Sophie Binet (CGT) au NFP : « Que chacun laisse de côté ses intérêts partisans et personnels ! »

Published: Jul 10, 2024 Duration: 00:17:05 Category: News & Politics

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La faute à qui ? Bonsoir, Sophie Binet. - Bonsoir. - Vous êtes secrétaire générale de la CGT, qui a appelé à voter pour le NFP, qui a énormément mobilisé de son côté avec d'autres. On est 5 jours après le second tour. Il n'y a toujours pas de gouvernement. La faute à qui ? Eh bien d'abord à Emmanuel Macron, ça, c'est sûr, puisqu'il vient de... reverser un bidon d'essence sur l'incendie du pays puisqu'on est dans une grave crise de régime au lieu de prendre acte du résultat des élections législatives, de féliciter tout le monde sur le fait qu'on ait empêché l'extrême droite de rentrer à Matignon - ça, il a oublié de s'en féliciter, visiblement, pour lui, c'est pas une victoire, ça - eh bien il envoie... Et de dire qu'il respectera les institutions, le vote des électrices et des électeurs et qu'il proposera Matignon aux forces qui sont arrivées en tête, eh bien au lieu de faire ça, il jette encore de l'huile sur le feu avec son courrier pour faire comme si on pouvait avoir un Premier ministre qui s'inscrive dans la continuité de sa politique économique et sociale. Or, ça, c'est juste impossible parce que c'est l'inverse du résultat des urnes. Donc le problème, c'est qu'on est dans un moment extrêmement inquiétant pour notre pays avec une vraie crise de régime, avec l'extrême droite qui, si nous avons gagné, une victoire incontestable, dimanche soir, forte, il faut capitaliser, il faut l'analyser, il faudra y revenir, elle est toujours aux portes du pouvoir, elle est à l'affût, elle est en embuscade. S'il n'y a pas une réussite collective très rapide, c'est l'extrême droite qui tirera les marrons du feu et les gens ne chercheront pas les responsabilités. Je veux aussi le dire, parce que ça joue dans tous les sens au sein de la gauche, à droite, au centre etc. Mais les électeurs n'iront pas dans le détail, ils vont tous se faire balayer par l'extrême droite si, là, il n'y a pas un nouveau gouvernement qui sort sur une politique de rupture à la politique économique et sociale d'Emmanuel Macron. Donc il y a une obligation de réussite pour tous les républicains et les républicaines, sinon, ils vont se faire balayer par l'extrême droite au prochain coup. Ce que vous nous dites ce soir, c'est qu'il y a aussi Premier ministre une obligation de réussite pour la gauche. Actuellement, la gauche, elle discute. Il n'y a pas de nom qui sort d'un chapeau, de proposition des forces de gauche pour un éventuel Premier ministre. On est à cinq jours des élections. Tout le monde nous dit « ça arrive », « c'est bientôt prêt »... On a l'impression que c'est quand même assez bloqué. Qu'est-ce que vous dites à ça ? Eh bien oui. Bon, c'est normal qu'il faille un peu de temps pour proposer le nom d'un Premier ministre et un gouvernement parce que c'est une question importante. On se souvient quand même qu'Emmanuel Macron, quand il avait fait son remaniement en janvier-février, il avait pris un mois pour faire son remaniement. Donc voilà, ça arrive à d'autres de mettre longtemps. Mais là, le problème, c'est qu'il faut vite qu'ils réussissent à se mettre d'accord sur le nom d'un ou une Première ministre qui doit rassembler au-delà du Nouveau Front populaire. C'est ça, l'enjeu, c'est que le ou la Première ministre doit pouvoir avoir la confiance de l'Assemblée nationale, parce que sinon, ils vont se prendre tout de suite une motion de censure. Le ou la Première ministre doit aussi rassembler le pays, apaiser le pays, parce que nous, ce qu'on constate sur les lieux de travail, c'est que le monde du travail est vraiment clivé avec beaucoup d'inquiétudes, beaucoup d'angoisse, beaucoup de peurs, et donc il y a besoin aussi d'avoir un gouvernement qui rassemble, mais qui rassemble, certainement pas sur la continuité de la politique d'Emmanuel Macron, qui rassemble sur du changement très fort, immédiat pour les salariés en commençant par l'abrogation de la réforme des retraites, par augmenter les salaires avec des mesures immédiates. Et le troisième point très important, c'est de l'argent dans les services publics parce que nos services publics, à commencer par les hôpitaux, les EHPAD, les universités, les organismes de recherche, n'en peuvent plus, sont totalement asphyxiés. Et donc il faut les financer et, pour les financer, il faut une politique de redistribution des richesses et il faut aller taxer les grandes entreprises et les plus riches pour donner de l'air à nos services publics. Voilà les points-clés sur lesquels il faut du changement et, là-dessus, évidemment, il ne faut pas tergiverser. Donc vous dites à ces forces de gauche : « Nous vous attendons Politique de rupture pour cette politique de rupture dont vous parlez, mettez-vous d'accord rapidement. » Très, très, très rapidement. Il faut que demain, ils aient une proposition pour, derrière... Parce que d'abord, il faut qu'ils se mettent d'accord, eux, c'est évidemment une chose importante, mais derrière, il faut encore une fois rassembler le pays, rassembler l'Assemblée nationale, travailler à une trajectoire de gouvernement pour regarder... Il y a un programme, évidemment, il faut l'appliquer mais il ne peut pas être appliqué tel qu'il a été écrit parce que... Dans son intégralité. Jean-Luc Mélenchon a dit pourtant « tout le programme » mais ça ne sera peut-être pas possible au vu des équilibres. Tout le monde sait bien qu'un programme, pour être appliqué, il faut qu'il soit voté par le Parlement. Les deux points de rupture qu'il faut avec Emmanuel Macron, c'est d'abord la rupture en matière de politique économique et sociale et la rupture démocratique. - Donc là, il faut... - Vous dites : pas de décret, pas de 49.3 ? Des décrets, oui, il en faut toujours, mais il faut de la démocratie parlementaire, de la démocratie sociale et donc il faut que le gouvernement affirme des choses qui ne seront pas négociables et je pense que les points non négociables, c'est notamment les points que j'ai annoncés là, et il peut y en avoir d'autres mais notamment ces points-là. Pour la CGT, c'est ça. Eh oui ! Quand on regarde, c'est quand même les grosses demandes sociales, et l'intersyndicale a fait... On a publié aujourd'hui une déclaration de toutes les organisations syndicales avec ces exigences-là au centre en disant : quel que soit le gouvernement, il faut qu'il fasse ça parce que les travailleuses et des travailleurs attendent du changement, attendent des réponses à leurs problématiques et que s'il n'y a pas de réponse, là, encore une fois, c'est le Rassemblement national qui sortira gagnant et donc ça n'est pas possible d'avoir Bayrou ou je ne sais pas quelle autre combinaison qui s'inscrive dans la continuité de la politique d'Emmanuel Macron. Donc effectivement, il faut, très rapidement que la gauche fasse une proposition de gouvernement pour, derrière, pouvoir travailler un contrat de législature avec l'Assemblée nationale ou puisse travailler avec les organisations syndicales sur quelle place pour la négociation sociale, pour la démocratie sociale. Voilà les point sur lesquels il faut qu'on puisse travailler rapidement. Est-ce que c'est pas Gouvernement un peu inquiétant si la gauche n'arrive pas à se mettre d'accord sur un gouvernement, dans un contexte comme celui-ci, cinq jours après une élection, pour la suite des choses ? Ça va le devenir, oui. C'est pour ça, là, vraiment, j'appelle... Il y a une petite phrase, « la nuit porte conseil », donc c'est bien, là, on s'approche de la nuit. Donc il faut vraiment que la nuit porte conseil. Et ce que je veux vraiment dire, c'est que vu la gravité du moment, tout le monde a fait des choses incroyables, la CGT a fait des choses incroyables, ça faisait très longtemps qu'on ne s'était pas autant engagés sur les débats politiques du pays mais on l'a fait et je regrette certainement pas qu'on l'ait fait parce que l'heure, elle est extrêmement grave. Le Front populaire a fait des choses incroyables parce qu'ils ont réussi à se mettre d'accord sur 577 circonscriptions, un programme de gouvernement alors qu'ils étaient à couteaux tirés, en quatre jours. Les citoyennes et les citoyens ont fait des choses incroyables. Donc là, il faut continuer à faire des choses incroyables et, pour ça, il faut que chacun laisse de côté ses intérêts partisans, ses intérêts personnels. Il faut être capable de voir que là, c'est l'avenir du pays qui se joue. On est dans un moment de basculement. Là, il y avait un premier match avec l'extrême droite. On l'a gagné dans les urnes dimanche. Mais si là, le Front populaire n'est pas à la hauteur de la situation, les choses peuvent se renverser très, très vite. Si le Front populaire n'est même pas capable de proposer un gouvernement, une trajectoire, et cætera, rapidement, là, c'est sûr que tout ce qu'on a toutes et tous fait va tomber comme un château de cartes. Donc il faut vraiment que chacune et chacun y mette du sien pour trouver des solutions qui rassemblent. De nombreux responsables Coup de force démocratique de différentes droites, LR ou macronistes, estiment, comme Gérard Larcher, président du Sénat, que le coup de force démocratique, ce n'est pas ce qui est en train de se passer - c'est-à-dire Emmanuel Macron qui ne veut pas nommer de Premier ministre du NFP, à condition qu'il y en ait un - mais c'est nommer un gouvernement du NFP, notamment en ciblant LFI, mais d'autres élus ciblent aussi des écologistes etc. Qu'est-ce que ça nous dit ? Est-ce que ça nous dit qu'une partie, finalement, de ce pays considère que la gauche n'est pas légitime à gouverner ? Non, mais ça nous dit tout simplement qu'il y a des rapports de force dans la société, c'est évident. Le premier rapport de force c'est l'extrême droite. Donc on a une menace fachiste en France qui n'a jamais été aussi forte depuis une éternité. Et le deuxième rapport de force qui est structurel, il s'appelle le capital et donc le capital, c'est le patronat, les forces de droite, qui veulent toujours plus de richesses pour les plus riches et donc, eux, ils sont en train de s'organiser pour empêcher qu'il y ait une autre politique économique et sociale. Et donc on est obligés de lutter contre ces deux forces en même temps. C'est pour ça que nous, il faut qu'on soit très forts puisque d'habitude c'est juste le capital contre le travail. Donc ça va. Là, il y a en plus l'extrême droite qui divise le monde du travail. C'est pour ça que l'extrême droite est le pire ennemi du monde du travail, parce qu'elle nous fracture entre nous et qu'elle ne nous permet pas de bien nous allier pour être forts face au patronat. Quand on accuse son collègue de travail, parce qu'il n'a pas la même religion ou la même couleur de peau, d'être le problème au lieu de s'en prendre ensemble au patron, on voit bien que celui qui est bien tranquille, c'est le patron. Donc, c'est ça la difficulté du moment. Et c'est pour ça qu'il faut vraiment qu'on soit très forts dans la période et très soudés dans la période pour réussir à dépasser cette crise de régime et ce danger fachiste qu'il y a dans notre pays. Ce matin, vos messages s'adressaient beaucoup à Emmanuel Macron chez LCI. Ce soir, vos messages s'adressent beaucoup au Nouveau Front populaire et à l'urgence de trouver une solution. Je sais qu'Emmanuel Macron ne regarde pas beaucoup Mediapart. En tout cas, j'ai l'impression... - Peut-être qu'il regarde Mobilisations citoyennes pendant qu'ils sont en train de discuter. La CGT cheminots appelle à un mouvement jeudi prochain, le 18 juillet, devant les préfectures et à Paris devant l'Assemblée nationale. Je crois que vous avez dit ce matin que vous iriez... Vous iriez ? Oui, tout à fait. Ce qui est génial, dans la période, c'est que c'est l'intelligence collective qui permet de dépasser ensemble ces énormes difficultés et cette intelligence collective, elle fonctionne d'en bas à partir de plein de mobilisations citoyennes. Et là, en fait, ce qui est super, c'est que dès que ce courrier d'Emmanuel Macron est arrivé, ça a mis une grande colère dans le pays et, tout de suite, des syndicats cheminots ont dit : il faut faire quelque chose le 18 - et donc ont lancé... - C'est le jour d'installation de l'Assemblée nationale, pour être concret. Exactement. Ce qui a été tout de suite repris par la Fédération des cheminots qui appelle à organiser des rassemblements devant les préfectures et devant l'Assemblée nationale. Et là, c'est en train de faire tache d'huile avec des fédérations, des syndicats... Il faut que ça soit plein de citoyennes et de citoyens qui se retrouvent le 18 juillet devant les préfectures, les sous-préfectures, l'Assemblée nationale, pour montrer qu'on ne se laissera pas voler la victoire de dimanche soir, qu'on veut du changement démocratique, et économique et social et que, malheureusement, on ne pourra pas passer à autre chose tant qu'on n'est pas rassurés sur le fait qu'il y a un gouvernement qui se met en place à partir du résultat des urnes, à savoir la force politique qui est arrivée en tête. Et donc, il faut vraiment que la mobilisation populaire et citoyenne, elle se maintienne, là, dans ce moment de grande difficulté. Donc, on a toutes et tous envie de passer à autre chose parce qu'on a besoin de vacances, on a besoin aussi de pouvoir se reposer, penser à autre chose, et cætera, parce que c'était hyper anxiogène. Mais il faut encore qu'on reste un petit peu mobilisés, là, pour surveiller ce qui va se passer et, collectivement, se mobiliser pour aider la gauche à pouvoir se transcender encore comme elle l'a déjà fait. Et puis mettre la pression à Emmanuel Macron pour lui dire que ça n'est pas possible qu'il continue à se comporter comme cela. Réforme de l'assurance chômage Le gouvernement a renoncé à une nouvelle réforme de l'assurance chômage au soir du premier tour et a décidé aujourd'hui de prolonger les règles actuelles jusqu'au 30 septembre. Comment vous réagissez à ça ? C'était dans l'après-midi, il y a quelques heures. C'est une victoire. C'est la victoire des organisations syndicales. Et c'est très important, les victoires, de les fêter. Déjà parce que ça fait du bien. Et puis ensuite parce que ça s'appelle de la pédagogie des luttes. C'est parce qu'on sait qu'on peut gagner qu'on va se remobiliser la prochaine fois. Et là, c'était certainement pas gagné. Et donc là, les règles actuelles sont prolongées jusqu'à la fin septembre. Et c'est pour ça qu'on a besoin d'un nouveau gouvernement pour qu'on puisse travailler avec ce nouveau gouvernement sur : comment on fait pour écrire les règles suivantes. Donc évidemment que c'est une négociation qui doit avoir lieu entre les syndicats et le patronat, mais on veut certainement pas reprendre les négociations sur la base précédente, c'est-à-dire la lettre de cadrage que nous avait imposée Emmanuel Macron, qui imposait des économies budgétaires sur le dos des privés d'emploi et qui n'était pas juste. Donc on a besoin d'un nouveau gouvernement pour avoir une nouvelle lettre de cadrage, pour pouvoir reprendre la négociation sur d'autres bases et avoir un accord qui améliore la situation des privés d'emploi parce que le chômage et la précarité explosent, et donc il faut de meilleures allocations chômage. Syndicalisme L'extrême droite, dernière question, est puissante. Dans le magazine Society qui vient de sortir, le sociologue spécialiste des classes populaires et du RN, Benoît Coquard, dit en substance : « Le RN, ce n'est pas un vote rebelle ou de colère. Il ne suffit pas de deux ou trois slogans ou un porte-à-porte tous les trois ans pour convaincre ces électeurs. C'est plus profond et c'était la force, dit-il, du syndicalisme : il proposait d'améliorer les conditions de vie. C'est comme ça qu'il gagnait les classes populaires. Et dans plein d'endroits de France, à cause de la désindustrialisation, il n'est plus présent. » Comment vous voyez votre rôle, dans les prochains mois ? Je suis tout à fait d'accord avec lui. Vraiment, le syndicalisme, c'était un rempart contre l'extrême droite et la progression de l'extrême droite, notamment dans les catégories ouvrières, elle s'explique par la déstructuration du travail et des collectifs de travail qui font que... eh bien, le taux de syndicalisation baisse. Voilà. Donc aujourd'hui, on est encore un rempart mais ce qu'il faut pour lutter contre l'extrême droite, c'est renforcer les organisations syndicales et donc se syndiquer. Ça, c'est très important, parce que le meilleur moyen de faire de faire reculer l'extrême droite, c'est de mener des luttes sociales ensemble. Ça, ça rassemble, quelle que soit la religion, l'origine, la nationalité. Pareil, le travail qu'on fait ensemble, ça rassemble. Donc le syndicalisme en soi est un rempart. Et donc nous, on a une responsabilité majeure d'être plus et mieux présents partout et de davantage lutter contre le racisme et l'antisémitisme, et je dis bien les deux, parce que dans la période à laquelle on a assisté avec le grand n'importe quoi, le brouillage idéologique généralisé, on a mis en opposition le racisme et l'antisémitisme. Ça, c'est une catastrophe ! On ne peut pas lutter contre l'antisémitisme sans lutter contre le racisme, mais on ne peut pas non plus lutter contre le racisme sans identifier cette forme particulière de racisme qu'est l'antisémitisme. Et c'est cette distinction qui a fait aussi un des leviers de progression de l'extrême droite. Et donc, dans cette déclaration de l'intersyndicale, on a décidé de faire une grande campagne intersyndicale sur tous les lieux de travail, tous les syndicats ensemble, sur la question du racisme et de l'antisémitisme, pour remettre les pendules à l'heure, pour interpeller le patronat, qui a de grosses responsabilités, et pour dire que le racisme, l'antisémitisme, ça n'est pas négociable, ça n'est pas des opinions qui peuvent varier en fonction des syndicats ou quoi. C'est un principe fondamental. Parce qu'on voit les cas de racisme exploser sur les lieux de travail, ces dernières semaines. C'est très préoccupant. Évidemment en soi, mais aussi parce que ça neutralise notre rapport de force. Si les oppositions, elles se font entre les travailleurs et les travailleuses, les patrons ont la paix, donc il faut qu'on travaille sur cette question-là en profondeur et, évidemment, qu'on fasse monter les mobilisations sociales parce que c'est ça qui rassemble et, surtout, qui permet d'avoir des avancées. Jamais l'extrême droite ne prospère dans les périodes de conquêtes sociales. L'extrême droite, elle progresse toujours dans les périodes de régression, de recul des droits. Donc c'est pour ça que, tout de suite, la CGT a dit le 10 juin « contre l'extrême droite, Front populaire », parce que le seul moyen de battre l'extrême droite quand on est à ce niveau-là, c'est d'avoir des perspectives sociales rassembleuses et des alternatives. On ne peut pas... La difficulté aussi qu'on a, les syndicats, ces derniers temps, c'est qu'on ne peut pas tout faire tout seuls. Nous, on lutte avec nos petits bras, on peut encore progresser. Évidemment, tout le monde a à balayer devant sa porte. Grève générale Certains disent : il faudrait faire une grève générale. Il y a beaucoup d'appels à ça. Eh bien... Moi, j'adorerais avoir un bouton dans mon bureau sur lequel je puisse appuyer et qui déclenche une grève générale. Ça, vraiment, j'aimerais et je m'en servirais beaucoup parce que ça serait génial. Mais malheureusement, je n'ai pas ce bouton-là, ça ne peut pas marcher comme ça. Donc, pour gagner la grève et la grève générale, il faut avoir un taux de syndicalisation beaucoup plus élevé. En 1936, il y avait 5 millions de personnes qui étaient syndiquées à la CGT. Aujourd'hui, on a 600 000 syndiqués. C'est déjà très bien, on est une des plus grosses organisations de France, mais ce n'est pas suffisant pour pouvoir avoir des grèves assez importantes. Le bilan de la mobilisation retraites, c'est que le taux de syndicalisation est trop faible. Donc c'est ça qu'il faut faire changer. Et la grève, la mobilisation, ça se construit comme le 18, là, est en train de se construire, d'en bas, et c'est comme ça que les choses peuvent se construire. Donc toutes celles et ceux qui ont envie de faire la grève générale, commencez par vous syndiquer et, comme ça, par construire les choses avec vos collègues. C'est comme ça que ça marchera. Merci, Sophie Binet d'être passée sur Mediapart. On entend votre message aux dirigeants du NFP, ce soir.

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