : « Certains pourraient penser
que c'est parce que les Anglo-Saxons sont un peu trop à cheval
sur ces sujets-là. Ça n'est pas le cas. »
On est en 1957. Moi, ça fait 15 ans, 20 ans
que je milite, que je suis engagée
sur les questions d'égalité, et depuis 15 ans, 20 ans,
on me dit que tout ça, c'est un problème qui vient
des États-Unis et je me dis qu'en fait,
déjà en 1957, ils avaient déjà
les mêmes arguments pour essayer de faire taire
la parole des victimes. Véronique Margron, sur ça,
je voulais l'aborder plus tard mais comme vous l'avez abordé,
la question du célibat des prêtres, on a encore vécu, je crois
d'ailleurs dans la même émission, ce week-end,
où Christophe Robert, de France 5, en l'occurrence,
vient discuter, pas ici, mais il vient discuter
sur France 5 de ce second rapport. Un éditorialiste répond :
« Ah mais moi, je l'ai toujours dit, c'est le célibat des prêtres
qui est en cause. » Expliquez-nous, et y compris à des gens qui,
de bonne foi, peuvent se dire ça, pourquoi c'est pas vraiment
de ça dont on parle, c'est pas vraiment
le sujet central. C'est pas le sujet
parce qu'aujourd'hui, quand on regarde le rapport
de la Ciivise, de la Commission indépendante
sur les incestes et les autres violences
commises sur les mineurs, nous sommes
à 160 000 victimes par an. Je sais pas, 98 % de ces violences sont commises par des gens qui sont mariés,
en couple, de même sexe,
pas de même sexe, en tout cas,
qui ne sont pas des religieux ou des prêtres vivant
dans le célibat. Nullement.
Donc s'il suffisait de se dire qu'il suffit d'avoir une compagne
ou un compagnon pour ne pas avoir
de violences sexuelles, la société se porterait très,
très bien et le monde avec. Donc il n'y a pas de rapport. De fait, la violence,
c'est la violence. Elle s'exprime dans la sexualité,
c'est d'abord de la violence. Donc après, qu'on s'interroge
sur le célibat des prêtres, aucun problème et qu'enfin, on essaie d'y trouver
une autre réponse que la réponse actuelle,
pas de problème. Mais ce sont deux questions qui doivent être
totalement distinguées. D'autant plus qu'il y a quand même
quelque chose de fou à se dire cela. Ça veut dire qu'en fin de compte,
les femmes, demain ou après-demain, les femmes de prêtres seraient
en quelque sorte les paravents pour empêcher ces messieurs
d'exercer la violence. Enfin, franchement,
j'ai beau être religieuse, je ne voudrais pas être
une de ces femmes. C'est hallucinant quand même
de penser ça. C'est quand même
complètement fou. Puisqu'on parle de domination,
Léna, on a eu des échanges
ces derniers jours, notamment une résonance
d'actualités qui a priori peuvent paraître
très différentes. D'un côté,
cette affaire abbé Pierre, avec ces dévoilements,
révélations, très réguliers ces derniers jours
et depuis l'été. Et puis, de l'autre côté,
un procès aux assises qui a lieu en ce moment à Avignon,
devant la cour d'assises criminelle, pour juger un homme
qui s'appelle Dominique Pelicot, accusé d'avoir drogué son épouse,
d'avoir recruté des dizaines d'hommes en ligne
pour la violer pendant une décennie. Dans ce procès,
Gisèle Pelicot a refusé le huis clos et le procès suscite aussi pour ça
une immense attention. Ces affaires-là sont différentes,
pourtant, là aussi,
il est question de domination et il est question de ce dont
on parle, en l'occurrence. Parce qu'en fait,
si on regarde bien ces affaires, elles nous apprennent ce que MeToo
nous apprend depuis sept ans, ou même tous les témoignages
de femmes ou d'hommes victimes ces dernières décennies
nous ont appris. Parce qu'en fait, les violences, on croit toujours que l'histoire,
elle est différente, que cette fois, le cas,
il est exceptionnel. Effectivement, il y a toujours
des spécificités. L'abbé Pierre, c'est Dieu,
donc à qui peut-on en parler ? Là, il y a 51 hommes
devant la cour d'assises. Ce n'est pas si fréquent. Mais en réalité,
ce que ça dévoile à chaque fois, c'est que les violences,
elles sont structurelles, elles sont même banales. C'est affreux de le dire,
mais c'est la réalité. Donc il faudrait,
d'un certain point de vue, cesser de s'en étonner
si on pouvait déjà commencer par là. Parce qu'elles traversent
tous les milieux, toutes les générations,
elles sont universelles, elles sont commises par ceux
qu'on ne soupçonnait pas, on l'entend à chaque affaire,
par ceux qui ne sont pas considérés comme étant menaçants
dans notre société, un homme d'Église,
des hommes ordinaires. Et comme le disait il y a six ans
sur ce plateau Adèle Haenel : « Les hommes qui violent
ou agressent ne sont pas des monstres. » Et en fait, il faut continuer
de le répéter car c'est plutôt la surprise répétée
des commentaires sur ces affaires
qui doit nous interroger. Comment se fait-il que,
sept ans après MeToo, on soit encore surpris ? Petit point juridique
parce que ça fait partie des questions
qui sont beaucoup posées. L'abbé Pierre, on l'a dit,
est décédé en 2007. Et bien sûr,
on ne juge pas les morts. Autour de ce plateau,
tout le monde est d'accord. Est-ce qu'il peut y avoir
des suites judiciaires et si oui,
quel type de suites judiciaires ? D'abord,
il faut quand même bien dire que c'est parce que les alertes
ont été étouffées, que les premiers témoignages
ont été couverts, que l'impossibilité de cette enquête
est sur la table, que l'impossibilité de faire
le contradictoire, comme on dit
dans le jargon journalistique, c'est-à-dire d'interroger
les personnes mises en cause, est là, de fait, manifeste. Effectivement, c'est un cas rare
pour nous, à Mediapart, de publier, d'écrire sur une affaire
où on ne peut pas faire cette procédure dite
de contradictoire. D'un certain point de vue,
c'est totalement insatisfaisant. Mais c'est bien parce que
les alertes n'ont pas été entendues que nous sommes
dans cette situation. Ce n'est pas du fait des victimes
aujourd'hui ou de la Fondation Abbé Pierre
ou d'Emmaüs, dans leur processus actuel,
évidemment, que nous sommes
dans cette situation, et c'est toute la difficulté
de cette affaire. Mais c'est aussi l'opportunité
de rappeler, ce qu'on écrit souvent
dans le journal, que la justice n'est pas
le seul lieu. La justice pénale n'est pas
le seul lieu où peuvent se traiter les affaires
de violences sexuelles. C'est vrai des enquêtes internes
comme Egaé peut en faire, comme d'autres cabinets
peuvent le faire, de ce que les procédures
sont parfois mises en place dans le cadre des entreprises, mais aussi
des commissions spéciales, on a parlé de la Ciase
pour l'Église, ou les mesures de justice
réparatrice, comme on dit, qui peuvent être mises en œuvre. Après, il peut toujours y avoir
des plaintes qui soient déposées, des enquêtes préliminaires ouvertes, notamment sur la question
de la complicité. À ce moment-là,
ce sera à la justice d'en décider, même si effectivement,
comme le disait Caroline De Haas, les faits risquent d'être prescrits. Pascale,
je voudrais terminer avec vous. Ce soir, là,
est-ce qu'il y a d'autres choses que vous tenez à dire ? Et puis quel message vous avez envie
de passer aujourd'hui à celles qui pourraient témoigner
à leur tour, ou bien, de façon générale, à celles
et ceux qui nous regardent ? Déjà, je voudrais saluer
le courage de la jeune femme que vous avez entendue, et qui lui a dit
ce qui s'était passé pour elle, qui était la première
à le dire tout haut. Je voudrais la saluer
parce que grâce à elle, en fait, le secret s'est levé, et le secret s'est levé
pour nous toutes. Ça nous a donné l'autorisation
à la parole. Alors après,
on l'a dit à nos proches, on l'a dit à nos amis. C'est passé à la télé. « Oui, on parle de l'abbé Pierre,
tu avais raison. » Et puis on trouve
des associations vers lesquelles on peut se pencher pour participer
à ce mouvement de vérité. Donc cette femme, elle est... Je ne sais pas son nom,
mais c'est une dame de courage. Parce que nous, on ne sait pas
vers qui aller dans ces cas-là. On ne connaît pas les organismes. Pour dire quoi ?
L'abbé Pierre est mort. Ça date d'il y a longtemps. Donc on se tait,
on reste chez soi et on se tait. Donc, grâce à vous,
vous avez été présentes, et grâce aux médias, du coup,
on a les informations et on peut se donner la main
et s'encourager à dire les choses. Donc merci à Mediapart. Merci à vous surtout d'être venue
sur ce plateau. Et pendant que vous avez parlé,
on a vu se réafficher à nouveau le mail et le téléphone pour celles qui souhaiteraient
témoigner. Merci à toutes d'être passées
par le plateau de Mediapart. Cette émission, vous le savez,
vous qui nous regardez, elle est en accès libre,
possible uniquement grâce à vos abonnements.
Donc si vous le pouvez, abonnez-vous à Mediapart.
À très vite sur Mediapart.
Et ben alors gaby qu'est-ce qu'ils viennent de balancer sur toi mdiapart mais ils te foutent jamais la paix sérieux mais ouais mais heureusement vous me dirait que pendant la révolution française on a aboli les privilèges bah ouais vous savez ah ça ira ça ira les aristos à la lanterne je sais pas quoi... Read more
Salut.
bienvenue sur mediapart. après les législatives,
c'est l'heure du bilan. bilan politique, bien sûr,
mais aussi bilan médiatique et on peut dire
qu'il n'est pas fameux. banalisation du rn
au nom de la « neutralité », pilonnage contre la gauche
sur nombre d'antennes, gauche finalement arrivée
en... Read more
Salut.
bienvenue sur mediapart. ça fait neuf jours
que le nouveau front populaire est arrivé en tête des élections
législatives anticipées, neuf jours pendant lesquels
les dirigeants de la gauche n'ont pas réussi
à se mettre d'accord sur un nom pour matignon,
ni sur un gouvernement, alors qu'emmanuel... Read more
Salut bienvenue sur mediaaps il y a la politique en france les jos les élections américaines en novembre avec le retour possible de donald trump le climat qui continue de dérailler mais dans cette actualité nous ne pouvons pas nous ne devons pas oublier ce qui se passe à gaza gaza bombardé continuement... Read more
Sophie binet (cgt), jacques toubon (ancien défenseur des droits) : pourquoi avoir signé le texte d'appel à manifester le 21 janvier ? salut.
bienvenue sur mediapart. la loi darmanin sur l'immigration, inspirée de certaines propositions
historiques de l'extrême droite, a été votée le 19 décembre. elle... Read more
La faute à qui ? bonsoir, sophie binet. - bonsoir.
- vous êtes secrétaire générale de la cgt, qui a appelé
à voter pour le nfp, qui a énormément mobilisé
de son côté avec d'autres. on est 5 jours après le second tour.
il n'y a toujours pas de gouvernement.
la faute à qui ? eh bien d'abord à emmanuel... Read more
Introduction et présentation des invité·es salut.
bienvenue sur mediapart. ils sont des milliers,
des dizaines de milliers peut-être, qui se sont mobilisés comme jamais
après l'annonce de la dissolution, bien souvent en dehors des partis,
souvent pour la première fois. le nfp est arrivé en tête
des... Read more
Le vol 370 d'asia airlines reste probablement le
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en direction de pékin en chine malheureusement le voyage a été tragiquement interrompu car
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La députée rn christine engrand épinglé pour avoir utilisé son enveloppe à des fins personnelles christine engrand député rn du pas de calais sous le feu des critiques pour ses dépenses des frais personnels inclu une pension pour chien et un abonnement à un site de rencontre miap révèle des détournements... Read more
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